Titre : Ad extremum tempus diei, chapitre 10 (partie A)
Base : Gundam Wing puis l'univers d'AETD
Auteurs : Shakes Kinder Pinguy et Meanne77
Couple : Toujours notre Duo, heu, duo comique, et le réveil de la Juliette… Roméo, Roméo, où es-tu, son Roméo ?
Genre : Deathfic. Humour. OOC. Kawaii. Angst. Shônen ai. Fic finie. Ou presque.
Disclaimer : Quatre : Tout est à Moi. Tout M'appartient. Je suis le Maître de cet univers.
Skpm77 : Et le pire, c'est que c'est même pas de la mégalomanie.

Note : Lisez doucement, profitez-en, c'est la première partie du dernier chapitre. Après, il ne vous restera plus qu'à recommencer l'histoire depuis le début…

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Ad extremum tempus diei
Jusqu'à la dernière lueur du jour

Chapitre 10 - A

Howard regarda les cinq mômes qui se trouvaient face à lui. Quatre était toujours alité, encore un petit peu pâle. Trowa, Wu Fei et Duo étaient assis sur le lit de Trowa et Solo se tenait au milieu, adossé au mur.

Depuis le réveil de Quatre quelques jours plus tôt, les choses s'étaient un peu tassées. On pouvait de nouveau prononcer le nom de Heero sans risquer de se faire tuer et on n'avait plus à sortir de force Solo de l'infirmerie, bien qu'il y passait encore le plus clair de son temps. Tout le monde affectait de ne pas savoir que Duo rendait visite à Heero toutes les nuits et même les trois autres gamins semblaient reprendre du poil de la bête. C'était pour cela que l'annonce qu'il avait à faire ne l'enchantait pas. Il redoutait particulièrement la réaction de Solo, mais ça faisait déjà trop longtemps qu'il remettait cette discussion au lendemain. Pour le moment, la conversation tournait principalement autour du problème de la reconstruction de Wing, mais il faudrait bientôt parler du pilote.

– Z'auriez quand même pu prendre le temps d'ramasser les morceaux de Wing, râla Duo. Vous croyez qu'le Gundamium ça pousse dans les arbres ? Vous vous rendez compte de la quantité de fric qu'y va falloir qu'on dégote ?

– Ne t'inquiète pas pour ça, intervint Quatre. L'argent n'est pas un problème.

– T'es sûr, Quatre ? fit Duo. Y s'agit pas d'une ou deux pièces, hein, y faut complètement l'reconstruire, ça fait une sacrée quantité !

– Tu penses en obtenir de ton père ? demanda Wu Fei, incrédule.

Tous les regards se braquèrent sur Quatre qui s'empourpra.

– Je n'ai pas l'intention d'impliquer mon père, marmonna-t-il.

Il y eut un silence songeur.

– T'es un bon parti, Quatre, déclara Solo.

Quatre toussota.

– Tu entends ça, Wu Fei ? susurra Trowa.

– Je vois pas en quoi ça me concerne, s'indigna Wu Fei.

– L'Antarctique, Trowa, siffla Quatre.

Trowa se racla la gorge.

– Bref. Reste à savoir où trouver le Gundamium.

– J'connais quelques gars qui devraient pouvoir nous en procurer rapidement, déclara Duo. Le tout c'est d'le faire discrètement pour pas s'faire repérer. Si OZ remarque quelque chose d'inhabituel et remonte la piste jusqu'à nous, on est mal, toute base flottante qu'on soit ! Tu penses pouvoir sortir l'argent quand ?

– On ne peut pas sortir une telle quantité en liquide. Et je ne tiens pas non plus à ce que mon nom apparaisse quelque part. Il faudrait que je crée une société de faits qui se chargera du versement.

Au silence qui s'ensuivit, Quatre s'agita, mal à l'aise.

– Ça ira, je sais comment faire. On s'amusait à ce genre de choses quand j'étais petit pour m'apprendre les rouages de l'entreprise.

– Désolé, Quatre, j'vois pas en quoi c'est rassurant, commenta Solo.

– La famille Winner, s'ébahit Wu Fei. Un mythe qui s'effondre.

– Je voudrais bien connaître le nombre de sociétés de faits que possède ton clan, Wu Fei, répliqua Quatre.

Trowa haussa un sourcil.

– Parce que tu es un bon parti aussi, Wu Fei ? s'enquit-il. La proposition de partager mon lit tient toujours, tu sais.

– Barton !

– Trowa !

– Il faut bien que j'assure mon avenir.

– Epouse les deux, lui conseilla Solo, et tu nous entretiendras tous.

Quatre et Wu Fei le fusillèrent du regard.

– Quoiqu'il en soit, reprit Quatre, pour répondre à la question de Duo, ça devrait être bon d'ici la fin de la semaine.

– Cool, fit Duo. J'm'occupe de contacter les fournisseurs ! Eh, j'peux donner son nom à ta société ?

– Euh… oui, si tu veux…

– Mauvaise idée, Quatre, l'avertit Solo. Il est nul pour trouver des noms.

– Toujours meilleur que toi ! s'indigna Duo.

Howard se racla la gorge.

– Désolé de vous interrompre, dit-il. Mais il y a autre chose dont on doit discuter…

A l'expression grave de son visage, tous redevinrent sérieux.

