Disclaimer : le monde d'HP appartient à la grande JKR.

Un petit dernier chapitre avant Noel et la suite pendant les vacances. J'avance bien dans la rédaction du reste… bon dans tous les sens, mais j'avance. XD

Joyeuses fêtes every body ! ^^

RAR :

Alindorie : Ben disons qu'une bête de charisme coincée dans la friendzone, je n'y crois pas une seule seconde…. C'est surtout la mort de Rogue que je ne lui pardonne pas : pour devenir le propriétaire d'une baguette, il suffit de désarmer le mec… Inutile de le tuer. Voldemort n'a aucune raison de le faire… J'ai vraiment l'impression que la mort de Rogue est juste un prétexte pour que Harry explore ses pensées… Nous avons donc une mort stupide + la découverte d'une histoire gnangnan… J'ai mal à mon Sévy….


Chapitre 13 : Clarisse Impératrice…

Dans les couloirs, Clarisse croisa bon nombre d'élèves qui la félicitèrent pour son courage et son intégrité face au terrible et inique professeur Rogue. Son visage s'empourpra à chaque occasion mais ses mains, tremblantes, semblaient vidées de leur sang.

Le cachot des Serpentards étaient grand ouverts car des élèves allaient et venaient précipitamment. Ni une, ni deux, la Serdaigle s'engouffra dans le repaire des serpents et descendit précipitamment les quelques marches qui la séparait de la salle commune :

Je cherche Morgane Rogue, cria-t-elle à la volée comme pour justifier sa présence.

Son cœur se serrait, elle avait peur de tomber sur Syd.

Elle est à la bibliothèque, lui répondit une Serpentarde en plissant les yeux.

Et Clarisse de rougir de plus belle : oui, effectivement, si ses compères serdaigles avaient pu croiser Morgane, c'est qu'elle n'était pas dans la partie réservée aux Serpentards… Faux départ… Clarisse s'excusa piteusement et sortit en courant.

Au fur et à mesure qu'elle approchait de la bibliothèque, Clarisse assistait à d'inquiétants spectacles : des serpentards déambulaient au pas militaire, des élèves venant d'autres maisons étaient fixés au mur, immobilisé par une substance gluante et dégoutante… La maison du serpent se préparait vraiment à mener bataille ! Et Morgane Rogue était leur chef ?! Le cœur tambourinant atrocement dans sa poitrine, Clarisse arriva enfin à destination.

Une immense banderole sur laquelle était peint un serpent dévorant un aigle était accrochée au plafond. Les étagères de la bibliothèque avait été poussées et certaines avaient même été réduites. Une pile de livre entassée au milieu d'une étrange façon faisait comme… un trône… Un trône sur lequel se trouvait Morgane dans toute sa splendeur. A ses côtés, un jeune garçon tenait un large éventail pour la rafraîchir tandis qu'un autre lui servait de secrétaire et prenait des notes sur papyrus,

- Hé bien, te voilà ! Clarisse Black ! tonna-t-elle de sa voix juvénile. Ainsi donc, tu as trahi les Rogue !

Clarisse ouvrait de grands yeux crédules.

- Tu seras châtiée pour ta témérité ! Sache que les Serpentards ne laisseront pas cette offense impunie ! De même qu'ils n'abandonneront pas leur directeur de maison ! Comme les disent les moldus dans ton genre, ça va chier grave !

- … C'est pas une expression moldue, s'étonna le petit Serpentard qui éventait Morgane, même les sorciers font caca.

- SILENCE ! La fille du directeur parle ! tonna une vertignasse large comme une armoire à chaudron.

La serdaigle fit cligner plusieurs fois ses paupières, elle se pinça pour vérifier si elle rêvait. Aouch, oh purée de potiron ! C'était bien réel.

- Morgane, commença-t-elle, je vais tout expliquer, je n'ai rien à voir dans cette histoire…

- La guerre est déclarée ! Préviens tes frères serdaigles qu'ils vont devoir se défendre bec et serre s'ils veulent revoir un lever du soleil !

Et Mégalomane Morgane fit un signe altier de sa main si minuscule et deux Serpentards empoignèrent Clarisse pour la jeter hors de la bibliothèque comme un sac à patates.


La jeune Black marcha longuement toute seule dans les longs et terrifiants couloirs de cette école transformée en champ de bataille. (Bataille puérile mais acharnée quand même…)

Les serpentards eurent tôt fait de déclencher les hostilités. Des troupeaux d'élèves se livraient à des duels de magie rocambolesques, semant la désolation partout où ils passaient.

