Disclaimer : L'univers d'HP appartient à la grande JK Rowling !

Hello ! J'ai un peu de retard mais je garderai un rythme de deux chapitres par mois tant que je le pourrai. X) Je suis en train d'écrire le chapitre 15 à l'heure actuelle. Le chapitre 16 clôturera le deuxième acte.

Rien à voir mais il y a une chose que je ne comprends pas sur ce site : certains liens que j'ai mis dans ma bio sont dénaturés et ne renvoient plus qu'à ma bio elle-même, ce qui ne sert à rien… Si quelqu'un sait le pourquoi du comment… O.o

RAR :

Amandine : Merci pour la coquille, j'ai corrigé. ^^ Je t'avoue que j'ai, comparé à avant, assez peu de temps pour me relire et je laisse passer de ces fautes x) quelle honte pour une prof, mdr ! Alors, à l'époque, j'étais pas encore une habituée des passages chez la gynéco, du coup le mot speculum ne m'évoquait que le miroir en latin, lol. J'ai gardé ce terme, il me fait bien marrer. ^^ J'ai des collègues qui enseignent dans le collège où il y a eu leurs enfants (et qui les ont parfois eu en cours selon les matières), ça s'est toujours très bien passé, les gamins font la part des choses. C'est à voir selon chacun après.


Chapitre 11 : Mégalomane Morgane !

- COMMENT CA IL N'EST PLUS LA ?!

- Que veux-tu que je te dise Severus ?! Je viens de recevoir ce hibou de ma sœur… Syd écrit qu'il aurait été mordu par une « vieille chouette ménopausée » et Néréis nous le ramènera elle-même cette fois-ci.

- Mais que diable faisait-il là-bas ?!

- Crise de somnambulisme ?

- Sacrée crise pour se retrouver en Ecosse ! Et les réseaux cheminettes sont pourtant bloqués.

Les deux époux criaillaient ainsi tandis qu'ils pénétraient dans la grande salle, sous le regard amusé ou inquiet des élèves qui prenaient leur petit déjeuner.

- Il y a quelque chose de pourri au royaume des Rogue, dit une Serdaigle enorgueillie de sa reprise d'Hamlet de Shakespeare.

- Oui, souffla une autre, attendons de voir comment le texto va réagir.

Clarisse, qui jusque-là réfléchissait à son devoir d'histoire, releva soudainement la tête, les sourcils froncés :

- De quoi parlez-vous ?

Ses deux camarades la jaugèrent avant de l'estimer digne de confiance :

- C'est un petit surnom… à cause de sa petite taille.

Clarisse s'accouda, attendant plus d'informations.

- Oui, poursuivit l'autre fille. C'est un jeu de mot qui a pas mal évolué au fil du temps… On était parti de MMS, le S c'était pour Serpentard, puis on a pensé au bonbon moldu, et enfin on l'a transformé en SMS. Et de là on a tiré le mot texto (toujours d'origine moldue mais tu dois connaître ça, Black). Je trouve que ça va très bien à cette rase-mottes…

Mais cela n'expliquait pas tout, et Clarisse le fit bien comprendre :

- Ces initiales MM, à qui se rapporte-t-elle ?

Les deux Serdaigles se consultèrent du regard et soupirèrent avant de lâcher d'une voix unique :

- Mégalomane Morgane !

Et là, comme dans un film de série B, la porte de la grande salle s'ouvrit prestement, laissant entrer une armée de Serpentards disposés de façon circulaire. Ils avancèrent en tapant des pieds sur le sol, stoppèrent, ceux de devant s'écartèrent pour laisser voir une jeune fille aux tresses cendrées.

L'un des serpentards se mit à genoux pour frotter énergiquement la bottine de Morgane qui tendit négligemment sa main vers un autre, déjà prêt à lui limer les ongles. C'était à peine si elle ne disait pas…

- Parce que je le vaux bien !

Ha si… Elle l'a dit.

Clarisse crut halluciner… Les serpentards se dispersèrent alors, et Morgane s'avança au milieu de l'allée centrale avec une mine satisfaite.

- Argent, pouvoir, famille, dit-elle, je ne connais pas de valeurs plus sûres. Tout le reste est à jeter aux orties ! A quoi sert des amis quand on peut avoir des larbins ? ajouta-t-elle d'une manière provocante.

- C'est quoi ce délire… murmura lentement Clarisse.

Morgane l'avait entendue et se tourna vers elle :

- Du moment qu'on paye, on peut obtenir tout ce que l'on veut ! Cette entrée triomphale m'aura coûté cher, mais le souvenir qui s'est imprimé dans mon cœur sera éternel. Je peux organiser une collecte de dons, Clarisse Black, pour que tu puisses accéder à ce genre de bonheur…

La Serdaigle se leva bien malgré elle en tapant des deux mains sur la table.

