Disclaimer : Je me base sur le monde crée par Rowling.

Kikoooo ! La rentrée approche à grand pas… Bonne fin de vacances à tous, profitez bien encore de ces quelques jours de quiétude avant de replonger dans la folie des études… ou du travail, ou de je ne sais quoi d'autre… Bisous !

RAR :

Etincelle de vie : Merci Arf, bonne chance pour le lycée alors ! (Dur de changer comme ça, ik !) Ce Syd, à peine mise en scène, déjà on sent l'entourloupe, mdr ! Kisss

Severa : Nyarf ! Nyarf ! Les désirs des méchants sont des ordres, lol. Bisousss !

Vyrses : Thank you ! J'ai mis une note au début du premier chapitre pour expliquer mon nouveau rythme de publication : ce sera deux chapitres par mois. (Désolé, je n'ai pas beaucoup avancé pendant ces vacances…) Bisousss !

Angie Black : Rogue avec des enfants, une antithèse, c'est pourquoi ça m'amusait de faire une fic là-dessus… Surtout que son rejeton est pire que lui… Kissss

La folleuh : Oui, j'ai lu le tome 6, mais ne faisons pas de spoilers pour l'instant. J'attendrais un mois après la sortie du tome en français, et si chacun l'a bien lu, je ferai quelques commentaires dessus. Triste ce chapitre ? C'est vrai que rien que la première citation montre dans quelle direction la fic va tendre… Bizzz

Erika3 : Ne t'en fais donc pas, je pensais surtout à une petite peste délurée quand j'ai crée Morgane, quoique je l'ai affublée d'un côté plus doux, pour trancher avec le frangin. Tu crois que Morgane est allée visitée les musées de Nantes ? Je me doute bien qu'on avait déjà dû penser à utiliser du rouge à lèvres pour les peintures (on fait tout avec n'importe quoi de toute façon)… Espérons que Syd soit assez ouvert d'esprit pour accepter la mode post apocalyptique des Serpentounets. Bizzz


2/ Une sœur à sauver…

« N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? »

Le Cid, Corneille.

Après la guerre Madurei et Rogue s'étaient procurés une grande maison, dans la périphérie de Londres, perdue dans un espace boisé, non loin d'un petit village mercantile sorcier. Ils possédaient un Elfe de maison dévoué qui entretenait la maison durant leurs longues absences. Morgane, en bonne marmotte, dormait encore. Syd descendit dans le salon, taciturne et mélancolique. Kassil, l'Elfe en question, lui amena le journal. Syd le déplia nonchalamment mais se pétrifia immédiatement : en première page… L'annonce d'un suicide… Syd eut du mal à soutenir la vision de la photo du suicidé : Michel Sinos

«Je ne supporte plus de le voir… Je ne pourrai plus le regarder en face, il me fait peur ! Rogue ! Je ne passerais pas les fêtes ! »

« -Merde », murmura Syd sans pouvoir y croire.

Il l'avait appelé à la rescousse, supplié même, et lui, il l'avait…

« A ta guise ! Tu es le seul à pouvoir t'aider. Fous-moi la paix ! »

… envoyé au diable…

Syd froissa le journal et le jeta loin de lui dans un cri de rage. Kassil le ramassa aussitôt pour le jeter sans poser de question.


Ailleurs… Au Ministère de la Magie. Depuis la chute du Seigneur des Ténèbres, le ministère de Cornelius Fudge avait été remplacé par celui d'un nouveau venu en politique : Mynus Lonross.

Malgré le temps de paix apparent, l'usine à Aurors fonctionnait toujours aussi bien. Maugrey Fol-Œil, qui n'arrivait décidemment pas à prendre une retraite bien méritée (il était presque en état de décomposition depuis le temps), entra dans la salle de réunion. Il n'était certes plus de première fraîcheur mais, ne supportant rester les bras croisés, il préférait faire profiter les petits jeunes de son expérience. Dès son arrivée, quelques hommes se levèrent pour s'affairer à des piles de dossier en désordre.

« -Je suis désolée, Alastor », dit une femme d'une cinquantaine d'année, « mais je n'ai pas pu retenir la presse. »

« -J'ai vu ça », grogna l'Auror en balançant la gazette du sorcier.

