Bienvenue dans ce recueil, cet entre-deux, qui fait suite à la fic "Le Poids de l'Héritage".

Plusieurs années se sont écoulées depuis l'épilogue du Poids de l'Héritage et je pense que les deux histoires peuvent être lues indépendamment l'une de l'autre. Mais pour les plus courageux qui n'ont pas peur d'affronter une multitude de personnages et des chapitres (atrocement) longs, "Le Poids de l'Héritage" est toujours disponible sur mon profil ;)

Quant à R.A.B, c'est un recueil d'une vingtaine de chapitres, tous déjà écrits (donc je devrais publier assez rapidement la suite), qui fait la part belle aux enfants. Et plus précisément aux petits-enfants de Ginny et Harry Potter. Le choix du nom est un clin d'œil à Regulus Black mais il n'apparaitra pas dans cette histoire.


R.A.B 1 - RETOUR AU BERCAIL

Le soleil tirait sa révérence en ce beau jour d'automne. Les quelques rayons de lumière naturelle qui émanaient ici et là dans la belle demeure s'estomperaient vite. Dans une très belle cuisine aux murs de pierre un petit elfe de maison s'activait pour finir de préparer le repas. Fin gourmet, de bonne composition et apprenant vite, Frappeur s'était vite habitué à sa nouvelle vie.

- Frappeur où en es-tu ?

- Je n'ai plus qu'à finir le dessert. Le reste est prêt et la table est mise.

- Bien. Nos maîtres seront bientôt là.

Frappeur acquiesça et s'activa sous le regard appréciateur d'une autre elfe de maison, plus âgée, qui servait la famille depuis de nombreuses années. Lui n'était là que depuis quelques mois et il savourait chaque jour sa chance. La famille qui l'avait recruté avait insisté pour le rémunérer, il avait droit à des congés et soupait à la table de ses maîtres.

Ce fait n'était pas rare dans la communauté sorcière Britannique mais Frappeur n'oubliait jamais qu'il aurait pu avoir à travailler pour une famille beaucoup moins tolérante. Le jeune elfe aimait beaucoup ses maîtres et il mettait chaque jour du cœur à l'ouvrage, réalisant des mets succulents et variés qui ravissaient toute la famille. Comme tous les soirs il fit goutter le potage à sa collègue et supérieure qui le félicita.

- Excellent, nos maîtres vont apprécier leur repas, bravo Frappeur. As-tu besoin d'aide pour le dessert ? Non ? Bien, dépêche-toi alors, ils ne devraient pas tarder.

En effet, quelques minutes après, un feu d'un vert flamboyant éclaira la pièce et un couple harmonieux sortit promptement de la cheminée.

L'homme épousseta comme tous les soirs son pantalon, sa chemise et sa cape et la femme posa quelques paquets sur une chaise avant de tomber d'épuisement.

- Je suis bien contente d'être enfin rentrée à la maison, dit-elle, l'ambiance devenait électrique.

- Hum, grogna son mari l'air soucieux.

- Qu'est-ce que tu as chéri ?

- Je m'inquiète pour eux.

- Heureusement qu'ils avaient les enfants à diner. Les trois petits vont leur remonter le moral.

- Oui mais ils n'ont toujours pas de nouvelle d'elle. Ça fait si longtemps qu'ils n'ont pas vu leur fille. Ton frère s'en veut énormément, même s'il ne le montre pas. Il se sent coupable, bien sûr. C'est horrible de ressentir ça.

- Oui. On le sait plus que quiconque.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Parce que notre fils me manque. Et je sais qu'il te manque aussi.

Ils échangèrent un regard qui pinça le cœur de Frappeur. Les maîtres parlaient rarement de leur fils aîné. Frappeur ne l'avait jamais vu, il n'avait jamais ramené de lettres le concernant, seule une photographie posée sur un meuble du salon témoignait de l'ancienne présence de ce fils aujourd'hui disparu.

Les deux époux restèrent silencieux un moment jusqu'à ce que le jeune elfe rompe leurs pensées.

- Bonsoir, maîtres.

- Bonsoir Frappeur, le repas est-il prêt ?

- Oui maîtresse. Souhaitez-vous que je serve la soupe ?

- Oui, répondit la femme, nous allons nous mettre à table.

Le couple s'installa et Frappeur les servit, n'osant davantage troubler leur silence inhabituel. Il avait beaucoup de plaisir à servir ses maîtres. Les époux se témoignaient beaucoup d'amour et d'intérêt et vivre à leurs côtés était une source constante de joie et de fierté. Il appréciait également lorsque le jeune maître, leur fils, se joignait à eux mais celui-ci était absent ce soir-là.

- Le jeune maître dinera-t-il ici ?

- Non, Frappeur, il est de garde cette nuit. Ce n'était pas prévu, nous n'avons pas eu le temps de te prévenir.

- Je lui garderai un peu de soupe que je lui ferai réchauffer lorsqu'il rentrera.

- Il en sera ravi, j'en suis sûr. Merci Frappeur.

Frappeur s'inclina et se tapit dans l'ombre pour maintenir le dessert à bonne température. La conversation avait repris et il se concentra comme à son habitude sur les autres pièces de la maison. Il servait ses maîtres depuis seulement quelques mois, après que leur vieil elfe soit mort. Un autre elfe les servait depuis de nombreuses années et Frappeur avait été recruté pour l'aider. Frappeur fut étonné de la voir se précipiter dans la cuisine.

- Maîtres. Pardonnez-moi. Vous avez de la visite.

- Je n'ai pas entendu la cloche. Tu n'as pas fermé la cheminée ?