- Dis-moi, Rogue, aboya-t-elle, tu ne penses pas réellement ce que tu dis ?!

Morgane lui avait tourné le dos avec hauteur (enfin, façon de parler petit texto), mais c'était pour dissimuler son visage éclairé par la joie la plus totale : la fille de Black tombait dans son piège !

Pour tirer une flèche sur le général, dit un proverbe japonais, il faut d'abord toucher son cheval. Et Clarisse Black ne serait que le support d'un Cupidon armé jusqu'aux dents.

- Je sais que tout le monde chuchote dans mon dos parce que je n'ai pas d'amis, répliqua Morgane avec un ton envenimé (et elle regarda en particulier les deux serdaigles qui avaient parlé à Clarisse), mais la vérité c'est que je n'en ai pas besoin !

- C'est sûr ! approuva Clarisse, on ne peut pas regretter un met qu'on a jamais goûté ! Si tu avais déjà eu ne serait-ce qu'une personne autre que ta famille infect pour te faire rire ou te consoler quand tu as mal, tu ne dirais pas ça !

- C'est si important que ça, pour toi ?

- Bien sûr que ça l'ait !

- Tu n'es pas réputée pour ta sociabilité pourtant !

Dans les dents de cette pauvre Clarisse qui se mordit les lèvres pour ne pas dire des choses qu'elle pourrait regretter. Surtout que les parents Rogue n'étaient pas loin.

- Cette discussion est stérile, souffla Clarisse. Je ne vois pas ce que je pourrais apporter à quelqu'un comme toi !

- Pff ! Alors tu laisses tomber, espèce de lâche ! Tu es une idéaliste sans ressource.

- J'ai certainement plus les pieds sur terre que toi !

- Prouve-le-moi !

Et Morgane repartit dans un monologue des plus mégalos. Clarisse sentait la moutarde lui monter au nez. Enfin, l'attitude de la serpentarde lui échauffa tant les oreilles que sa raison lui échappa :

- Tu recracheras toutes ces paroles, Morgane ! Quand tu sauras enfin ce qu'est une amie, tu me supplieras à genoux de rester auprès de toi !

- Que dis-tu ?

- Je ne te lâcherai plus, espèce de vipère ! Je vais te gaver d'amitié à en crever (comme dans le film, Love actually) ! Tu ne supporteras plus de rester seule même pour aller aux toilettes !

A la table des Serdaigles, bon nombre pouffèrent : la préfète pétait une baguette... Chacun savait que Clarisse perdait facilement pied quand elle se laissait aller à la colère.

- Très bien, dit Morgane d'une voix douce, je t'engage donc à l'essaie : Clarisse Black, tu es ma meilleure amie attitrée !

De même que ceux de Sirius, les yeux de Clarisse sortirent presque de leur orbite : Merlin ! Que venait-elle de dire à cette insupportable chipie ?

C'était l'une des raisons pour lesquelles Clarisse aimait rester au calme, car elle n'était pas justement d'un doux tempérament. Elle était très sensible et réagissait trop vite aux sarcasmes et aux moqueries. Tout ce qu'elle pouvait faire, pour éviter d'exploser, c'était de rougir et de baisser la tête.

Aussi elle évitait soigneusement le grand frère de Morgane, qui représentait pour elle la petite pichenette de trop qui pouvait la faire sauteur hors de ses gongs. Mais c'était plutôt facile car ils n'étaient pas de la même année. Clarisse avait un an de moins que lui.

Enfin… Elle se laissait traîner par la main enhardie de Morgane, priant pour que son entrée dans le monde des Rogue se fasse sans encombre. « Je peux supporter la mère, elle s'est toujours montrée aimable à mon endroit » se dit-elle, « la fille, c'est encore à voir, mais pas le père ! Pitié pas le père ! »

Soudain, leurs doigts se dessoudèrent, Morgane s'envola presque pour bondir dans les bras d'une femme que Clarisse ne connaissait pas.

- Tante Néréis !

- Ne l'embrasse pas ! Cette Harpye a failli me tuer ! gronda une voix trop familière.

Syd était rouge comme une pivoine. Il n'avait pas encore digéré l'affreuse nuit qu'il venait de passer. Sa sœur lui tira la langue avec dédain, avant de s'apercevoir que sa nouvelle meilleure amie avait profité de cette distraction pour fuir.

- Flûte ! soupira-t-elle.

Avant que Néréis ne se mette à conter il ne savait quelles âneries devant une Morgane toujours plus admirative, Syd prit l'initiative de la renvoyer chez elle.

- Tu ne sais pas parler aux femmes, toi, fit sa tante d'un air vexé.

- Vous avez la prétention d'être une femme ? Déguerpissez d'ici !