« -Sans doute », continua un autre homme, « mais on a pu au moins leur cacher la raison de ce suicide. Ils ont mis cela sur le compte du « stress grandissant que subit la jeunesse dans les études… » »

« -Voilà ce qu'on a retrouvé dans sa chambre. »

Maugrey saisit les enveloppes : des lettres, toutes intitulées : « Et le fils payera pour le crime du père ». Elles contenaient des documents, des photos d'époques, des photos horribles montrant des moldus torturés, des sorciers mutilés. Sur l'une d'elle, on voyait Rubus Sinos, le père de Michel, riant aux éclats devant une petite fille décapitée.

« -Et ces malades se font appeler comment ? » Demanda Maugrey en reposant les photos d'un air dégoûté.

« -Les Néo-Mangemorts… » ça a commencé il y a quelques mois : ils ont pris contact avec tous les héritiers de ceux qui ont trahi Vous-Savez-Qui, après ou avant sa chute définitive.

« -Comment le savez-vous ? Ces lettres ne sont pas signées… »

« -Celles-là non, mais certaines, oui… Le problème c'est que les lettres signés sont différentes, il doit y avoir plusieurs expéditeurs. En tout cas, des enfants ont parlé à leurs parents, leur ont demandé des explications. Nous avons reçu plusieurs plaintes provenant de… Mangemorts repentis souhaitant mener une vie paisible à présent… »

« -Ouais, ouais », fit Fol-Œil, sceptique, « il y en a beaucoup que j'aurais préféré enfermer à Azcaban… Après tout, ce n'est qu'un retour de flammes assez logique. »

« -Peut-être ! » Dit la femme avec véhémence, « mais vous trouvez ça juste que ce soit des adolescents qui en trinquent ? »

« -Je n'ai jamais dit ça », rétorqua Maugrey.

Il se gratta le menton, signe d'une intense réflexion :

« -Tant que ces malades se contentent d'envoyer des lettres, nous pouvons nous payer le luxe de traînasser, mais s'ils commencent à employer des méthodes plus radicales… »

« -Vous pensez que ce n'était pas un suicide ? » Demanda la femme.

« -Je ne sais pas… »

Maugrey n'ajouta rien et prit la direction de la sortie.

« -Où allez-vous ? » Lui demanda-t-on.

« -Il y a une famille en particulier qui m'intéresse, ça m'étonnerait qu'ils n'aient rien reçu… »


Morgane, après son petit-déjeuner, eut la bonne surprise de trouver une énorme enveloppe bien garnie dans la boîte aux lettres. Elle s'installa dans le petit salon, héla son frère d'une voix joyeuse :

« -Syd ! Y en a déjà qui savent qu'on est rentrés on a reçu quelque chose ! »

Et elle entreprit de l'ouvrir. D'un coup, le paquet prit feu, Morgane poussa un petit cri et tomba de sa chaise.

« -Syyyyyd ! » Beugla-t-elle, « mais qu'est-ce que tu trafiques ? »

Baguette brandie, teint pâle, Syd la regardait avec effarement : ça avait été moins une ! Il reprit vite son assurance et susurra en souriant malicieusement :

« -Qu'il y a-t-il petite sœur ? J'ai brûlé ton Ginny Magazine ? Pauvre Choupinette… »

« -Imbécile ! Je ne sais pas ce que c'était, et je ne le saurais jamais à cause de toi ! »

« -Plutôt grâce à moi… Tu remercierais si tu savais… »

« -Que veux-tu dire ? »

« -A ton âge, tu devrais avoir des lectures plus sérieuses. »

« -Mais BORDEL ! Puisque je te dis que ce n'était pas Ginny Magazine ! ça fait un an que je n'y suis plus abonnée », ajouta-t-elle avec fierté.

Devant l'air toujours plus ironique de son frère, elle se leva avec colère :

« - Je vais faire un tour au village », grogna-t-elle.

« -Je t'accompagne », répondit Syd.

« -Nan ! »

« -Si, et ne discute pas ! »

Elle émit quelques grommellements plus animaliers qu'humains et se précipita dans sa chambre pour vêtir une tenue plus chaude.

Une fois que Syd eut entendu la porte claquer, il convoqua Kassil.