– Qu'est-ce qu'y s'passe, Howie ? demanda Duo.

– C'est bien d'avoir un nouveau Gundam, mais il va falloir qu'on discute du pilote.

Solo fronça les sourcils.

– Qu'est-ce tu veux dire ?

Howard prit une inspiration.

– Avant que J et les autres ne se fassent prendre, J et G m'ont contacté à ce sujet. Ça fait près de deux semaines maintenant que Heero est dans le coma. Y'a aucun moyen de savoir quand il va se réveiller. Il faut mettre à profit le temps de construction de Wing pour former un nouveau pilote.

– QUOI ? rugit Solo.

Il s'écarta du mur, poings serrés et le regard furieux.

– Personne peut remplacer Heero ! Qui…

Il s'interrompit, ses yeux se rétrécirent. Il déclara catégoriquement :

– Non.

– Si, répondit Howard.

– C'est hors de question.

– De quoi vous parlez ? demanda Duo.

Howard tourna le regard vers lui.

– Duo a été jugé le plus qualifié pour ça. Il a déjà montré des qualités de pilotage supérieures à la normale.

– Non.

– Quoi ? Tu délires ? s'exclama Duo. J'ai jamais piloté un vrai Gundam de ma vie !

– Crevette ne pilotera aucun Gundam.

Howard fut infiniment reconnaissant à Quatre lorsqu'il prit la parole :

– Nous avons besoin de cinq pilotes. Heero peut mettre du temps à se réveiller. Si Duo peut piloter entre temps…

– Crevette ne pilotera aucun Gundam.

-

Duo n'avait pas l'intention de piloter Wing de toute façon, c'était le Gundam de Heero. Mais la véhémence avec laquelle Solo le lui refusait était un peu blessante. Ça faisait des années qu'il avait mis de côté ses ambitions de pilote, depuis que Solo lui avait confié qu'il n'était pas assez bon pour ça. Mais aujourd'hui d'autres personnes pensaient le contraire. Aussi bon mécano était-il, ça lui faisait plaisir que quelqu'un soit prêt à lui donner une chance.

– Il n'y a pas de raison que Duo ne pilote pas s'il est qualifié, fit Quatre.

Avant que Solo n'ait le temps de mettre l'autre blond en pièces, Duo lança :

– D'façon tant qu'OZ peut menacer les Colonies, on est pieds et poings liés ! On reconstruit Wing pour Heero, y'a pas besoin d'un cinquième pilote pour le moment ! On sait même pas ce qu'on va faire maintenant ! Continuer à s'battre, d'accord, mais comment ? Si ça s'trouve on répare même vos Gundams pour rien ! Les profs sont prisonniers, on reçoit plus de mission, et la moindre de nos actions risque d'être préjudiciable pour les Colonies.

Il jeta un coup d'œil appuyé à Quatre qui à son grand soulagement garda le silence, puis il se tourna vers Solo.

– La vraie question c'est de savoir ce qu'on fait maintenant.

Solo, semblant calmé, croisa les bras.

– Pour l'moment on attend d'voir c'que fait OZ et on s'concentre sur la réparation des Gundams. Quatre, crée ta société de truc, là, et occupez-vous d'faire venir l'Gundamium. Trowa, Wu Fei, Quatre, vous allez pas à terre, c'est trop dangereux. Si vous avez b'soin de quec' chose, vous passez par les Sweepers. On garde profil bas et on laisse venir.

Tous acquiescèrent.

– Quatre, t'as besoin que j't'apporte un ordinateur ?

– Oui, s'il te plait.

Duo hocha la tête et sortit de la pièce.

– Bon bah, je vous laisse moi aussi, dit Howard.

Wu Fei jeta un coup d'œil à Quatre, puis à Solo.

– Je serai dans ma cabine, annonça-t-il.

Solo s'approcha de Quatre, lui sourit et lui ébouriffa les cheveux.

– Ménage-toi quand même, t'as encore besoin d'te reposer.

Quatre lui sourit.

– Ne t'inquiète pas, Trowa veille à ce que je n'en fasse pas trop.

Solo adressa un sourire à Trowa et quitta la pièce à son tour, les laissant seuls tous les deux. Quatre se tourna alors vers le châtain.

– Trowa, je ne te chasse pas mais…

– Tu veux parler seul à seul avec Duo.

– Oui, s'il te plaît.

– Tu te rends compte de ce que tu fais ? demanda quand même Trowa.

– Je fais ce qui doit être fait.

– Bon. Tu sais que je suis derrière toi.

Quatre lui sourit avec reconnaissance et Trowa ajouta :

– Je serai avec Wu Fei. Je suis sûr qu'il doit se sentir seul dans sa cabine.

– N'en fais pas trop.

– Toi, n'en fais pas trop. Allez, je te laisse. Bonne chance.

– Merci, Trowa.

Le châtain haussa un sourcil et ouvrit la porte.

– Je te le rappellerai la prochaine fois que tu me menaces de m'envoyer en Antarctique…

¤¤¤

Duo posa l'ordinateur portable sur la table de chevet de Quatre.

– Merci, Duo.

– T'en prie.

– Duo…

– Je ne piloterai pas Wing, déclara fermement le châtain.

