Update 2022
Kazoku no Moribito
Gardien de la famille
Warning : Nous tombons désormais dans la troisième partie de Kazoku no Moribito. Le « rated » est désormais rendu M et la lecture suivante reste à la discrétion du lecteur. Je préviens d'avance que les sujets à venir deviendront lourds et il se peut que j'en mette plus d'un mal à l'aise. C'est donc beaucoup de « hurt/comfort » à venir.
Alors, dans ce chapitre, il y a une scène entière – et l'unique de ce volume et de mes écrits totaux – décrivant une agression sexuelle. Pour sauter et ignorer la description de l'agression, arrêtez de lire à "On m'a traîné sur le plancher pour me coucher sur un lit de fortune improvisé." et recommencez à lire à "Je sais que tu n'es pas une magic-weaver, encore moins une médium... mais ceci fait partie de mon quotidien, Maman." (recherchez, Ctrl + F sur la page).
Malheureusement, tout ne peut pas être ignoré ou l'intrigue n'aurait aucun sens...
Note 1 : Ceci est la première fin de Kazoku no Moribito. Il y a deux fins possibles. L'heureuse qui est By Your Side, la malheureuse qui est Away. Donc si vous désirez voir des fins alternatives, vous pouvez vous diriger vers elles et faire du durer le plaisir.
.
.
.
Partie III
Chapitre 17
Traumatisme de Guerre
Tanda se tourna vers la porte, là, où la majorité des gens de la grotte s'étaient agglutinés pour savoir ce qui se passait. Torogai murmura tout bas :
« ... Quelque chose a changé en elle... et on l'a blessée et fait beaucoup de mal... »
La chamane soupira et invita les autres à regagner leurs lits, puis le sommeil suite à ce réveil imprévu. Et, enfin, après long moment durant lequel Balsa s'était armée d'une patience hors du commun, Alika finit par sortir de sa torpeur et ses sanglots diminuèrent.
« Alika... ma chérie, tu vas bien ?
- ... Qu'est-ce que..., allait-elle dire. Qu'est-ce qui m'est arrivée ?
- Je pense que tu as fait un cauchemar qui t'a terrorisée... tellement que ton esprit t'a créé une sorte d'amnésie.
- Je suis épuisée... Oh, Maman... je vais vomir ! »
Alika se retourna sur le lit et essaya de s'approcher du bord, mais elle finit par vomir sur le futon et ses pleurs recommencèrent.
« Pardon Maman !
- Mais non ma chérie, mais non. Ce sont des choses qui arrivent. Papa et moi allons tout nettoyer. »
Balsa reprit sa fille dans ses bras et Tanda s'occupa de nettoyer le dégât. À bout de forces, Alika s'endormit d'épuisement contre sa mère. Le lendemain, comme elle n'allait pas mieux, Balsa lui apporta son petit-déjeuner au lit. L'odeur du gruau de riz finit par donner la nausée à la jeune femme et elle s'empressa de prendre un bac – que Tanda avait laissé à disposition la nuit dernière après avoir ramassé son dégât, par simple précaution. Balsa caressa lentement le dos de sa fille et lui offrit une serviette pour s'essuyer la bouche.
« Je peux savoir qui t'a fait ça ?
- Faire quoi... ? murmura-t-elle.
- Te rendre dans un tel état. Amaya... où est-elle ? Elle était avec toi quand nous nous sommes séparées à Maru. »
Sa fille serra les lèvres, déposa le bac et la serviette à côté d'elle. Alika chassa les larmes qui roulaient sur ses joues. Elle essayait de manger, mais Balsa voyait bien que tout allait ressortir.
« Ne te force pas si tu n'as pas faim, mon cœur, lui rappela-t-elle.
- D'accord... »
Alika savait que la plupart des gens mettaient sous silence ce qu'ils avaient vécu, par peur du jugement, mais elle, elle avait besoin d'en parler. Son gardien spirituel, Jiguro, lui faisait comprendre qu'elle devait le faire.
« Je suis prête à te dire tout ce qui s'est passé... à condition seulement que nous ne soyons pas entendues.
- Je reviens, après tu pourras tout me raconter. »
Balsa sortit de la pièce avec le bac pour le vider et le rincer avant d'aller rejoindre Torogai qui discutait à voix basse avec Tanda, Tomoe et Saya.
« Alors ? se renseigna Tanda en venant à sa rencontre. Comment va-t-elle ? »
Sa femme hocha négativement la tête et s'isola dans le vestibule avec son mari.
« Non, elle ne va pas bien. Elle n'a même pas touché à son déjeuner et a vomi. Elle s'apprêtait à me raconter ce qu'elle avait vécu. Mais elle ne veut pas être entendue par personne d'autre.
- Est-ce que tu vas me mettre au courant ?
- Tu es son père. Si c'est trop lourd, alors oui.
- D'accord, je vais veiller à ce que personne ne vous épie ni ne vous interrompt.
- Merci. »
Elle revint dans la pièce et s'assit sur le futon avant de toucher son front.
« Tu as encore de la fièvre... malgré tout, tu as repris quelques couleurs. Même si tu ne le trouves pas, complimenta-t-elle. Aller, tu peux commencer.
- ... Est-ce que tu veux tout savoir ?
- Oui.
- Genre... dans les moindres détails ?
- Oui.
- Et si je te faisais peur ?
