- passons aux choses délicates …
Harry sembla se renfoncer dans sa chaise, tandis que Drago se redressait dans l'espoir d'impressionner les mots à venir pour qu'ils ne l'atteignent pas.
- Avez-vous remarqué au moins la couleur des cheveux de la jeune Narly ?
Blonds comme les miens furent les mots qui faillirent jaillir de la bouche de Drago. Il ne dut qu'à l'éducation sévère de son père d'arriver à fermer sa bouche.
- Les siens, dit promptement Harry en désignant Drago, trop heureux d'accabler le serpentard. Celui-ci pâlit encore un peu plus que d'habitude. Mais il ne pouvait, malheureusement, contredire Potter.
- Exact Harry. Tout à fait exact. Maintenant, étant donné que vous n'avez pu voir la couleur de ses yeux, Minerva, pouvez-vous avoir l'obligeance de dire à ses messieurs quelle est la couleur des yeux de Narly ?
Mais avant que leur professeur de métamorphose n'ait pu ouvrir la bouche, ce fut Rogue qui cracha :
- Les siens !
Il pointait clairement Harry du doigt, oubliant toutes ses bonnes manières … Ce maudit Potter avait tenté d'enfoncer son filleul, il n'était pas question qu'il le laisse faire plus longtemps !
Harry perdit autant de couleurs que Drago quelques secondes auparavant. Dumbledore, le professeur Mac Gonagall et le professeur Rogue les regardaient tous les trois fixement.
- Vous n'êtes certainement pas sans savoir, jeunes gens, reprit très lentement le professeur Dumbledore sans les quitter des yeux, que certaines caractéristiques familiales se retrouvent à chaque génération qui passe. M. Malefoy, Drago tient sa blondeur de son père, et Harry tient les yeux de sa mère ….
Brutalement, dans un ensemble tout à fait touchant pour un observateur extérieur, ils crièrent simultanément :
- Je n'ai pas de fille !
- C'est exact, dit lentement Dumbledore. A l'instant présent, c'est exact. Mais … cette petite fille vient du futur …
Dans un élan de réflexion qui aurait fait la fierté d'Hermione, Harry lança tout à coup :
- Notre … petite fille ? Nous serons grands-pères d'une même petite fille ?
- Impossible ! Eructa Drago. Jamais je ne laisserai entrer un Potter dans ma famille ! Il faudra d'abord me passer sur le corps !
- Malefoy ! Hurla Harry. Les dragons seront des animaux domestiques avant que je ne laisse mes enfants fréquenter les tiens !
- Ce n'est pas votre petite fille, dit doucement Dumbledore ce qui eut l'avantage de laisser Harry et Drago bouche grande ouverte au milieu de leur colère. De sorte qu'ils purent clairement entendre ce qui raisonna comme une sentence à leurs oreilles :
- C'est votre fille selon tout vraisemblance.
Un silence de mort planait dans le bureau de Dumbledore. Harry et Drago s'étaient figés, la bouche ouverte, regardant le directeur incrédules. Ce fut le professeur Rogue qui les fit sursauter en déclarant abruptement :
- Dumbledore, inutile de tergiverser. Tant que Mme Pomfresh ne leur aura pas prouvé qu'ils sont réellement les pères de l'enfant, ils ne le croiront pas. Alors allons à l'infirmerie, qu'elle fasse son test devant nous et ensuite …
Il semblait accablé et furieux tout à la fois.
- Vous avez raison, Severus, dit Dumbledore en se levant. Messieurs, allons à l'infirmerie. Minerva, partez devant nous je vous prie. Que la petite Narly ne voit pas ces messieurs avant qu'ils n'aient eu la confirmation de leur statut de père. Harry ? M. Malefoy ? Vous nous suivez ?
Harry et Drago les regardaient horrifiés : ils avaient perdu l'esprit, tous ? Mais la lueur qu'ils aperçurent dans les yeux de leur directeur était trop directe, trop franche pour qu'ils ne puissent en tenir compte.
Drago finit par bondir sur ses pieds lorsque le directeur l'interpella tandis qu'Harry se levait avec réticence.
