Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter sont à JK Rowling, je n'ai aucune intention de me faire de l'argent avec eux. Orvic Ramp et l'apothicaire m'appartiennent, mais franchement je doute de me faire de l'argent avec eux aussi !
Voici le deuxième chapitre ! C'est sûrement une des parties que j'apprécie le plus. J'espère qu'elle vous plaira autant qu'à moi.
Attention fluff ! Insensibles et détesteurs de guimauve s'abstenir, autres amusez-vous et profitez d'une petite pause de douceur.
Chapitre 2 : Changer d'avis par amour
Allongé sur le canapé, un livre posé ouvert sur le torse et les pieds qui dépassaient de l'accoudoir, entortillés dans une couverture, Remus dormait. Sirius s'approcha de lui calmement et s'assit par terre à côté du canapé, l'observant avec fascination.
Alors que, lorsqu'il était réveillé, le jeune homme semblait plus vieux que son âge, tendu et parfois désabusé, dès qu'il était endormi, ses traits se détendaient, rendant à ses vingt ans toute leur place et lui donnant un air presque fragile. Sirius adorait le voir dormir, il pouvait passer des nuits à le regarder, avait passé des nuits en réalité. Une lumière tamisée venant du feu mourant dans la cheminée éclairait son visage projetant ombres et éclats sur ses cicatrices.
Celles qu'il avait si souvent voulu cacher, mais que Sirius trouvait magnifiques. Celles faîtes par le loup. Celles qui traversaient vicieusement, mais si esthétiquement son visage. Celles qui disparaissaient sous le col de sa chemise, bien que Sirius sache qu'elles continuaient bien plus bas, rejoignant le labyrinthe d'arabesques et d'angles droits qui couvraient son corps.
Délicatement, comme dotée de sa propre volonté, la main de Sirius suivit une de ces cicatrices si chéries. Le mouvement sembla avoir réveillé le loup-garou dont les yeux papillonnèrent quelques instants, puis s'ouvrirent pour de bon. Il fixa étonné l'homme qui le regardait tendrement en face de lui. Lentement, un sourire embrumé fit son apparition sur ses lèvres. Il ne semblait pas dérangé par la main qui venait d'effleurer cette marque du passé qu'il haïssait tant, habitué depuis longtemps à l'étrange attirance de Sirius pour leurs délicats tracés.
« Salut Moony, bien dormi ? » Furent les premiers mots prononcés après un silence confortable. Pour toute réponse, Remus lui offrit un grand sourire et posa délicatement ses lèvres contre les siennes. Il lui fit ensuite une place à côté de lui et le prit tendrement dans ses bras, posant sa tête son épaule. Une fois installé, il raconta enfin sa journée à son amant, tout en jouant avec ses cheveux du bout des doigts. Ceux-ci étaient encore légèrement humides malgré le sortilège de séchage express qu'ils avaient subi.
A trois jours de la pleine lune, qui devait à présent se ressentir dans chacun de ses muscles, sa journée avait été peu active : principalement occupée à la traduction d'anciens textes en rune pour l'Ordre qui expliquaient différentes méthodes de protection contre la magie noire. Il s'était ensuite posé sur le canapé avec son roman moldu préféré, un chef d'œuvre de Tolkien, et s'y était endormi. Les explications étaient données avec tant d'innocence enfantine, on aurait dit un enfant racontant sa journée à ses parents, que Sirius ne put s'empêcher de l'embrasser encore une fois.
« Comment ça s'est passé pour toi Padfoot ? Pas de souci chez les aurors? Tu es rentré plus tard que d'habitude aujourd'hui. » demanda enfin le jeune homme.
Sirius voulut inspirer un grand coup, mais se ravisa au dernier moment pour ne pas effrayer son amant qui avait toujours la tête posée sur son torse. Il commença par les banalités, insufflant comme toujours une touche d'humour dans son quotidien répétitif, puis atteint le point de la mission d'observation. Il lui donna les quelques renseignements obtenus et lui dit avoir enfin la preuve des activités illégales de l'apothicaire.
« J'ai de quoi le coincer tu vois… le truc c'est que je ne pourrais pas le faire. » dit-il doucement.
Le lycanthrope s'étonna, son amant n'était pas de ceux qui se laissaient abattre par un obstacle, dont lui-même ne connaissait pas l'objet.
« Vois-tu, j'ai dans ma poche une plante illicite vendue dans sa boutique. Or, jamais je ne la donnerai parce que… j'en ai besoin. » admit-il en baissant les yeux, il connaissait l'opinion stricte de son amant au sujet de la légalité. « Elle me permettra de fabriquer la potion d'Orvic Ramp qui soulage les douleurs des transformations en loup-garou. » Il avait fini sa phrase rapidement, les yeux remplis d'une étincelle désespérée tandis que ceux de Remus s'écarquillaient. Son corps se raidit et son expression se raffermit.
« Tu n'es pas sérieux j'espère ? »
« Si. Absolument et plutôt naïvement si »
Le loup-garou fronça les sourcils et s'écarta un peu de lui pour le regarder dans les yeux.