- Ne t'inquiète pas. J'ai peur, je ne te le cache pas, mais je ne peux me permettre de laisser filer des détails, même les plus minimes. Tu es très bonne pour retenir les détails, alors vas-y. »
Alika regarda un moment dans le vide et soupira, tortillant ses doigts et cherchant comment expliquer son histoire à sa mère. C'était une terrible épreuve qu'elle avait vécu...
« Les soldats Talsh ont pris possession d'une ville plus au sud à Yogo, dans laquelle nous étions, Amaya et moi, raconta-t-elle. Je venais de finir d'escorter une famille aux frontières entre Rota et Yogo... Je me souviens du son de leurs cornes et des tambours annonçant leur arrivée, de leur marche tellement synchronisée avec leurs boucliers et leurs lances que le bruit continuait de résonner à travers les vallées. Ils ont dit qu'ils n'étaient pas venus pour tuer. Ils n'étaient pas venus prendre cette ville par la force, non plus et dans la mesure où personne ne résistait, aucuns d'entre nous ne seraient blessés. Je me souviens de leur caractéristique physique. Ils avaient la peau bronzé, étaient habillés d'or et de noir.
» Il y avait des gardes qui contrôlaient qui entrait et qui sortait de la ville à chaque entrée. J'aurais pu fuir durant la nuit et me cacher du mieux que je le pouvais, mais Jiguro ne me le conseilla pas. Amaya et moi n'étions pas du genre à se mêler dans de petits groupes, mais pour évacuer la ville sans violence, nous dûmes le faire. Je me suis donc jumelée à un petit groupe composé uniquement de femmes et de trois enfants... nous devions être une douzaine. Lorsque vint notre tour, le comportement des gardes a totalement changé du tout au tout. Ils nous ont barré le chemin. Je me suis avancée pour parler. »
Balsa lui demanda ce qu'elle avait dit.
« J'ai dit : – Nous voulons passer également. Nous avons fait ce que vous nous aviez demandé, alors pourquoi nous bloquer la route ? Il a regardé ma lance et a demandé : – Qui êtes-vous, femme ? Aussitôt, j'ai dit la meilleure excuse que j'ai pu trouver à ce moment-là. Je me suis inspirée de toi, Maman.
- De moi ? se surprit Balsa avec un sourire.
- Oui. J'ai dit que j'étais la garde-du-corps désignée de ce groupe. – Une femme garde-du-corps, hein ? s'est-il moqué. On aura tout entendu ! J'allais riposter et lui donner un coup de lance, impulsive comme j'étais, mais Jiguro m'a vivement arrêtée. Il ne fallait pas que je rajoute de l'huile sur le feu. – Garde la tête froide, Alika. Ce n'est pas le moment de chercher des ennuis. – Alors qu'est-ce que je devrais faire ?! Je ne peux pas laisser ces femmes sans défense ! ai-je répondu par télépathie. – Dans ce cas, essaie de savoir ce qu'ils vous veulent.
» J'ai coupé notre conversation télépathique. – Que nous voulez-vous ? osai-je demandé. – Nous avons besoin de vos services, dit un des soldats. – Quoi ?! – Mon frère d'arme vous mènera à cette taverne. La confusion pouvait se lire sur nos visages. J'ai pris les devants du groupe pour maintenir mon rôle improvisé de garde-du-corps et prouver que j'étais le chef de cette meute. Une fois à l'intérieur, la porte s'est refermée et un garde l'a verrouillée de nouveau. Ils ont ensuite séparé notre groupe en quatre, tenant les enfants à part. Les deux mères se sont débattues pour les garder auprès d'elles, suppliant les soldats de ne pas leur faire de mal. »
Alika arrêta un moment et vit l'aura de Balsa devenir mauve. Le stress avait envahi sa mère.
« Hum... Maman, tu veux que j'arrête ?
- Non, dis-moi tout, continue je te prie.
- ... Le groupe dans lequel je me tenais était composé d'Amaya et de deux autres femmes. On a été séparé encore une fois. J'étais avec Amaya seulement. Un des soldats nous a attiré dans une pièce remplit d'hommes qui étaient trop occupés à parler pour nous remarquer. On nous a fait asseoir dans un coin. Sans aucune explication, on nous a apporté un bol de riz et du thé. J'étais très sur mes gardes. Tous mes sens étaient en alerte. Je n'avais pas vraiment faim, alors je n'ai pris que quelques gorgées de thé, observant Amaya qui restait pressée contre moi et mangeait rapidement pour empêcher une quelconque fringale. Lorsque j'ai tenté de me redresser, je me suis sentie étourdie et le plancher semblait se mouvoir. Le monde tournait autour de moi. J'ai compris alors qu'on m'avait droguée pour baisser ma vigilance. »
Balsa se scandalisa.
« On t'a droguée ?!
- ... Il semblerait... j'aurai jamais pensé qu'ils mettent de la drogue dans notre nourriture... mais j'avais si soif, Maman...
- Ne t'inquiète pas, ma belle, ce n'est en aucun cas ta faute. Des erreurs, ça arrive à tout le monde et n'importe quel garde peut manquer de vigilance... même moi.
- J'ai essayé de reprendre ma lance, mais un soldat me l'a retirée hors de ma portée. J'ai tenté de faire un pas en sa direction en essayant de garder l'équilibre, mais je me suis échouée au sol, me sentant lourde et presque paralysée. – Alika ! a résonné la voix de Jiguro dans ma tête. – Il fallait bien que l'on neutralise cette garde-du-corps, a dit un homme Talsh.