- Si, maîtresse. Votre visiteur est passé par la porte. Je… Mais je suis sûre que vous serez heureux le voir, il se tient dans le salon.

Frappeur fut très étonné par le mystère dont faisait preuve sa consœur. Jamais ils ne se permettaient d'entretenir un quelconque mystère, ils allaient toujours directement aux faits. Ce changement l'intrigua et il était plus que surpris de voir des larmes perler aux bords des yeux de l'autre elfe.

Le couple échangea un regard étonné. Avant que l'homme ne pose sa serviette sur la table avec lassitude, se redressant avec tout aussi peu d'entrain.

- Bien, nous arrivons.

A la lassitude de l'homme s'opposa la curiosité de la maîtresse des lieux. Comme toujours, la femme ne pouvait s'empêcher d'espérer. Elle espérait voir arriver un membre de sa famille, elle s'attendait à voir approcher sa fille qu'elle voyait si peu et plus que tout, elle désirait revoir…

- James !

Il se tenait à quelques pas de la porte, se tenant prêt à repartir.

Le jeune homme avait bien changé. Plus grand que ses parents, il semblait avoir mûri et n'était plus l'éternel adolescent dont ils avaient le souvenir. Pour la première fois, Ginny se rendit compte à quel point son fils était devenu un homme. S'il paraissait quelque peu embarrassé, il affirmait beaucoup d'assurance et un certain aplomb. Frappeur le dévisagea en quelques secondes, notant la ressemblance notable du jeune homme avec ses parents. Il était beaucoup plus grand que son père mais arborait les mêmes cheveux ébouriffés. Ils étaient plus foncés que ceux de son père, et étaient emplis de reflets roux. Ses yeux étaient étrangement colorés. Frappeur songea à une noisette dorée par le soleil entourée de l'horizon de la mer.

Son beau visage était parsemé de taches de rousseur et son corps était fin mais musclé.

- Bonsoir maman. Salut papa.

Harry était bouche bée. Si l'absence de son fils l'avait fait souffrir, il l'avait moins laissé paraitre que sa femme. Près de dix ans s'étaient écoulés sans qu'ils n'aient revus James et Harry se demandait ce qu'avait bien pu amener son fils à venir les rejoindre.

James amorça un mouvement vers sa mère qui le serra dans ses bras, avec hésitation et maladresse. Pourtant, elle fut curieuse de ce qu'elle ressentit.

James était plus robuste et tenait fermement sa mère, tout aussi belle mais paraissant un peu plus fragile qu'autrefois.

Elle murmura son prénom, plusieurs fois, l'observant de la tête aux pieds sans trop savoir quoi dire. Elle avait toujours su qu'elle le reverrait un jour. Mais jamais elle n'aurait cru que l'amertume et la rancune qu'elle avait toujours ressenti en le regardant se seraient envolées, comme par magie.

- James... Je... Nous sommes heureux de te voir.

Le jeune homme esquissa un simple sourire.

- Comment vas-tu ? Que fais-tu ici ? J'espère que rien de grave n'est…

- Non, maman, tout va bien. Tout va très bien, je t'assure.

Ginny hocha la tête, à la fois rassurée et curieuse de connaître les raisons du retour de James. Elle recula pour laisser son fils avancer vers son père.

Les deux hommes se toisèrent quelques secondes durant puis se serrèrent la main avec un semblant de méfiance. Étrangement, Ginny en fut peinée.

- Euh… hum, fit Harry en se raclant la gorge. James, qu'est-ce qui t'amène ici ?

- Alice m'a prévenu de ce qui est arrivé à Jean-Paul. Nous étions à Poudlard ensemble.

- Oui, compatit Ginny. C'est affreux et…

- C'est un tragique accident, ajouta Harry.

- Voyons, papa, inutile de dire ça devant moi. Ce qui est arrivé à Jean-Paul n'était rien d'autre qu'un meurtre. Habilement maquillé en accident, je le conçois mais ça reste un meurtre.

Harry préféra ne pas répondre à son fils et Ginny en profita pour dévier quelque peu le sujet.

- Alors tu es seulement venu pour les obsèques ? Tu ne restes pas davantage ? Oh ! Il faut préparer ta chambre, je vais dire à…

- Non, maman, ne t'inquiètes pas, je ne dors pas ici.

- Mais si, restes voyons, James…

- Je suis juste venu vous voir car je ne voulais pas que vous appreniez mon retour par une autre personne. La presse ne loupera pas les obsèques de Jean-Paul et… Les rumeurs vont vite.

- Mais où dors-tu alors ? Tu ne vas quand même pas aller à l'hôtel…

- Je m'installe sur la côte sud. On a construit un petit hameau sorcier. La maison est entourée de beaucoup de verdure et la mer est juste à côté.

Voyant que ses parents étaient trop surpris pour répondre, James ajouta :

- La maison s'appelle Indigo Dawn. Si vous avez besoin de me joindre, vous pouvez relier votre cheminée à la mienne.

Alors que la nouvelle avait immobilisé Harry, Ginny s'assura de bien comprendre.

- Ça veut dire que tu t'installes ? Tu reviens vivre ici ?

- Oui.

- Mais… Et ta compagne ? Ta sœur nous a dit que tu ne vivais pas seul. Elle n'a rien voulu ajouter, tu la connais..

James laissa échapper un petit rire. S'il n'avait plus parlé à ses parents depuis longtemps, il ne se passait pas une semaine sans qu'il n'écrive à Lily, et sa petite sœur avait toujours jalousé les nouvelles qu'il lui donnait, refusant de les partager avec sa mère. C'était sa manière à elle de venger son frère du manque d'amour dont il avait longtemps souffert.