« -Je t'avais dit », dit-il d'une voix tremblante, « de m'apporter directement toutes lettres qui arriveraient ici ! »

« -Jeune maître, je suis désolé », répondit l'Elfe en faisant ciller ses larges mirettes, « Miss Morgane a été plus rapide que moi. »

« -Te rends-tu seulement compte combien ça aurait pu être grave ! »

« -Jeune maître », continua Kassil, « comprenez-moi… Je vous dois obéissance, certes, mais peut-être serait-il plus juste que votre père reçoive ces lettres en premier. »

Syd en eut la respiration coupée pendant une seconde : c'est vrai, Kassil était l'Elfe de son père, pas le sien… Mais notre jeune homme se ressaisit vite :

« -NON ! Elles me sont destinées, à MOI ! Ecoute Kassil… Mon père ne t'a pas ordonné de conserver pour lui tout le courrier de cette maison ? N'est-ce pas ? Donc si je te demande en revanche de le faire pour moi, je n'empiète pas sur les plates-bandes de mon cher paternel… »

Il baissa le ton :

« -Kassil, s'il te plaît, c'est important… »

L'Elfe sembla un peu hébété :

« -Si je puis me permettre, jeune maître… »

« -Vas-y… »

Kassil parlait assez librement, il en avait pris l'habitude car la famille Rogue l'avait convié dès le début de son service (c'est à dire il y a presque 15 ans) à se conduire comme un employé, et non pas comme un esclave.

« -Pourquoi lisez-vous toutes ces lettres ? C'était déjà comme ça aux vacances précédentes. Vous receviez ces mystérieuses missives, vous les lisiez, paraissiez excessivement mécontent, puis vous les brûliez toutes sans exception. Ce que je veux dire, c'est que si c'est pour ressentir autant de chagrin, pourquoi vous ne les brûlez pas directement au lieu de les lire ? »

Syd voulut rétorquer quelque chose mais seul un son étranglé sortit de sa gorge. Non ! Ne pas se montrer faible, surtout pas. Il crispa ses mains, considéra son serviteur avec une sorte de mélancolie lucide :

« -Parce que je caresse l'espoir fou qu'un jour on m'annonce que ce n'était qu'une affreuse blague… »

Ils furent interrompus par Morgane qui dévalait l'escalier promptement.

« -Grand frère ! Mets donc ta cape, bougre d'idiot ! Tu vas prendre froid ! »

Joignant le geste à la parole, elle lui balança la cape en question par dessus la tête. Syd rumina et l'accrocha prestement. « Prendre froid… » Tu parles ! Leur ascendance néréide les rendait presque insensibles au froid, mais s'ils sortaient en T-shirt par moins dix degrés, les gens se poseraient des questions.

« -Garde bien la maison, Kassil », dit-il.

L'Elfe acquiesça, il savait que le terme « maison » incluait surtout la boîte aux lettres.

Mais les deux adolescents n'avaient pas franchi la grille du jardin qu'un vieil hibou maussade avait atterri par terre, se rétamant sur le sol.

« Bien sur » Songea Syd, « J'ai intercepté le courrier de Morgane, maintenant c'est mon tour. » Il se saisit du paquet sous le regard inquisiteur de sa petite sœur, le réduisit et le planqua dans l'une de ses poches, non sans lui avoir jeté discrètement un sort d'entrave.

« -Qu'est-ce que c'est ? » Lui demanda Morgane avec mauvaise humeur, « on dirait le paquet que j'ai reçu tout à l'heure ! »

« -Il y ressemble en effet, mais ce n'est pas pour toi… »

Il garda la tête levée et marchait sans prendre le soin de regarder son interlocutrice. Morgane se frotta les mains, comme pour réchauffer ses gants :

« -Depuis combien de temps n'as-tu pas souri sincèrement, grand frère ? »

« -Depuis que tu es née ? »

« -Ha ha ha », fit-elle sombrement. « Tu as changé dernièrement ! »

« -Tu rêves, ma pauvre fille. »

« -Tu me fais des cachotteries ! Avant tu me disais tout !

« -Tu parles de cette lettre ! » S'exclama brusquement Syd, « très bien ! Tu l'auras voulu. Tu veux connaître la vérité ? »

« -Oui ! » Répondit Morgane.