Il n'avait pas envie que ses parents découvrent comment il avait pu s'évader de Poudlard, bien qu'il sût qu'il devrait de toute façon fournir une bonne explication.

- Tiens, souffla Néréis avec nonchalance, c'est pour toi…

Elle lui tendit une lettre. Syd l'ouvrit, légèrement soucieux, et reconnut l'écriture flegmatique de Caïn.

« Cher neveu, tu es toujours de très bon conseil. Mon épouse a effectivement besoin de s'oxygéner, je te la confie… Merci d'avance. »

Morgane lut une horreur démentielle dans les traits de son frère.

- Néréis ! cria-t-il, vous n'allez pas rester ici !

C'est ma petite vengeance personnelle, répliqua-t-elle avec le timbre d'une enfant boudeuse, cela t'apprendra à me faire peur…

- Alors tu restes ici tata ? Trop cool !

- Non, Morgane, siffla Syd, cela n'a rien d'amusant !

Caïn lui faisait bien un cadeau empoisonné. Dire qu'il voulait juste voir cette foutue cave….

- Et que comptez-vous faire ? demanda le jeune homme sans grande conviction. Prêter main forte aux elfes de maison ? Enfin, si vous ne les tuez pas tous pendant votre séjour !

Néréis fit mine de réfléchir :

- Mmm… Non, je vais prendre le poste de la professeur de divination.

- Elle est au courant ?

- Non, pas encore, mais cela n'a aucune importance… Je la persuaderai…

Et la Néréide s'avança du pas conquérant que seuls les futurs despotes arborent.

- Faîtes qu'elle chute en montant la tour et qu'elle se brise la nuque, murmura Syd.

- Grand frère !

- Que compte-t-elle faire à ton avis ? reprit-il sans prendre garde à l'injonction indignée de sa petite sœur, tuer Trelawney ?

Sur le coup, les yeux de Morgane tremblèrent d'excitation :

- Ho oui !

- Petite sadique…


Syd arriva en retard pour le cours de potion. Petit toqué rapide et ferme sur la porte, et il entra sans attendre la permission de son géniteur. Les élèves se statufièrent à sa vue.

Rogue, penché sur un chaudron, se redressa avec lenteur et le dévisagea sans laisser paraître la moindre colère, ce qui était encore plus inquiétant.

- Rogue, dit-il, 20 points en moins pour Serpentard, asseyez-vous.

Celui lui coûtait, mais il savait que la réaction des autres serpentards ne laisserait pas Syd indifférent. Quand on est le fils d'un professeur, il faut doublement surveiller ses faits et gestes, surtout dans un système à point.

« Staline de pacotille » songea le jeune garçon en prenant place.

Le cours se passa sans accroche, le père et le fils s'ignorant éperdument. Mais quand vint la fin de la séance, Rogue lui ordonna de ne pas bouger. Une fois seuls, il s'assit face à son fils pour vriller son regard :

- Qu'est-ce que tu faisais chez Néréis ?

- Une promenade de santé.

- Il est interdit de sortir de Poudlard.

- Je sais.

- Je suppose que tu es sorti par la forêt avant de pouvoir transplaner…

Syd fut soulagé d'entendre une telle version.

- Oui, fit-il.

- Piètre menteur !

La voix de son père vacillait, comme prise dans un tourbillon de colère.

- J'ai fait bloquer tous les miroirs de ce château.

Le garçon parut dégoûté au plus profond de lui-même.

- J'ai inspecté la salle commune des Serpentards, continua Rogue, tu n'as pas pu nettoyer le miroir puisque tu as raté ton coup. Ce sera 50 points en moins pour Serpentard. Tu seras en retenue pendant un mois.

- Très bien.

Il se leva : l'affaire était close.


A la fin de cette journée de cours, Morgane était finalement parvenue à remettre la main sur sa vict… sa meilleure amie. Et prisonnière de la salle commune des Serpentards, Clarisse affichait une totale incrédulité. Lachésis était là, allongée par terre dans sa position favorite : c'est-à-dire sur le ventre, accoudée et les jambes croisées. Non loin de là, les yeux de Syd se fondaient parfaitement dans l'obscurité. Clarisse sentait son regard brûler sa nuque.

« Il me fait le même effet que le vieux Rogue… » songea-t-elle en se massant.

Et Morgane était debout au milieu de la pièce, brandissant une table des réincarnations, suivie de toutes les lettres de l'alphabet et des chiffres.

- Vous n'allez pas jouer aux esprits ? marmonna Syd dans un rictus. Je te croyais plus évoluée, Black !

- Grand frère, dit Morgane, n'agresse pas mon amie, et va te coucher, tata m'a dit que tes jambes faisaient peine à voir.

Il souffla comme un vieux bœuf et ne bougea pas. Morgane posa sa planche par terre.