James laissa planer le silence quelques secondes, s'approchant d'une récente photographie de sa sœur qui irradiait de bonheur, dans sa tenue d'éthologue.

- On s'est vu offrir des projets professionnels intéressants. J'ai préféré continuer de parcourir le monde un peu plus longtemps que prévu, jusqu'à ce que le nouveau département du ministère fasse à... ma compagne une proposition très tentante. C'était le bon moment pour bouger, on a pris la décision assez rapidement.

- Et toi, que vas-tu faire ?, demanda Harry avec méfiance.

Mais au même moment, Ginny laissa éclater sa curiosité légendaire :

- C'est une anglaise ?

- Oui. Une anglaise d'origine russe.

- Comme Natasha ?, souffla Ginny, éberluée.

- C'est Natasha.

- Oh...

Ginny préféra se taire. Elle n'avait plus côtoyé les Kandinsky depuis longtemps, mais elle n'ignorait pas ce qu'elle était à leurs yeux. Une mère indigne.

Les Kandinsky avaient réussi là où elle avait échoué. Ils n'avaient pas ses moyens financiers ni son train de vie mais l'émerveillement qu'ils suscitaient chez leurs enfants, Ginny ne l'avait jamais vu dans les siens.

Aux dernières nouvelles, Ivan et Katarina occupaient toujours le même petit apparemment londonien, leur aîné vivait en Irlande, deux de leurs filles travaillaient au ministère, et Natasha travaillait en France, à l'académie de magie Beauxbatons.

- Elle va enseigner à Poudlard ?, s'étonna Ginny.

- Oh non. Je crois qu'elle détesterait ça, même si elle est une bonne enseignante. Natasha travaille dans la recherche magique. Dans le domaine des métamorphoses humaines et animales. En France, la recherche s'effectue a Beauxbatons. Ici c'est au ministère, et le département des mystères est en train de créer une nouvelle branche, le département de la création et de la recherche magiques. Ils ont proposé à Natasha de diriger les recherches en métamorphose.

- Oh, souffla Ginny, admirative.

- Et toi ?, répéta Harry, les sourcils froncés. Tu as postulé au ministère ?

- Non. Le département des relations internationales m'a fait une proposition mais je l'ai refusée.

- Tu l'as refusée ?!, s'écria Harry. Mais pourquoi ?

- Je fais partie de la Confédération Magique Internationale. Jusqu'à ma mort.

- Alors tu vas continuer d'aller et venir toute ta vie ?

- Non. J'ai la chance d'appartenir à la plus grande constellation depuis plus de cent ans. Chacun de nous a obtenu la direction d'un bureau détourné de la Confédération Magique Internationale. Je prends la direction du bureau détourné britannique lundi prochain.

- Mais... ça fait de toi un Grand Mage ! Tu dois être le plus jeune depuis...

- Non, la plus jeune de l'histoire c'est Shekilah, l'une de mes homologues venues d'Asie, sourit-il avec fierté.

- C'est un poste prestigieux ?, comprit Ginny.

- Les bureaux détournés sont les fiefs de la CMI, répondit Harry. Prendre la direction de l'un d'eux fait de James l'un des plus importants ambassadeurs de la paix... du monde entier.

- Je comprends mieux pourquoi tu reviens vivre ici, murmura Ginny.

- Nous avons réfléchi Natasha et moi et puis on avait envie de revenir vivre ici. On garde quand même notre maison en France mais… Vu la situation actuelle… Enfin avec tout ce qu'il se passe, on avait envie d'être plus près de nos proches. Mes amis me manquaient, Natasha voulait aussi se rapprocher de ses parents et...

Un petit bruit interrompit James, qui se tourna vers la cuisine. Le petit elfe se courba en reculant.

- Pardonnez-moi, maîtres. Souhaitez-vous que…

- Frappeur, je t'avais oublié. James je te présente Frappeur, notre nouvel elfe. Frappeur, voici James, notre fils ainé.

- Bonsoir, maître, je suis heureux de vous voir.

- Salut Frappeur, ravi de te rencontrer.

- Nous étions en train de manger, viens avec nous, James, Frappeur a préparé de la soupe et…

- Non, maman, je ne peux pas. Il se fait tard et Natasha a dû rentrer. Elle est allée rendre visite à ses parents et je souhaiterais dîner avec elle. Et puis j'aimerais embrasser les enfants avant qu'ils se couchent.

Frappeur crut un instant que sa maîtresse Ginny allait défaillir. Mais seule la jeune maîtresse Lily avait des nouvelles de son frère et si elle avait laissé entendre qu'il vivait avec une jeune femme, elle n'avait jamais parlé d'enfants.

- Alors tu as des enfants ?, arriva-t-elle à demander.

- Oui.

C'était comme si ce simple « oui » ouvrait une vanne à l'intérieur de son corps. Une envie folle, un besoin irrémédiable de rencontrer les enfants de James.

- Oh James ! J'ai si hâte de les voir, ne pourrais-tu pas aller les chercher ? Il n'est pas si tard et je serai tellement heureuse de les voir ! Et de revoir Natasha aussi, bien sûr.

- Peut-être un autre jour, d'accord ? On est rentrés seulement ce matin et...

- James, s'il te plait…

- Nous venons à peine d'aménager, maman, et…

- James… supplia-t-elle.

C'était nouveau. Étonnant. Déstabilisant. Pour Ginny et pour James.

- Bon, je vais appeler Nat et voir ce qu'elle en pense.