– Duo… Je comprends ce que tu ressens mais toi, tu dois comprendre qu'il nous faut un cinquième pilote.

– Heero est le cinquième pilote.

– Lorsque Heero se réveillera, il ne sera pas en état de piloter immédiatement. Sans compter que quelque chose pourrait arriver à n'importe lequel d'entre nous d'ici là et même après. Wing a besoin d'un pilote et si tu ne le fais pas, quelqu'un d'autre devra le faire à ta place. Ce n'est pas du chantage affectif que je te fais, Duo, mais pense aussi à Heero. Tu ne crois pas qu'à choisir, il préfèrerait que ce soit toi aux commandes de Wing plutôt qu'un étranger ? Et toi aussi, tu pourrais vraiment confier le Gundam de Heero au premier venu ?

– Pas du chantage affectif du tout, hein ?

Quatre eut un sourire.

– Mais ce que je dis reste juste…

– … Quand bien même, ça change pas l'fait que je sache pas piloter ! T'as entendu Solo.

– Et j'ai aussi entendu ce qu'ont dit J et G par l'intermédiaire de Howard. Solo a dit qu'il ne voulait pas que tu pilotes, pas que tu n'en étais pas capable.

– Je… suis pas assez bon.

– Laisse-nous en juger. Nous avons tous appris, Duo, ça ne vient pas en un claquement de doigts. C'est avec nous que tu vas te battre et nous aussi nous préférerions avoir quelqu'un en qui nous avons confiance à nos côtés.

– Tu dis « nous » mais t'en as pas discuté avec les autres, pas vrai ?

– Nous sommes une équipe, Duo. Dont tu fais déjà partie, je te le rappelle.

– Solo…

– Solo veut te protéger, de la même façon dont il vou… veut protéger Heero. Nous avons besoin de toi sur le terrain, Solo devra bien finir par le reconnaître.

– Quatre… promets-moi de ne pas aborder le sujet avec Solo en mon absence, histoire que j'ai une chance de te sauver la vie…

– Ça veut dire que tu acceptes ?

– Je… vais y réfléchir. Mais dans tous les cas, Wing reste le Gundam de Heero, on est bien d'accord !

– On est d'accord.

– Bon. Bon… ben je vais aller m'occuper de la commande de Gundamium alors. A plus !

Duo fit mine de sortir mais Quatre le rappela une dernière fois :

– Duo ! Le nom pour la société ?

– Ah ! Heu… Flying Shrimp and co ?

– … … … Heu… Tu… écris ça comment ?

– Comme ça s'prononce ! s'exclama Duo.

– Flying… shrimp… comme… crevette volante… ?

Duo hocha la tête avec beaucoup d'enthousiasme.

– … Comme tu voudras…

Duo lui adressa un large sourire et après un geste de la main, fila à ses occupations.

Quatre secoua la tête.

Il aurait dû écouter Solo…

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– … et faudra qu'tu dises merci à Quatre, il va s'ruiner pour qu'on reconstruise Wing. Enfin, s'ruiner, je sais pas. Son compte en banque a l'air d'être un gouffre sans fond. Enfin, un gouffre rempli. Enfin, tu vois ce que je veux dire ! En tout cas c'est chouette d'avoir un mécène. C'était ça qu'y nous manquait !

Duo hésita un instant.

– Et aussi… y disent, enfin, Howard et Quatre, que ce serait bien qu'y ait un pilote de remplacement. Au cas où… enfin, au cas où tu te réveillerais pas assez vite. Ou qu'un des autres soit blessé et qu'y ait besoin de partir en mission vite. Et… bah… y z'ont parlé d'moi. Y disent que j'devrais m'entraîner et tout ça. Qu'est-ce t'en penses ? Tu crois que j'ferais un bon pilote ? En tout cas, si tu veux pas que j'te pique Wing t'as intérêt à t'réveiller fissa ! Qui sait, ça pourrait m'plaire, de piloter. Peut-être que j'voudrai pas te l'rendre, ton Gundam ! Faudra qu'on joue son pilotage alterné au basket. Et j'm'entraîne pendant qu'tu traînasses au lit ! Donc voilà, tu sais ce qu'il te reste à faire. J't'aurai prévenu.

Duo étouffa un bâillement.

– J'vais m'pieuter, moi aussi. J'ai beaucoup à faire demain.

Il se leva.

– Bonne nuit, Pimousse. Fais d'beaux rêves.

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– Si on se fait prendre, on est morts, déclara Trowa alors que Duo et Wu Fei enfilaient les casques de simulation.

– Ton optimisme me réchauffe le cœur, Barton, répondit le Chinois.

– Bon, fit Quatre. Combat rapproché pour le moment, je veux voir comment Duo se débrouille avec le sabre mais vous pouvez utiliser les canons.

– J'ai pas droit au buster ?

– On veut te voir piloter, Duo, pas bourriner.

– Ah ! C'est pour ça que j'me bats pas contre Heavy Arms !

– Heavy Arms te prend où tu veux quand tu veux, rétorqua Trowa.

– D'façon j'les connais par cœur, vos Gundams !

– C'est là que tu vas apprendre toute la différence qu'il y a entre un mécanicien et un pilote, le défia Wu Fei.

– Viens, mon dragon, j't'attends !