» On m'a traîné sur le plancher pour me coucher sur un lit de fortune improvisé fait de tables et d'une couverture. J'ai tenté de me débattre malgré la drogue dans le sang et de me redresser. Ils étaient trois hommes acharnés sur moi et ils m'ont complètement écrabouillée et neutralisée. Ils ont enlevé mon manteau et détaché ma ceinture avant d'attacher mes mains dans des chaînes en métal prévu à cet effet, attachées contre le mur. – Par pitié... non, tentai-je de dire. Même si j'étais droguée, je savais ce qui m'attendait et j'aurais dû le deviner bien avant. Ils avaient choisi de prendre notre groupe en otage pour assouvir leur pulsion masculine. »
Les yeux de Balsa devinrent brillants.
« Neutralisée et surprise de cette façon, moi-même je n'aurai pas été en mesure de les repousser..., avoua-t-elle. Les arts martiaux et les drogues, ça ne va pas ensembles.
- Mais je me sens mal, Maman... j'aurai dû—
- Non Alika. Arrête de t'auto-flageller. Continue de m'expliquer.
- ... tu veux tout savoir ? Même pendant mon agression ?
- Oui et oui.
- ... Tu es sûre ?
- C'est moi qui insiste, je veux savoir. Ne te censure pas.
- L'un d'entre eux a commencé à me toucher les seins par-dessus mes vêtements avant de s'infiltrer sous ma robe, pleura-t-elle. – Incroyable comme corps, a dit l'un d'entre eux.
» Amaya était en diagonal de moi, mais ça, je ne l'ai remarqué que bien plus tard avec mon état de droguée. Je me débattais du mieux que je le pouvais tout en essayant de les repousser à l'aide de mes jambes libres. Rien à faire, ils étaient plus forts et plus costauds que moi. J'ai serré les cuisses. Il ne fallait pas que je perdre mon pantalon... malgré tout, je l'ai senti être tiré et être abaissé. J'ai fermé les yeux, terrorisée. Je les ai rouverts et j'ai vu l'homme en face de moi qui forçait pour écarter mes cuisses. Il m'a jeté : – Tu es assez résistante. Tu es bien une garde-du-corps.
» Je savais que cette endurance, je l'avais retenu de ton entraînement, Maman... J'avais tellement forcé que mon aine me faisait une crampe d'enfer. J'ai continué à me tortiller avec fureur. Je me débattais. – JIGURO ! ai-je crié par télépathie. Il n'a pas répondu. Je ressentais une rage noire et sourde émanée de son énergie. Il combattait les gardiens des autres soldats. – Pas ma petite-fille ! avait-il gueulé. »
Balsa jeta un regard de biais à la pièce.
« Ces monstres ont aussi des gardiens spirituels ? s'indigna Balsa.
- ... Oui. C'est une obligation quand une âme se réincarne sur le plan terrestre...
- Ppfff... difficile de croire que ces déchets de la société en possède le droit. Continue.
- Mon agression a commencé dès lors... tu veux vraiment savoir ?
- Oui. »
Alika sembla hésiter un moment.
« Aller, ma belle, libères-toi, l'encouragea Balsa. Je ne juge pas.
- Mais tu vas... tu vas pleurer et être horrifiée.
- Oui, mais tu ne peux pas garder tout ça pour toi, ma chérie. Alors il faut que tu te libères, sans censure. Aller.
- ... si tu le dis, alors. On m'a arraché ma culotte et deux autres soldats Talsh se sont dépêchés de maintenir mes cuisses écartés en les emmenant proche de mon corps. – Par pitié..., ai-je murmuré. L'un d'entre eux a inséré un doigt, puis deux. Je me suis mise à bouger pour reculer malgré que je fusse couchée sur le dos. – Arrêtez...
» Quelque chose de dur et de chaud touchait l'intérieur de mes cuisses et malgré mes yeux embués de larmes, j'ai vu... j'ai vu... »
Alika ne parvint pas à dire le mot. Balsa comprit ce que sa fille avait vu et décida de le dire pour elle, à sa place, dans un murmure.
« Son érection ?
- M'oui... C'était la première fois de ma vie que je voyais un sexe masculin bandé, Maman... et pour être honnête, c'était vraiment plus répugnant que je ne l'avais imaginé de prime abord.
- Je t'avoue que c'est... intimidant et même horrifiant les premières fois, quand tu n'es pas habituée.
- En plus... Il y avait un liquide translucide qui sortait tout à l'extrémité..., frissonna Alika. Je ne veux pas savoir ce que c'était... mais c'est avec ça que les enfants viennent dans notre ventre, pas vrai ?
- Oui... continue. Je suis là.
- Il s'est caressé un moment et s'est positionné en écartant d'une main mon entrejambe. Il s'est aussi mis à me caresser et malgré mon dégoût, physiquement... physiquement mon corps s'est mis à réagir à son toucher. Mais je ne voulais pas, Maman, oh que non...
- Je sais que tu ne voulais pas. C'est un réflexe... une réponse suite à une stimulation extérieure comme quand on nous chatouille.
- L'homme a dit : – Ceci est une très belle paie de votre part pour nous permettre d'établir notre campement. Je n'avais jamais vu un corps aussi beau que le tiens. Es-tu encore vierge ?
» Je n'ai pas répondu, essayant de mon mieux de contrôler mon corps qui ne voulait pas m'obéir. Il m'a... Maman, il m'a craché sur le sexe ! »
Balsa attira sa fille dans ses bras, une boule de rage se formant dans son ventre. Elle se contenait de ne pas faire exploser sa fureur.