James sortit une pierre de sa poche et la pressa doucement en fermant les yeux. La pierre de couleur bleu nuit sembla s'éclairer, propageant un doux faisceau lumineux. Ses parents échangèrent un regard étonné mais restèrent silencieux. Quelques secondes passèrent puis James sourit à sa mère en rangeant la pierre.

- C'est bon. Ils arrivent. Natasha finit de leur donner à manger. Mais on ne restera pas longtemps, ce n'était pas prévu et…

James ne put finir sa phrase car sa mère s'était précipitée sur lui, en le serrant comme jamais elle ne l'avait fait, au risque de l'étouffer.

Elle murmura ce qu'il avait toujours rêvé d'entendre, qu'elle était heureuse et soulagée de le voir, de le serrer contre elle, son petit garçon… Et James se radoucit en la serrant plus fort contre lui.

Les trois Potter s'installèrent dans la cuisine et dégustèrent leur soupe. James évita de parler de lui et préféra prendre des nouvelles de toute la famille. Ses grands-parents, Arthur et Molly, vivaient des jours heureux au Terrier et il avait hâte de les revoir.

Ginny était intarissable sur le sujet, il ne l'avait jamais vu comme une incorrigible commère mais peut-être que l'influence de Molly se voyait davantage avec les années. Il apprit que Bill et Fleur avaient célébré en grande pompe leur dernier anniversaire de mariage, que Teddy et Victoire demeuraient aux abonnés absents, que Percy avait toujours autant de mal à combiner vie familiale et carrière politique, que Molly s'était mariée deux fois, avec deux hommes « aussi différents que peuvent l'être le jour et la nuit », que Roxanne et Dominique faisaient prospérer la boutique Weasley et, enfin, qu'Hugo avait remporté un énième tournoi d'échecs.

A son tour James donna quelques nouvelles, de Lucy qui n'avait pas quitté l'île de Wigglebay où elle gagnait ses matchs et préparait l'avenir en apprenant le dur métier d'entraîneur aux côtés de Nalani, de Louis qui venait d'adopter un petit garçon aussi blond que lui...

- Lily nous a dit que tu le voyais souvent. C'est pour le travail ?

- Non, pas spécialement. On s'entend très bien et… voilà. Il va venir pour Noel je pense.

- Il vit toujours en France, donc ?

- Oui, son élevage a beaucoup de succès. Ils font du bon boulot avec Sean. Je reçois régulièrement des nouvelles de Fred, on s'envoie des photos pas toujours drôles mais qui nous font toujours rire. Comme si, malgré les années, on préservait une part de notre humour de cousins, de notre humour de gamins. Je me souviens très bien de ce qu'il m'a dit quand il a rencontré sa femme... « c'est une rousse, avec des tâches de rousseur partout. Elle déteste tout ce que j'aime et me fais aimer tout ce qu'elle aime. Je me suis dit que c'était une bonne raison de l'épouser. » Il est très heureux. J'ai passé trois jours avec eux, aux Etats-Unis, c'était... je ne me souviens plus quand. On s'est introduit dans un château moldu mais on a trouvé un passage secret, alors on était comme des gosses. Sa femme nous a passé un sacré savon le lendemain, quand elle a vu toute la poussière sur le sol de la cuisine et le nombre incalculable d'araignées qui se cachaient dans nos cheveux.

Sa voix contenait plus d'un sourire, et ses parents comprirent qu'après tout ce qu'ils avaient vécu, de bon et de mauvais moments, Fred et James étaient parvenus à faire table rase du passé en gardant seulement l'essentiel, une tendresse et une complicité intactes.

- Il parait qu'il a eu une petite fille, ajouta Ginny. Mais Georges et Angelina n'ont pas de nouvelles. Et Roxane non plus.

- Comment va-t-elle ? Je me souviens qu'elle s'était mariée assez jeune avec Jalil...

- Oui et ils ont deux petites filles.

- J'ai hâte de la revoir ! Lily me donne quelques nouvelles bien sûr, mais je lui demande davantage de me parler d'Hugo que des autres.

- Hugo ?

- Oui, pour Rose.

- Tu… tu vois toujours Rose ?

- Tu sembles surprise, maman. Natasha et Rose sont très amies et nous vivions dans la même rue en France.

- Que fait-elle ?

- Elle est journaliste. Reporter. Elle voyage beaucoup mais elle s'est calmée quand elle a eu les petites.

James s'interrompit le temps d'avaler quelques cuillers de son potage et de féliciter Frappeur pour ses talents. Il surprit le regard curieux de sa mère et continua.

- Elle a deux filles. Jacinthe et Iris. Deux petites merveilles. Natasha et moi sommes leurs parrain et marraine. Et je vois bien que tu as d'autres questions à me poser mais je ne te dirai rien de plus, maman.

- Pourquoi ?

- J'imagine que tu vas te dépêcher de passer un coup de cheminée à Hermione.

- Et ?

- Et je ne pense pas que Rose apprécierait.

Les Potter se turent. A la fin de leurs études, les enfants d'Harry Potter et Hermione et Ron Weasley s'étaient peu à peu éloignés. James était parti, puis Rose s'était éprise d'un fils de Mangemort et était partie à son tour. Ses parents n'avaient plus de nouvelles et ne savaient même pas qu'elle était devenue mère.

- Tu… Vous allez beaucoup moins la voir, j'imagine. Maintenant que vous avez déménagé et que…

- Rose est déjà venue voir la maison et elle vient aussi à la pendaison de chaudron qu'on organise. Rose maîtrise à la perfection le transplanage tu sais.

- Mais dis-moi… elle…

- Non, stop, fini les questions !

