Couple: aucun

Chanson : « Spring » de Rammstein, album Rosenrot, très glauque comme texte…

Note : la chanson ne m'appartient pas, par contre la traduction si, je l'ai faite moi-même (c'est pour ça que ça a pris du temps, en plus le net bloquait), donc si vous voulez l'utiliser, demandez-moi.

Note 2 : en italique c'est pour ce qui relève des « autres », j'entend par là autre que le perso principal (qui est d'ailleurs à découvrir…)

Fan fic en hommage à mon oncle.

Saute

Auf einer Brücke ziemlich hoch Sur un pont assez haut

La nuit est claire ce soir là. Le soleil disparaît progressivement dans un mélange de couleurs chaudes.

D'ailleurs, cette vision lui réchauffe le cœur.

La silhouette marche lentement le long des rues désertes de ce soir d'été, profitant de la vue.

Soudain il tourne.

Un pont.

Il a toujours aimé les ponts. Leur structure, leur forme, et…

Leur attraction des personnes voulant en finir avec la vie…

Mais lui ne veut pas se suicider, non. Il se dit qu'il est trop jeune pour ça.

Il a le temps…

Il a aussi le temps de paresser un peu avant de rentrer chez lui.

Il se rapproche de la rampe d'accès.

Maintenant il laisse ses doigts courir le long du métal. Le contact le fit frissonner. Il aime cette sensation.

Le fourmillement remonte le long de son bras et se perd dans son épaule. On dirait que le pont l'appelle.

¤

Hält ein Mann die Arme auf Un homme lève les bras

Da steht er nun und zögert noch Il est là et il hésite encore

Le clapotis de l'eau est doux à ses oreilles. Ca l'endort presque.

Ses doigts tiennent fermement la balustrade. Il se hisse souplement et s'assoit dessus.

Un vent frais vient chatouiller son visage.

Il respire profondément et se laisse enivrer par le parfum lourd de la saison chaude.

Il se cale bien et ouvre les bras.

La brise souffla encore, comme pour accueillir le nouveau venu.

Il ferme les yeux et se laisse bercer par l'atmosphère paisible.

¤

Die Menschen strömen gleich zu auf La foule accourt tout de suite

Auch ich lass mir das nicht entgehen Moi aussi, je ne veux pas manquer ça

Bleus, verts, marron, tous s'ouvrent en harmonie. La lumière descendante reflète jusque dans Leurs pupilles une lueur malsaine.

Des bouches se tordent en un rictus.

D'autres s'envoient des encouragements d'un hochement de tête.

D'un geste commun, Ils s'élancent dans le crépuscule.

Ils sont prêts à le faire.

Parce qu'il en y a un autre.

Petit inconscient…

¤

Das will ich aus der Nähe sehen Je veux voir ça de près

Ich stelle mich in die erste Reihe und schreie... Je me mets au premier rang et je crie…

Silencieux, Ils s'approchent.

Seuls Leurs pas résonnent sur le pavé.

Gauche, droite, gauche, droite…

Il Les entend.

Mais il n'en tient pas compte. Peut être des jeunes qui vont s'amuser.

En tout cas, il se redresse un peu et étend ses bras plus loin sur les côtés.

Il se fiche qu'on le prenne pour un fou assis sur un pont les bras levés.

Il profite après une journée remplie.

Ils se rapprochent de plus en plus.

Ils viennent des deux côtés du pont.

Ils sont maintenant derrière lui.

Un immense cri retentit dans la nuit.

Il sursaute et se retourne.

¤

Des dizaines de personnes.

Hommes, femmes, enfants.

Le visage décharné, les cheveux couverts de sang sortant de plaies béantes.

Des sourires mauvais tordent Leurs bouches ou ce qu'il en reste.

Leurs mains sont pour la plupart mutilées, laissant entrevoir le bout de Leurs os

Leurs yeux scrutent l'homme assis.

Ils avancent encore un peu.

¤

Der Mann will von der Brücke steigen L'homme veut descendre du pont
Die Menschen fangen an zu hassen Les gens commençent à lui crier leur haine
Sie bilden einen dichten Reigen Ils forment un cercle serré
Und wollen ihn nicht nach unten lassen Et ne veulent pas le laisser descendre

Il prend peur.

Ses yeux vont et viennent sur chacune de ces têtes morbides.

La vision lui retourne l'estomac.

Il met sa main devant sa bouche afin de stopper la bile lui remontant le long de la gorge.

Soudain, ils parlent.

Incompréhensibles paroles, mais on devine Leur colère dans le ton.

Il passe une jambe de l'autre côté de la rampe.

Il essaye de partir mais Ils l'en empêchent.

Ils resserrent Leurs rangs autour de lui.

Demi-cercle de liberté qu'il s'empresse d'accaparer.

La foule se recule, l'évitant comme un pestiféré.