« Qui es-tu et qu'as-tu fait de Sirius Black ? Et tes convictions ? Ton pacte avec toi-même, moi, James et Peter de ne jamais utiliser de magie noire ou de potion provenant de mages noirs ? Et ta fierté de Lion, de Gryffondor ? Et les conséquences, as-tu pensé aux conséquences que cela pourrait avoir ? Sur ta magie ? Sur toi ? Mais pourquoi par Merlin aurais-tu fait ça ? Pour moi ? Tu as vraiment perdu la tête mon vieux ! »
Remus avait commencé son monologue calmement, humoristiquement, avant d'exploser en exclamations de plus en plus fortes. Il semblait alarmé, désemparé, perdu dans une vague de désapprobation et d'incompréhension.
Sirius posa ses bras autour de ses épaules et le serra contre lui pour le calmer, se balançant un peu de droite et de gauche comme pour le bercer. Une fois le pic de colère passé, Remus relâcha peu à peu ses muscles, quelques larmes semblaient couler de ses yeux. La frustration devant le manque de réaction de son amant, la peur des espoirs déçus à l'avance, mais qu'il possédait déjà à l'égard de la potion, s'entrechoquaient et glissaient le long de ses joues. Sirius n'avait pas besoin d'être devin pour le savoir, il connaissait Remus si bien et depuis si longtemps qu'il savait ce qui devait se passer dans sa petite tête rendue encore plus émotive qu'à l'ordinaire, si c'était possible, par la lune montante.
A voix basse, il commença à s'expliquer : « Je suis et ai toujours été Sirius Black, tu le sais bien. Mes convictions ont toujours été aussi présentes, mais deux d'entre elles sont entrées en conflit. Celle de ne pas utiliser de magie noire a beau être puissante, elle est complètement outrepassée par le fait que je ne veuille plus te voir souffrir une seule fois lors de la pleine lune. C'est pour ça que je m'autorise, bien à regret saches-le, à briser ce pacte : ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ? Eh bien saches que ne plus te voir souffrir est un motif assez noble, pur et important, pour utiliser cette potion. De toute façon, elle n'est pas si sombre je te le promets, elle serait à peine concernée par le pacte. Les actes de son créateur ne devraient pas avoir de rapport avec son effet. Je ne suis pas fier de le faire, mais je note pour ma fierté de Gryffondor que j'aurais eu le courage de chercher jusqu'aux pires options possibles, et je le referais volontiers à l'avenir malgré les conséquences possibles.
J'y ai beaucoup réfléchi tu sais, évalué le pour et le contre, les risques, les conséquences… Mais à la fin l'argument imbattable arrivait : je me devais de le faire pour toi, pour faire stopper ta souffrance, égoïstement parce qu'elle me fait souffrir, mais surtout parce que je t'aime. C'est pour ça que je ne te forcerais pas à boire cette potion, je veux juste que tu en aies la possibilité. »
Il acheva son discours, durant lequel il avait gardé ses yeux brume fixés dans ceux ambrés du lycanthrope, et posa la tête sur son épaule, comme s'il attendait son verdict.
Aucune parole ne fut prononcée pendant longtemps, chacun semblait intégrer ce que l'autre avait dit. Sirius écoutait aussi ce qui n'était pas dit, ce qu'il sentait, ce qu'il voyait, ce qu'il devinait au travers des légers spasmes qui secouaient les muscles de son amour.
Il n'attendait pas de réponse, sachant pertinemment qu'il n'en obtiendrait pas de suite, mais espérait seulement pouvoir calmer la panique qui s'était invitée dans ce frêle corps, afin de pouvoir ensuite voir la réflexion s'y installer.
Il ne voulait surtout pas lui forcer la main, cette idée l'horripilait. Les conséquences d'un acte magique commis sous la contrainte, surtout lorsque qu'il frisait la magie noire, pouvaient être désastreuses. Les conséquences que cela pouvait avoir sur leur confiance mutuelle aussi d'ailleurs. Il accordait de toute façon beaucoup trop d'importance à la liberté de pensée et aux merveilleuses réflexions de Remus pour pouvoir penser à le forcer à faire quoi que ce soit.
Doucement, il commença à poser de délicats baisers contre son cou, marque d'affection pour lui rappeler sa présence, auxquels un frisson répondit. Tandis que l'animagus s'enhardissait, un murmure échappa des lèvres, jusqu'à présent scellées, de Remus :
« Je ne veux pas que tu fasses quelque chose de mal à cause de moi. Je ne voudrais surtout pas te perdre si tu étais pris. »
Et avec ça, Sirius posa ses lèvres contre les siennes, toujours entrouvertes, et commença à lui montrer qu'il était toujours présent à ses côtés. Des murmures s'échappaient de ses lèvres, des promesses, des mots rassurants, et des mots d'amour, tandis que celui-ci enflammait leurs corps et leurs esprits. C'est ainsi qu'il comprit que Remus avait accepté et cette pensée le transporta de joie au travers de la cascade d'émotions qu'il ressentait déjà.
Moon-star-and-chocolate, juillet 22