– Battez vous sérieusement ! lança Quatre en luttant contre un sourire.

– Ok, c'est parti !

Quatre et Trowa suivirent avec attention le combat sur l'écran de retransmission. Ils gardèrent le silence les premières minutes, puis Trowa n'y tint plus :

– Quatre…

– Je sais, répondit le blond. Apparemment, pour certains ça vient vraiment comme un claquement de doigts…

Wu Fei était meilleur, bien entendu. Duo manquait d'entraînement et l'arme spécifique de Wing demandait une maîtrise de l'escrime que Duo n'avait pas, mais ce qui impressionnait surtout les pilotes, c'était ses réflexes. Il possédait déjà cette qualité primordiale de ne faire qu'un avec son Gundam. Quatre commençait à comprendre pourquoi les professeurs avaient désigné Duo comme remplaçant. Le talent était là. Restait à savoir comment il réagirait en combat réel, mais ce n'était pas le problème pour l'instant.

– Ça ira comme ça ! Vous pouvez arrêter !

Ils terminèrent leur attaque puis retirèrent leur casque.

– J'aurais pu l'avoir à la longue ! bougonna Duo.

– Dans deux ou trois siècles, peut-être, répliqua Wu Fei. Mais je reconnais que je ne m'attendais pas à m'amuser autant… Avec de l'entraînement tu feras un adversaire redoutable.

Duo sourit joyeusement puis se tourna vers les deux autres. Trowa hocha la tête, un petit sourire aux lèvres.

– C'était très impressionnant, Duo, déclara Quatre.

Le sourire de Duo s'étira encore plus. Ils repassèrent la vidéo, les trois pilotes commentant les défauts et qualités et Duo écoutant avec attention.

– Il faut que tu apprennes à mieux te servir de ton bouclier, dit Quatre. Il n'est pas là juste pour te protéger, tu peux aussi t'en servir comme arme.

– Yuy se bat beaucoup avec, acquiesça Wu Fei. C'est pratique pour faire reculer l'ennemi.

– Le plus urgent est de te donner des cours d'escrime, ou alors de changer provisoirement l'arme de Wing, continua Quatre. Peut-être une faux, comme pour Deathscythe…

– Vous cherchez vraiment à m'faire tuer par Solo ou quoi ?

– A toi de voir avec quoi tu te sens le plus à l'aise.

Duo garda le silence un instant, puis demanda presque avec hésitation :

– Alors… je pourrais vraiment faire un bon pilote ?

– Oui, Duo, répondit Quatre en souriant. Tu feras un très bon pilote.

¤¤¤

Le docteur McAdams lisait son journal assis à son bureau lorsque l'impression désagréable d'être observé le saisit. Il abaissa le journal et tourna instinctivement la tête vers son unique patient. Le jeune pilote avait les yeux ouverts et braqués sur lui.

Un frisson lui parcourut l'échine. Le regard était trop intense et le garçon ne cillait pas.

– Heero ? appela-t-il.

Le pilote cligna enfin des yeux.

– Hn.

McAdams se leva et s'approcha de lui. Il jeta un coup d'œil à l'électrocardiographe. Bip, bip, bip… Il n'y avait aucune variation indiquant le passage du sommeil au réveil. Il leva le doigt, le plaça devant les yeux de Heero et le déplaça lentement de bas en haut et de droite à gauche. Le garçon le suivit du regard. McAdams se redressa, prit une petite lampe de poche et vérifia que les pupilles du brun se contractaient à la lumière. C'était le cas.

– T'es réveillé, constata le médecin avec beaucoup d'incrédulité.

– Oui.

MacAdams dévisagea Heero un moment puis se tourna vers la machine, la tapota en se demandant si elle fonctionnait vraiment. Bip, bip, bip… Toujours pas le moindre tressautement. Il reporta son attention sur son patient.

– Tu as soif ? demanda-t-il.

– Oui.

McAdams le redressa pour l'aider à boire. A cet instant, Heero leva la main pour porter lui-même le verre à ses lèvres, et même si elle tremblait un peu, il n'y avait clairement aucun problème de coordination. Après un mois de coma, le corps de Heero répondait aussi bien, voire mieux, que celui de Quatre après cinq jours de perte de connaissance.

Ce gamin est un monstre, pensa McAdams avec fascination.

– Comment te sens-tu ? demanda-t-il.

– … ça va. Combien de temps suis-je resté inconscient ?

– Tu as été dans le coma un mois.

– … un mois ? Que s'est-il passé depuis ?

– On verra ça plus tard, je vais t'examiner d'abord et j'irais avertir les autres. Ça va faire rudement plaisir à tout le monde de savoir que tu t'es réveillé !

– Les Colonies, dites-moi au moins pour les Colonies ?

– Toujours dans l'espace, OZ ne les a plus menacées depuis, au contraire. Mais on verra ça plus tard. Fais aaaaah.

Heero se plia sans rechigner à tous ses examens. Tout semblait en ordre. Il faudrait probablement disséquer le garçon pour comprendre comment il pouvait se réveiller d'un mois de coma frais comme une rose, mais il ne préférait pas s'y essayer.

