Salut à tous ! Cela fait un sacré bout de temps que je ne me suis pas manifestée… Vraiment, vraiment désolée… Je me suis lancée dans l'écriture d'un grand projet à côté de celui-là et je me suis noyée dans ma troisième année de licence, puis dans cette nouvelle année où j'ai préparé le CAPES pour devenir professeur… Je ne suis pas sûre d'avoir réussi…
Heureusement, j'avais encore quelques chapitres en stock… Je vais essayer de replonger dans le bain et de finir cette histoire !
Gros bisous à tous et merci pour vos lectures et… votre indulgence s'il vous en reste… rougit férocement…
7/ Le nouveau Ministère.
Pour vaincre un point d'honneur qui combat contre toi,
Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi.
Le Cid, Corneille
Mais dans le cas présent, ce ne serait pas sa Majesté le Ministre de la Magie qui ferait quelque chose…
Hermione Granger, adjointe au Ministère de la Magie. Ses lois sur les Elfes, les Centaures et autre sont restées célèbres par les scandales qu'elles ont soulevés dans les familles les plus puritaines.
Dernièrement, elle avait hérité de ce dossier délicat qu'étaient les nouvelles manifestations de violence. L'affaire des Néo-Mangemorts ne semblait pas aussi simple que prévu. Certes, trouver ses membres avaient été aisés. Il s'agissait d'enfants, de treize à dix-neuf ans, descendants de Mangemorts ou seulement de pro-Mangemorts, qui s'étaient lancés dans cette mode sordide d'imiter les partisans de Voldemort, mais uniquement dans la gestuelle et la tenue vestimentaire. Ceux qui avaient attaqué Morgane Rogue étaient des voyous déjà connus des Aurors, mais ils ne se prétendaient pas Néo-Mangemorts. Ainsi, aucun d'eux n'avaient envoyé les lettres qui avaient provoqué le suicide de Michel Sinos et la fugue de Syd Rogue. Ce dernier était d'ailleurs à l'ordre du jour sans le savoir.
- Je n'ai pas envie qu'un nouveau scandale éclate, déclara Lonross, le ministre, en tapant du poing sur la table.
Ses collaborateurs sourcillèrent.
- C'est un peu trop donner d'importance à un simple gamin, vous ne croyez pas, risqua l'un d'eux.
- Ce n'est pas le vrai problème, rétorqua Lonross. Retrouvez-moi cette imbécile et renvoyez-le chez papa et maman ! S'il se fait tuer par cette bande de terroristes, sur qui va retomber la faute ? Sur MOI !
Hermione écrasa son stylo, se domina, et prit la parole :
- Les soi-disant Néo-Mangemorts n'ont pas attaqué Morgane Rogue, Mr le Ministre, nous nous trompons de cible, c'est certainement quelqu'un d'autre qui est en cause ! « Il », quel qu'il soit, a agi par des intermédiaires pour brouiller les pistes, et ces intermédiaires peuvent être n'importe qui : des miséreux, des pro-Mangemorts, des mercenaires, des voyous... Sincèrement, je ne pense pas que notre coupable retape une deuxième fois sur la même famille. D'après nos équipes de recherche, c'est sûrement quelqu'un qui cherche à capter l'attention…
- Et quoi de mieux que de supprimer le frère après la sœur ?
- Il veut capter l'attention, pas braquer les feux de la rampe sur lui.
- Ou sur elle.
On y était ! Il allait reparler de cela. Hermione en avait plus qu'assez de ces soupçons… Mr Lonross renifla avec dédain avant de s'enquérir de façon peu courtoise :
- Je croyais que vous aviez déjà un dossier à traiter, miss Granger, un dossier que je vous avais fourni personnellement.
- Vous voulez parler de Néréis, répliqua Hermione courroucée, non, Mr le Ministre, je n'ai pas eu le temps de m'en charger.