La serdaigle ne pouvait retenir les gouttes de sueur froide qui dégoulinaient sur ses tempes. « Clarisse », se disait-elle comme pour se réconforter, « tu vas te faire une promesse ici et maintenant : inutile de réagir avec colère et impulsivité. La vérité finira par triompher, tu vas te calmer, respirer la paix et la sérénité et te faire confiance. Laissons couler, cela ne sert à rien de se débattre au cœur de la tempête, suivons l'inclinaison du vent pour gonfler nos voiles de la brise de l'espoir… » Elle poussa un long soupir pour se convaincre. « Oui, c'est cela, respire Clarisse ! »

- Clarisse ! Pssss !

« Oublie tout, tu voles très loin, au-dessus de la mêlée… »

- Clarisse !

« Oui, Clarisse, le serpent visqueux n'atteindra plus la bl… »

- Hey, Clarisse ! Psss !

« P…TAIN ! FOUTEZ-MOI L'CAMP ! »

Le visage de la serdaigle avait pris une teinte cramoisie tandis qu'elle cherchait son interlocuteur. Mais elle ne trouva personne autour d'elle et toute sa colère retomba comme un soufflet. Devenait-elle folle ?

- En bas, Clarisse !

Elle baissa les yeux et aperçu un petit soupirail nouvellement apparu. Et entre les barreaux, un petit visage connu : Morgane.

- Il faut que je te parle !

Clarisse se baissa, complètement abasourdie :

- C'est quoi ce délire ? Tu es où là ?

- Il y a un système d'égout dans le château, les soupiraux n'apparaissent que si on les enclenche magiquement de l'intérieur, c'est parfait pour espionner ou rentrer subtilement en contact avec qu…

- Arrête de raconter ta vie ! Tu es devenue dingue, c'est quoi ce plan que tu m'as fait ?!

- Tout est sous contrôle, Clarisse ! Je t'explique…

La voix de Morgane se fit aussi faible que celle d'un ruisseau et la serdaigle dut rapprocher son oreille des barreaux.

- J'ai ourdi une sombre machination pour retourner l'initiative de mon frère contre lui-même, car j'ai bien compris qu'il est le seul coupable dans cette affaire ! Je vais…

- Dépêche-toi, cria une petite voix fluette, je n'en peux plus.

Clarisse fronça les sourcils :

- C'est la voix de Lachésis que j'entends ?

- Oui, poursuivit Morgane, je suis juchée sur ses épaules, alors je te disais…

- Mais tu vas l'écraser !

- Certes, mais…

- Morgane, dépêche-toi, supplia la petite serpentarde.

- Tu exagères ! répliqua la serdaigle.

- BON ! s'impatienta Morgane, je disais que je vais pousser mon frère dans ses retranchements : je vais lui faire croire que je t'en veux et que je vais chercher à te nuire pour qu'il culpabilise et vienne à ton secours, en bon chevalier pieux et droit qu'il est…

- Je pense que tu te trompes lourdement sur la nature de ton frère… Il me laissera me faire décapiter en pleine place publique sans broncher !

- Faux, il déteste l'injustice.

- …. Il est FOURBE !

Un petit silence passa, léger et distant.

- T'inquiète, dit la mini Rogue bercée par ses illusions, il ne t'abandonnera pas au triste sort que les serpentards te réservent…

- Heu… Morgane, je peux savoir ce que tu as commandé à tes troupes ? Tu me fais peur là !

- On va tout simplement te…

Mais le visage de Morgane disparut soudain dans un petit cri étouffé : le dos de Lachésis venait de céder. La grille se volatilisa, le mur reprenant son apparence initiale. Et Clarisse demeura seule, avec ses doutes et sa détresse.

Bordel de Merlin à nouilles ! La fille de Black passa le reste de la journée à raser les murs et à éviter soigneusement les cravates vertes. Mais qu'avaient prévu Morgane et ses sbires de si terrible pour que Syd l'inflexible la prenne en pitié et se dénonce ? Elle imagina les pires scénarii et sa tête fut remplie de visions plus horribles les unes que les autres.