– Tu sembles avoir très bien récupéré. Y'a juste ton rythme cardiaque qui m'inquiète un peu, comme si ton corps avait oublié de se réveiller…

Heero cligna des yeux. Il ne répondit pas mais en quelques secondes la machine indiquait des valeurs tout à fait normales.

– D'aaaaaaaccord, prononça MacAdams. C'est toi qui fais ça ?

– Hn.

– Je vois… J'suis content de pas avoir des patients comme toi tous les jours. Bon, reste tranquille, je vais annoncer la bonne nouvelle à tout le monde.

Il sortit rapidement. Courir après tous les pilotes était hors de question, il préviendrait Howard qui se chargerait de faire passer le message. Il faudrait de toute façon limiter les visites, Heero devait encore se reposer au maximum.

Il trouva Howard en compagnie de Duo dans la cabine du capitaine. Ça allait faire plaisir au gamin, tiens…

– Un problème, doc ? demanda le vieux Sweeper.

– Aucun, au contraire.

Il se tourna vers Duo et sourit.

– Heero vient de se réveiller.

Les bras de Duo se resserrèrent sur les rouleaux de papiers qu'il tenait, sa bouche s'ouvrit, puis il lâcha tout et partit en courant.

– Vas-y mollo, gamin ! cria McAdams. Il est en convalescence !

Duo ne s'arrêta pas. Le médecin se tourna vers Howard qui souriait de toutes ses dents.

– Tu passes pas l'annonce ?

– On n'est plus à dix minutes près ; on va leur laisser un peu de temps tous les deux avant que la cavalerie débarque.

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Heero testa prudemment une jambe, puis l'autre. C'était peut-être encore un peu tôt, mais le journal n'était pas bien loin non plus. Peut-être que s'il se mettait à genoux…

La porte s'ouvrit brutalement sur un Duo essoufflé.

– Pi… mais qu'est-ce que tu fais ?

– Je veux le journal, expliqua Heero en fronçant un peu les sourcils.

Duo le dévisagea avec stupéfaction.

– Recouche-toi ! s'exclama-t-il en s'approchant à grands pas. Allez !

– Le journal…

– Mais j'te l'apporte, ton journal ! Bouge pas, bordel !

Il aida Heero à se recoucher puis alla chercher le journal et le posa sur le lit, près de l'oreiller.

Je rêve, un mois de coma et le premier truc auquel y pense, c'est à lire les infos !

– Comment tu te sens ?

Il voulait le prendre dans ses bras, le serrer très fort contre lui, mais Heero était encore couvert de bandages et Duo avait peur de lui faire mal.

– Ça va, répondit Heero. Le docteur m'a examiné.

Duo lui fit un grand sourire. Les pensées se bousculaient tellement vite dans sa tête qu'il ne savait pas quoi dire. Ils avaient eu si peur que Heero ne se réveille jamais, ou bien qu'il sorte du coma mais reste un légume toute sa vie ! Mais Heero semblait aller bien pour quelqu'un qui s'était fait sauter avec son Gundam.

Duo perdit soudain son sourire.

– Il ne reste rien de Wing.

Heero leva les yeux vers lui.

– Il aurait pu ne rien rester de toi non plus. J'peux savoir à quoi tu pensais ? C'qui t'as pris ?

– Mes ordres étaient clairs, répondit Heero. Ne pas livrer Wing.

– Et t'en as conclu qu'il fallait qu'tu t'fasses péter avec ?

– Je n'avais pas le choix.

Duo serra les poings, soudain furieux.

– Pas l'choix ? Tu t'fous d'moi ? T'es l'seul à avoir sauté ! Les autres sont rentrés, et avec leur Gundam intact ! T'avais parfaitement l'choix, tu t'foutais d'crever, c'est tout ! J'croyais qu'on en avait discuté mais tu crois toujours qu'tu sers à rien, c'est ça ?

– Ma vie ne vaut pas grand-chose.

– Pas grand-chose ? Peut-être à tes yeux ! Mais t'as pensé à nous, Heero ? T'as pensé à moi ? T'imagines c'que ça fait, un mois d'agonie à pas savoir si tu vas t'réveiller ou dans quel état ? Est-ce que tu peux seulement essayer d'comprendre à quel point tu m'aurais manqué ? A quel point tu m'as manqué ! Et savoir qu'tu t'es fait sauter volontairement ! Y'a personne qui compte à tes yeux ? Vraiment personne ? Va t'faire foutre, Heero ! Bordel si t'étais pas blessé j'te foutrais mon poing dans la gueule !

Fou de rage et de chagrin, Duo tourna les talons et sortit précipitamment. Heero baissa les yeux, une boule dans la gorge. Duo ne l'avait peut-être pas frappé mais il avait l'impression de ressentir la douleur sur sa joue.

Plusieurs minutes s'écoulèrent. Il n'avait plus très envie de lire le journal.

Curieusement, ce qui avait fait le plus mal, c'était que Duo ne l'avait pas appelé Pimousse une seule fois.

¤¤¤

Quatre manqua de perdre l'équilibre lorsque le bruit de fond douloureux dû à Heero et qui cognait en lui depuis un mois gagna brusquement en intensité.

– Reste concentré, Winner ! le réprimanda Wu Fei. C'est une figure simple, pourtant.

– Excuse-moi, je… j'ai pensé à autre chose.