Lonross fit craquer ses doigts, un lourd regard de mépris dispensé sur ses collègues :
- Très bien, siffla-t-il. Faisons le point : les Néo-Mangemorts que nous avons trouvés ne sont que des petits rigolos, certes qui peuvent se montrer violent, mais qui veulent avant tout se distinguer de la masse. Mais il y a bien un autre groupe qui envoie ces lettres. Sans doute les Néo-Mangemorts ont envoyé certaines lettres : en effet, celles qui étaient signées étaient différentes des autres, elles ne possédaient ni photo, ni fait précis. L'on peut donc dire que les expéditeurs sont ces mêmes rigolos dont nous parlions tout à l'heure. MAIS les lettres reçues par Syd Rogue et Michel Sinos et quelques autres sont d'une tout autre nature, ceux qui les envoient savent très bien de quoi il en retourne, et ils ont accès au dossier du Ministère de la Magie… Pour simplifier, ces petits êtres rusés et perfides, nous les nommerons les Nemo, jusqu'à ce que nous découvrions qui ils sont.
Et Hermione de lancer :
- Vous ne pensez quand même pas que Néréis Headcliff a formé les Nemo ?
- Miss Granger, savez-vous bien qui est cette femme ? C'est une folle ! Depuis la fin de la guerre, elle vit recluse dans son manoir où elle perpétue mille et une magies interdites ! Elle ne vit que pour et par la magie noire ! J'envoie régulièrement des inspecteurs chez elle en attendant le jour où ils découvriront enfin une preuve par laquelle je pourrai la condamner sans appel.
Il croisa les bras sur sa poitrine en tremblant. Les yeux d'Hermione s'attardèrent sur ce drôle de bonhomme : elle ne comprenait pas comment il avait pu parvenir au stade suprême du Ministère. Il était encore assez jeune, elle le soupçonnait même d'avoir son âge, ses iris possédaient une couleur artificielle, comme s'il dissimulait une couleur plus claire. Hermione n'en doutait plus : il était certainement métis ou quelque chose du genre. Mais une gêne obsessionnelle forçait Mynus Lonross à tout cacher de sa personne, comme si chaque détail dévoilé égalait à un morceau de vie arrachée et perdue à jamais.
- Elle possède un effet tellement désastreux, marmonna-t-il en écarquillant les yeux. C'est le diable en personne ! Ne souriez pas !
Hermione eut beaucoup de mal à se retenir. Les autres Ministres en avaient l'habitude et attendaient la fin des réunions pour se moquer de leur supérieur.
- Un jour, je m'y suis rendu moi-même…
Tous les membres du conseil sourcillèrent : il remettait ça ! Ils connaissaient tous cette histoire par cœur.
- Je me suis postée devant sa demeure. Elle est survolée chaque jour par un vol de corbeau, le même, à la même heure… Des enfants déambulaient tout près…
Et ces enfants… Quand ils s'approchèrent de la maison, reçurent un don exceptionnel : leur bouche se fendit en un sourire de pantin, et s'animant d'une malice sans borne, ils parlèrent en vers…
Portant à bout de bras ses deux mains fratricides,
Dans un manoir tordu vit une néréide…
Ses deux yeux brûlent ainsi d'un feu désenchanté ;
C'est un coeur affligé des maux d'éternité !
La trouvent belle les déments
Mais alors très sincèrement…
L'as-tu bien regardée ? Si pitoyable et blême
Que même le plus fou ne lui dirait « je t'aime ! »
Mais ce fou-là existe ! Et d'un œil toujours vide
Il l'aime… C'est Caïn, le frère fratricide !
Quelle ironie… Caïn possédait le nom du premier assassin biblique alors que c'était sa femme, qui par deux fois, s'était rendue coupable du crime. Il y a trente ans, en ôtant la vie à Lady Salana Serpentard… Et il y a 15 ans en supprimant l'Ecarlate…
- Ils parlaient en vers, disait Lonross, cette vieille chouette a enchanté les alentours de sa maison pour que tout âme innocente qui s'en approche se mette à déclamer des atrocités !
- Mais ces enfants sont désenvoûtés naturellement en s'éloignant du manoir, rétorqua Hermione, ce n'est pas si gravissime.
- La plupart sont des MOLDUS ! Miss Granger, la loi est la même pour tous !
- Qu'attendez-vous pour l'arrêter avec cette raison ?
- Je n'ai pas trouvé les charmes qu'elle a utilisés, j'ai fait inspecter son terrain en vain !