Drago avait fini par se reprendre. Il était maintenant certain que le test, dont il ne voyait pas de quoi il pouvait s'agir, allait prouver qu'il n'était pas le père de cette fille. Il avança donc d'un pas décidé vers l'infirmerie. Et une fois que cette affaire serait réglée, il allait pouvoir se payer la tête de Saint Potter une nouvelle fois ! Il repoussa au passage fermement une petite voix qui lui disait que franchement, son parrain ne l'aurait pas mis dans ce genre de situation s'il avait eu des doutes.
Harry avançait avec beaucoup plus de réticence et s'il n'avait pas eu le professeur Rogue juste derrière lui pour l'enjoindre silencieusement d'aller plus vite, nul doute qu'il aurait mis l'après-midi à arriver à l'infirmerie. Car il était persuadé que Dumbledore ne lui aurait pas dit cela sans être certain de ce qu'il avançait. Ce test allait donc résonner comme une condamnation. Il allait se retrouver père d'une petite fille. A seize ans. Sans la moindre trace d'une maman à l'horizon. Pire même : avec comme deuxième père son pire ennemi. Certes, il n'était pas innocent et avait connaissance de l'homosexualité, mais bon … Lui ? Attiré par les garçons ? Franchement, dans le futur, il devait en avoir subi de bien dures avec les filles pour avoir ainsi aussi radicalement changé ! Car Cho, enfin, c'était bien une fille ? Par lequel il avait été attiré non ? Il fit taire brutalement la petite voix de sa conscience qui lui disait que franchement cela avait bien été la seule et qu'il était assez enclin à regarder les plastiques des garçons plutôt que celle des filles … Mais uniquement les joueurs de quidditch professionnel, hein ? Enfin d'ailleurs, il ne regardait pas leur plastique, mais plutôt la façon dont ils jouaient et leur façon de tenir leur balai, hein ? Et puis, comment deux hommes peuvent faire un enfant ensemble ? Hein ? Rigoureusement impossible !
A leur arrivée à l'infirmerie, Mme Pomfresh s'affairait autour d'un chaudron tandis que le professeur Mac Gonagall était invisible. Elle les interpella brutalement :
- M. Malefoy, M. Potter, venez ici je vous prie. Nous n'allons pas y passer la journée !
Drago s'avança d'un pas conquérant, avant de s'arrêter net à la vue de l'aiguille que l'infirmière tenait à la main.
- Allons, ne faites pas l'enfant, vous, M. Malefoy ! Je vais simplement vous piquer le bout du doigt pour faire tomber une goutte dans ce chaudron !
Drago pâlit, mais serra les dents et tendit sa main à l'infirmière. Une fois la goutte tombée dans le chaudron, il se retourna goguenard vers Harry qui s'avançait avec appréhension.
- Alors Potter, tu as peur de la piqûre ?
Harry ne répondit pas, obnubilé par les volutes qui s'échappaient du chaudron. Pour une fois, cette potion ne sentait pas mauvais. Elle aurait même presque eu un parfum de rose. C'était ça peut-être le pire avec les potions. Celles qui étaient utiles pour guérir étaient infectes et les meilleures étaient les poisons. Et celle-ci allait sûrement se révéler un poison mental …
Il laissa Mme Pomfresh lui piquer son doigt et vit sa goutte de sang tomber dans la potion. Son sort était scellé.
- Bien, dit Mme Pomfresh d'un air satisfait, nous aurons la réponse d'ici quelques minutes messieurs. Je pense que le professeur Rogue vous a instruit sur la potion Comparatus Adenus ?
- Euh …, commença Harry, non …
Il craignait par dessus tout de ne pas avoir retenu le nom de cette potion en cours et donc de se faire retirer des points par son professeur de potions qui le regardait avec son œil noir.
- La potion Comparatus Adenus, grinça à mi-voix le professeur Rogue, permet de déterminer avec certitude si deux ou trois personnes sont parentes entre elles. Il suffit pour cela de mettre dans la potion une goutte de sang de chaque personne, attendre quelques minutes et voir quelle teinte prend la potion. Dans le cas qui nous intéresse, à savoir si vous êtes bien tous les deux les pères de la fillette, ce sera le cas si elle vire au vert pomme. Si un seul des deux est père, elle ne sera que bleue turquoise. Si vous n'avez aucun lien de parenté avec la fillette, elle restera brune comme elle est actuellement.