A la fin de la journée, on la convoqua dans la cour du château, c'était un préfet de la maison du Serpent qui lui avait apporté la triste nouvelle. Elle pensa à un piège et n'avança qu'à pas feutrés jusqu'à la destination mandée. Mais quand elle vit le professeur Severus Rogue debout comme un piquet, au milieu de la cour, avec des valises à côté de lui, ses valises à elle, elle comprit que ce n'était pas là le plan de Morgane mais un problème supplémentaire qui se rajoutait au tas immonde de morve dans lequel elle se débattait déjà. « C'est pas possible, ça ne va jamais s'arrêter ?! »

Elle s'approcha fébrilement :

- Professeur, que se passe-t-il ?

- Vous êtes virés de Poudlard, annonça Rogue sans préambule.

La jeune serdaigle peina à croire ce qu'elle entendait. Perplexe, sa tête s'inclina vers son épaule.

- Ne jouez pas les innocentes, reprit l'austère professeur, vous avez comploté contre moi, les élèves de serpentard prennent les armes contre les autres maisons, enfin bref… Poudlard est au bord de la guerre civile et tout cela à cause de vous.

Peu à peu, Clarisse se sentait écraser par un poids invisible : même si elle n'avait jamais été à l'aise dans le monde des sorciers, la perspective du renvoi, de l'échec, était dure à encaisser…

Surtout que… pour être honnête… depuis que la tempête Morgane avait débarqué dans sa vie son quotidien n'était plus aussi terne et morose qu'auparavant… Elle se prenait à apprécier sa condition, plus qu'elle ne l'aurait cru.

- Professeur, balbutia-t-elle, vous ne pouvez pas croire…

- Taisez-vous !

- Lisez dans mes pensées, vous verrez que…

- Ce ne serait pas éthique…

Elle se crispa : Rogue senior jouait avec le sens de l'équité comme un enfant avec un yoyo. C'est alors qu'un préfet de Serpentard débarqua, accompagné de Syd Rogue qui offrait une figure des plus fermées. Elle se planta devant eux, Syd regardait son père, nonchalant.

- Parce que tu penses sincèrement que je vais me laisser prendre par les sentiments ?

- Libre à toi d'abandonner tes complices, répondit Rogue sèchement, ses valises sont prêtes, Hagrid ne va pas tarder à l'emmener.

- Attendez, intervint Clarisse au bord des larmes, je veux voir le professeur Macgonagall !

- La directrice est au courant et elle m'a donné sa bénédiction, énonça le professeur Rogue de sa voix de velours, inutile de la déranger.

La pauvre serdaigle sentait le sol tanguer sous ses pieds incertains. Syd poussa un soupir exaspéré et attrapa une valise :

- Je vais l'aider à trouver la sortie, alors !

Une valise énorme qu'il souleva comme un tas de plume… Surprise, Clarisse s'empara de la deuxième valise : vide ! Vides, toutes deux. Et elle comprit : « Nooon ! Le vieux Rogue a imaginé exactement le même plan débile que sa fille ! »

Il y eut un silence gêné où chacun des protagonistes échangea des regards en coin avec son voisin : Clarisse avait conscience que le moindre mot de travers pourrait faire exploser la situation. Enfin, le préfet de serpentard, qui n'était pas concerné par l'affaire, demanda :

- Je peux y aller ?

- Oui, oui, c'est cela, répliqua Rogue, toujours plus froid.

Cette intervention extérieure fit baisser la tension. Syd leva les yeux au ciel et serra les dents. Il tourna les talons et s'apprêtait à partir quand…

Un frisson d'horreur parcourut les deux Rogue présents : un être avait surgi du néant (comprendre l'extérieur) pour leur faire face, un être honni par toute la Sevy family, excepté Morgane qui lui vouait un culte.

Sirius Black était là.

Syd s'arrêta net, regarda Sirius, chercha une réplique cinglante pour se détacher de ses interlocuteurs, puis il vit la figure de Clarisse.

Elle était aussi pâle qu'un fantôme.

Sirius présentait une mine plutôt austère, il scruta un à un ceux qui lui faisaient face mais ses yeux prirent une teinte plus douce quand ils se posèrent sur sa fille. Clarisse lui offrit un sourire où perçaient la gêne et la tristesse.

- Que fais-tu ici, Black ? s'enquit Rogue d'un ton venimeux.

Sirius ne prit même pas la peine de répondre, il prit sa fille par le bras et l'entraîna à l'écart.

Syd demeura interdit quelques instants, les sourcils taillés en V sur son front : il se serait attendu à plus d'hostilité de la part de Clarisse Black. Elle aurait pu le dénoncer, lui rendre la pareille, mais la serdaigle encaissait les coups sans se laisser aller à la délation… Fille stupide…

Et puis… c'était quoi cette réaction face à Sirius ?