Certes, Hermione n'approuvait pas les agissements de Néréis, mais elle trouvait l'affaire des Nemo autrement plus importante qu'une femme désoeuvrée, réduite à quelques tours de passe-passe pour tuer le temps.
La réunion était terminée. Une fois Lonross retourné dans son bureau, les quolibets et les moqueries avaient jailli de toutes parts. Hermione était bien lasse et s'enferma pour rester tranquille. Des plumes à papottes continuaient à écrire sans cesse dans son bureau, comme des ordinateurs numériques, elles classaient des données à l'aide d'un charme magique qui les liait à ses archives. Une fois les informations remises dans l'ordre, Hermione relisait le dossier pour être sûre qu'il était bien redevenu plus lisible. Un hibou vint se poser sur le rebord de sa fenêtre : Maugrey la contactait pour la prévenir de l'arrivée de Severus Rogue. Elle crut mal comprendre : qu'est-ce que Rogue senior viendrait faire ici ? La suite de la lettre le lui expliqua : Lonross l'avait convoqué au sujet de son fils.
- Mais qu'est-ce que ce taré de Ministre va encore inventer ? soupira-t-elle.
Syd Rogue… Elle ne connaissait ce garçon que de réputation. Il s'agirait du parfait produit de ces deux créatures intransigeantes qu'étaient Severus et Madurei. Hermione se souvint alors de cette époque lointaine où Harry était encore vivant. Le trio qu'ils formaient avec Ron n'avait jamais eu à se plaindre du professeur Madurei, qui se moquait royalement de la couleur de ses élèves. Hum… Il faudrait qu'elle écrive à Ron l'un de ses jours. Prise par son travail, elle avait peu à peu perdu le contact avec lui. Elle regarda son annulaire gauche encore vierge de toute bague. Grumph… Elle devrait se bouger un peu si elle ne voulait qu'on vienne la chercher pour tourner la suite du journal de Britney Jones…-
Et c'est à ce moment-là qu'on cogna à sa porte. Elle ouvrit : Sirius se tenait dans l'encadrement, tout sourire.
- Bonjour Hermione.
Elle le dévisagea avec suspicion avant de répondre :
- Bonjour Sirius… Que fais-tu là ? Comment as-tu pu passer ? Cette section est réservée aux employés.
- Je sais, mais j'ai un passe…
Il gardait encore un sourire lumineux que rien ne semblait pouvoir effacer. Hermione commençait vraiment à s'impatienter :
- Explique-toi donc !
- Quand je suis arrivé, on m'a conseillé de voir cela avec toi…
- Voir quoi ?! s'énerva-t-elle. Et arrête de sourire comme un abruti !
Il s'écarta avec grâce en tendant les bras vers un jeune homme qui attendait derrière lui :
- Regarde qui je vous ramène.
Et elle fut stupéfaite de découvrir un garçon au regard si sombre et à l'air si rancunier. Le rictus qu'il arborait n'enlaidissait pas son visage et lui donnait même un certain charme dont il ne devait pas avoir conscience.
- Syd ? demanda-t-elle.
L'intéressé acquiesça lentement.
- Allez ! cria Sirius en lui tapant sur l'épaule, tu n'étais pas aussi timide toute à l'heure ! C'est la cuisante défaite que tu viens de subir qui te met dans cet état ?
Syd tourna la tête avec aigreur. Alors qu'il s'apprêtait à rendre la monnaie de sa pièce à ce misérable, il s'était malencontreusement assommé contre un poteau et s'était réveillé ligoté et baguette hors de portée devant un Black triomphateur. Ce dernier ne l'avait détaché qu'avec sa parole de ne plus essayer de fuir. Syd ne tenait pas tellement ses promesses mais il songea que c'était le moment de se montrer digne de confiance, histoire de pouvoir en profiter à l'avenir.
- Très bien, souffla Hermione, votre père va arriver. Il vaut mieux rentrer chez vous, nous nous occupons de…
- Je ne rentrerai pas chez moi. L'interrompit Syd. J'ai mieux à faire.
- Fuguer dans ces circonstances n'était pas votre plus brillante idée, rétorqua Hermione, ne cherchez pas une excuse…
- Je n'ai pas fugué, gronda Syd, si on ne peut pas se barrer de chez soi pour une durée indéterminée, mais où va-t-on !? J'ai le droit de respirer ?