« Continue, ma belle... dis-moi tout.
- Il a... il a étendu sa bave par-dessus et d'un seul coup, s'est introduit violement à l'intérieur de moi. J'ai poussé un cri de douleur. Il reculait et s'enfonçait encore plus profondément que la fois précédente. Les deux autres hommes ont lâché mes cuisses alors que le premier soldat, qui me pénétrait, me les gardait écartées. – Ce corps est incroyable, a-t-il gémit alors qu'il prenait de la vitesse. Ça faisait si longtemps que je n'ai pas pu me vider... Mes capacités médiumniques ont fait en sorte que je retienne tout ce qu'on me dit, et mon cerveau a tout enregistré sans perdre un morceau... j'aurai préféré ne rien me souvenir du tout...
» J'en avais le souffle coupé tellement j'étais crispée par la peur. Rien ne sortait de ma bouche. J'étais littéralement en train de me faire agresser par des gens que je ne connaissais pas. J'avais peur d'être déchirée jusqu'au plus profond de mon âme. Le troisième soldat Talsh a tiré sur ma robe pour me l'enlever, mais comme les fibres étaient résistantes, il a sorti une dague.
» Pendant un moment, j'ai cru qu'il me blesserait, mais il n'a fait que couper ma robe Kanbalese pour ensuite tirer dessus pour la déchirer au complet. Il a défait mon sarashi qui maintenait ma poitrine et je me suis retrouvée totalement à nue. Il s'est positionné par-dessus moi, à califourchon avant d'emprisonner ma taille de ses cuisses. Il s'est mis à faire des va-et-vient entre mes seins avec son érection.
» Le deuxième soldat Talsh a tourné ma tête en sa direction et a enfoncé deux doigts dans ma bouche pour me forcer à ouvrir en me menaçant : – Tu me mords les doigts et t'es morte. Je ne voulais pas mourir, j'étais sous l'adrénaline, en mode survie et parfois, cela signifie ne rien faire. »
Une larme roulant sur sa joue, Balsa continua de la bercer.
« Comme je te l'ai dit, tu n'as rien à te reprocher, ma fille... La peur nous fait faire bien des choses et quand il s'agit de survivre, tu l'as toi-même dit, parfois, ne rien faire peut nous sauver la vie...
- ... tu devines alors ce que j'ai fait ?
- Oui, mais je veux que tu me le dises.
- ... J'ai ouvert la bouche, par peur. Ses doigts avaient un goût affreux et il m'a ouvert grand la bouche avant de m'y fourrer profondément son sexe durcit dans la gorge. Je pensais étouffer, j'avais du mal à respirer et j'avais des haut-le-corps. Ça avait un goût d'urine et de sueur. J'ai fermé les yeux...
» Après plusieurs va-et-vient de plus en plus vite et de plus en plus profond, chacun, à tour de rôle, est venu, soit : à l'intérieur de moi, dans ma bouche et sur mon corps. On m'a forcé à avaler. Mais j'ai recraché, n'étant pas capable d'avaler. C'était gluant, amer... Je voulais vomir, Maman... On m'a giflé violemment. – Quel gâchis, a-t-il dit. C'est un honneur de recevoir ceci de la part d'un homme ! Ne t'inquiète pas, tu en auras pleinement d'autre à boire. – Pleinement d'autre ? me suis-je étonnée. Dès lors, je savais que je venais de me faire souiller... Je croyais qu'après ceci, tout était terminé. Je n'ai jamais eu aussi tort de toute ma vie. »
Il y eut une pause. Balsa pleurait, mais elle continuait de parler avec sa fille.
« Avoir tort, ma belle ?
- ... Ce n'était que le début...
- ... Raconte-moi.
- Le premier soldat Talsh s'est retiré de mon entrejambe et j'ai senti un liquide chaud sortir soudainement d'entre mes jambes. Les trois Talsh ont échangé de place. Ils m'ont retourné sur le ventre avant de m'ordonner de me mettre à quatre pattes, debout sur mes genoux... Ils m'ont maintenu le visage contre le matelas, malgré mes poignets toujours attachés. J'ai cru manquer de souffle pendant un moment. – Mentalement, tu ne veux pas, a dit l'un d'entre eux, dont je ne pus distinguer qui de mes agresseurs. Physiquement, ton corps te trahit... tu aimes ça, même ton corps l'avoue. Il m'a vraiment dit ça, Maman...
» Ensuite, le troisième homme s'est placé en-dessous de moi pour me mettre de nouveau dans la chatte. Le premier Talsh a pris place sur le bord du lit, au niveau de ma tête et a mis, à son tour, son érection dans ma bouche. Ses paroles me font encore écho dans la tête. – Vas-y, continue, t'es mieux de bien sucer... et d'avaler cette fois. »
Alika s'arrêta.
« Maman, ça va ? Maman, tu pleures... tu veux que j'arrête ? Nous pouvons prendre une pause, tu sais...
- Non, continue...
- Mais... Maman...
- Continue, j'ai besoin de savoir... ne te préoccupe pas de moi. Laisse-moi juste pleurer... »
Avec de l'hésitation et malaisée, elle continua d'expliquer son récit à sa mère.
« Après quelques instants, un nouveau soldat s'est joint à ses camarades. Je l'ai senti m'écarter les fesses. J'ai immédiatement su que j'allais probablement me faire enculer par derrière en même temps que le troisième continuait de me pénétrer… – Pas ça..., pensai-je. Non... pas à cet endroit... – Non ? Pourtant, une femme, c'est fait pour être fourrée ! a dit le nouveau soldat Talsh.