Toujours silencieux, il ramassa les valises de Clarisse pour les rapporter à la tour de Serdaigle.


Ils s'étaient assis dans un coin reculé, sous une arcade, le père et la fille. Ils parlaient, mais la discussion tournait en rond, Clarisse n'arrivant pas à se confier. « Tu as des ennuis ? » disait son père. Elle répondait, toujours, d'un ton affable : « non, non, pas du tout… », « ce n'est pas ce que j'ai pu comprendre… » Elle se sentait perdue : pourquoi son père avait-il fait irruption à Poudlard ? Elle fit de son mieux pour le rassurer, raconta quelques anecdotes inintéressantes d'un ton badin. Enfin, quand elle se rendit compte qu'elle n'avait plus rien à dire pour temporiser, elle le remercia de sa venue et prit congés.

Ce soir-là, Rogue se laissa retomber lourdement dans son lit. Merlin que la journée avait été longue et harassante ! L'après-midi s'était soldé par une réunion extraordinaire de tous les enseignants de l'école. Et le vent ne tournait pas en sa faveur.

- Je ne peux pas croire que Minerva envisage sérieusement ma mise à pied… grommela-t-il.

Madurei, en chemise de nuit, était assise à sa coiffeuse, elle peignait ses longs cheveux noirs. Un petit sourire amusé arpentait ses lèvres :

- Elle n'a pas apprécié que tu manipules Clarisse Black à de sombres fins ? Quelle surprise…

Rogue se redressa, un peu fâché que sa douce moitié plaisantât de la situation.

- Dis-le moi sincèrement, Rei…

Elle pivota vers lui, continuant ses mouvements lents et doux dans son épaisse chevelure.

- Tu trouves que je fais du favoritisme envers ma propre maison ?

Elle cassa son peigne sur un nœud. Elle fit mine de marquer une hésitation :

- … Mais noooooon….

- ….

- Attends, lança-t-elle, son air sardonique s'accentuant, tu ne vas pas essayer de me faire croire que ce n'est pas conscient ?

Rogue se rabattit dans son oreiller, crispé au-delà du possible.

- Minerva te soutient mais le fait est que tu as creusé le trou de ta tombe tout seul au fil des années… Elle cherche un moyen d'apaiser le courroux des élèves sans leur offrir ta tête… C'est compliqué.

- Ces lâches se dressent contre moi uniquement quand ils peuvent bénéficier de l'anonymat de la foule : à un contre un, ils se défileraient tous !

Madurei marqua un arrêt, comme si une idée avait germé dans son esprit mais elle finit par lâcher mollement :

- C'est pas faux.

- Discuter avec toi est toujours un ravissement, cher épouse.

- N'est-ce pas, conclut Rei, ironique.

Le directeur de serpentard aurait bien sombré dans un sommeil sans fond, mais une dernière petite chose le taraudait :

- Au fait, j'ai attrapé Morgane au sujet de Sirius. Je suis sûre que c'est elle qui l'a averti. Mais elle a refusé de l'admettre, la petite pestouille, quand bien même je l'ai menacée de la fixer au sommet de la tour des Gryffondors pour servir de girouette…

- Encore heureux que ta fille n'avoue pas un méfait qu'elle n'a pas commis. C'est moi qui ai prévenu Sirius.

Rogue se souleva à nouveau, plus pâle, plus cireux que jamais.

- Tu ne connais vraisemblablement pas l'histoire de Clarisse Black, Severus. Je pense que ça fera du bien à notre fils de constater qu'il a tapé sur quelqu'un qui ne le méritait pas et qui a moins de chance que lui…

Mais il ne l'écoutait déjà plus, il s'était levé et avait mis son manteau à la hâte.

- Où vas-tu ? s'enquit Madurei, perplexe.

- Une course urgente…

Il sortit des cachots pour se précipiter, toute voile dehors, vers la tour des Gryffondors.


Ce soir-là, Clarisse décida de se délasser dans la salle de bain des préfets. La journée avait été rude en matière d'émotion. Son père était parti loger à Pré-au-Lard, il avait proposé qu'ils se voient dans le week-end.