Deux pierres noires lui tenaient lieu de regard, et elles s'aiguisaient contre Hermione qui tenta de faire face :
- Vous êtes sur la défensive, mais je n'ai pas voulu vous brusquer.
-C'est bon, c'est bon, marmonna Syd, vous m'avez vu, je suis vivant, vous êtes contente. Maintenant je pars.
Sirius fit racler sa gorge et le garçon s'adressa à lui :
-Je vais chez ma tante, vous pouvez m'accompagner si vous voulez. Mais je ne veux pas retourner chez mes parents. Enfin ! Vous connaissez ma mère ? Il faudra encore quinze jours pour qu'elle refroidisse.
-Seulement deux semaines ? s'étonna Sirius avec malice, je crois que tu te berces d'illusions, petit…
Elle est comme les vielles cocottes-minute, les fissures assurent un refroidissement plus rapide…
-Tu sais que c'est avec ce genre de réplique amère que des gens mal attentionnés (comme moi) pourraient te faire chanter jusqu'à la fin de ta vie ?
Pour la peine, Syd laissa échapper un petit ricanement et Hermione se demanda si une réelle complicité pourrait s'installer entre lui et Sirius.
Sirius se pinçait les lèvres… Ce gamin s'était montré insupportable mais en définitive, il valait mieux en rire. Il serait tellement facile de se vouer à la haine et de briser les derniers lambeaux d'affection qui reliaient encore ce garçon à son père. Mais Sirius avait déjà prouvé qu'il ne mangeait pas ce pain-là. Après tout, il avait épargné Peter Pettigrow lorsque Harry (à ce souvenir son cœur se gonfla) le lui avait demandé…
Et le travail que lui avait commandé Morgane était de ramener Syd sain et sauf, pas de l'abandonner à son père dans l'espoir qu'ils s'entretuent…
- Hermione, je peux te parler ? Viens…
Il attira la fonctionnaire hors du bureau. Syd respira de soulagement : il était enfin seul.
- Je crois que je vais regretter ce que je vais faire, avoua Sirius une fois la porte close, mais bon tant pis… De toute façon, ça me fera très plaisir d'un côté…
- Quoi donc ?
- Je ne peux pas te dire exactement, c'est entre le gamin et moi. Quand Snivellus (que le diable emporte son âme !) arrivera ici, envoie-le dans ton bureau…
- Tu as une idée derrière la tête ?
- Aie confiance…
Syd ne s'était pas abaissé à les espionner à travers la porte mais il regrettait quelque peu ce choix. Sirius était revenu, l'air plus ravi que jamais.
- Tu veux voir ton père poussé à bout ?
Dans les yeux noirs du jeune homme une étincelle se raviva…
Severus débarqua comme un ouragan dans le Ministère. Un : il n'aimait pas cet endroit. Deux : il n'aimait pas le nouveau Ministre. Trois : il n'aimait pas parler de ce qui venait de ce passer. Autant dire que c'est avec l'exécration la plus froide qu'il avança dans les couloirs. Et comme un ange tombé du ciel, telle la grêle qui vous martèle le crâne, l'ex Miss-je-sais-tout, devenue Miss Je-défends-la-veuve-et-l'elfe-nain, se posta en plein milieu de son passage.
- Professeur Rogue… Sirius Black voudrait vous voir.
Mais que pouvait-il y avoir de pire, mise à part la résurrection de Potter ? Rogue commença par refuser. Mais devant la détermination d'Hermione, il finit par se dire qu'après tout cela retarderait son entrevue avec Mynus Lonross, dont la réputation ne lui était pas inconnue, et surtout, qu'il pourrait se défouler auparavant au lieu de risquer une amende en épanchant sa colère sur le Ministre.
Rogue se rendit donc au bureau d'Hermione Granger. Sirius lui ouvrit la porte, une expression neutre sur le visage. Il invita son ennemi de toujours à se mettre à l'aise mais Rogue n'en fit rien, et serrait sa baguette dans sa poche en gardant un œil revêche sur son adversaire. Un léopard, roulé jusqu'alors en boule, redressa son buste et le regarda.
- Je l'ai appelé Snivell, déclara Sirius avec un entrain malhonnête, je l'ai trouvé durant l'un de mes voyages. N'aie pas peur, il est apprivoisé.
