Dumbledore ne savait quoi penser sur le trajet qui menait à son bureau. Cette petite fille ne semblait pas être la fille de son professeur, mais semblait en revanche bien le connaître. Et comment avait-elle pu ainsi apparaître dans la grande salle de Poudlard ?
Rogue se tenait raide, planté au milieu du bureau.
- Asseyez-vous donc, Severus, dit Dumbledore doucement.
Rogue fit mine de poser la petite fille par terre, mais celle-ci s'accrocha à son cou de toute ses forces et cria :
- Non. Veux pas.
Rogue eut un soupir exaspéré et se résolut à s'asseoir en gardant la petite fille dans ses bras. Celle-ci finit par se tortiller pour se retrouver assise sur les genoux de Rogue. Elle planta son regard vert dans les yeux de Dumbledore et lui dit, espiègle :
- Toi, tu es Bubus.
Le professeur Mac Gonagall qui était entrée à leur suite dans le bureau était partagée entre s'indigner d'une telle familiarité et pouffer de rire à l'expression des deux hommes. Rogue fut le premier à réagir et il dit d'un voix polaire :
- Jeune fille, qui que vous soyez, vous allez me faire le plaisir de ne pas être impolie !
- Mais, toi aussi tu l'appelles comme ça tontonsev.
Dumbledore haussa un sourcil interrogateur alors que Rogue prenait une délicate teinte rosée que le directeur n'avait jamais vu sur le visage de son professeur.
- Albus, je …
- Non, non, Severus, je vous en prie. Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ?
- Mais je …
Voir son redoutable meilleur espion perdre ses mots était du plus hautement comique pour le vieux directeur. Mais son attention se reporta sur la petite fille qui le regardait toujours avec ses yeux malicieux. Merlin, qui était-elle pour avoir ces yeux là ? Associé à ces cheveux là ? Dumbledore déglutit péniblement pour une fois avant de demander calmement :
- Dis-moi, petite fille, comment t'appelles-tu ?
- Moi m'appelle Narly.
- Narly … comment, peut-être le sais-tu ?
- Moi m'appelle Narly.
- Et dis-moi, comment appelles-tu l'homme sur les genoux duquel tu te trouves actuellement ?
- C'est tontonsev !
- Tontonsev ? murmura doucement Dumbledore. Mon cher Severus, vous avez un frère ? Une sœur ?
- Albus ! Vous savez bien que non, voyons !
- Alors, dis-moi Narly, où est ta maman ? Et ton papa ?
- J'ai pas de maman. J'ai deux papa, ajouta la petite fille fièrement.
Dumbledore vit le professeur Mac Gonagall s'asseoir ou plutôt s'effondrer sur une chaise à côté du professeur Rogue. Il commença à entrapercevoir une possibilité qui lui donnait des sueurs froides.
- Et quel âge as-tu Narly ?
- J'ai trois ans, dit-elle en montrant fièrement ses trois petits doigts. C'était hier mon anniversaire et tonton Sev, il m'a offert un balai miniature pour faire comme papa.
Rogue manqua de s'étouffer en entendant cela.
- Mais enfin Albus, vous savez bien que …
- Je sais, Severus, je sais … Mais dis-moi Narly, sais-tu comment s'appelles tes papa ?
- Il y a Papary et Papadago.
Un grand silence pesa quelques secondes dans le bureau. Avaient-ils bien compris ce que cela pouvait signifier ?
- Tu disais, reprit Dumbledore lentement, que tes papa s'appellent …
- Papary et Papadago, coupa brutalement la petite fille en fronçant les sourcils. Dis tonton Sev, tu me montres tes cachots ?
- Jeune fille, vas-tu te taire et répondre aux questions du directeur ! Répliqua froidement Rogue. Et ensuite, va t'asseoir sur la chaise là-bas, tu es assez grande tout de même !
Rogue afficha le plus bel air hébété que Dumbledore n'avait jamais vu lorsque la petite fille se mit brutalement à hurler dans ses bras en agitant ses bras et ses jambes dans tous les sens. Parmi les hurlements, Dumbledore arrivait à repérer les mots « veux pas », « non », « méchant ». Clairement, la « proposition » de Rogue n'avait pas l'air d'enchanter la petite fille.
Le professeur Mac Gonagall s'avança alors avec un léger sourire, espérant se faire repérer de la petite fille. Cette vision arrêta net les pleurs de la petite fille. Si net que le professeur Dumbledore eut un léger doute sur la véracité de la colère. Mais si elle était ce qu'il pensait … bon sang ne saurait mentir … Rogue la regardait également d'un air suspicieux.
- Dis Minerva, tu fais le chat pour qu'on joue ? dit la petite fille avec un grand sourire en travers de ses joues barbouillées de larmes.
- Je … enfin …, balbutia le professeur de métamorphose prise de court.
- Allez ! Sipepait !
- Mademoiselle Narly, dit Rogue d'une voix doucereuse.
A ces mots, la petite fille se tassa sur elle-même en coulant un regard de biais vers lui.
- Vous allez cesser cette comédie et répondre aux questions de … Albus, vu ?
- Oui, tonton Sev, répondit la petite fille d'un ton soumis.
- Alors, tes papa sont donc … Harry et … Drago ? dit lentement Dumbledore.
Narly hocha la tête gravement avant de regarder Rogue en coin.