- A présent que tu es ma meilleure amie, dit la fille de rogue, je me dois de partager TOUT avec toi… Et je vais commencer par quelque chose qui me tient particulièrement à cœur…

- Et qui fait honneur à ton surnom de mégalo ! s'emporta son frère.

Mais Morgane en avait l'habitude et ne se laissa pas démonter.

- Certes… A ce propos, je pense que nos parents auraient dû me nommer Mégane… Du grec « mégas », la Grande !

Cette fois-ci, Syd se leva et se précipita vers son dortoir, furieux.

Morgane fit tournoyer son doigt au dessus des inscriptions, Lachésis baillait déjà par avance.

J- e pense que tu as dû le remarquer, Clarisse, mais j'excelle en tout.

« Mais pourquoi ne suis-je pas dans mon lit ? » se demandait Clarisse en elle-même. « Pourquoi je suis là à écouter cette prétentieuse ? »

- Et ce n'est pas normal, dit Morgane à mi-voix. Aussi exceptionnelle puisse-je être, tant de qualités en une seule personne relève du miracle. Peinture, littérature, filmographie, potions, sortilèges… Rien ne m'échappe, dans tous les domaines. Au trivial poursuit version Albus, je rafle tous les fromages !

Clarisse chercha du réconfort sur le visage de Lachésis qui acquiesça en souriant.

- Il n'y a pas d'autres explications… Je suis… un esprit réincarné…

La Serdaigle hoqueta de surprise, et Morgane crut que cela lui était favorable. Lachésis s'interposa pour éviter un massacre :

- En gros, c'est le jeu de nos soirées, trouvez « qui est Morgane ? » ! Un peu comme le jeu de « Trouvez Charlie »… Pour l'instant, les présupposées vies antérieures de Melle Rogue sont Baudelaire, Einstein, Confucius, César, Napoléon et Sissi…

- Rigole autant que tu peux, Lachésis ! Je suis persuadée que j'ai déjà vécu dans la peau d'un grand homme ! Ou femme…

Clarisse grattait son menton sans mot dire, ne sachant si elle devait se lever ou exploser de rire.

- Pour la énième fois, Morgane, soupira sa cousine, la réincarnation, cela n'existe pas, je suis bien calée sur ce sujet. Il est impossible qu'un esprit survive à sa mort. Soit tu deviens un fantôme, enfin une partie de toi devient un fantôme, soit tu disparais. Ne cherche pas plus loin.

- Ne brise pas tous mes rêves… Je suis peut-être Victor Hugo… J'ai lu Notre Dame de Paris, hé bien je te jure que j'avais l'impression que c'était moi qui l'avais écrit.

Pour le compte, ses deux interlocutrices sourcillèrent. Victor disait lui-même : Ego Hugo… Mégalomane… Mégalomane…

- Non, Hugo n'est même pas devenu un fantôme, dit Lachésis, il est caput ! Capich ? Et les âmes ne peuvent vraiment rien devenir après leur mort.

- Sauf si on s'appelle Lord Voldemort…

A ce nom, Clarisse se souleva légèrement pour se pencher sur Morgane avec l'air d'un inspecteur de police :

- Auriez-vous des pulsions meurtrières, mademoiselle ?

Elles se prirent à rire tous ensembles…

- Il y a aussi cette histoire de damnation éternelle, reprit Lachésis une fois qu'elle eut repris son souffle… Quand un mort revient sous forme de fantôme, il arrive parfois qu'il éprouve une telle haine envers lui-même qu'il disparaît dans les flammes en se maudissant, et il passera une éternité de calvaire.

- Morbide… conclut Clarisse dans un frisson.


Le lendemain matin, Morgane comme à son habitude assise à la table des vertignasses (expression non encore usité par le dictionnaire pour désigner une prédominance de vert), observait Clarisse de dos. La soirée ne s'était pas si mal passée, et elle se prit à espérer sincèrement qu'elles auraient d'autres crises de fous rires ensemble.

Syd quant à lui n'avait d'yeux que pour la table des profs où Néréis avait pris place.

- J'ai été surprise par ta soudaine décision, dit Madurei d'une voix basse. Toi qui ne souffres plus la lumière du jour depuis…

- Depuis quinze ans, six mois et 14 jours… Je ne me promène que dans mon rosier, et encore, ses fleurs me font de l'ombre.

- Comment as-tu convaincu Trelawney de te laisser son poste ? s'enquit Rogue.

- Ça, professeur, je ne le dois qu'à la chance. J'arrivais au bon moment, cette pauvre femme était au bord de la crise de nerf… Je lui épargne donc le calvaire de finir l'année, elle reviendra à la prochaine rentrée.

- Quelle chance en effet, reprit Rei sceptique. Tu n'es absolument pour rien dans ce brutal arrêt maladie…

- Absolument.