Mais elle regretta soudainement sa réponse, mue par une certaine appréhension.

« -Je suis amoureux », déclara solennellement Syd.

Elle s'attendait à tout sauf à ça.

« -D'une gryffondor », poursuivit son frère en prenant son visage dans ses mains. « Je suis désespéré, si père venait à l'apprendre ! Ha, Seigneur ! »

« -Mais… Mais… » Bredouilla Morgane, infiniment choquée, « c'est pas possible, pas toi ! »

« -Ben oui, pas moi ! » Fit Syd en ricanant, « je me foutais juste de ta gueule ! »

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser mais Morgane put enfin réagir de façon fulgurante. Syd reçut le prix de sa témérité en pleine face, c'est à dire une boule de neige. Il secoua la tête pour se débarrasser de cette boue glaciale et aperçut sa sœur partir en courant.

« -Attends ! » Cria-t-il en s'armant à son tour des projectiles glacés.

Il la visa en vain et s'élança à sa poursuite tandis qu'elle éclatait de rire…

Il aurait dit et fait n'importe quoi pour la laisser batifoler dans son innocence.


Que Severus Rogue ne rentre pas durant ces vacances arrangeait bien son fils. Cela faisait cinq mois que Syd recevait ces étranges lettres. La première fois, c'était en plein repas de famille. Son père et sa mère étaient occupés à discuter, tandis que Morgane s'endormait presque dans sa soupe. (Elle avait passé la nuit à découper des images de Sirius Black dans ses magazines.) Syd crut qu'il s'agissait de cartes provenant de quelques camarades de classe, même s'il n'en avait pas. Mais dès qu'il vit la première image, celle d'un procès, survenu il y avait plus de trente ans, il comprit : « Allons-nous laisser les Mangemorts s'en sortir ? » disait la légende. Deuxième image : Son père (si jeune !) en compagnie d'autres Mangemorts, en train de martyriser ce qui lui semblait être un Auror… Et puis enfin, des images de lui et de Morgane, à Poudlard, au pré au lard, en rase campagne, avec cette inscription : « les enfants payeront pour le crime du père… »… C'était une blague ! Ce n'était pas possible ! Il avait redressé sa tête pour regarder son père. Heureusement que ce dernier était trop accaparé par les propos de son épouse sinon il aurait vu toute l'horreur qu'il avait inspiré à son fils en ce court instant.

Mangemort ? Son père ? Un Mangemort ! Mais c'était à peine croyable ! Avec tout ce qu'on lui apprenait à l'école : les Mangemorts, c'étaient le mal absolu. Le monde des sorciers n'avait jamais connu pire vermine. Pour mieux en faire ressortir toute l'horreur, on les comparait aux nazis de la Seconde Guerre Mondiale. Pour fêter la défaite de Voldemort, les enfants se déguisaient en Auror et ils canardaient avec des Vulcano-Bombes des acteurs payés pour jouer le rôle des Mangemorts. Et les gens riaient en voyant cela, même si certains trouvaient que ça relevait d'un mauvais goût flagrant. Syd l'eut fait aussi, quand il n'était qu'un petit garçon, et c'est son père qui l'y accompagnait… Et là, il apprenait qu'en fait il était… Il lui avait menti ! Toute sa vie durant il lui avait menti. Pire que ça : son père l'avait trahi.

Syd ne lâchait plus Morgane à présent, si les gens qui lui envoyaient ces lettres les avaient pris en chasse, il se devait d'être prudent. Il aurait peut-être du en parler à son père, mais il estimait que c'était à Severus Rogue de faire le premier pas : « Je n'ai torturé aucun moldu, moi » se disait Syd, « pourquoi est-ce que je devrais m'abaisser à parler à ce type… »

Ce « type »… De « papa » il était déjà passé à « type » dans sa tête. Mais il s'en voulait déjà de nourrir de telles pensées : son père était quelqu'un de bien, ça se voyait ! Il n'avait jamais eu à s'en plaindre. Il avait toujours eu ce qu'il désirait. Il travaillait dur à l'école et en échange son père ne lui avait jamais refusé quoi que ce soit. Si… Il y a une chose que Severus a omis d'offrir à son fils : la vérité.