Son estomac se vide sur le pavé, sous Les regards remplis de haine.

Ils le désignent du bout de Leurs moignons, de Leurs pieds.

Il se relève difficilement.

Par miracle, Ils arrêtent.

Il n'a pas d'autre choix que de s'appuyer sur la rambarde pour reprendre son souffle.

Ils recommencent à crier.

¤

So steigt er noch mal nach oben Alors il remonte une nouvelle fois
und der Mob fängt an zu toben Et la populace se déchaîne
Sie wollen seine Innereien und schreien Ils veulent ses tripes et crient

Ils restent toujours à distance raisonnable de lui.

Il ne faut pas les toucher…

Les Petits Inconscients…

Sinon nous disparaissons…

De la sueur commence à perler sur son front.

La peur lui tord les tripes.

La colère monte d'un cran. Ils hurlent en chœur :

« Péché, Sin, Todsünde, Pecado, Peccato ! » (1)

Qu'a-t-il donc commis comme péché ?

Les pensées se bousculent dans sa tête. Elle s'agite de droite à gauche.

Les Hommes, Les Femmes, Les Enfants.

Le poing levé et la haine dans le regard, maitenant ils le montrent méchamment du doigt.

« Péché, Sin, Todsünde, Pecado, Peccato ! »

Un des Enfants ramasse des morceaux de vomi dans sa main momifiée et les lui lance.

Il est bientôt imité par d'autres.

Rires cruels mais tellement enfantins…

Il se protège comme il peut, quitte à salir ses vêtements.

Sa rspiration se fait plus rapide. Son cœur cherche à tout prix à sortir de sa poitrine.

Alors il se retourne et pose ses mains sur la rambarde.

Il se penche en avant et s'appuie pour ne pas se laisser tomber à terre.

Les lancers s'arrêtent. Les cris aussi.

Il en profite pour respirer un grand coup.

Il tourne légèrement la tête pour voir ce qui se passe.

¤

Spring Saute
Erlöse mich Délivre-moi
Spring Saute
Enttäusch mich nicht Ne me déçois pas
Spring für mich Saute pour moi
Spring ins Licht, spring Saute dans la lumière, saute

Et Ils reculent. Un pas. Puis deux. Le cercle s'élargit.

Des murmures.

Des centaines de murmures. Des voix douces, des invitations.

Des doigts se lèvent et pointent vers l'horizon.

Des yeux brillants de larmes. Des supplications.

Il n'y comprend plus rien.

Il se retourna complètement.

Les voix se font un peu plus fortes.

Les larmes sèchent instantanément.

« Saute… Saute… Saute… »

Il se prend la tête entre les mains.

« Le soleil t'attend… Saute… Saute… Fais-nous ce plaisir… Libère-toi de ton péché… Saute… »

Qu'y a-t-il de plaisant à sauter du haut d'un pont ?

Obéissant inconsciemment à cet ordre, il se retourne à nouveau.

Les murmures reprennent.

Et s'éloignent.

De plus en plus, le laissant seul avec le pont et sa peur.

Sa respiration se fait plus lente, plus calme.

Ses doigts empoignent la rambarde fermement.

Un nouveau fourmillement lui parcourt le bras.

Cette sensation le rassure.

Maintenant qu'Ils sont partis, il peut continuer à regarder le coucher de soleil.

¤

Jetzt fängt der Mann zu weinen an Maintenant l'homme commence à pleurer
(Heimlich schiebt sich eine Wolke) (un nuage passe furtivement)
Fragt sich - was hab ich getan Il se demande qu'est ce que j'ai fait
(vor die Sonne, es wird kalt) (devant le soleil, il commençe à faire froid)
Ich wollte nur zur Aussicht gehen Je voulais seulement admirer la vue
(die Menschen laufen aus den Reihen) (les gens se dispersent en courant)
und in den Abendhimmel sehen Et en regardant le ciel du soir

L'air revient lui chatouiller le visage.

Il se penche en avant et appuie ses avant-bras sur ses cuisses.

Ses mains empoignent fermement sa tête.

Les larmes coulent d'elles-mêmes, il laisse s'échapper le stress.

Le soleil commence à se voiler.

Il continue inexorablement sa course derrière l'horizon.

Qui sont-Ils ? Que me voulaient-Ils ? Qu'est ce que j'ai fait ?

Autant de questions sans réponses tournoyant dans son esprit.

Il reste là, immobile, attendant que sa peine se calme pour rentrer chez lui.

L'atmosphère devient soudainement lourde et froide en même temps.

Un frisson lui parcourt l'échine, le forçant à se redresser.

La vue de l'astre descendant lui éclaira le visage et le fit se fermer les yeux.

La sensation chaude lui traversa le corps, réchauffant son cœur.

Il les rouvrit pour voir le ciel se parer de ses plus belles couleurs de l'été.

Cette vision l'apaisa pour un moment.