- Et comment es-tu arrivée ici Narly ?
- C'est Papadago qui a fait un sort sur Souricette, dit-elle en montrant fièrement la peluche verte qu'elle tenait dans ses bras. Il a dit que c'était un Pototemps.
- Un Pototemps ? Et pourquoi … papa Drago a fait cela ?
- Il a dit que tout se passerait mieux si Papary et lui se trouvaient plus vite. Avant qu'il devienne croquemort.
- Croquemort ? Répéta Dumbledore un peu perdu.
- C'est Papadago qui a dit. Et Papary lui a fait un bisou. Sur la bouche.
Et bien s'ils en doutaient encore …
- Dis tonton Sev, je peux aller jouer ?
Dumbledore et Rogue se regardèrent brièvement. Il fallait qu'ils en discutent. Sans la petite fille. Dumbledore jeta un peu de poudre dans la cheminée et y mit sa tête.
- Mme Pomfresh, voudriez-vous venir immédiatement à mon bureau s'il vous plait. J'ai une … mission un peu particulière pour vous.
Lorsque Narly comprit qu'elle devait suivre l'infirmière de Poudlard, elle commença à ouvrir la bouche pour hurler mais referma aussi vite la bouche lorsque Rogue lui dit sèchement :
- Ca suffit ! Jeune fille, vous suivez immédiatement Mme Pomfresh. Maintenant !
- Tu viendras vite tonton Sev ? Avec Papary et Papadago ?
- Je …
- Oui, Narly, le coupa brutalement Dumbledore. Il viendra vite te voir, fais confiance à Bubus, termina-t-il en lui faisant un clin d'œil.
Une fois la petite fille partie avec l'infirmière, Dumbledore, Rogue et Mac Gonagall se regardèrent. Dumbledore finit par prendre la parole :
- Ainsi donc, cette petite Narly serait la fille de Drago Malefoy et Harry Potter …
- C'est absurde enfin, Albus ! A ce que je sache Potter rougit et bafouille comme un gamin de deux ans devant une fille, mais certainement pas devant les garçons ! Et elle a trois ans !
- Mon cher Severus, il y a des vérités devant lesquelles on ne peut que s'incliner. Vous ne nierez pas le digne héritage Malefoy devant la blondeur de cette enfant, ainsi que devant sa rouerie, qu'apparemment elle a aussi l'habitude que vous détectiez. En revanche, ses yeux et son sourire … Ils appartiennent en droite ligne à Lily Evans, et donc à Harry Potter.
- Mais enfin, Albus ! Jamais Lucius ne laisserait faire cela à son fils ! Et certainement pas à treize ans ! Et je sais pertinemment que Drago veut maintenant désespérément devenir un fidèle de Voldemort pour venger l'humiliation de son père …
- Lucius est en prison actuellement Severus. Quant à la vengeance … Qui sait si elle ne peut pas s'effacer devant l'amour … Souvenez-vous des paroles de la petite. Ils l'ont renvoyée ici dans l'espoir qu'ils se trouvent avant que Drago ne devienne mangemort.
- Albus ! Vous avez mal compris ! La petite a dit qu'il était croquemort …
- Oh non, Severus, je ne pense pas me tromper. La petite a encore son langage enfantin. Pour une petite fille de cet âge, manger, croquer, c'est identique. Et donc mangemort est identique à croquemort pour elle … Tout comme un « Pototemps » me semblent diablement proche du mot portoloin sauf qu'il s'agirait du temps qu'il passe. Je ne sais pas ce que ces deux là ont réussi à créer dans le futur, mais ils semblent qu'il savent, enfin qu'ils vont savoir ce qu'ils veulent faire en envoyant leur fille ici, maintenant.
- Mais, que faire Albus, souffla le professeur Mac Gonagall. Vous savez combien ils se détestent … Cela empire d'année en année …
- Et bien je pense qu'il est bon que ces deux jeunes gens fassent la connaissance de leur fille dans un premier temps. Ensuite, comme une petite fille doit être éduquée par ses parents, nous allons leur fournir un appartement commun pour les trois. Affecter un elfe à la surveillance de la petite lorsqu'ils seront en cours et auront besoin de travailler leurs devoirs. Et ensuite … laisser faire la nature … La haine et l'amour sont les revers de la même médaille, Minerva, souvenez-vous en.
- Bien, ceci étant réglé, dit froidement Rogue, je pense que je peux retourner à mon cachot et enfin commencer mes cours ?
- Faites, faites Severus. Ah mais n'oubliez pas tout de même que tonton Sev a l'air d'avoir une grande place dans la vie de cette petite. Il faudra vous y faire dès maintenant …
- Vous … plaisantez Albus ? articula Rogue avec difficulté. Qu'est-ce que je sais de l'éducation d'une petite fille de trois ans ? Et elle a des pères non ? Même si je ne peux pas dire que je considère Potter comme un père fiable, quelque soit l'enfant !
- Mais vous vous en sortez très bien, Severus, avec elle. Mieux que nous, j'aurais tendance à dire, dit doucement Dumbledore avec ses yeux pétillants derrière ses lunettes. Puisque vous avez réussi à vous faire à la fois aimer et respecter de cette petite dans le futur, je vous charge de garder un œil vigilant sur les deux papas et leur fille … Très vigilant Severus, et donc très présent …