Chapitre 24 : Comment les faire tous sortir de leurs gonds ?

Le dernier samedi de décembre avant les vacances voyait l'affrontement de gryffondor et pouffsouffle pour la coupe de quidditch. Drago avait été narquois en voyant le peu d'appétit du gryffondor au petit déjeuner et ne s'était pas privé pour le railler sur son émotivité. Narly n'avait pas été sans sentir la tension et demanda :

- Pourquoi tu te moques de Papa Harry, Papadago ?

Narly avait en effet appris à bien prononcer le nom d'Harry à la grande déception de Drago car elle n'arrivait toujours pas à améliorer son prénom à lui.

- Harry a peu de mal à manger car il a peur de rater le vif d'or, Narly.

- C'est quoi le vif d'or ?

- C'est la plus petite balle au Quidditch qu'Harry doit attraper pour gagner, expliqua Drago. Le match a lieu tout à l'heure.

- Je peux venir voir ?

- Tu sais bien que non, Narly. Tu resteras ici avec Matty pendant qu'Harry jouera.

- Et toi ?

- Je serai dans les tribunes, Narly. Comme tous les élèves de l'école.

- Et pourquoi pas moi ?

- Parce que tu es trop petite, trancha Drago.

Narly ouvrit la bouche et leur vrilla à nouveau les tympans en hurlant :

- C'est pas juste ! Je suis pas petite ! Je suis grande ! Je veux voir Papa Harry sur son balai !

C'en fut trop pour la nervosité d'Harry qui sortit brutalement de table et de l'appartement. Il trouverait du calme aux vestiaires. Lorsque Ron lui jeta un œil interrogateur pour savoir pourquoi il était là largement avant les autres, il lui souffla dans l'oreille :

-Narly a fait une crise parce qu'elle ne peut pas voir le match !

Ron grimaça à cette réponse car il détestait voir la petite fille faire une crise et devait bien s'avouer qu'il était prêt à tout lui céder pour avoir la paix dans ces cas là. Le tout sous l'œil courroucé d'Hermione, bien sûr. Bien qu'ils sachent qu'ils s'étaient mis ensemble dans le futur, ils continuaient à se chercher l'un l'autre. Tantôt ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre, parfois ils explosaient l'un contre l'autre, Ron reprochant à Hermione de ne voir que les études, et Hermione reprochant à Ron de ne rien voir des études justement. Il fallait bien avouer qu'ils n'avaient plus Harry pour s'épancher car celui-ci, par la force des choses, ne partageait plus avec eux ni les repas, ni les discussions avant le coucher qui leur permettaient de se dire tant de choses.

Ils chassèrent tous les deux Narly e de leur pensées lorsque le match commença. L'équipe de Poufsouffle n 'était pas de taille à poser de gros problèmes aux gryffondors et ils menèrent rapidement au score. Il ne restait à Harry qu'à attraper le vif d'or et ils pourraient rentrer au château. Ce qui ne serait pas de refus car les premiers flocons de neige commençaient à tourbillonner. Et rapidement les quelques flocons se transformèrent en grosse tempête. C'est pour cela qu'Harry plongea immédiatement dès qu'il aperçut l'éclair doré. Il savait que l'attrapeur des Poufsouffle était juste derrière lui, mais il avait confiance dans les capacités de son balai et surtout ses capacités à lui. Le vif serait à lui encore une fois.

Drago sentit immédiatement l'instant où Harry avait vu le vif. Il grimaça intérieurement car il devait bien avouer que voir le vif dans un tel tourbillon de neige … Harry était sans conteste extrêmement doué comme attrapeur. Son regard était exclusivement braqué sur Harry. Il savait qu'il retenait son souffle dès qu'Harry faisait un virage un peu trop serré à son goût. Il prit à cet instant, aussi insolite que cela paraisse compte tenu des circonstances une résolution ferme et définitive selon le raisonnement suivant : puisqu'il aurait dans le futur une petite fille, petite diablesse plutôt, prénommée Narly avec Harry Potter, et qu'il se trouvait présentement à l'éduquer avec ce même Harry, qu'il ne trouvait pas de satisfaction avec d'autres partenaires, que le gryffon l'attirait énormément et que son futur avait l'air d'être au comble du bonheur avec lui, il allait tout simplement jeter son dévolu sur lui. Il allait commencer à le draguer en bonne et due forme. Et il n'était pas encore né celui qui résisterait à un Malefoy.