Il prit une profonde inspiration, attendit de voir si ça se dissipait mais ce ne fut pas le cas. Que se passait-il ? Etait-ce bon ou au contraire mauvais signe ? Il devrait peut-être aller voir de lui-même Heero…

– Winner… le rappela de nouveau à l'ordre le Chinois.

– Tu fatigues, Quatre ? demanda Trowa, bronzant tranquillement sur le pont pendant que ses amis effectuaient leurs katas.

– Non, c'est juste…

– On peut faire une pause si tu veux, dit Wu Fei.

– Non, non, on reprend. Excuse-moi, je vais me concentrer.

Plusieurs minutes s'écoulèrent. Puis il fut soudain frappé par une explosion d'émotions, positives et provenant de Duo cette fois. Quatre porta instinctivement la main à la tête. Le monde semblait tourner autour de lui.

– Winner ?

– Quatre ?

– C'est rien, ça va passer…

Wu Fei s'approcha et le guida en direction de Trowa.

– Va te mettre à l'ombre, tu es peut-être resté un peu trop au soleil.

Ce n'était pas exactement ça, mais Quatre n'avait pas d'explication à donner. Il alla docilement s'asseoir.

Lorsque son euphorie par procuration s'effondra brusquement pour laisser place à un chagrin insurmontable, il lâcha malgré lui un hoquet de détresse. Duo ! Duo n'allait pas bien !

– Quatre, qu'est-ce que tu as ? s'inquiéta tout de suite Trowa. Il vaudrait peut-être mieux que tu rentres.

Le blond acquiesça, il fallait qu'il voie Duo. Il se leva, Trowa à ses côtés. Wu Fei abandonna ses katas pour les suivre. Ils descendaient sur une passerelle inférieure quand la voix de Howard retentit dans les haut-parleurs disséminés sur tout le navire, informant l'équipage du réveil de Heero.

Alors que les exclamations joyeuses des Sweepers s'élevaient, Wu Fei et Trowa jurèrent, un grand sourire aux lèvres. Mais Quatre, la première joie passée, sentit l'inquiétude le gagner. Duo avait dû l'apprendre avant eux, ce qui expliquait son bonheur soudain, mais le chagrin qui avait suivi faisait redouter à Quatre l'état dans lequel se trouvait Heero.

Les trois pilotes coururent à l'infirmerie, accompagnés de quelques Sweepers qui venaient aux nouvelles. La porte était ouverte et le docteur McAdams tentait tant bien que mal de repousser les visiteurs trop nombreux, les accusant de fatiguer son patient. Trowa, Quatre et Wu Fei se faufilèrent dans la pièce mais eurent à peine le temps de voir que Heero semblait aller bien, quoiqu'un peu désemparé peut-être, que le silence se fit.

Solo entra dans l'infirmerie, écartant la foule sur son passage. Ses yeux se braquèrent sur Heero, plusieurs expressions se succédèrent sur son visage. Quatre jeta un coup d'œil à Trowa et Wu Fei et tous trois firent sortir les quelques Sweepers se trouvant à l'intérieur ainsi que le médecin de bord, puis fermèrent la porte.

– Vous êtes conscients qu'il s'agit de mon infirmerie ? fit remarquer le docteur McAdams.

– Vous pouvez toujours l'expliquer à Solo, lui répondit gentiment Quatre.

Le médecin secoua la tête.

– Je vais aller m'prendre un verre de whisky, c'est l'heure de ma pause.

¤¤¤

Quatre était déterminé à parler à Duo. Il s'était attendu à le trouver auprès des Gundams, comme d'habitude lorsque quelque chose n'allait pas, et fut surpris d'apprendre qu'on ne l'y avait pas vu depuis plus d'une heure. Il tenta ensuite sa cabine, sans plus de succès, et se résolut à passer en revue tout le navire s'il le fallait.

Il le débusqua au niveau de leur terrain de basket improvisé. Le châtain frappait plus dans la balle qu'il ne dribblait et ses tentatives de paniers ressemblaient davantage à un jeu de massacre qu'à autre chose.

Quatre rattrapa la balle alors que celle-ci passait à proximité, suite à un rebond trop puissant.

– Tu tires trop fort…

– Oui, ben ça m'fait du bien, rétorqua Duo d'un ton peu engageant. La balle s'teu plaît.

Quatre la lui renvoya.

– T'es venu m'faire une séance de psy ?

– Je suis venu voir comment tu allais, reformula le blond.

– Tu d'vrais pas plutôt être auprès de Heero ? cracha Duo.

Quatre se rapprocha.

– Heero va avoir bien assez à faire avec ses visites pour l'instant. Que s'est-il passé, Duo ?

Duo fit rebondir le ballon sur le sol avec fureur, sauta et tira. Le panneau vibra comme s'il allait se briser.

– Qu'est-ce qu'y t'fait croire qu'y s'est passé quelque chose ?

– Le fait qu'au lieu d'être aux côtés de Heero après plus d'un mois de coma tu sois ici, en train de passer tes nerfs sur ce ballon.

Duo cessa de dribbler et posa un regard rageur sur lui.

– Et alors ? T'appartiens au syndicat de protection des ballons de basket en péril ou quoi ?

– … Tu ne préfèrerais pas jouer contre un adversaire ?