Rogue rendit un regard dégoûté à l'animal et reporta son attention sur Black :
- Que me veux-tu ? s'enquit-il d'une voix doucereuse, j'ai cru comprendre que tu avais quelque chose d'important à me dire…. Quoique j'aie du mal à croire que tu puisses présenter un quelconque intérêt, vu les circonstances je préfère te laisser le bénéfice du doute.
- Les circonstances ? répéta Sirius avec candeur.
- Oui, répondit Rogue en fronçant les sourcils.
Le professeur de potion n'attendait qu'une seule chose : qu'on lui parle de son fils, et il soupçonnait Black de savoir quelque chose, son petit air arrogant en était la preuve.
- J'ai croisé ton fiston, annonça Sirius, voyant que ce n'était pas la peine de faire durer le suspens, vous devez être très fâchés… Il a refusé de me suivre et est reparti aussi sec.
- De quoi te mêlais-tu ? s'énerva Rogue.
- Et toi, pourquoi fourrais-tu toujours ton énorme nez dans nos affaires du temps de l'école ?
Un point partout.
- Parce que je suis un serpentard, répliqua Rogue, et que vous étiez une bande d'imbéciles attirant l'attention comme un troupeau de centaures dans un magasin de porcelaine.
Non, Sirius zéro, Rogue un.
- Tu aurais dû prendre des cours de soutien pour devenir un bon père au lieu de faire le Mangemort docile pour Lucius Malefoy, ton fils serait encore chez toi à l'heure qu'il est si tu n'étais pas la vermine infestée de magie noire que tu es actuellement !
Egalité… Le léopard gardait deux prunelles énigmatiques fixées sur son père.
Ils parlaient tous deux d'un ton calme mais leur voix tremblait sous les ondulations croissantes de leur colère.
- Je ne sais pas, siffla Rogue d'une voix douce et pourtant narquoise, quel crédit je peux ajouter à une telle affirmation, sachant qu'elle vient d'un homme qui a mis près de dix ans à déclarer sa propre fille.
Mais avant que Sirius, piqué au vif, n'ait pu répondre, Syd se manifesta par un grondement.
Ce moment, je l'attends depuis si longtemps, murmura Sirius, je n'arrivais pas à concevoir comment un être aussi… pourri que toi avait pu se construire une famille alors que nous autre… Enfin, cela n'a plus d'importance parce que je sais maintenant que tout cela est fini pour toi ! Ton fils ne reviendra jamais vers toi. C'est terminé. Il me l'a assuré. Et quant à ta fille, si elle a reçu la même éducation que son borné de frère, elle ira dans la même direction.
Toute la haine qu'il pouvait ressentir, Rogue la concentra dans son regard plutôt que de laisser éclater une rage qui ne ferait que détruire le peu de dignité qu'il lui restait. Il n'ajouta rien et sortit précipitamment, sentant qu'il serait capable de tuer Black s'il s'aventurait à rester.
- Qu'essayez-vous de faire ? s'enragea Syd en redevenant normal.
- Comment ça ? s'étonna Sirius, tu as vu comme je l'ai rendu fou ? Il est parti…
- … complètement abattu…
- ça te gène ?
- Pas le moins du monde !
Syd, rougissant, avait mis les mains dans ses poches.
- Si, renchérit Sirius, c'est pour ça que tu m'as grogné dessus.
- C'était pas pour ça, c'était à cause de ta… Ça suffit ! Laissez-moi tranquille… Je vois bien que vous voulez que je m'apitoie sur le sort de mon père ! Vous croyiez nous rabibocher comme ça ? Vous avez trop lu Sorcier-Match…
Le jeune homme voulut à son sortir de la pièce mais pour se faire, il reprit sa forme Animagus.
- Attends-moi, dit Sirius, tu es mon léopard, il vaut mieux que l'on se déplace ensemble…
Syd suivit son père à la trace, promenant son museau sur le sol. Sirius le suivait, lançant des « c'est le mien » à tous ceux qu'ils croisaient. Une secrétaire lui rappela que les grands félins n'étaient pas des animaux domestiques, mais il haussa les épaules en rappelant qu'ils étaient moins dangereux que les dragons.