» J'avais la sensation qu'on m'écartait, que ma peau et ma muqueuse étaient en train de se faire déchirer. Le soldat qui m'enculait n'avait même pas pris la peine d'y aller tranquillement : il était trop impatient et voulait y aller vite. – C'est tellement serré..., a-t-il grogné. J'adore cette sensation... quel magnifique cul... Il a vraiment dit ça Maman ! Je te jure qu'il l'a dit de cette façon... »
Balsa essuya ses yeux et continua de serrer sa fille contre elle.
« Maman, je continue ?
- Oui... ne t'arrête pas...
- Tu veux un mouchoir ?
- J'en ai déjà un... continue, s'il te plait, je dois savoir.
- Mais tu pleures. Et je n'aime pas ça...
- ... continue. J'insiste.
- ... J'ai poussé une plainte de douleur. Toute cette région me brûlait. Ils ont accéléré leur mouvement et dès qu'ils se sont libérés, c'est comme si j'avais été inondée à ces endroits... ça ne voulait plus arrêter de couler. J'avais l'impression que ça ne se refermerait jamais...
» Je me suis échouée contre le matelas. Je pleurais. J'ignore combien de temps s'était écoulé, mais je n'ai pas eu le droit à un seul moment de répit. Dès qu'un terminait, un autre commençait. J'avais l'impression que mon cœur voulait me lâcher et que mon corps aussi. Je n'avais même pas la force de crier. Juste pleurer en silence, juste gémir de douleur. Je me suis même surprise à avoir des orgasmes pendant qu'ils m'agressaient...
» Jouir pendant un acte de violence... je ne pensais même pas que c'était possible. Comme tu me l'as dit, Maman, je savais qu'il s'agissait d'une réaction physique, d'un réflexe. Ce n'était pas parce que j'avais du plaisir... c'était une réponse face à une simulation extérieure. Puis, soudain, mon corps s'est mis à refuser de nouvelles intrusions. L'un d'entre eux a encore essayé de m'enculer, mais il n'y est pas parvenu... alors il a pris l'endroit le plus facile d'accès, mon entrejambe. »
Balsa prit de profondes respirations pour se calmer.
« Ton récit me donne le haut-le-cœur...
- Mais tu voulais tout savoir..., se culpabilisa Alika.
- Je sais et tu n'as pas à te sentir mal ni coupable de quoique ce soit. Je dois savoir. Ça fait mal, mais ça doit être dit et ça doit sortir pour que tout ce mal qui te ronge de l'intérieur arrête de te grignoter. Qu'en est-il advenu d'Amaya ?
- ... J'ai jeté un œil à Amaya, comme si la drogue était en train de se dissiper. Deux autres hommes étaient en même temps sur elle. Un dessous et l'autre par-dessus. Elle avait vécu les mêmes sévices que moi... mais, je ne parviens toujours pas à comprendre... Je pouvais pleinement voir qu'elle éprouvait une sorte de plaisir non-sain durant l'acte. Elle en demandait encore et encore... je l'entendais jouir. J'ignore encore à ce jour si elle jouait la comédie pour amadouer les soldats, si c'était la nervosité de perdre sa vie qui la faisait agir de cette façon-là.
» J'ai demandé à Jiguro par télépathie, horrifiée, ce qui se passait avec Amaya. Car ma Amaya n'aurait jamais agis de cette façon... il m'a dit que son psychisme ne suivait plus son côté rationnel. Amaya était sans doute en train de se défendre inconsciemment pour ne pas perdre sa vie... »
Timidement, Balsa lui demanda, la gorge serrée :
« ... Jiguro t'a vu être agressée ?
- Il m'a vu oui, mais je ne sais pas s'il m'a regardé... mais justement, mon prochain récit le concerne. Je sais que tu n'es pas une magic-weaver, encore moins une médium... mais ceci fait partie de mon quotidien, Maman.
- Raconte-moi.
- Un bruit de corne a résonné au dehors et la salle s'est vidée, nous laissant Amaya et moi, seules. C'est à ce moment que Jiguro a pris les devants. Je savais qu'il ne voulait pas me regarder nue, mais ce n'était pas comme si j'avais eu le choix non plus. – Je vais récupérer la clé pour libérer tes poignets, a-t-il dit.
» Un bruit métallique s'est fait entendre sur le dessus de ma tête. Il faut que tu saches, Maman, que pour qu'un esprit déplace un objet physique de cette manière, il lui faut emmagasiner une grande quantité d'énergie. Or, dans mon cas, vue mon essence spirituelle, je possède une quantité d'énergie presqu'infini dans laquelle Jiguro peut plonger et récupérer assez d'énergie à volonté pour avoir une influence sur le monde physique. »
Balsa haussa un sourcil, surprise.
« Je ne savais pas ça, effectivement... je savais que Jiguro te suivait constamment.
- Il a signé pour être mon gardien spirituel. Ça veut dire qu'il sera toujours là pour moi jusqu'à ma mort physique. Il ne peut pas me quitter... il est... coincé avec moi, rit Alika, même si elle était triste.
- Savoir que Jiguro veille sur toi m'apaise beaucoup. Continue de m'expliquer. »
Au même moment, Tanda cogna à la porte. Alika se referma sur elle-même.
« Désolé de vous déranger, jeunes femmes, je venais simplement vous apporter du thé.