Les deux époux eurent un regard éloquent. Rogue sentait d'ailleurs quelqu'un le vriller depuis un petit moment, il releva la tête, au moment même où Syd baissait la sienne. Malheureusement, Clarisse venait de se tourner vers la table professorale, et elle reçut un regard de dégoût en plein ses petites mirettes…

« Beurk ! » pensa-t-elle en lui rendant sa grimace non sans crainte, « voilà un excellent moyen de commencer la journée. Pourvu qu'il ne me cherche pas des noises… »

Mais ce serait chose faite car il la colla l'après-midi même sous prétexte qu'elle avait renversé une bouteille de scarabertia, bouteille qui se trouvait à plus de cinq mètres d'elle.

Assez déconcertée, elle n'avait rien dit, comme à son habitude, mais une idée germait à présent dans la tête de la préfète. « Je suis la meilleure amie temporaire de Morgane, non ? Elle pourrait me rendre… des services… » Mais elle se ravisa : dans quel guêpier allait-elle se fourrer ? Ce serait certainement la plus mauvaise idée qu'elle n'aurait jamais. Et puis elle n'était pas du genre à exploiter les gens… « Ou bien ne pas lui demander d'annuler la punition, mais seulement qu'il me lâche la grappe à l'avenir… »

Durant les courtes minutes que l'emploi du temps laissait à Clarisse pour changer de cours, elle partit à la recherche de Morgane, qu'elle trouva fébrilement au coin d'un couloir. Un sentiment de gêne l'empêchait tout d'abord de parler. Le visage radieux de Morgane lui rendit son courage et elle balança :

- Dis-moi, tu ne pourrais pas demander à ton père… d'oublier que j'existe ? Il m'a encore punie pour un prétexte bidon…

Elle crut sur le moment que cela ne passerait pas, car elle avait oublié de saluer sa soi-disant amie. Mais étrangement, le sourire de Morgane ne fit que s'élargir :

- Bien entendu ! fit-elle joyeuse.

Clarisse resta pantoise et Morgane disparut dans des escaliers : elle avait cours de divination et devait se dépêcher.

La fille du professeur Rogue était tout excitée : Clarisse lui demandait déjà des services, et se montrer très familière, au point de ne même pas lui lancer un simple « salut », cela voulait dire qu'elle commençait à lui accorder sa confiance et qu'une intimité nouvelle s'installait entre elles… Elle songea en outre : « Les bons comptes font les bons amis, je l'aide à faire la paix avec mon pater, elle m'aidera à approcher le sien… » (Non, cette amitié n'est pas du tout intéressée.)

Comme une fleur dans le printemps, Morgane entra dans la salle de classe. Néréis était assise au milieu de quelques poufs multicolores, des fumées d'encens l'enrobaient, et quelques chaudrons bouillaient.

- Assis-toi, Morguounette, dit sa tante et la jeune fille rougit de l'emploi de ce sobriquet.

Quelques élèves ricanèrent mais Morgane arbora un air si fier qu'ils comprirent que percer son orgueil reviendrait à crever l'œil d'un dragon.

- Vos infusions de thé sont prêtes ?

Morgane se servit précipitamment tandis que tous ses camarades acquiesçaient.

- Hé bien, buvez… dit Néréis.

Ils absorbèrent tous leur boisson, certains au dépend de leur langue qu'ils avaient brûlée au passage.

- Très bien, la poubelle est par là…

- Mais madame, intervint une élève, on ne doit pas lire les…

- Vous ne croyez quand même pas dans ces *onneries ? répliqua Néréis en fronçant net les sourcils. Tenter d'interpréter l'avenir n'apporte que des problèmes. Passons aux choses sérieuses !

Toutes les lumières se volatilisèrent, le noir complet imprima sa marque sur la pièce, et une toute petite lueur scintilla au bout de la baguette de Néréis qui s'en servit pour éclairer son visage :

- On va se raconter des histoires d'horreur, siffla-t-elle en insistant bien sur le eûr de horreur.

Gorges déglutissant ou regards moqueurs furent ses seules réponses.

- Je commence ! hurla Morgane au terme de ce silence.

Sa tante était vraiment une prof à deux balles… « Qu'est-ce que j'aime ma tante. » pensa-t-elle.

- Voilà, fit la jeune fille aux tresses de cendres, j'arpentais les rues londoniennes, seule au milieu de ténèbres et des senteurs nocturnes. Le parfum des prostituées flottaient encore dans l'air, masquant presque les effluves de sang qui dégoulinaient le long de mes doigts sur une lame de…

- Attention ! chuchota un serpentard, Roguette va nous parler de sa réincarnation en Jack l'Eventreur !

- Hé ! Comment le savez-vous ?

Elle croisa les bras : Par Ishtar ! (déesse de la guerre mésopotamienne), elle en avait donc déjà parlé.