Vérité qu'il aurait pu rechercher auprès de sa mère… Mais il ne la comprenait pas : il la savait excessivement allergique aux Mangemorts. Comment avait-elle pu épouser son père ?

Splash ! Une nouvelle boule de neige en pleine figure :

«- Réveille-toi, grand frère, on arrive au village. »

Syd sortit de ses noires pensées. En ce moment, il se laissait un peu aller… Fort heureusement, il était naturellement doué pour cacher ses émotions. Lorsqu'il eut reçu sa première lettre, deux battements de cils lui suffirent pour se recomposer un visage impassible. Ensuite, dissimuler son… trouble… avait été un jeu d'enfant. Durant le cours de potion, il se conduisait avec son père comme avec n'importe quel professeur : appellation : « monsieur », vouvoiement, ce qui était normal, bienséance oblige. Rogue agissait de même avec lui, Madurei aussi. Les liens familiaux ne devaient pas transparaître pendant la classe. En dehors des heures de cours, Syd s'était arrangé pour ne pas tomber sur son père, en squattant la salle commune ou la bibliothèque. Ce qui faisait tout aussi normal : il était en 6ième année, il avait beaucoup de travail. Et son père ne cherchait pas plus à le voir : c'est normal à 15 ans (bientôt 16 même) de vouloir rechercher le calme et la tranquillité de la solitude. Syd aurait bien voulu qu'ils deviennent comme deux étrangers, mais il avait omis un détail : il aimait son père.

« -T'es encore en train de rêvasser ? » S'enquit Morgane, « t'es bien sur que tu te moquais de moi tout à l'heure ? Tu ne serais vraiment pas amoureux par hasard ? »

« -Ho si, j'aime. C'est justement ça le problème. »

« -Pfff… Tu me prends toujours pour une idiote. »

« -Morgane… »

Elle se retourna un peu surprise : sa voix était douce et suave comme une caresse.

« -Tu es sur que tu vas bien ? » Demanda-t-elle.

Elle s'approcha de lui et lui posa une main sur le front :

« -Tu as de la fièvre ! On devrait rentrer. »

« -Non… Tu avais certainement une course à faire. Allez vas-y, je t'offre ce que tu veux… »

« Oh ! La vache » se dit Morgane « il n'est pas malade, il est mourant ! » Mais la perspective d'escroquer son grand frère ravit la jeune fille, elle n'accepta qu'à la condition qu'ils passent par la pharmacie. Tout en marchant, Syd gardait une main dans sa poche pour vérifier que l'enveloppe réduite était toujours là. Et s'il suivait le conseil de Kassil, s'il la brûlait au lieu de la lire ?

Morgane déambulait dans la rue avec un petit air supérieur. Syd ricana doucement : qu'elle était marrante, elle et son petit mètre 50… Morgane n'aimait pas qu'on critique sa taille, d'autant plus qu'elle avait encore l'espoir de faire une poussée : en effet sa mère Madurei et sa tante Néréis étaient plutôt grandes, il n'y avait aucune raison pour elle de rester une rase motte.

Elle s'arrêta net devant une vitrine puis se tourna vers son frère, les yeux remplis d'espoir.

« Hum… J'ose souhaiter que ce qu'elle a vu n'a pas un prix excédant quatre zéros… »

Cependant Syd déchanta vite : il aurait préféré que ce soit un bijou hors de prix. Morgane contemplait la vitrine de la librairie où trônait une affiche fraîchement collée :

« Dès aujourd'hui, 18 heures, rencontre avec Sirius Black pour la signature de son livre : Une vie de chien … »

« -Beau, intelligent », énuméra Syd avec un sourire perfide, « sachant lire et écrire, toutes les femmes vont se l'arracher ! »

« -Bah non », riposta Morgane. « En réalité, il ne souhaitait pas écrire cette autobiographie, mais il l'a finalement fait pour reverser les fonds à une chaîne d'orphelinats. »

« -Ho ! » Fit Syd avec un émerveillement relatif, « et généreux avec ça ! Quel bel homme ! »

Morgane grimaça… Ce qui l'énervait le plus, c'est que son frère avait raison : voilà qui faisait bien mièvre et gentillet. Et les Rogue n'aiment rien de tout cela. Elle regarda sa montre : il n'était que 16 heures. Attendre deux heures dans le froid avec son frère dont les yeux devenaient de plus en plus vitreux : hors de question ! (Mais Morgane ! Vous craignez moins le froid que le commun des mortels ! Schroumph alors !)