Elle se laissa couler dans la grande baignoire d'albâtre. Elle aimait ces moments de quiétude, plongée dans l'eau, ses cheveux noirs serpentant autour de sa tête. Elle retenait sa respiration autant que faire se peut et sentait ses soucis fondre comme un glacier sous un ardent soleil. Elle écartait doucement ses lèvres, laissant échapper des bulles grésillant… Les professeurs étaient-ils vraiment dupes de la situation ? N'avaient-ils pas compris que tout était parti d'un malentendu ?

Un bruit sourd fit exploser ses pensées comme une bulle de savon. Sa tête jaillit de l'eau, interloquée. C'était la porte de la salle de bain qui s'était lourdement refermée. Paniquée, elle regarda autour d'elle, à la recherche de possibles intrus, ses bras croisés, pudiquement, sur sa poitrine. Personne. Elle avait dû rêver. Elle sortit de son bain et tendit le bras pour prendre sa serviette. Sa main se referma sur du vide. Fronçant les sourcils, elle sortit du bain pour récupérer ses vêtements. Ils avaient disparu. Sa baguette aussi. Elle chercha dans les recoins de la salle de bain une serviette oubliée, un linge quelconque. Rien.

Elle était à poil, dans la salle de bain des préfets, sans possibilité d'utiliser la magie.

Elle retourna dans l'eau pour se tenir au chaud.

- Morgane… soupira-t-elle, excédée.

Voilà donc le plan des serpentards en action. Bon, ce n'était pas aussi terrible qu'elle l'avait imaginé. C'était juste extrêmement embarrassant et enquiquinant. Si une préfère n'avait pas l'idée de venir prendre un bain ce soir, elle passerait la nuit dans la baignoire.

Une heure passa, ses doigts de pied et de main commençaient à se flétrir. Elle s'amusait à compter leurs rides boursoufflées. Une nouvelle heure s'écoula, elle en était réduite à lâcher des gaz dans l'eau et à compter les bulles. Clarisse aimait bien compter dans les moments de stress.

- T'es une grosse dégueulasse en fait…

La serdaigle lâcha un cri strident : le fantôme de Mimi Geignarde lui faisait face.

- Ah, je n'ai jamais été aussi ravie de voir un spectre ! dit Clarisse avec empressement. Je t'en prie, aide-moi ! Cela fait plus de deux heures que je suis coincée ici !

- Je sais, j'ai vu la préfète de Serpentard sortir avec tes affaires pendant que tu mimais une carpe.

La jeune fille serra les dents : ce stupide fantôme avait donc beaucoup tardé avant de se manifester, mais elle ne devait pas le vexer par une remarque acerbe. Elle prit sur elle :

- Je ne comprends pas pourquoi Morgane me fait moisir ici ! Si son plan a échoué, elle devrait me rapporter mes affaires…

Clarisse ignorait qu'à ce même moment, Severus Rogue concoctait une potion pour remettre sa fille sur pied : il faisait assez froid au sommet de la tour des Gryffondors…

- Mimi, s'il te plait, peux-tu faire un tour dans les quartiers des Serpentards et demander à Morgane de me rendre mes affaires ?

- J'aurais quoi en échange ?

- Ce que tu veux…

Mimi se mit à réfléchir, elle prit un air gourmand :

- Un baiser, d'un beau garçon…

Clarisse tiqua : mais elle ne pouvait toucher personne ! Enfin, elle trouverait une solution plus tard.

- Marché conclu, tu auras ton baiser !

Le fantôme disparut dans un rire sardonique. Une nouvelle demi-heure s'écoula avant que la porte ne s'ouvre. « Aaah, enfin… » songea Clarisse en se soulevant pour mieux voir son amie entrer.

Elle replongea aussi sec dans l'eau, rouge pivoine. Syd Rogue venait d'entrer dans la salle.

« La gourgandine ! Elle m'envoie son frère ! » Clarisse ignorait que Morgane, terrassée par la potion de son père, dormait profondément. Mimi Geignarde était tombée sur le serpentard, seul élève encore présent dans la salle commune au moment de son arrivée. (Quel hasard, voilà une narration rondement menée…)

La jeune serdaigle avait recroisé les bras et s'était recroquevillée, gênée au-delà du possible.

- Je n'ai retrouvé ni tes habits, ni ta baguette, dit simplement Syd, mais je t'apporte une serviette, un pantalon et une chemise, le tout c'est que tu regagnes ta tour sans encombre. Demain matin, Morgane t'apportera tes affaires.