Et c'est Néréis qui enchaîna sur des anecdotes plus ou moins douteuses de Mangemorts éventrés et d'élèves irrespectueux décapités par le fantôme de Salazar Serpentard.

- Mais comment fait-il s'il est devenu un fantôme ? se risqua l'un des élèves.

- Excellente question, fit la pseudo-professeur, seules ses dents sont restées matérielles. Ils l'emploient désormais à Barjo&beurk pour décapsuler des bouteilles…

A la fin du cours, les élèves se ruèrent hors de ces lieux, comme pris de nausée. Leur professeur leur avait fait une impression pour le moins étrange. Morgane flâna volontairement, pour se retrouver seule avec sa tante.

- Je sentais que tu allais venir, fit-elle, j'ai rêvé de toi cette nuit…

- Tu n'as aucun don pour la divination pourtant…

- Je sais… Mais je l'espérais tellement… Tu vas réconcilier Syd et papa, hein ?

Un petit sourire sans aucune malice se fondit sur les lèvres de la néréide, c'était rare et elle ne le destinait qu'à sa fille habituellement.

- Dis donc, tu t'y connais en table de réincarnation ?

Elles étaient maintenant dans le couloir. Cette fois-ci Néréis leva les yeux au plafond :

- Cherche Morgane, et tu finiras bien par découvrir que tu descends des anges…

- Non mais ça va pas non ?!

La nièce et la tante sursautèrent ensemble. Clarisse se trouvait derrière. Son teint était légèrement rougi. Le sans-gêne dont elle avait fait preuve pour soudoyer les services de Morgane avait plongé son âme dans la culpabilité, et elle avait décidé d'accompagner jusqu'à la grande salle celle qu'elle devait voir comme une amie.

- Plaît-il ? fit Néréis sans élever la voix.

- Ne lui mettez pas des idées comme ça dans la tête, répondit la Serdaigle. Elle est déjà assez… extravagante…

- Il n'y a pas de mal à rêver un peu… énonça Néréis.

Clarisse eut un soupir désabusé : Point trop n'en faut, quand même !

- Peut-être que je n'ai pas cherché où il fallait, songea Morgane… Peut-être que je devrais remonter plus loin dans le passé…

- Tu es peut-être Socrate, ou Platon ! dit Clarisse dans une grimace, tu sais les mecs qui ont fait de drôles d'élucubrations sur un monde des Idées, supérieur au monde matériel, auquel le philosophe doit tendre…

« Cultivée la donzelle ! » songea Néréis. Morgane s'arrêta sur place, stupéfaite :

- Mais oui ! Tu as raison, Clarisse !

- Quoi, tu es Socrate ?

- NON ! Je viens du monde des Idées…

La Néréide préféra les regarder en coin sans rien dire tout en marchant à leurs côtés.

- Je suis un être de lumière à l'état pur !

- Arrête ! s'écria Clarisse, ça suffit !

- Ce n'est qu'une possibilité de plus… D'ailleurs tante Néréis vient de dire que si je cherchais, je trouverais que je descends des anges…

- Ne me mets pas tout sur le dos, gémit sa tante.

- Mais JE SAIS que j'ai au moins été un grand homme politique, glapit Morgane. Scrogneugneu ! Tenez, j'ai le vertige et je fais des crises d'angoisse en présence du vide : je suis peut-être morte en tombant d'une falaise dans ma vie précédente.

- (C'est quoi le rapport avec la politique ?) Ton frère a un air efféminé, répartit vivement sa tante, il était peut-être un mauvais personnage de manga…

- Je le vois bien en danseuse exotique, rêva Clarisse dans un grand sourire.

- Je retiens, Black, je retiens, fit une voix doucereuse.

« Bien sur le seul moment où je parle de lui, il faut qu'il soit là… » pensa Clarisse en se mordant la langue comme pour se punir. Mais en fait, ce n'était pas si étonnant que cela, car emportée dans son élan, elle venait de s'asseoir à la table des serpentards avec Morgane. Néréis les devança et fila jusqu'à la table des professeurs. La jeune serdaigle eut un haut-le-cœur devant toutes ces cravates vertes et, malgré les supplications de Morgane qui tentait de la rassurer, elle se leva et s'en retourna vers ceux de sa maison.


Comme retenue, Syd devait participer à des tâches assez ingrates aux côtés de Hagrid, telles que le récurage des écuries des Limacornes (sorte de limaces-licornes), le nettoyage des indestructibles scroutts à pétard et plein d'autres choses ragoûtantes…

De la tour de divination, Rogue observait ce bout de cape verte qu'il savait être son fils…

- Sincèrement Néréis, que mijotes-tu ? demanda-t-il.

Elle était assise par terre, à genoux, les mains posés sur ses cuisses, le regard aux aguets.