- Et j'imagine que tu ne veux toujours pas parler de tes enfants ? Oh James, s'il te plait, dis…

- Je préfère que tu voies ça par toi-même. Je vois qu'elle n'a pas changé, ajouta James en souriant à son père.

- Non, malheureusement, toujours aussi impatiente ! Aïe !

- Bien fait, rétorqua Ginny. James, je t'en supplie dis-moi au moins…

- Maître James ?, interrompit l'elfe. Votre famille est arrivée.

- Tu vois, ta patience est récompensée, maman !

James jeta un regard malicieux à sa mère et se précipita dans le salon, Ginny sur ses talons.

- Papa !

Ginny eut l'impression qu'un petit fauve sauta dans les bras de James qui fit voler sa petite fille. Il s'approcha de Natasha et l'embrassa tendrement avant de saluer chacun de ses enfants et de se tourner vers ses parents.

Ceux-ci étaient paralysés et le scrutaient de leurs yeux écarquillés.

James s'en amusa et échangea un regard soulagé avec sa femme. Elle s'était montrée soucieuse de le voir partir chez les Potter, elle partageait son appréhension et elle semblait désormais ravie que tout se soit bien passé.

- Papa, maman, vous vous souvenez de Natasha ?

Celle-ci leur sourit et resta aux côtés de son mari. Si elle parut amusée de voir ses beaux-parents muets de surprise elle garda elle aussi le silence.

Autour d'eux se tenaient leurs enfants, que James présenta à ses parents.

Il commença par l'aînée une petite fille de sept ans au regard très sage et intelligent. Yulia Rose semblait aborder cette rencontre avec beaucoup de recul et observait ses grands-parents avec beaucoup de sagesse, ses beaux cheveux bruns teintés de mèches fauves dansant autour de son adorable visage. Elle entourait de ses bras…

- Sirius James Potter ! Pour vous servir, fit le jeune garçon en se penchant en avant.

Le petit garçon était le portrait craché de son père. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux, la même malice et surtout la même expression curieuse sur le visage.

- J'ai demandé à Natasha qu'elle m'en fasse un qui me ressemble et elle a réussi. Sirius est aussi téméraire et exubérant que je l'étais à son âge.

- Et comme son père il est intelligent, passionné et lumineux, ajouta Natasha .

Ginny était aux anges. La soirée, emplie de surprises, lui tournait un peu la tête mais elle s'avança vers le petit garçon avec un grand sourire aux lèvres.

- Et tu as quel âge Sirius ?, demanda Ginny en s'agenouillant.

- J'ai cinq ans, madame.

- Oh tu peux m'appeler…

- Elle, c'est Elisabeth, coupa Sirius en montrant une petite fille blonde.

Ginny l'observa avec étonnement. La petite fille ne ressemblait ni à sa mère ni à son père, tous deux étant plutôt bruns.

Elisabeth était un véritable petit ange. Ses cheveux étaient courts et fins, ses yeux brillaient de bonté et d'intelligence et… Sirius ne s'arrêtait plus de parler.

- Mais à la maison personne l'appelle comme ça, c'est Eli ou Lizzie ou Beth ou… Lui, c'est Raphael et elle dans les bras de papa c'est sa jumelle, Alix. C'est les derniers. Mais maman a un polichinelle dans le tiroir et le polichinelle après ça se transforme en bébé. Après c'est des mois de pleurs et de couches sales, tout ça mais avec un peu de chance ça sera un garçon.

- Tu veux un petit frère, Sirius ?, le questionna Ginny.

- Ben oui, pour monter mon équipe de quidditch, répondit Sirius comme s'il s'agissait d'une évidence.

- Mais les filles aussi peuvent jouer au quidditch.

- Je sais. Même que vous, vous avez été super bonne et que vous faisiez poursuiveuse comme papa. Mais nous à la maison on fait les garçons contre les filles et elles gagnent toujours parce qu'Alix fait les yeux doux à papa.

- Pas vrai !, répondit la petite fille aux cheveux fauves dans les bras de son père.

- On se calme, apaisa Natasha. De toute façon je ne veux pas que Raphael et Alix jouent au quidditch. Ils sont beaucoup trop jeunes !

- Mais on ne s'envole pas, maman !, s'exclama Alix.

- Encore heureux !

Ginny sourit en voyant son fils pâlir et détourner le regard. A priori les petits derniers ne volaient pas. Pas quand leur mère était présente du moins.

Ginny détailla chaque enfant. Elle saurait bien plus tard qu'Elisabeth avait été adoptée, et qu'elle avait vécu une enfance horrible jusqu'au jour de son adoption. Elle saurait aussi que Yulia en parfaite ainée de la famille était une petite fille consciencieuse, attentionnée et très en avance pour son âge. Elle saurait également que les jumeaux, Alix et Raphael, étaient très différents l'un de l'autre.

La première était aussi éblouissante que le soleil, et débordait de fougue et spontanéité.

Raphael, lui, était le portrait de ses parents. Il arborait la chevelure brune ébouriffée des Potter et les yeux magnifiques de sa mère. Ses cheveux étaient longs et son regard brillait d'une grande intelligence.

Sirius, lui, continuait de parler, de gesticuler et d'apprendre des choses à sa grand-mère tout en jetant des regards méfiants à Harry qui n'avait toujours pas fermé la bouche.

- Et c'est comme ça que le canard est tombé de la cheminée !

- Sirius, lui dit son père en se mettant à sa hauteur. Qu'est-ce qu'elle te dit maman quand tu parles beaucoup ?

- « Sirius, n'oublies pas de respirer », récita le petit garçon. Et lui, c'est qui ?, demanda-t-il sans prêter attention aux rires qui fusaient autour de lui.