Il était encore soufflé intérieurement par cette décision qu'il savait irrévocable lorsque le stade trembla de l'autre côté car Harry venait d'attraper le vif d'or et les gryffondors manifestaient leur joie de façon assourdissante. Il aperçut Harry de loin et imagina plus qu'il ne vit son visage rayonnant alors qu'il tendait le poing bien haut pour que chacun puisse tenter d'apercevoir le vif pris au piège. Aux clameurs des gryffondors vinrent bientôt se mêler des hurlements et une certaine agitation se fit sentir dans la tribune des professeurs. Dumbledore s'était mis debout, inquiet et Remus et Severus pointaient leur baguettes vers un point que Drago voyait mal. Lorsqu'il vit enfin ce qui provoquait leur stupeur, il se figea sur place.

Narly.

Il n'y avait qu'elle pour avoir cette taille, ces cheveux blonds dans l'école. Mais sur quoi était-elle juchée ? Un … balai ? Non ! Impossible ! Elle ne pouvait pas avoir trouvé un balai dans Poudlard ! Elle prit soudain de la hauteur et se mit à hurler de peur. Ce hurlement stoppa net les acclamations des élèves et attira l'attention d'Harry. Drago le vit lâcher brutalement le vif et se lancer à pleine vitesse vers Narly. Celle-ci, dans son affolement, ne pouvait que hurler en s'accrochant désespérément au balai auquel elle imprimait des mouvements saccadés qui la faisait ballotter dans tous les sens. Sauf en direction du sol. Elle s'élevait de plus en plus. D'autres joueurs avaient bien tenté de la rattraper, mais rapidement il fut clair que seul le balai d'Harry était en mesure d'aller plus vite.

Tous les joueurs de Quidditch suivaient les évolutions de la petite fille en se positionnant en dessous. Ils savaient qu'ils tenteraient de la rattraper si elle tombait. Mais elle ne tombait pas. Elle ne lâchait pas le balai. Mais elle montait et Harry éprouvait toutes les peines du monde à suivre ses mouvements incohérents.

Harry s'époumonait à crier à Narly d'appuyer sur le balai pour descendre au lieu de tirer dessus, mais il n'y avait rien à faire. Elle était trop tétanisée par la peur pour l'entendre, et encore moins obéir. Au bout d'un temps interminable selon Drago, il réussit enfin à s'approcher suffisamment d'elle pour la ceinturer et l'amener sur ses genoux. Il ignora purement et simplement les clameurs et se dirigea immédiatement vers le château. Merlin. Elle n'avait même pas mis son manteau. Il ne vit pas le balai dont elle s'était servi atterrir dans les bras de Severus qui fit aussitôt une belle grimace en le voyant. Il ne pensait qu'à une seule chose : la faire soigner par Mme Pomfresh et ensuite lui passer un savon carabiné. Elle ne remontrait pas de sitôt sur le balai offert à nouveau par Severus quelques semaines auparavant. Pas avant le printemps au moins !

Il fit exploser la vitre de l'infirmerie sans un mot et atterrit sans autre forme de procès. Un bref coup de baguette et la vitre fut aussitôt réparée. Ses progrès en sortilèges informulés étaient spectaculaires.

- Où as-tu eu ce balai ? Parvint-il à grincer entre ses dents.

- Papa Harry, je …

- Je t'ai pose une question, hurla-t-il. Où as-tu eu ce balai ?

- Dans la chambre à Papadago, répondit la petite fille dans un murmure les yeux apeurés.

Jamais Harry ne s'était emporté de la sorte contre elle. Harry serra les poings de rage. Drago. Il allait lui faire la peau cette fois. Pourquoi cet inconscient n'avait-il pas laissé son balai comme tous les autres à la garde du professeur Bibine ?

- Comment as-tu osé prendre son balai et monter dessus ? Gronda-t-il à nouveau.

- Je voulais faire comme toi, Papa Harry, commença à pleurnicher Narly.

- Ca suffit les pleurnicheries, hurla Harry. Tu te rends compte que tu étais incapable de revenir au sol si je n'avais pas été te chercher ? Que tu aurais pu te tuer si tu étais tombée ? Pourquoi crois-tu que tu as un balai pour enfant ? Quand est-ce que tu vas commencer à nous écouter un peu ? A nous obéir ? A arrêter de n'en faire qu'à ta tête ?

Narly s'était recroquevillée sous ces hurlements et pleurait de plus belle. Il fut interrompu par la porte de l'infirmerie qui s'ouvrit brutalement sous la poussée de Mme Pomfresh, talonnée par Dumbledore, Severus et Remus.