- Ah, c'est gentil, merci, sourit Balsa.
- Je vous laisse de nouveau seules. »
Il sourit à sa fille aînée et referma le rideau. Une fois certaine que son père était assez loin pour ne pas l'entendre, Alika reprit son récit là où elle avait arrêté.
« J'ai pris la clé et Jiguro m'a aidé à ouvrir les menottes. J'avais mal partout... mais c'était mon entrejambe qui était le plus douloureux. Je voyais des traces de sang sur le matelas, mon corps était couvert de fluides. J'ai tenté de me redresser un peu trop vite et j'ai poussé une plainte de douleur en me roulant en petite boule. J'avais mal. Partout. Aucun coin de mon corps n'avait été exempté de douleur. Tout me faisait souffrir. Je pense que j'ai eu des lacérations à ce niveau... C'est alors que j'ai demandé une faveur à Jiguro par télépathie... – Jiguro, prend possession de mon corps... – Quoi ? s'est-il étonné.– ... Tu l'as déjà fait par le passé... je suis sûre que tu pourras mieux tolérer ma douleur physique que moi-même... par pitié...
» Il n'a rien dit de plus. Puis, je me suis sentie comme étant une spectatrice. Mon corps bougeait seul et faisait des mouvements que je ne contrôlais pas. Jiguro avait pris mon corps.
- Tu fais beaucoup de possession avec les esprits, Alika ?
- En fait, le vrai thème, c'est de la canalisation. Et non, je le fais que très rarement... je suis ce qu'on appelle un portail et ce n'est pas tout le monde ni tous les médiums qui peuvent laisser les esprits prendre possession de leur corps.
- Je vois. C'est ainsi que Jiguro ait pu t'aider.
- Oui. Je lui ai timidement demandé s'il avait mal. Il m'a dit : – Juste une sorte d'inconfort... c'est un peu douloureux, mais ça va... Son geste suivant ne sembla pas confirmer ses dires. Une fois le pied posé au sol, mon corps s'est écrasé contre le plancher. Jiguro s'est retrouvé les deux mains entre mes jambes comme pour se cacher. Il avait aussi ma voix. – Urgh..., a-t-il dit, le corps ne tient plus... j'ai mal... J'ai roulé les yeux. »
Balsa essayait de comprendre comment un esprit de sexe masculin cisgenre pouvait réagir en prenant possession du corps d'une femme.
« Parfois il n'y a pas de rationnel..., expliqua Alika comme si elle avait lu ses pensées. Mais il semble que Jiguro ait été capable de ressentir mon mal et ma douleur, même si je suis de sexe opposé à lui.
- Je vois... Ensuite ?
- Jiguro a inhibé la douleur un moment et s'est empressé de retrouver ma lance, remettre maladroitement mon sous-vêtement et mes pantalons. Il a pris mon balluchon et a trouvé ma robe de rechange. Il a mis mon manteau et est allé vers Amaya. Il l'a aussi aidé à se rhabiller et a pris sa main avant de partir. Par télépathie, il a demandé aux esprits de nous conduire vers une sortie de secours, s'il y en avait une. J'ai fini par m'endormir et perdre connaissance en dormant dans ma tête, laissant Jiguro contrôler mon corps à sa volonté et librement.
- Dans ta tête ?
- Ouais, j'ai une petite chambre intérieure où, quand un esprit prend mon corps pour un moment, je peux en profiter pour me reposer. La sensation est étrange... certains médiums n'ont conscience de rien quand des esprits prennent possession de leur corps, mais je possède cette faculté de pouvoir en être témoin et de rester consciente. Je ne laisse pas passer n'importe qui non plus.
- C'est rassurant.
- Oui... de toute façon, en dehors de Jiguro et de Kasem, personne d'autre ne peut prendre possession de moi... car sinon, qui je peux être si tout le monde peut être moi ?
- Effectivement. Et qu'en est-il d'Amaya ? »
Alika sembla se raidir, mais elle soupira et dit, finalement :
« Je t'explique maintenant ce qui s'est passé... Lorsque je me suis réveillée, Jiguro était toujours en possession de mon corps. Il m'a dit, intérieurement : – Tu es enfin réveillée ? – Combien de jour se sont écoulés ? demandai-je. – Une journée et demi...
» J'ai entendu Amaya tousser. Son aura semblait très pâle... je crois qu'elle était en train de tomber malade. Je n'avais pas pensé à prendre du thé ou des herbes médicinales afin de contrer le rhume pour la route. Jiguro, toujours en possession de mon corps, me laissa parler librement sans influence. – Amaya, tout va bien ? – J'ai juste une petite toux... ça ira bien. – Tu es sûre ? – J'ai toujours eu un système immunitaire très puissant à Kanbal... je te dis que tout ira bien.
» Amaya était une jeune femme très coriace. Sensible, mais coriace. Du genre à sous-estimer un peu trop ses symptômes et continuer d'avancer malgré tout. Elle avait beaucoup de résilience... néanmoins, j'ai touché son front : elle était brûlante. Je l'ai collée contre moi et lui ai dit qu'il nous fallait continuer notre route pour vous retrouver. Amaya tenait à peine sur ses jambes. J'ai demandé à Jiguro s'il avait mangé via mon corps. Il m'a dit que non, mais qu'il m'avait nettoyé dans une rivière glacée. Je proposai d'arrêter dans un village avoisinant, mais Jiguro n'a pas voulu. Qui sait si ce village était devenu un des campements de l'empire Talsh lui aussi ? Jiguro disait qu'il fallait impérativement retourner à la Grotte des Chasseurs au plus vite... »
Alika arrêta de parler et des larmes roulèrent sur ses joues. La douleur dans son cœur avait repris de plus belle.