Clarisse acquiesça sans le regarder. Il allait sortir mais se ravisa. Il ouvrit la bouche, la referma, sembla méditer à ce qu'il allait dire. Il n'avait pas l'air gêné, ni même désolé, mais profondément sérieux :

- Clarisse, je n'aurais pas dû passer ma colère sur toi. Les choses vont rentrer dans l'ordre.

- Ah… et qu'est-ce qui me vaut cet honneur ?

- Morgane a l'air attachée à toi, et tu n'es pas quelqu'un de désagréable. Tu aurais pu cracher sur moi sans vergogne. Tu n'as même pas essayé de te venger. Je croyais que c'était par faiblesse. Mais j'ai la sensation que tu es animée par des sentiments plus nobles.

Elle rougit, mais pour une raison différente cette fois.

- Je n'en veux à personne, Syd.

- Pas même à ton père ? Tu as eu une réaction étrange en le voyant.

Il se mordit la lèvre, les mots lui avaient échappé. Tant pis…

- J'ai appris par hasard qu'il avait mis dix ans à te reconnaître comme sa fille. Pourtant, il me semble tenir à toi. Je n'ai pas trop compris la teneur de votre lien…

- Je suis navrée, Syd, mais cela ne te regarde pas.

La voix de Clarisse était nette, tranchante, et incroyablement triste. Il se tut.

- Pourquoi cela t'intéresse-t-il ? s'enquit-elle, tu penses que cela te donnera des clés pour toi-même ?

Il ne sut quoi répondre. Il était un peu trop curieux. A la base, il éprouvait une certaine forme de jalousie à l'égard de Clarisse qui pourrait se targuer d'être la fille d'un héros de guerre, mais… La vérité c'est que le regard perdu de la jeune fille, ce regard teinté de mélancolie, lorsqu'elle avait aperçu Sirius, l'avait touché. Ses grands yeux bleus, ce bleu sombre l'avait ému l'espace d'une seconde.

- Je te laisse tranquille, dit-il, bonne nuit…

Et il sortit dans le couloir.

Clarisse poussa un soupir et balança sa tête en arrière, les paupières closes, se prélassant une dernière fois dans ce bain qui était devenu comme sa maison. Elle se leva.

- La porte s'ouvrit brutalement. Syd était de retour. Clarisse se rassit mais cette fois-ci, son visage exprimait une vive colère :

- Mais par le diable, Rogue, qu'est-ce que…

- Ma mère arpente les couloirs ! cria-t-il, aussi blanc que le cul d'un moine. Il faut que je me cache, elle vient par ici !

- Mais sors et explique-lui la situat…

Syd avait sauté dans la baignoire tout habillé pour se cacher sous la mousse du bain. De larges éclaboussures se répandirent sur les murs et le sol. Clarisse se tétanisa. Elle sentait la présence étrangère entre ses genoux. Sa colère s'évanouit pour laisser place à la honte la plus vive et la plus insoutenable.

La porte tourna à nouveau sur ses gonds, l'eau du bain montrait encore quelques remous suspects :

- Clarisse, dit Madurei, le couvre-feu est passé depuis bien une heure… Tout va bien ?

Le professeur Madurei portait un peignoir aux couleurs de la maison serpentard. Elle semblait prête à se coucher. Mais on voyait à son regard affuté qu'elle cherchait quelque chose… ou quelqu'un…

- Ooh, déjà, fit Clarisse en tâchant de dissimuler son trouble, je… - les cheveux de Syd chatouillait ses cuisses-, je… Je n'ai pas vu le temps passé.

Le jeune homme manquait d'air, quoique petit-fils de néréide, il n'avait pas hérité de leurs dons… Madurei sourit, narquoise, et s'adossa contre le battant de la porte, les bras croisés. Elle se mit à faire un décompte décroissant, partant de dix…

- Trois, deux…

Et Syd sortit sa tête de l'eau, exsangue. Clarisse dissimula son visage, morte de gêne.

- Tsss… fit Madurei. Tout autre que moi, voyant une telle scène, pourrait mal l'interpréter… Je cherchais ton père, mon garçon, mais voilà que je tombe sur toi… Tu rends visite aux filles en cachette, maintenant ?

- C'est pas ce que tu crois ! dit le jeune homme, les yeux largement écartés.

L'eau dégoulinait de ses cheveux, il paraissait misérable, vidé de sa superbe. Clarisse demeurait prostrée, se dissimulant sous la mousse opaque.

- Tu as de la chance d'être tombée sur moi, poursuivit sa mère, on va régler ça en famil…

- MISS BLACK ! SYD ROGUE ! hurla une voix profonde et partant néanmoins dans les aiguës.