Il arriva enfin devant une petite pièce. Il s'agissait d'une salle d'attente. Rogue venait certainement d'y entrer : comme il était arrivé en retard pour voir Lonross, il devait attendre sagement son tour, ce qui ne l'enchantait guère. D'un regard, Syd fit comprendre à Sirius de l'attendre plus loin.
- Petit fouineur, chuchota celui-ci avant de s'éloigner.
Syd s'engouffra doucement dans la pièce, volant presque sur ses coussinets. Son père ne l'avait pas vu et se croyant seul, il se laissa tomber sur une chaise, les traits tirés par la fatigue. Son dos s'était voûté, comme accablé d'une tonne de désespoir. Le cœur de Syd en fut immédiatement oppressé. Son père lui apparaissait sous un jour différent. Mais il ne pouvait pas reprendre sa véritable forme à ce moment-là. Déjà qu'ils étaient en « froid », il n'allait pas lui montrer qu'il avait transgressé la loi en devenant un Animagus.
Rogue s'accouda sur ses genoux et prit son visage entre ses mains. Il ne parvenait plus à dormir depuis qu'il savait son fils à la merci du premier venu. Et surtout… Au début, la colère avait masqué sa détresse mais à présent il ressentait un tel vide : son fils l'avait renié, jeté, comme une déchet ou une maladie contagieuse. Avait-il pensé tout ce qu'il avait dit ? Certainement, sinon pourquoi était-il parti, pourquoi ne revenait-il pas ? Etait-il blessé ? Mort ? Avait-il décidé de disparaître pour fuir l'ignominie d'un tel père ?
Severus Rogue ne savait pas pleurer. Mais un sombre gémissement lui échappa en cet instant. C'est alors qu'il sentit brusquement deux pattes pleines de tendresses se posaient sur ses cuisses. Il redressa la tête : le léopard avait posé presque tout la partie supérieure de son corps sur ses genoux. Les coussinets de l'animal l'avaient frôlé le plus délicatement possible et sa tête se frottait doucement contre sa main levée en ronronnant. Rogue hésita une seconde puis caressa le museau de l'animal avec une douceur qui étonna Syd lui-même.
« Je devrais lui acheter un chat… » songea-t-il.
Leurs regards se croisèrent, Syd cessa de respirer. Yeux noirs dans les yeux noirs.
- C'est à vous, Mr Rogue, dit un employé en ouvrant une porte sur le côté.
Rogue repoussa doucement le félin, se leva et pénétra dans le bureau du Ministre, devant un Syd suspicieux.
Le jeune homme retrouva Sirius et reprit sa forme première. Il s'empressa de le questionner mais Black ne savait rien de ce que préparait Lonross. Ils allaient sortir quand Hermione les rattrapa :
- Il reste ici ! haleta-t-elle, Lonross va apprendre qu'il était là et s'il repart, je vais avoir des ennuis…
- Je l'accompagne chez sa tante, calmos, répliqua Sirius.
- Non, c'est hors de question.
Syd fit volte face et écrasa sans ménagement le pied d'Hermione :
- Si vous ne voulez pas vous retrouvez avec votre talon aiguille dans l'œil vous…
- Syd, on n'agresse pas les femmes !
- Il faudrait savoir, ce sont bien ces mêmes Harpies qui veulent l'égalité ?
Hermione poussa un gémissement entremêlé de jurons mais l'expression « petit macho à deux balles » se distingua de cette douloureuse cacophonie.
- Très bien, s'emporta Hermione, c'est MOI qui vais t'accompagner…
« Allons donc » songea Syd, « je vais me coltiner toute l'ancienne bande des Gryffondors… »
- A une seule condition, répliqua le jeune homme avec froideur, je veux savoir ce que veut le Ministre à mon p… géniteur…
La jeune femme le regarda en biais :
- Tu veux vraiment le savoir ?
Et de soupirer :
- Draco Malefoy a déposé une plainte contre toi, enfin contre ton père puisque tu n'es pas majeur, et on a découvert que tu avais utilisé une carte sorcière dans un hôtel moldu.
Syd faillit bien éclater de rire : la vengeance est un plat qui se mange froid, et Severus Rogue allait connaître la pire colère de sa vie.