- J'ai des choses à finir… J'ai pensé que votre garçon pourrait m'aider.

Il lui envoya un œil noir en biais.

- Quoi donc ?

- Des affaires à régler… un héritage à faire passer…

- Tu ne peux pas le donner à ta fille ?

Un mouvement panique ressortit de sa respiration saccadée quand elle répliqua :

- Non, pas elle… Je ne peux pas…

Rogue se retourna pour la jauger avec dégoût :

- Mais MON fils, tu peux, n'est-ce pas ?! Ecoute-moi bien Néréis… Fais ce que tu veux chez toi, joue avec tous les sorts que tu veux mais ne mêle pas la vie de mes enfants à tes jeux macabres…

Elle se leva soudainement, sa robe cachant ses jambes et donnant l'impression qu'elle s'était mise à flotter :

- Ce n'est pas un jeu ! Laissez ce terme pour Joyce, ce n'est pas un jeu ! Rien ne se joue ! Tout se perd et se mérite !

Il joignit les mains, non pas pour la supplier, mais pour se calmer, et il lui posa ces questions avec une sévérité et une colère qui ne le quittaient plus ces jours-ci :

- As-tu quelque chose à voir avec cette nouvelle mode néo-Mangemort ou quoi que ce soit d'autre ?

- Non.

- Est-ce que tu es au courant de quelque chose que je ne sais pas ?

- Non.

- Est-ce que tu me mentirais ?

Elle sourit.

Il tapa du poing contre un mur. Il savait qu'il n'en tirerait rien de plus.

- Folle… Folle jusqu'au bout… Tu as toujours été obsédée par les puissances qui te dépassent, Rei m'en a parlé… Mais ta Faux ne te suffit plus, hein ?

- Elle n'a plus aucune utilité depuis la destruction du Château des Serpentards, et des Clés des Chimères qui le composaient.

- Alors il te faut de nouveaux jouets ?

- Je veux juste comprendre ce qu'est cette notion que l'on somme Destin…

- D'où le nom de ta fille ?

Lachésis était le nom d'une parque, déesse infernale grecque, gouvernant la destinée des hommes et des dieux.

Rogue s'approcha d'elle, et la fixa droit dans les yeux quelques secondes avant de lâcher :

- Il est temps de redescendre sur terre, Néréis. Tout est fini. Il y a beaucoup plus important à présent.


Rogue descendit au cachot, furibond, pour s'attaquer à une nouvelle corvée qui l'attendait dans son bureau.

- Vous m'avez demandé professeur ? demanda Clarisse.

La fille de Black attendait en effet devant la porte de son office. Il la fit entrer et lui ordonna de s'asseoir d'un regard foudroyant.

Clarisse Black… Le dégoût coulait dans les veines de Rogue. Cette fille ressemblait à son père... Ses yeux bleus qui dans son imagination tiraient sur le gris, le gris de Black. Ses cheveux noirs, comme ceux de Black. Longs, comme ceux de Black. Attachés en un petit chignon avec deux mèches encadrant son visage comme ceux de… Non, quand même pas. Mais elle avait aussi cette lueur dans les yeux, cette lueur purement Blackienne qui hurlait :

Ça lui va bien comme surnom Snivellus…

Rogue frémit, mais Clarisse ne savait pas qu'il était legelimens et qu'il savait ainsi deviner les pensées à travers le regard d'autrui.

- J'aimerais que vous m'expliquiez une chose, Black.

Ne m'appelle surtout pas miss, ça pourrait arracher ta langue de serpent.

Il lui tendit un bout de papier, et la jeune fille se mit à rougir.

- Lisez à haute voix, dit Rogue avec de la glace pour seule tonalité.

Clarisse déglutit avant de s'exécuter :

- « Papounet d'amour… Peux-tu cesser d'enquiquiner ma nouvelle meilleure amie au monde que j'aime, j'ai nommé Clarisse Black. Je t'en serai très reconnaissante. Zoubi ! »

Elle releva la tête et d'une voix contrôlée :

- Je vous jure que je n'ai pas écrit ce mot, monsieur…

- JE SAIS ! s'emporta Rogue, c'est évident ! Mais sachez que je ne tolérerai pas que vous utilisiez ma fille pour faire pression sur moi ! Je vais de ce pas…

Toc ! Toc ! Toc ! Rogue souffla : il s'apprêtait à lui mettre la totale, et on l'interrompait. Il entrebâilla la porte pour réexpédier le visiteur. Clarisse reconnut avec bonheur une tresse de Morgane. « Je suis sauvée ! »

Mais la désillusion fut brutale… Après que Morgane eut baragouiné quelque chose, son père répondit sèchement :

- Non, Morgane ! On ne t'a pas adoptée, tu ne viens pas d'un monde spirituel transcendant au nôtre. Et ne nous ne t'avons non plus trouvée en bas d'un arc-en-ciel.