Harry était dans un tel état de fureur, il avait eu tellement peur pour elle, que dès qu'il les vit arriver, il empoigna son balai rageusement, et faillit leur marcher sur les pieds en disant :

- Voilà. Elle est entière. Maintenant, j'ai deux mots à dire à Drago, moi ! Et c'est pas la peine de me la ramener trop vite ! Sinon, je vous jure qu'elle va passer un mauvais quart d'heure !

- Harry, commença Remus.

- Non ! Hurla Harry en retour. Débrouillez-vous avec elle ! Vous ne serez pas trop de quatre !

Et pour être sûr que Remus ne le retienne pas, il viola sans regret un article du règlement de Poudlard : il enfourcha son balai et décolla sans attendre pour rejoindre au plus vite son appartement. Au diable les conséquences. Il fallait d'abord qu'il mette la main sur ce serpentard de malheur pour lui expliquer sa façon de penser.

Dumbledore posa sa main sur le bras de Remus dont le visage avait tourné à l'orage devant une telle insolence, et dit simplement :

- Laissez le temps à la vapeur de tomber, Remus. Vous aurez le temps de le sermonner pour cette sortie lorsqu'il sera remis de la peur qu'il a eu.

- Et le temps de le mettre en retenue, surtout, pesta Remus. Non, mais, depuis quand il me parle sur ce ton, peur ou pas ?

- Ca y est ? Tu remarques enfin l'insolence de ce gamin ? Railla Severus.

- Oh, toi, Severus, je serai toi, je me ferai tout petit aussi, dit Remus en le fusillant du regard. Car je te rappelle que c'est grâce à l'arrogance de ton cher filleul qui ne pouvait supporter l'idée que son précieux balai côtoie les autres balais de l'école qu'on en est arrivé là. Alors dans ma tête, je peux te dire que la retenue ils la méritent tous les deux ! Et qu'il a intérêt à m'éviter dans les couloirs s'il ne veut pas apprendre par lui même le mot partialité !

- Comment oses-tu le menacer ? Il n'a rien fait !

- Ah oui ? Et depuis quand les élèves gardent-ils leur balai dans les dortoirs, hein ? Le règlement a changé sur ce point, Albus ?

- Non, Remus, il n'a pas changé, dit Dumbledore d'un ton apaisant, mais …

- Alors ce cher Drago Malefoy est aussi coupable qu'Harry de transgression de règlement ! Qu'il soit ton filleul ou pas ne change rien là dessus ! Alors je te prie de croire qu'il va aussi être puni pour cela !

- Je t'interdis de donner une quelconque punition à Drago pour ça, hurla Severus. Narly n'avait qu'à obéir, pour une fois !

- Elle n'a que trois ans Severus ! S'époumona en retour Remus. Comment veux-tu qu'elle n'ait pas envie d'aller voler comme son père ? D'autant que je te rappelle que c'est toi qui a formellement refusé que je le prenne avec moi dans la tribune des professeurs ! Si tu ne t'étais pas buté de la sorte, on n'en serait pas là !

- Et puis quoi encore ? Ca va bientôt être de ma faute ? Rugit Severus au comble de l'énervement.

Ils auraient continué encore un bon moment de la sorte s'ils n'avaient été soudain réduits au silence l'un et l'autre par Dumbledore.

- Messieurs, cela suffit maintenant, ordonna-t-il d'un ton assez froid. Vous allez me faire le plaisir de régler votre dispute, qui tient d'ailleurs plus de la dispute conjugale que d'un échange de points de vue entre deux professeurs, dans l'un ou l'autre de vos appartements. Mme Pomfresh, comment va Narly ?

- Je ne serai pas étonnée qu'elle attrape un rhume ou une bronchite dans les jours à venir, mais M. Potter et M. Malefoy me l'amèneront s'ils en ont besoin … Mais elle n'a pas l'air de se ressentir outre mesure de sa balade sur balai sinon.

- Parfait, trancha Dumbledore. Remus, Severus, vous ramenez Narly à l'appartement. Et vous m'envoyez Harry et Drago. Et vous vous occuperez d'elle pour dîner car je vais avoir une petite conversation avec les deux ce soir.

Narly s'était entre temps accrochée à Mme Pomfresh comme pour laisser passer l'orage. En entendant la dernière phrase, elle tendit ses bras à Severus avec un grand sourire avant de se recroqueviller sous son regard polaire.