- C'est Harry. Ton grand-père, expliqua Natasha.

- Le papa de papa ?

- Oui.

- Ah, dit-il, déçu. Je l'imaginais plus grand.

Harry ferma la bouche sous la pression de sa femme et continua à se dandiner sur place. Il parut nettement inquiet quand il vit Sirius approcher et continuer son observation.

- A l'école, même en France, ils te connaissent. On dit que t'es un héros. C'est pas plus grand, normalement, les héros ?

Malgré toutes les années passées, James rougit. Il aimait son fils plus que tout au monde mais restait impressionné par son père. Il le serait certainement toujours.

Pourtant Harry n'était pas très impressionnant, là, tout de suite. Alors James s'approcha et vint se positionner entre son fils et son père.

- La puissance et la hauteur ne sont pas proportionnelles, Sirius. Tu…

- C'est vrai, acquiesça son fils. C'est pareil pour Alix.

- Hé !, riposta sa sœur en lui lançant un regard furieux.

Les rires chaleureux furent interrompus par Dibba, l'elfe de maison des Potter que connaissait si bien James. Tous deux échangèrent un long regard et James perçut quelques larmes de joie aux coins des yeux se sa vieille amie.

- Maîtres.

- Oui, Dibba ?

- Maîtresse Lily vient d'arriver. Elle attend dans la cuisine.

- Oh, fais-la venir, Dibba ! C'est merveilleux, Lily va être si heureuse de te voir, James !

- C'est tata Lily ?

- Oui Sirius.

- Si ses enfants dont là, on pourra jouer ?

James ne répondit pas à son fils, trop impatient de voir sa sœur arriver dans son champ de vision. Et lorsqu'elle arriva, vêtue sauvagement de sa tenue d'éthologue tenant la main de son fils ainé et portant à bouts de bras un animal étrange et une petite fille qui lui ressemblait beaucoup, le cœur de James se réchauffa. Elle lui avait tant manqué.

Lily resta interdite pendant quelques secondes. Elle lâcha la main de son fils, posa dangereusement sa petite fille et laissa s'échapper une boule de poils de couleur sombre qui se cacha rapidement sous un meuble sous le regard réprobateur de Dibba. Lily ouvrit puis ferma la bouche. Une puis plusieurs fois. Puis, semblant comprendre que, non, elle ne rêvait pas, elle courut à la vitesse de l'éclair se jeter dans les bras de son frère.

- James !

- Ma Lilou !

Lily en oublia ses parents et embrassa chaleureusement Natasha .

Les trois jeunes adultes échangèrent quelques paroles et quelques rires avant de se tourner vers leurs enfants qui se détaillaient du regard.

- Wow, vous n'avez pas perdu de temps !, s'exclama Lily en regardant ses neveux et nièces.

- Ne fais pas la surprise, Lily, tu étais au courant.

- Mais je ne savais pas que… enfin… ils sont… superbes !

Pendant que Lily et Natasha restaient près des enfants de celle-ci, James s'approcha de son filleul. Il l'avait déjà vu, une fois, à la naissance de celui-ci. Quatre ans s'étaient écoulés depuis et le jeune garçon lui rendit un sourire timide.

- Salut bonhomme.

- Salut parrain.

- Parrain ?, s'étonna Sirius.

- Ah celui-là, c'est Sirius, je me trompe ?, plaisanta Lily.

- Viens Sirius, lui dit son père. Je te présente Tristan James Kent.

- Potter-Kent, précisa Lily.

- Salut Tristan ! C'est marrant ton deuxième prénom, moi aussi j'ai le même ! Sirius James !, ajouta Sirius en tendant la main à son cousin. Et elle c'est ta sœur ?

Les deux garçons observaient une toute petite fille aussi rousse que sa mère qui rampait sous un meuble à la recherche d'insectes.

- Oui, c'est Louise. Elle a deux ans.

- Et elle est cool pour une fille ?

- Ça va.

- Bon. Mais quand ta maman aura un autre polichinelle dans le tiroir, demande à ce que ce soit un petit frère, ok ? On manque d'hommes dans cette famille.

Sous la surprise Frappeur faillit faire tomber son dessert. Mais personne ne l'aurait remarqué. Il faut dire que la surprise avait été grande. Jamais depuis qu'il avait rejoint la famille Potter, le petit elfe n'avait entendu pareil éclat de rire. Il gagna le salon avec hâte, s'émerveillant lui aussi des prouesses verbales du petit brun qui plaisantait avec son nouveau cousin, le petit roux.

Les bouteilles de bierraubeurre sorties, les canapés et les tapis envahis, les Potter continuèrent de profiter de ces chaleureuses retrouvailles. Ginny questionnait Natasha, Lily et James partageaient des souvenirs, des blagues, des anecdotes et les plus jeunes faisaient connaissance.

- Le Domaine des Lys se porte à merveille, on envisage d'acheter l'île d'à côté avec Lorcan.

- Parle-moi de lui !

- Il vit avec Caz, tu sais Cassiopée Ferton, la sœur de ton amie Lyra. Et ils ont deux enfants.

- Et tu vois toujours les autres, j'imagine ? Ta bande de Poudlard ?

- Bien sûr. Hugo et Serena, et puis tu te souviens de Sébastian ? Et Annie et…

- Et David Dursley ?

- Il bosse au domaine, avec nous. On reste tous ensemble, juste au cas où tu comprends. L'union fait la force…

- Et Keziah ?

Lily jeta un regard inquiet vers son père et répondit en un murmure.