– Non. Fous-moi la paix, tu veux ?

– Si tu as besoin de parler…

– Je n'ai pas envie de parler, ok ? Laisse-moi ma colère, je veux la garder, fit Duo en tentant un nouveau panier.

– Pourquoi ?

– J'ai dit qu'je voulais pas parler.

– Ça fait un mois que tu ne veux pas parler, Duo.

– J'vois pas de quoi tu parles.

– Tu peux être pire que Solo parfois. Au moins lui ne faisait pas semblant que Heero n'existait plus !

– Et alors ? Heero a pas l'air de beaucoup vouloir exister d'toute façon !

– On existe dans les yeux des autres ; ce n'est pas en l'ignorant que tu vas lui donner envie de revenir la prochaine fois.

Duo fit volte-face et se dirigea vers lui d'un air menaçant.

– T'insinues quoi, là ? Que c'est d'ma faute ? C'est Heero qu'a choisi d'appuyer sur ce putain d'bouton rouge !

– C'est de notre faute à tous. On aurait tous pu faire plus.

Duo serra les poings mais baissa les yeux. Il avait eu l'intention d'avoir une discussion avec Heero au sujet de ce fameux système d'autodestruction… mais il n'avait jamais vraiment pris le temps de le faire.

– Mais Heero s'en est sorti et pour le peu que j'en ai vu, il semble avoir conservé toutes ses facultés, du moins mentales. Ça nous donne à tous, à lui comme à nous, une seconde chance, poursuivit Quatre. Pour que dans une situation similaire, Heero sache qu'il a d'autres choix.

– Ça n'arrivera plus… D'façon maintenant, Solo ne le laissera plus jamais piloter.

Quatre fronça un instant les sourcils. Il y avait du vrai dans ce que venait de dire Duo… mais cela lui faisait également se demander ce qu'avait pu faire Duo pour que Solo lui refuse aussi radicalement tout droit de piloter.

– Ça, ça concerne davantage Solo que Heero. Il faut que tu ailles parler à Heero, Duo, tu es celui qui a le plus d'influence sur lui.

Duo lâcha un rire amer.

– Nan, j'crois pas… Et d'toute façon, j'suis encore trop furieux pour pouvoir lui parler sans lui mettre mon poing dans la figure.

– … Peut-être que c'est ce dont il a besoin…

Duo eut un demi-sourire.

– Que j'lui casse la gueule ?

Quatre haussa les épaules.

– Peut-être… Après tout, il l'a quand même bien cherché. Et c'est peut-être un langage qu'il comprendra plus facilement.

Duo le dévisagea d'un air ébahi.

– Wow, Quatre… J'aurais jamais cru entendre un jour ce genre de choses venir de toi !

Le châtain marqua une pause puis eut un geste d'exaspération.

– P'tain, tu fais chier, Quatre ! J't'avais dit que je voulais rester en pétard !

Le blond eut un sourire.

– A ton service.

¤¤¤

Solo remarqua à peine le départ des Sweepers. Dès qu'il fut remis du choc de voir le brun assis dans le lit, les yeux ouverts, il se précipita sur lui. Heero n'eut que le temps d'avoir un mouvement de recul, s'attendant presque à se prendre une volée, que les bras du blond se refermaient autour de lui. Heero eut un sursaut de douleur mais Solo ne le lâcha pas tout de suite pour autant.

– T'es réveillé, fit Solo, une sorte d'incrédulité dans la voix.

– Oui…

– J'vais t'tuer ! poursuivit le grand blond en le serrant un peu plus.

Heero ne doutait pas que s'il continuait ainsi, ce serait effectivement le cas.

Solo finit par le lâcher, pourtant. Son regard ressembla alors à celui qu'avait eu Duo quelques minutes auparavant.

– J'peux savoir c'qui t'as pris ? T'es complètement débile ou quoi ?

– Le docteur J…

– J'en ai rien à branler d'ce salopard, il s'agit d'toi, Heero ! Et d'une conversation qu'on a eue j'sais pas combien d'fois !

– Je… je n'ai pas réfléchi…

– T'as pas réfléchi ! Il a pas réfléchi ! Alors quand tu réfléchis pas tu t'suicides ? C'est ça ? Le problème c'est qu'tu le fais aussi quand tu réfléchis ! Tu m'as d'mandé d'te donner une chance, Heero, et à la première occasion, tu… tu fais un truc pareil ! Mais qu'est-ce que t'as dans la tête ? Tu réalises c'que tu nous as fait subir, l'état dans l'quel t'as mis Crevette ?

Les mains de Solo s'étaient mises à trembler et Heero baissa les yeux.

– Je suis désolé, souffla-t-il.

– J'en ai rien à foutre qu'tu sois désolé, Heero ! Putain ! Bordel ! Tu… Tu m'as d'mandé d'te faire confiance ! Et tu m'pètes entre les doigts ! C'est ça qu'y t'as appris, ton connard de tueur à gages ? Tu cherches à crever, c'est ça ?

– OZ nous aurait éliminés de toute façon…

– T'en sais rien ! T'en sais rien, Heero, tu nous as même pas laissé essayer d'nous en sortir ! Et j'préfère encore tous vous voir crever d'la main d'OZ plutôt qu'de voir un seul d'entre vous abandonner aussi facilement !