Le professeur Macgonagall venait d'apparaître derrière Madurei qui eut un léger sursaut.

- Que faisiez-vous donc ?! glapit la directrice. Un comportement des plus obscènes… INADMISSIBLE !

Rei leva les yeux au ciel, jeta un dernier regard sur son fils :

- Tu t'démerdes…

Et s'en alla en haussant les épaules, abandonnant Syd et Clarisse face à une Macgonagall des plus outrées.


Au petit matin, on avait convoqué les pères. Rogue et Sirius étaient dans le bureau de la directrice, chacun debout derrière sa progéniture. Clarisse portait les vêtements que Syd lui avait apportés. Macgonagall ne lui avait pas laissé le temps de se changer. Or ces vêtements étaient des pièces de rechange du jeune homme. Ce qui la rendait d'autant plus suspecte. Ils avaient passé le reste de la nuit dans le couloir, à attendre le moment de leur supplice. Rusard les avait surveillés, il avait pour consigne d'empêcher la moindre communication entre eux.

Clarisse n'osait pas exposer tous les faits : elle ne voulait pas apporter des ennuis à Morgane mais elle peinait du coup à raconter une histoire crédible. Elle tenta d'expliquer qu'elle avait été victime d'une blague et que Syd n'avait fait que l'aider. Mais les cris de Sirius et de Rogue qui passaient leur temps à s'insulter rendaient la tâche difficile. Syd observait un religieux silence, comme si le peu de cerveau qui lui restait s'était déconnecté.

A un moment, Sirius posa les mains sur l'épaule de sa fille :

- Vous vous êtes protégés au moins ?

- Nous n'avons rien fait… dit Clarisse d'une voix si incertaine qu'elle ne paraissait pas vraie.

« Je n'arriverai pas à les convaincre… » Elle se tourna vers Syd pour requérir son aide, surtout que tout était de sa faute, mais le jeune homme semblait absent.

- Je te jure que nous n'avons rien fait, papa, répéta Clarisse désespérée.

Rogue fit le tour de la chaise et plaça son visage devant celui de son fils. Syd sembla se réveiller et se crispa.

- Syd, dit Rogue, et son ton ne souffrait aucun mensonge, aucun artifice. As-tu eu, oui ou non, un comportement répréhensible ?

Il allait répondre que non, il allait confirmer les propos de la jeune serdaigle. Mais un souvenir l'étreint soudain. Il avait fermé les yeux, sous l'eau, il avait été correct, n'avait pas profité de la situation. Seulement… une sensation, un effleurement, les jambes de la jeune fille, fine, ciselée, le grain de sa peau qui effleura doucement sa joue, furtivement, brièvement, mais qui se retrouvait par le jeu de la mémoire nanti d'un goût d'éternité, lui fit monter le feu au visage.

Et Rogue crut y voir l'aveu que la faute avait été consommée.

- Menteuse ! hurla-t-il sur Clarisse.

Le professeur de potions s'écarta de son fils, les poings serrés. Macgonagall essuyait ses lunettes, toujours plus courroucée :

- Les histoires d'amour ne sont pas proscrites à Poudlard, mais les quartiers des préfets ne sont pas des baisodromes !

Ce mot dans la bouche de la directrice explosa comme la pire des injures.

- Un renvoi définitif serait la sanction la plus adéquate !

Clarisse fondit en larmes et se leva de son siège :

- Je peux prouver mon innocence, je suis vierge !

Syd se leva à son tour :

- Moi aus… Laissez tomber.

Il se rassit, immobile et rigide comme une statue.

Sirius prit sa fille dans ses bras :

- Ca suffit… Clarisse, je te crois. Tu n'as rien à prouver. Minerva, c'est certainement un malentendu. Vous qui les connaissez depuis toutes ces années… Vous les croyez vraiment capables de mentir ?

Macgonagall posa ses yeux sévères sur Syd.

- Enfin, je veux dire, croyez-vous Clarisse capable de ce genre de choses ? J'en ai déjà discuté avec vous tantôt, les serpentards lui mènent la vie dure en ce moment…

- Miss Black n'a jamais démenti les accusations qui sont portées contre elle…

- Peut-être que vous ne lui avez pas laissé l'occasion de s'exprimer ! s'énerva Sirius.

Clarisse, consumée par la honte, se désengagea des bras de son père et sortit en courant, le visage noyé de larmes.