- Ça va. Il fait équipe avec les pires gars du bureau, quand ils sont en mission et qu'il revient blessé c'est toujours des Aurors qui l'attaquent.

- Et comment ils prennent ça ?

- Maman ne me pose plus de question depuis que je l'ai menacée de ne plus venir. Papa serre les dents. Ils savent qu'on est ensemble et que je suis heureuse. Mais on n'est pas officiellement mariés ni rien quoi…

- Et avec les enfants ?

- Ça se passe super bien. Keziah est un vrai papa poule, Tristan est très en avance sur son âge je pense. Il est sage et curieux de la vie, il me fait vraiment beaucoup penser à toi. C'est ton portrait d'ailleurs. Sauf la couleur des cheveux !

Ils reportèrent leur attention sur leurs enfants. Tristan avait su très vite se faire une place entre Sirius et Raphael, Yulia parlait avec Elisabeth et Alix et Louise ne se quittaient pas des yeux.

- Elles se ressemblent beaucoup, nota James. Deux mini-Lily.

- Il semblerait, oui. Spontanée ?

- Totalement. Têtue ?

- Tout-à-fait. Malicieuse ?

- On ne peut plus.

- Poudlard va bientôt trembler !

- Quoique… Il faudrait déjà que l'école survive à l'arrivée de Sirius.

- Poudlard a bien survécu à sept années avec toi Jamesie ! Et regarde-toi ! Marié, père de famille…

- Je suis plus que comblé. Et toi petite sœur ?

- J'ai un métier qui me passionne, un mari décrié mais parfait, un fils qui ressemble beaucoup à son parrain et une petite furie de deux ans.

- Et un polichinelle dans le tiroir ?

- Mais… Chut ! Faut pas le dire ! Pourquoi, ça se voit ?

- Non, je tentais juste…

- Eh bien oui, c'est tout nouveau mais vu comment le bébé prend déjà de la place, je me demande s'ils ne sont pas plusieurs ! Ça fait mal d'avoir des jumeaux ?

- Faudrait surtout demander ça à Nat. Moi je trouve ça diablement intéressant. Surtout quand ils sont si différents l'un de l'autre… Figure-toi que…

Un « pop » raisonna dans la pièce d'à côté et Albus Severus Potter arriva dans le salon en réprimandant une petite fille. Lorsqu'il aperçut son frère, il cligna des yeux. Plusieurs fois.

Sirius pensa que c'était de famille. Ça et les bouches qu'on ouvre et qu'on ferme plusieurs fois de suite.

- Ah te voilà mon chéri ! Lilas, tu es là toi aussi !

- C'est qui elle ?, demanda Sirius.

- C'est Lilas, l'informa Tristan. Une cousine.

- C'est le frère de papa, lui ?

- Ouais. C'est notre oncle Albus.

- Il n'est pas très grand non plus.

Plus personne n'osa rire. Ginny regardait ses deux fils, l'un après l'autre, Harry avait recommencé à se balancer et Natasha était soucieuse.

Lily, elle, ferma les yeux. C'était trop beau, pensa-t-elle. Contre toute attente ce fut James qui mit fin au lourd silence. Il se leva, s'arma d'un sourire crispé et marcha jusqu'à son frère sans le quitter des yeux.

- Salut Al. Content de te voir.

- Albus, continua Ginny, James nous a fait l'immense joie de nous rendre visite. Avec Natasha et leurs enfants. Et puis Lily est arrivée aussi et puis… toi. N'est-ce pas merveilleux ?

Sirius ne quittait pas Lilas des yeux. Elle n'était pas brune comme les Potter, ni rousse comme les Weasley. Ses yeux n'étaient ni bruns ni verts. Elle n'était ni surprise, ni heureuse. Elle était plutôt déçue en fait. Ça lui fit une drôle d'impression. Il reporta son attention sur son oncle, Albus. A la maison les enfants entendaient souvent parler de Lily mais presque jamais d'Albus. Sirius ignorait que son oncle soit marié et qu'il ait une fille. Il ne savait pratiquement rien de lui.

Albus se racla la gorge et prit la main tendue de son frère. Il semblait ému, comme au bord des larmes lorsqu'il prononça le nom de son frère d'une voix blanche.

Une fois de plus ce fut Ginny qui tenta de détendre l'atmosphère. Elle présenta la petite famille à Lilas qui avait un an de plus que Yulia. Sirius comprit que ce n'était pas le moment de parler et regarda son père et son oncle quitter la pièce. Il se fit la promesse que jamais il ne perdrait de vue ses frères et sœurs.

- Lilas, pourquoi n'amènerais-tu pas tous tes cousins dans ta chambre ? Vous pourrez jouer plus tranquillement.

- Elle n'a pas l'air ravi, chuchota Sirius à l'oreille de Tristan pendant qu'ils montaient les escaliers.

- Elle est toujours comme ça. Elle pense qu'elle a le monopole de la famille.

- Quoi ?

- Je sais pas trop ce que ça veut dire, c'est maman qui dit tout le temps ça… Lilas vit pratiquement ici. Albus travaille avec grand-père, il n'est pas marié et il vit ici, avec elle.

- Je comprends, elle ne doit pas être contente de nous voir tous ici.

- Il faudra bien qu'elle s'y fasse. Nous aussi on fait partie de la famille, conclut Tristan.

Un étage en dessous, Albus et James continuaient de se fixer. James attrapa un vieil objet qu'il fit semblant de détailler plus pour s'occuper et éviter de croiser le regard de son frère.

- Quelle… hum… quelle belle famille. Je savais que Lily et toi, vous avez continué de vous écrire. Mais elle ne m'a jamais rien dit. Je ne savais pas pour Kandinsky… enfin, Potter maintenant j'imagine.