Ils attendirent en silence pendant que Mme Pomfresh tournait la potion avec sa baguette. Drago esquissa un sourire moqueur à l'adresse d'Harry lorsque celle-ci commença à prendre une teinte bleue. Harry consulta sa montre : trois minutes seulement ? Peut-être un peu tôt non ? Et puis bleu, cela pourrait aller aussi bien pour Drago que pour lui, non ? Donc, il restait un petit espoir : que la potion reste bleu et qu'en en faisant deux autres, une pour Drago et une pour lui, ce soit celle de Drago qui vire au bleu. Donc il se mit à supplier intérieurement la potion de rester bleue.
Hélas deux ou trois minutes plus tard, la potion commença à tirer vers le vert et une minute après, elle était d'un joli vert pomme. En fait, Drago et Harry étaient presque de la même couleur qu'elle. Drago tourna son regard vers son parrain, angoissé :
- Vous avez triché, hein ? C'est une blague ? Je vais me réveiller ?
- Drago, soupira le professeur Rogue. Il va falloir que tu assumes apparemment un peu plus tôt que prévu les responsabilités que tu choisiras d'avoir d'ici quelques années. Enfin, si on peut dire ainsi, maintenant …
Harry s'était assis sur une chaise : Drago Malefoy et lui avaient une fille qui s'appelait Narly. Il se répéta longuement cette phrase qui ne lui semblait pas plus réelle au bout de dix répétitions. Dix, vingt ou cent répétitions ne changeraient rien.
- Mais comment, commença-t-il en bredouillant. Enfin, je veux dire … nous … nous … nous sommes deux … garçons ?
Il avait terminé sa question avec une belle teinte écarlate sur les joues. Il vit son professeur de potions hausser les yeux au ciel et l'entendit marmonner des phrases dans lesquelles revenaient « ignorance », « stupide gryffondor », « n'écoute pas ses cours ». Drago n'avait même pas entendu la question, son regard paniqué allait de la couleur verte de la potion à l'air mi-navré, mi-amusé de Mme Pomfresh. Et lorsqu'il hochait négativement la tête, celle-ci se contentait de hocher affirmativement la tête.
- Harry, dit doucement Dumbledore. Le monde sorcier a trouvé depuis assez longtemps une méthode magique pour que deux hommes puissent avoir un enfant ensemble de façon … naturelle.
Le sérieux directeur avait failli s'étrangler légèrement sur ce mot, mais Harry n'ayant pas de parent sorcier pour l'éclairer sur cet aspect particulier de la sorcellerie, il fallait bien qu'il le fasse.
- Il suffit, reprit-il, que les deux hommes puisse se procurer une fleur de Velastenia, une cinquantaine d'autres ingrédients et qu'ils trouvent un préparateur de potions suffisamment habile pour réaliser cette potion. Et l'homme qui la boit peut devenir … enceint de son … partenaire.
Ouf, il était au bout, il l'avait dit. Mais tout en le disant, il lui vint à l'esprit une autre idée qui le dérangeait un peu. Un préparateur de potions suffisamment habile ? Mais alors, se pourrait-il que ….
Il ne put s'empêcher de se retourner vers Severus l'air interrogateur et un peu amusé. Celui-ci finit par suivre le cheminement de pensée de son directeur et …
- Ah non ! Je n'ai jamais rien préparé de la sorte, Albus !
- Mais vous en seriez capable, Severus, n'est-ce pas ?
Ce fut un grand moment de solitude pour le maître des cachots de Poudlard. Capable ? Evidemment ! Sûrement plus que ces deux là ! Potter était irrécupérable en potions et Drago … Et bien Drago n'en serait sans doute jamais capable non plus, bien qu'il soit, mais ce n'était pas très difficile, meilleur que Potter en potions ! Mais avouer cela, c'était presque avouer qu'il l'avait fait, enfin qu'il le ferait, ce qui revenait au même à présent. Mais lui ? Cautionner … ça ? Accepter que son petit filleul devienne le compagnon de … Potter ? Merlin, l'idée même lui faisait froid dans le dos !
- Vous en êtes capable, dit Dumbledore avec un léger rire dans la voix maintenant.
- Mais je … je ne peux pas avoir fait cela Albus ! Protesta énergiquement Severus.
- Severus. Tout porte à croire que bien des relations vont changer dans les années à venir, Narly en est le vivant exemple. Alors …
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RAR :
Menolly () : donc cette fois tu vas la lire au fur et à mesure ? J'en serais heureuse !