Dans les couloirs, les élèves commençaient à déambuler, le château prenait vie. La salle principale se remplissait petit à petit. Clarisse s'y rendait, comme une automate, sans trop savoir ce qu'elle devait faire… Oubliant même qu'elle ne s'était toujours pas changée et qu'elle portait encore une tenue masculine de serpentard… Elle ne comprenait rien à ce qui se passait : pourquoi ce crétin de Syd Rogue n'avait rien dit pour les tirer d'embarras ?! Un nain de jardin eût été plus bavard ! Et sa mère, Madurei Rogue, elle avait semblé les croire ! Où était-elle ?!

« Calme-toi, Clarisse », se disait-elle, « ce n'est pas la peine de pleurer… Tout va s'arranger… Au pire, si tu es virée, tu iras dans un pensionnat pour moldu… Non, ne pleure pas, ne pleure pas… »

- Clarisse !

« Essaie de te reprendre, ne te laisse pas aller… »

- Pss… Clarisse !

« Tu vas trouver une solut… »

- Clarisse !

« ! MORGANE ! »

QUOI ?! hurla Clarisse en regardant vers le sol.

Mais elle ne vit pas de soupirail.

- Non, Clarisse, en haut.

La serdaigle leva la tête : Le visage de Morgane se trouvait derrière des grilles près du plafond.

- Il y a un système d'aération magiq…

- Ah, la ferme ! lâcha Clarisse en pressant le pas.

Las de ces facilités scénaristiques, la jeune fille se précipita vers la salle de banquet. Sur son passage, les élèves chuchotaient, médisaient, pouffaient. Quand elle entra dans la large pièce où étaient attablés la majorité des élèves de l'école, tous les regards se tournèrent vers elle.

- Clarisse…

C'était la voix de Syd Rogue. Il était derrière elle, suivi par Rogue, Sirius et Macgonagall. Et là, tout explosa dans la tête de Clarisse : mais oui, pourquoi cet abruti n'avait-il pas parlé ?! Quel mensonge, quelle vilénie, avait-il pu proférer en son absence ? Avait-il fait retomber toute la faute sur elle ?

Alors le coup partit. Un formidable, tonitruant et puissant coup de poing se ficha dans la figure du jeune Rogue et le fit littéralement décoller du sol. Il s'écrasa misérablement au pied de son père (qui ne savait pas s'il devait être ravi ou non), et furieuse, Clarisse s'exprima ainsi :

- FAMILLE DE DINGUES ! MAIS ALLEZ VOIR UN PSY TOUS AUTANT QUE VOUS ETES ! TOUT CE MERDIER PARCE QUE CE PETIT IMBECILE REFUSE D'EXPLIQUER QU'IL S'EST REFUGIE DANS MON BAIN POUR ECHAPPER A SA MERE ! PAYE TES COU*LLES EN CARTON, POV'C*N !

Ses doigts se crispaient dans ses cheveux, elle parut démente.

- Miss Black, dit Macgonagall, et la voix posée du professeur ramena Clarisse à la réalité. Syd Rogue s'est dénoncé… Nous savons que vous n'êtes coupable de rien…

Clarisse ouvrit de grands yeux.

Un élève de gryffondor se leva, extatique :

- Un Rogue sur quatre, Black, bravo ! Continue !

Mais comme il était seul à lever son petit bras vengeur, il se rassit sans mot dire.

Il y eut un moment étrange où plus personne ne parlait, Clarisse observait Syd gésir au sol, probablement inconscient – ou alors il faisait semblant pour s'épargner la honte de sa vie – puis elle entendit soudain le timbre chantant et triomphateur de Morgane qui venait de débarquer dans la grande salle :

- Pour Clarisse, hip hip hip…

Il ne se passa rien… la jeune Rogue battait frénétiquement des mains dans le vide… mais d'un coup une voix enchanteresse, venant de la table des professeurs, s'éleva :

- Entendez-vous ? fit Néréis, pour Clarisse, hip hip hip…

Et toute la salle lâcha un retentissant hourra puis un tonnerre d'applaudissements s'ensuivit : après tout, le spectacle de Syd Rogue se faisant exploser le nez avait de quoi réjouir les trois-quarts des élèves de l'école. Et étrangement, la musicalité dans chacun des mots de la néréide avait quelque chose d'ensorcelant…

Clarisse rougit, croisant ses mains dans son dos, et murmura à destination des adultes qui lui faisaient face :

- Désolée…