- Nous ne sommes pas mariés. Pas de cette façon en tout cas. Et toi ? Qui est la mère de ….

- Lilas. Elle s'appelle Lily-Anne en fait. Mais tout le monde l'appelle Lilas. Elle a huit ans. Tu ne dois pas te souvenir de sa mère, elle était à Poudlard en même temps que nous. A Poufsouffle, une fille sans intérêt de mon année. Je ne me souvenais pas d'elle quand je l'ai revue au ministère.

- Elle est Auror ?

- Etait. Elle terminait sa formation quand papa m'a obligé à intégrer le bureau des Aurors. Quand Ron en avait marre de me supporter comme binôme, papa me mettait en binôme avec cette fille. Je crois qu'il espérait qu'elle devienne plus qu'une collègue à mes yeux.

Albus paraissait désabusé, son ton était à la limite du mépris.

- C'est ce qui c'est passé, non ?

- Non, balaya Albus. Un soir, on revenait d'une mission à Liverpool. Un détraqué qui avait versé de la potion d'enflure au-dessus d'un refuge pour animaux abandonnés. On se retrouvait à devoir gérer cinquante chiens errants gavés de potion et... on a échoué. Papa était furax. Mais comme je suis son fils c'est elle qui a eu un blâme, pas moi. On s'est croisés quelques heures après, dans un bar. On buvait chacun dans son coin et je me suis réveillé chez elle le lendemain. Neuf mois après elle m'a fait appeler, je l'ai rejoint à Sainte Magouste, elle venait d'accoucher de Lilas. Elle est morte peu de temps après.

- Je… Je suis désolé Albus, je ne savais pas.

- Oh… Elle n'a jamais compté. C'était juste une erreur d'une nuit. Bref. Je suis revenu à la maison, et les parents m'ont aidé à élever Lilas.

- Tu n'as jamais cherché à rencontrer quelqu'un d'autre ?

- Non. Mon cœur est pris, tu le sais.

James fronça le regard, avant de penser à Scorpius Malefoy, le seul être ayant suscité l'intérêt d'Albus.

- Je sais ce que tu te dis, reprit Albus. C'est toi qu'il préférait. Mais on ne sait pas ce que nous réserve l'avenir.

- Tu as eu de ses nouvelles depuis Poudlard ?

- Seulement ce que publie la presse. Ne me dis pas que tu es resté en contact avec lui ? Tu l'as revu ?!

- Quelques fois, oui. Il est marié, il a une fille de l'âge de Sirius et un petit garçon de l'âge des jumeaux. Il vit en France mais ils bougent pas mal, sa femme et lui sont archéologues.

Albus ferma les yeux, l'aigreur déformant ses traits. Aujourd'hui plus que jamais il haïssait la tendresse qui unissait son frère à Scorpius Malefoy. Depuis près de dix ans, il supportait sa morne vie en s'évadant dès qu'il se retrouvait seul. Alors il fermait les yeux et imaginait une autre vie, une vie rêvée, où Scorpius détestait son frère. Une vie où Scorpius et Albus vivaient ensemble, et seuls. Coupés du reste du monde.

- Je suis heureux de te revoir, Albus. J'espère qu'on aura l'occasion de retrouver. J'ai hâte de mieux connaître Lilas.

La voix de James sortit Albus de son habituelle léthargie. Le retour de son frère marquait la fin de son rêve. Car Albus savait très bien ce qui allait suivre. James s'installait avec femme et enfants, jouissant d'une vie aussi riche sur le plan sentimental que sur le plan professionnel. Il était autrement plus intéressant qu'une fille sauvage amatrice de dragons. Autrement plus intéressant que l'être sans entrain qu'Albus était.

C'était ainsi.

C'était rageant.

C'était trop tard.

Contre toute attente, James était devenu plus intéressant qu'Albus.

- ...Yulia est arrivée, première étoile de notre bonheur. Sirius a suivi, puis les jumeaux Alix et Raphael, et nous avons adopté Lizzie un an plus tard. Elle vient d'un centre moldu où sont enfermés des enfants qui développent certains pouvoirs. Elle s'est enfuie et nous l'avons adoptée. Elle est avec nous depuis un an.

- Elle semble bien intégrée avec vous, intervint Lily.

La jeune femme claqua la porte dans son dos, s'installant entre ses frères avec un naturel désarmant. Elle était visiblement rassurée de voir que ses frères n'étaient pas en train de s'entretuer.

- Oh oui, répondit James avec bonheur. Lizzie est arrivée à se faire aimer de tous dès le premier jour. Je me demande souvent si elle n'a pas du sang de vélane.

- C'est vrai qu'elle a un sourire angélique. Elle a l'âge de Sirius, c'est ça ?

- C'est ce qu'on pense mais on ne connait rien de son passé...

Harry et Ginny furent soulagés de voir revenir leurs trois enfants, entiers et particulièrement radieux. Autour d'eux, leurs petits-enfants apprenaient à se connaître, échangeaient avec leurs mots à eux, se racontaient leurs petites anecdotes et riaient à gorges déployées.

Les Potter étaient à la fête et James se sentit profondément soulagé. Il l'avait beaucoup redouté, mais finalement seuls le bonheur et la quiétude avaient cadencé son retour au bercail.


Et voilà pour ce premier "rab". J'imagine que ceux qui ont lu Le Poids de l'Héritage, et notamment son épilogue, sont un peu surpris de voir James "rentrer au bercail". Les explications arrivent vite, dans le deuxième chapitre de ce recueil. Alors à très vite :)