– Les Colonies…

– Te cherches pas d'excuses, tu t'es même pas posé la question ! T'as pas réfléchi, tu viens d'me l'dire ! Nous, on a à peine eu l'temps d'comprendre c'qui s'passait qu't'appuyais déjà sur ton putain d'bouton ! J'croyais qu't'avais pigé qu'on fonctionnait en groupe ! On s'en serait sorti tous ensemble ! Sans passer par le suicide collectif ! Bordel, j'ai jamais autant eu envie d't'en coller une qu'maintenant !

Solo se laissa tomber sur la chaise, l'air soudain complètement épuisé. Il regarda Heero avec une espèce de supplication dans les yeux qui secoua le brun jusqu'au plus profond de lui-même.

– Est-ce que j'vais devoir tous vous voir crever devant mes yeux les uns après les autres ? Quand j'crois en avoir sauvé un, j'perds l'autre ? Mais qu'est-ce qu'y faut qu'je fasse pour t'garder en vie ? Dis-le moi, bordel ! Qu'est-ce qu'y faut qu'je fasse ?

Solo porta la main à ses yeux, ne pouvant plus supporter la vision de Heero sur un lit d'hôpital – presque un lit de mort. Il avait fait semblant de croire que Heero pourrait se réveiller un jour, pour les autres, pour se mentir à lui-même aussi, mais dans sa tête Heero était mort, Heero était déjà un cadavre et c'était de sa faute, sa punition pour l'avoir laissé aller sur un champ de bataille alors qu'il avait déjà eu par deux fois la preuve qu'il finirait par y rester. Solo l'avait tué aussi sûrement que s'il avait lui-même appuyé sur le bouton d'autodestruction.

– Je suis désolé, Solo, répéta Heero d'une petite voix.

Solo releva des yeux un peu trop brillants. Heero avait l'air complètement perdu, presque malheureux.

– Est-ce que tu comprends seulement la moitié de c'que j'essaye de t'dire ? demanda Solo d'une voix rauque.

Heero baissa les yeux. Il semblait qu'il avait de nouveau laissé tomber Solo. Il avait voulu lui prouver qu'il était capable de se battre à leurs côtés mais il avait obtenu l'effet inverse. Il s'était battu de la seule manière qu'il connaissait mais il commençait à comprendre que ce n'était pas ce qu'on attendait de lui.

– Je voulais pas… je pensais pas…

– Alors fais-moi c'plaisir, Heero, si toi t'en as rien à foutre, pense à ceux qu'tu laisses derrière.

Duo lui avait dit quelque chose comme ça aussi. Lorsque Heero avait enclenché le système d'autodestruction de Wing, il avait pensé à sa mission et aux Colonies mais pas aux gens qu'il connaissait personnellement, qu'il avait touché de près.

Il ne voulait pas faire de mal à Duo – ni à Solo – mais dans ce combat avait-il le droit de choisir une poignée plutôt que les Colonies ? Avait-il seulement le droit d'hésiter lorsque tant de vies étaient en jeu ?

– Est-ce que c'est mal de se battre jusqu'au bout ? murmura Heero.

A ces mots Solo se redressa.

– Se battre jusqu'au bout, ça veut dire survivre ! s'énerva-t-il.

Et pour Solo, c'était vrai. Heero réalisa alors que Solo s'était probablement battu pour ça toute sa vie, pour survivre. Quand il repensait à ce qu'il savait du passé de Solo et Duo, il réalisait qu'ils ne partageaient pas la même guerre. Sans aller jusqu'à dire que Solo se moquait du sort des Colonies, il était clair que les questions que se posaient Heero n'en étaient pas pour lui. Le choix entre sa « meute » comme Duo l'avait appelée et les Colonies n'en avait jamais été un à faire pour Solo, car la seule chose qui comptait c'était que la meute survive. Solo le lui avait dit lui-même et ce depuis le début : il se moquait de ce qui était arrivé à Noventa, contrairement à Heero qui avait non seulement tué un innocent mais en plus retardé, voire supprimé les chances de paix entre la Terre et les Colonies. Et malgré ce qu'il avait bien voulu faire croire, à lui et à Solo pour que ce dernier le laisse reprendre le combat, New Edwards était toujours un énorme poids sur sa conscience et il savait qu'avant de pouvoir retourner se battre il allait devoir trouver des réponses à ses questions. Mais Solo ne pouvait pas l'aider.

– … pas t'en sortir ! T'as eu ta chance mais t'en auras pas une quatrième. J'suis désolé mais maint'nant tu r'monteras plus sur Wing.

Heero acquiesça parce qu'il n'en était pas question pour le moment, pas tant qu'il hésiterait encore, mais aussi parce que c'était ce que Solo voulait entendre. Et malgré toute l'affection que Heero lui portait, il savait aussi qu'il ne pouvait plus le suivre dans ce combat qui n'était pas le sien.

(à conclure)

Solo : J'aime pas ce chapitre.
Shakes : Mais non, c'est rien, leur en veux pas, c'est freudien, c'est freudien.
Meanne : Et puis le meilleur reste à venir ! Au fait, t'aurais pas vu mes virgules dramatiques ?
Shakes : Y'en a une, là : Et puis, le meilleur…