« -Je ne suis pas malade », lui dit Syd comme s'il avait deviné ses pensées.

« -L'affiche dit que ça continuera demain », murmura Morgane, « je reviendrai. Allez, partons maintenant… »


Après un détour rapide par la pharmacie du coin, une randonnée dans la neige, les deux adolescents étaient de retour chez eux. En l'absence de leurs parents, la maison paraissait incroyablement lugubre.

« -ça me manque », constata Morgane en s'époussetant, « d'entendre maman disputer papa. »

Elle posa son manteau et partit se faire couler un bon bain. Syd s'assit dans le salon, devant la cheminée que Kassil avait allumée en prévision de leur arrivée. C'est vrai qu'il ne sentait pas bien, son dos le lançait atrocement depuis quelques temps. En fait, plus il stressait ou s'énervait, plus ses os et ses muscles le faisaient souffrir. Reposé dans son fauteuil, il aurait pu s'endormir, assommé par la tiédeur adjacente si l'Elfe ne l'avait pas interrompu dans sa torpeur :

« -Jeune maître… Quelqu'un est passé. Un homme, il voulait vous voir. »

Syd sursauta et écarquilla ses yeux comme s'il voyait Kassil pour la première fois.

« -Un homme ? Qui ça ? »

« -Maugrey Fol-Œil… Il a laissé sa carte… »

Un Auror ! Ces lettres n'étaient donc pas une plaisanterie !

« -Que me voulait-il ? »

« -… Il voulait vous voir tous les deux : Miss Morgane et vous. »

Sa sœur ? Et puis quoi encore ! Syd avait pris un soin infini pour la préserver de tout ça, cet Auror n'allait pas tout foutre en l'air !

« -Il repassera demain, dans la journée. » Annonça alors l'Elfe avant de s'en retourner à ses fourneaux.

Syd n'avait pas vraiment le cœur de discuter mais il se força à faire la conversation avec Morgane. Celle-ci se sentait de plus en plus mal à l'aise :

« -Si les parents ne rentrent pas plus souvent », dit-elle, « on devrait demander à passer les vacances chez tante Néréis. L'atmosphère devient irrespirable ici. »

Elle se ravisa :

« -Je ne dis pas ça pour toi, Kassil. Tu pourrais venir avec nous. »

« -Merci, Miss, mais ma place est ici… »

Syd secoua la tête d'un air grave :

« -Tu crois sincèrement qu'on serait mieux chez cette… charmante dame ? »

Il aurait bien employé le terme de « vieille folle » mais il savait combien Morgane appréciait leur tante.

« -Ben oui ! » S'exclama la petite sœur, « il y a toujours quelque chose d'intéressant qui arrive quand on est en sa compagnie. »

« -Je n'aime pas la déco de sa maison. »

« -Cite-moi une seule chose que tu aimes, grand frère… Excepté la critique, bien sur…. »

Mal de tête, le jeune homme tenta de respirer calmement pour apaiser ses tempes qui battaient en chœur.

« -Bois-moi ça ! » Ordonna Morgane, « c'est moi qui l'ai fait mijoter. »

Elle avait oublié de lui dire qu'en fait elle avait pris tous les cachets qui lui étaient tombés sous la main et qu'elle avait mélangé le tout. Syd, trop fatigué pour se souvenir qu'il fallait se méfier des mixtures de sa sœur, but cul sec.

« -Merci… Morgane… » Dit-il en devenant rouge-brique. « Mais tu devrais dire à ta copine de s'asseoir… »

« -Heu… Je suis seule… Y a personne d'autre… »

« -Je te parle de ta sœur jumelle », maugréa son frère.

« -Oups », fit Morgane en se rendant compte que sa tisane avait eu un effet plus destructeur que bénéfique.

Ce fut la dernière chose que Syd entendit avant de sombrer dans le sommeil.