« Maman... ce qui va suivre... ce sont les circonstances de la mort d'Amaya...
- Tu peux prendre tout ton temps, d'accord ?
- Oui... Amaya m'a avoué avoir de plus en plus de difficulté à respirer, qu'elle sentait que ses jambes la lâcheraient d'une seconde à l'autre, elle avait des frissons et des douleurs thoraciques. J'ai compris qu'elle avait attrapé une pneumonie... Nous avons perdu la notion du temps... chassant pour se nourrir, marchant seules dans la neige, au froid, dans le noir, cachées de la vue de tous.
» Amaya s'est échouée au sol, soudainement, me tirant avec elle, tenant toujours ma main. – Amaya... s'il te plait, mon amour, murmurai-je. Il en reste peu pour retrouver ma famille... tiens bon. Mon père pourra te soigner... Amaya ne m'a pas répondu. Elle avait les yeux à demi-fermés. – Alichoue... je ne peux plus continuer... – Hey, Amaya... ne dis pas ça...
» Je l'ai pris dans mes bras et j'ai déposé sa tête sur mes cuisses. C'est alors que j'ai vu quelque chose que je ne pensais jamais voir un jour : l'ombre de la mort sur le visage de ma petite-amie... cette même faculté que Papa possède avec les gens qui sont sur le point de mourir. J'ai su que j'avais encore hérité d'une de ses facultés et je déteste celle-ci... – Amaya ! ai-je paniqué. Reste éveillée que t'en supplies... nous sommes... si proches... je crois... – Désolée, n'amour... je suis si épuisée...
» J'ai continué à caresser ses cheveux en me mettant à pleurer. Jiguro est sorti de mon corps et s'est agenouillé à son tour proche d'Amaya. Dans un dernier souffle, Amaya a perdu la vie dans mes bras... la fatigue et sa pneumonie ont eu raison de sa vie. »
Balsa vit sa fille éclater en sanglots tapageurs. Elle la serra fortement contre elle.
« Ça ira, ma belle, s'effara-t-elle. Tu peux arrêter si tu ne veux plus en parler...
- Non... je vais continuer jusqu'au bout... car c'est là que Kasem est revenu me voir...
- Kasem ?
- Oui... Une faible neige s'est, dès lors, mise à tomber comme si le ciel pleurait avec moi. Ces flocons blancs, légers et floconneux. Ils me tombaient dans les cheveux, piquetant ma chevelure et mouillant le visage d'Amaya. Depuis, je hais le paysage hivernal quand la neige se met à tomber... Un sanglot s'est échappé de mes lèvres et j'ai poussé un hurlement de désespoir... Pour la première fois de ma vie, j'ai vu un être humain se détacher de son corps physique... Amaya ne semblait pas comprendre pourquoi elle pouvait voir son corps physique.
» Je la vis et la sentis me caresser à son tour les cheveux. Quand elle a vu Jiguro, elle a compris qu'elle venait de quitter le monde des vivants. C'est à ce moment-là que Kasem est venu à moi. Avec son apparence enfantine, un petit kimono d'un blanc immaculé, ses cheveux bruns naturellement en désordre, il ressemblait à un ange. Il nous a montré un endroit pour enterrer le corps d'Amaya avec des rochers.
» Je n'arrive plus à me souvenir où ni comment j'ai fait... mes souvenirs sont nébuleux à partir ce moment. Tout ce que je parviens à me rappeler, c'est que Kasem a pris possession de mon corps. En faisant ça, il a permis à Jiguro de s'occuper de l'âme d'Amaya. Ce fut mon seul moyen pour survivre. J'étais trop faible et épuisée...
» Sous le coup du traumatisme, j'ai bloqué mon don de deux tiers et Amaya a disparu de ma vision. Je ne la voyais plus, ne l'entendais plus et ne la sentais plus me toucher. Quand Kasem vous a retrouvé, à la grotte des chasseurs, deux mois après mon agression, il m'a quitté doucement pour ne pas que j'aie un trop gros choc. En fait, depuis ce soir-là, je n'étais plus vraiment présente ni moi-même. Je n'ai repris contact avec la réalité que lorsque je suis tombée dans tes bras, limite sur le sol si tu n'avais pas été là... »
Alika laissa tomber ses bras mollement de chaque côté de son corps, poussant un soupir de lassitude.
« C'est donc pour ça que tu as mis autant de temps pour nous rejoindre, comprit finalement Balsa. Les esprits qui possédaient ton corps t'ont fait déambuler par-ci, par-là.
- Je crois... je n'ai plus de souvenirs de tout ça. Et voilà... tu sais tout, maintenant..., conclut-elle en pleurant. Je me sens comme un objet. Un vulgaire jouet créé pour le plaisir des hommes...
- Non, ma chérie. Tu n'es pas un objet, tu n'es pas un jouet... les femmes ne sont pas la propriété des hommes, la corrigea Balsa en la prenant dans ses bras. Elles ne leur appartiennent pas. Nullement. »
Elle laissa sa fille pleurer un long moment dans ses bras.
« Je suis faible... je n'ai pas ton niveau, Maman... tu as réussi à vaincre quatre grands guerriers à toi seule, et Jiguro Musa, lui, il en battait six... et moi... moi, je n'ai même pas été capable de protéger la femme de ma vie !