Nous ne sommes pas partis, oh non…

Cachés, peut être, peut être pas.

On peut le voir…

Le Petit Inconscient…

Il n'a pas sauté…

On va l'y aider…

Des milliers d'étoiles s'allument dans le firmament.

D'autres bleus, verts, marrons s'ouvrent d'un coup, dévoilant une lueur maligne.

¤

Und sie schreien Et ils crient

Spring Saute
Sie schreien Ils crient
Spring Saute
Erlöse mich délivre-moi
Spring Saute
Enttäusch mich nicht Ne me déçois pas
Spring für mich Saute pour moi
Spring ins Licht, spring Saute dans la lumière, saute

Des milliers de voix s'élèvent en harmonie.

Les mêmes.

Les Leurs.

« Saute… Saute… Le soleil t'attend… Pour te laver de tes péchés… Saute… »

Il a l'impression qu'elles sont lointaines, mais tellement proches en même temps.

Il se retourne brusquement.

Personne.

Des rires enfantins retentissent dans la nuit tombante.

Un chant.

Pour lui.

« Sau-te ! Sau-te ! Le soleil t'a-ttend ! Sau-te ! Sau-te ! »

Des éclats de voix, de la colère contenue dans des mots dénués de sens.

Le son l'enveloppe comme dans un cocon.

Il est de nouveau pétrifié par la peur.

Il passe une jambe de l'autre côté, se retrouvant à califourchon sur la rambarde.

« Qu'est ce que vous me voulez ? Qu'est ce que j'ai fait ? C'est quoi mon péché ? J'y comprends rien ! Qui êtes vous ? »

La peur le fait perdre ses moyens.

Son regard part de droite à gauche, essayant de distinguer dans l'obscurité naissante les silhouettes de ses bourreaux.

Personne.

Seulement sa voix.

Et son écho.

Seulement sa respiration saccadée.

Et les battements de son cœur.

Il est seul. Ils ne sont plus là.

Ils sont partis.

Mais pourquoi reste-t-il ici ?

¤


Heimlich schiebt sich eine Wolke Un nuage passe furtivement
Vor die Sonne, es wird kalt Devant le soleil, il commence à faire froid
Doch tausend Sonnen brennen nur für dich Et pourtant milles soleils brillent rien que pour toi

Ich schleich mich heimlich auf die Brücke Je me glisse en cachette sur le pont
Trete ihm von hinten in den Rücken Lui donne un coup de pied par derrière dans le dos
Erlöse ihn von diesem Schmach und schrei ihm nach Le délivrant de cette honte et lui criant

Les nuages épais commencent à voiler la face se l'astre du jour.

La lumière s'atténue.

La nuit entame sa lente avancée dans le ciel.

Des milliers d'étoiles s'avancent elles aussi dans les rues.

Bleues, vertes, marrons, toutes illuminent la foule s'approchant.

Un des Autres est en retrait.

Il avance plus vite.

Ses yeux jaunes fixent inlassablement leur cible.

Le Petit Inconscient…

Il n'a pas compris ?

Tant pis, de toute façon, il l'a cherché…

Il a péché…

Il va le payer…

Il a recommencé à se prendre la tête entre les mains.

Il pleure de nouveau.

Il se balance d'avant en arrière.

Il veut précipiter sa chute ?

Tant mieux…

Continue…

Les Autres s'arrêtent, mais Lui non.

Il se rapproche inexorablement de la forme secouée de sanglots.

Lentement, sans un bruit, Il se place derrière lui.

Un sourire vicieux se dessine sur ses lèvres décharnées tandis qu'il lève le pied.

Ses yeux s'allument, reflétant une rage contenue.

SAUTE !

Son pied touche son corps.

Il sait qu'il va disparaître.

Mais Il a accomplit sa mission.

D'ailleurs, le pécheur est projeté par dessus bord.

L'entendre crier lui procure un bien fou.

Déjà, les ténèbres l'enveloppent, étouffant les cris de joie des Autres.

Son corps s'engourdit rapidement, l'empêchant de bouger.

Il chute.

Encore.

Encore.

Encore…

¤

Spring Saute
Erlöse dich Délivre-toi
Spring Saute
Enttäusch mich nicht Ne me déçois pas
Spring für mich Saute pour moi
Enttäusch mich nicht Ne me déçois pas

¤

Une forme s'agite dans les draps blancs.

De la sueur perle sur sa peau blanche.

Il est en proie à un cauchemar.

Ses cheveux d'or étalés sur l'oreiller se sont échappés de sa natte.

Il respire fort.

Comme s'il étouffait.

Ses bras se tordent dans tous les sens, essayant de s'accrocher à quelque chose d'invisible.

D'un coup, il arrête.

Un cri de désespoir retentit dans la nuit.

Fin

(1) Péché en français, anglais, allemand, espagnol et portugais.