Il referma la porte avec brusquerie.

- A nous deux, Black ! cria-t-il.

C'est pas possible ! Morgane aurait pu être plus subtile… Zut ! Et lui qui va s'acharner sur moi maintenant, sale type ! Si j'avais du cran, je…

- Voilà seulement, gronda Rogue pour lui révéler son talent de legelimens, vous n'êtes pas une crétine gryffondor, vous êtes une crétine Serdaigle ! Ce qui, selon la chanson stupide de ce choixpeau de malheur, fait de vous une antithèse, une erreur que je vais m'empresser de gommer !

Il lit dans mes pensées ce gros…

- Oui, Black ! Exactement, et je vous déconseille de finir votre « pensée », puisque vous en avez une contre toute vraisemblance.

- Vous ne pouvez pas m'insulter ainsi monsieur, et lire dans les pensées d'autrui est une violation de la vie privée ! Je rapporterai tout à mon directeur de maison.

- Essayez seulement, et je vous fais renvoyer de cette école illico presto. Sincèrement, qui croiront-ils à votre avis, entre une préfète qui ne sait pas remplir ses fonctions et le directeur le plus craint que Serpentard n'ait jamais connu ?

Toc ! Toc ! Toc ! Et dire qu'il allait l'achever ! (Clarisse avait les larmes aux yeux.)

- Quoi encore, Morgane !

- Tu es vraiment sûre que je suis ta fille ? Parce que j'ai des doutes ! Vous avez tous les cheveux noirs dans la famille, enfin dans la proche famille –on exclue tante et autre-, et moi j'ai une magnifique chevelure châtain cendrée. Allez, tu peux me le dire, je suis assez ouverte d'esprit pour l'accepter…

- A mon humble avis, répliqua Rogue venimeux, c'est juste que tu as une chevelure de vieille avant l'heure.

Et il reclaqua la porte, mais cette fois-ci, Morgane la rouvrit, rouge de colère :

- Hé ben toi ! Hé ben toi ! T'as les cheveux gras !

- Tu as réfléchi combien de temps pour me dire ça ?

- Plus longtemps que toi, la méchanceté n'est pas inscrite en moi !

- CA SUFFIT ! Tu ne vas pas commencer comme ton frère ! Je peux savoir quel est cet entrain bizarre à ne plus vouloir être ma fille ?!

- Mais ce n'est pas ça du tout ! J'explorais juste une nouvelle piste quant à ma vraie nature…

- Hé bien, sache que tu es une ROGUE ! Une vraie, Tu es bien ma fille, la reconnaissance du sang chez les sorciers se fait dès la naissance, c'est une tradition ancienne et aucun rejeton n'y coupe. Oui, tu es ma fille à sang pour sang ! –Oui, je sais, j'ai fais un jeu de mot bidon- et même si tu as été un bébé surprise, même si ta mère prenait des précautions, vineris, videris, velcreris !

Traduction approximative : Tu es venue, tu as vu, tu t'es incrustée !

Morgane serra fort les dents :

- Je croyais être un Ange et ne suis qu'une Rogue…

- Désolé, dit Rogue sans chercher à comprendre.

Mais c'était alors que :

- Morgane ! Sauve-moi ! cria-t-on derrière.

- Ben p'pa ! Que fais-tu à ma nouvelle meilleure amie que j'aime ?

Mais quel charme maléfique jetait sa fille dans les entrailles de l'immondice Blackienne ? Rogue se jura d'élucider cette affaire. « Ta fille est peut-être tout simplement barge » lui murmura une voix intérieure.

- Black… murmura-t-il, je sais que vous êtes derrière tout cela ! C'est la DERNIERE fois que vous approchez ma fille, compris ? Si vous essayez de la manipuler une fois de plus, je…

- C'est l'inverse p'pa ! Je suis une Serpentarde ! Que diable !

- Je confirme, monsieur, c'est elle qui tire les ficelles, son cœur est pourri jusqu'à la moelle.

- Clarisse chérie, ne me flatte pas ainsi.

- Je n'exagère pas, Morgane, tu es vile, menteuse, traîtresse, manipulatrice…

« Elles sont barges toutes les deux » se ravisa la voix. Rogue les envoya valdinguer, et elles se précipitèrent hors des cachots en courant.

Au terme de la course, Clarisse attrapa Morgane pour lui frictionner le sommet du crâne :

- … mais tu es ma canaille à moi, petite vipère ! Merci de m'avoir sauvée. C'était bizarre comme tactique mais elle est bigrement efficace !

La jeune Rogue rougit, Clarisse prit la direction de la tour ouest, celle de sa maison.

- A demain alors, lui lança Morgane avant qu'elle ne disparaisse.

Clarisse lui adressa un dernier signe de la main.