- Ne dis pas ça. Tu as le talent. Et tu as réussi à survivre jusqu'ici.
- Non... mon honneur à ce niveau a été souillée... tu ne peux pas imaginer à quel point je me sens exclus de toi et de Jiguro. La honte, l'humiliation est atroce... Je n'ai pas su protéger Amaya... et... j'ai été engrossée... »
La première réaction que Balsa eut fut un gros "hein ?" comme si elle avait du mal à saisir ce que son aînée lui avait dit. Alika ouvrit son kimono sans lui montrer sa poitrine, se coucha sur le dos et prit la main de sa mère sur son ventre qui avait pris une légère enflure.
« Là... tu sens quelque chose de dur ?
- Je le sens parfaitement... Depuis quand ? Depuis... ce soir-là ?
- Oui... un ou deux mois à peu près... je ne sais plus.
- Tu avais, ou as, des symptômes ?
- Oui... Je le sais parce que ce sont les mêmes que les tiens. Des nausées, un changement au niveau de mon odorat, une poitrine douloureuse... et je n'ai pas eu mes règles depuis deux mois... elles ne sont jamais arrivées...
- D'accord... je vais t'examiner. C'est donc pour ça que l'odeur du gruau de riz t'a rendu nauséeuse ce matin... je pensais que ça avait rapport avec ta fièvre, mais non. Alors sur les odeurs, tu as au moins une chose en commun avec moi.
- Tu n'es pas capable de supporter l'odeur du gruau de riz ni sa texture.
- Voilà, tu as tout compris. »
Balsa coucha doucement Alika sur son lit et lui demanda de se détendre, le temps qu'elle aille chercher de quoi dans ses effets personnels.
« Balsa ? demanda Tanda. Est-ce que tout va bien ?
- Nous n'avons pas encore fini, je venais juste chercher quelque chose.
- Je vois. Tes yeux sont rouges...
- Tu vas tout comprendre plus tard.
- Alors, on va encore attendre.
- C'est mieux comme ça. Parce que je vous fais payer chèrement si vous nous interrompez.
- Compris.
- ... De quoi "on" ?
- Bah... Torogai et Chagum ?
- Oh... je préfèrerai que ce ne soit qu'entre toi et moi...
- Alors ce sera en privé, il n'y a pas de soucis. »
Balsa sourit et il lui vola un baiser. Elle cacha subtilement son huile spéciale, celle qu'elle utilisait souvent à ses accouchements, et quand elle était trop impatiente et désirait vraiment faire l'amour avec Tanda sans passer par la phase préliminaire, et revint dans la pièce. Alika s'était faufilée sous les couvertures, presque prête à faire une sieste.
« Encore besoin d'un peu de temps ?
- Oui...
- Nous avons tout notre temps. »
Balsa s'assit en face du futon. Elle lui raconta les dernières aventures que ses petits frères et sœur avaient faites pendant son absence. Alika fut celle qui écarta enfin ses jambes et remonta sa couverture d'elle-même.
« Respire et détend-toi. Je vais y aller doucement. Si je te fais mal, tu n'hésites pas à me prévenir et à m'arrêter.
- ... D'accord.
- Écarte les jambes, juste un peu plus ouvert... »
Après un moment d'hésitation, elle écarta un peu plus ses cuisses. Balsa humecta ses doigts, lubrifia et très doucement, essaya avec son index. Soudain, Alika se raidit, se recroquevilla rapidement en position fœtale sur elle-même comme si elle cherchait à se protéger et éclata en sanglots. Ce fut exactement le même scénario que la nuit précédente. Balsa ne sut comment réagir. Elle essuya ses doigts et alla proche de sa fille.
« Alika ?! Alika, parle-moi, est-ce que je t'ai fait mal ?! »
Sa fille était, encore une fois, incapable de l'entendre. Balsa répéta son nom et caressa son bras pour la ramener à la réalité. Entendant ses pleurs soudains et sentant une panique soudaine dans la pièce, Tanda pointa sa tête dans la porte. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Sa femme enlaçait leur fille aînée de ses bras, impuissante, le visage ravagé par l'inquiétude.
« Qu'est-ce qui s'est passé, Balsa ? demanda Tanda.
- Je... Alika... »
Ils restèrent avec elle un long moment le temps que sa crise passe. Doucement, Alika finit par se calmer, et graduellement, reprit contact avec la réalité. Balsa sut qu'elle ne pourra jamais vérifier si physiquement une grossesse avait vraiment lieu dans le ventre de sa fille, mais elle décida d'avoir confiance en ses dires. Alika était tellement épuisée par sa crise, qu'elle ne parvint pas à demander sa faveur à ses deux parents et fit une sieste. Tanda décida d'aller retrouver les autres enfants, alors que Balsa resta encore auprès d'elle.
Note de l'auteur : J'ai repoussé mes limites en explorant le côté « dark » des fanfictions, et mettant de côté ma tendance au fluff. Ceci dit, j'ai beaucoup hésité quant à la façon d'écrire « la scène ». J'aurai pu faire du « show don't tell », mais en vérité, je ne me sentais pas à l'aise de le faire de cette façon.
C'est pourquoi tout a été expliqué en dialogue, et non pas en description normale qu'on retrouve dans les histoires en général. Certains auraient sans doute préféré le « show don't tell », mais c'est comme ça que je me sentais le mieux pour l'écrire, tout en me sentant confortable avec mon style d'écriture en tant qu'écrivain.