« Les enfants payeront pour le crime du père ! » Syd entendait une voix tyrannique qui prononçait ces mots. Il tenta de relever la tête, mais un vent embrasé frappait ses joues, lui infligeant d'atroces brûlures : il hurla. La provenance de la voix lui apparut peu à peu : un homme… Deux yeux rouges… Non ! Une femme ! Un œil violet, un œil vert, elle riait à gorge déployée. Néréis !

Et il se réveilla enfin !

« -Famille de dingue », marmonna-t-il au souvenir de sa tante.

Il jeta ses couvertures avec nonchalance et pivota lentement vers son réveil avant de recevoir comme une décharge électrique : une heure de l'après-midi ! Il bondit hors de son lit, enfila son pantalon et descendit l'escalier, encore torse nu.

« -Jeune maître », s'exclama Kassil, « vous devriez vous habiller ! »

« -Où est Morgane ? Le courrier ! » Haleta-t-il en faisant valser son regard de droite à gauche.

« -N'ayez crainte, jeune maître, vous n'avez rien reçu aujourd'hui. »

Il ressentit un tel soulagement qu'il dut se soutenir au mur pour ne pas tomber.

« -Très bien… » Dit-il en se recomposant un air habituel, « je suppose qu'elle doit être en train de lire dans sa chambre… »

« -Non, elle est sortie. »

Syd se mit à rugir :

« -Quoi ! Comment ça, elle est sortie… »

« -Vous étiez fatigué, elle ne voulait pas vous déranger, elle est allée… »

« -… faire signer son stupide bouquin ! »

Et sans écouter les exclamations inquiètes de l'Elfe, il remonta en vitesse pour finir de se vêtir.

« -Jeune maître ! » S'écria Kassil alors que Syd accrochait sa cape pour sortir, » que vais-je dire à l'Auror s'il revient ? »

« -« De quoi je me mêle ! »… Et fous-le dehors ! Nous n'avons besoin de personne ! »

Il n'avait jamais couru autant vite, mais les circonstances s'y prêtaient, il avait un très mauvais pressentiment. Les pas de Morgane étaient encore inscrits dans la neige, ce qui le rassura : aucune autre trace ne s'y mêlait. Il songea un instant à revêtir sa forme Animagus, mais si on l'espionnait comme il le craignait, il ne valait mieux pas tenter le diable.

Mais au bout de longues minutes silencieuses : il finit par se sentir stupide... Il retrouverait Morgane devant la librairie, étreignant son livre récemment signé, et ricanante de le voir essoufflé. Elle lui parlerait de Black avec admiration en fredonnant qu'il était beaucoup plus beau en vrai. Enfin, elle lui dirait : « Tu aurais du garder le lit ! ». Et lui, il rétorquerait avec véhémence : « Mêle-toi de tes affaires, rase-mottes ! Tu ferais mieux de te faire souci à propos de tes goûts ! », et il enchaînerait sur les nombreux défauts de Black. Il se mit à sourire en pensant à cela.

Il avait été bien stupide… Morgane allait bien. Le village était tout proche, les lieux étaient tranquilles, et Michel n'avait pas été poignardé au détour d'une avenue. Personne ne l'avait forcé à se suicider.

Alors que Syd avait ralenti son allure en humant l'air glacial, il distingua de la fumée au loin. « Un voisin qui fait brûler du bois… » Songea-t-il. En y réfléchissant, il se souvint que cela provenait d'une ancienne usine désaffectée. « Des squatteurs qui essayent de se réchauffer, imbéciles de moldus ! Ils n'ont pas d'autre moyen que de polluer l'atmosphère… »

Mais en ramenant ses yeux vers le sol : il vit que les empreintes des pas de sa sœur avaient disparu. Il se retourna avec frayeur : elles s'étendaient encore en ligne régulière derrière lui. Devant lui, la neige semblait avoir été retournée. Par quoi ? Un animal ? Un sortilège ? Au loin, avec la fumée de l'usine, une nuée verdâtre s'éleva dans le ciel : Syd se transit en suivant les volutes des yeux. Ils tournoyèrent, dansèrent dans les cieux brumeux avant de prendre l'apparence d'une tête de mort vomissant un serpent…