Drago était rentré inquiet à l'appartement. Il avait bien vu Harry qui se dirigeait droit vers le château, mais il ne savait pas exactement où il avait pu atterrir. Il avait bien vu Severus le foudroyer du regard en lui montrant le balai qu'il tenait à la main, mais quoi ?
Le balai …
Narly était montée sur un balai d'adulte …
Il se précipita dans sa chambre et poussa aussitôt un gémissement en voyant la porte du placard ouverte.
Narly lui avait pris son balai.
Lequel n'aurait jamais dû être là au vu du règlement de l'école.
Drago soupira longuement : les ennuis n'étaient pas prêts de s'arrêter. Mais qu'est-ce qu'il y pouvait aussi si cette gamine n'arrêtait pas de désobéir ? Oui, mais toi tu avais obéi au règlement, rien de tout cela ne serait arrivé, susurra sa conscience.
Il ruminait ces pensées moroses en essayant mentalement de se disculper lorsque la porte de l'appartement s'ouvrit dans un grand fracas et se referma aussi brutalement. Il grimaça en entendant le hurlement :
- Malefoy !
Mauvais, ça. Très mauvais. Harry était suffisamment en colère pour utiliser son nom de famille … Il avait déjà réfléchi : il n'y avait aucune chance qu'Harry n'ait pas reconnu son balai, malgré la tempête de neige. Alors il sentait bien que tout le tempérament explosif d'Harry, qu'il avait assez bien maîtrisé ces dernières semaines, allait sauter comme un bouchon de champagne après avoir bien agité la bouteille. Le seul souci était que c'était lui, Drago, qui était sur la trajectoire du dit bouchon …
La porte de sa chambre s'ouvrit sans plus de douceur et ce qu'il vit, pétrifia Drago sur place. Merlin, il reconnaissait qu'Harry devenait de plus en plus séduisant à ses yeux, amis là, sous l'effet de la colère … Il était à la fois diaboliquement séduisant et parfaitement terrifiant. Il faudrait peut-être qu'il arrive à le mettre dans cette rage noire pour qu'il arrive à battre Voldemort ?
- Qu'est-ce que ton balai fichait dans cet appartement, sombre abruti ?
- Comment va Narly ? Répondit Drago calmement en essayant de cacher à Harry sa propre peur devant sa colère.
- Ah non, tu ne vas pas t'en tirer comme çà ! Hurla Harry. Elle est à l'infirmerie, avec Pomfresh, Dumbledore, Rogue et Remus et on verra bien après ! Réponds à ma question ! Pourquoi ton balai était-il ici ?
- Harry. Ce n'est pas de ma faute si Narly fouille dans mes affaires ! Tenta de raisonner Drago.
- Pas de ta faute ? S'époumona Harry. Tu gardes ton balai ici au lieu de le remettre à la garde de Bibine et tu viens me dire que ce n'est pas de ta faute ? La ferme, hurla-t-il encore un cran au dessus alors que Drago ouvrait la bouche. Est-ce que tu as une petite idée de ce que j'ai pu ressentir en voyant que j'étais le seul à pouvoir la rattraper ? Qu'on était déjà à trente mètres de haut lorsque j'ai pu la choper ? Que j'ai du pousser l'éclair de feu au maximum pour pouvoir la suivre ? Mais non évidemment, ton cœur froid ne peut pas savoir ce que j'ai pu ressentir, moi, en voyant ma fille à deux doigts d'une chute fatale !
Sa voix s'était cassée sur ces derniers mots et Drago le vit partir brutalement vers sa propre chambre à sa plus grande stupéfaction. Il resserra préventivement sa main sur sa baguette pour se défendre au cas où et se décida à aller le voir pour … oui, bon, d'accord, il faudrait peut-être en passer par des excuses …
Le salon était vide mais la porte de la chambre d'Harry était grande ouverte. Il s'avança avec précaution et vit qu'Harry s'était jeté sur son lit à plat ventre et il entendait de drôles de bruits étouffés.
Le cœur de Drago se serra à sa grande surprise lorsqu'il comprit qu'Harry étouffait ses pleurs dans son oreiller. Quelques mois auparavant, il ne serait pas privé de se moquer de lui pour ce qui lui apparaissait comme un tempérament de mauviette, mais maintenant. Il était touchant. Ni plus, ni moins. Il comprit en un éclair qu'Harry avait prit son cœur, comme clairement il l'avait pris dans le futur d'où Narly venait. La souffrance d'Harry lui broyait le cœur, mais il savait aussi qu'il n'avait aucune idée de savoir comment s'y prendre pour faire lui comprendre qu'il comprenait vraiment sa réaction, même si lui était incapable de verser une larme. Comment avait-il pu changer d'opinion sur le gryffondor en seulement trois mois, il n'en avait aucune idée, mais les faits étaient là.
Il se contenta de s'asseoir avec précaution sur le lit à côté d'Harry et dit difficilement d'une voix sourde :
- Je suis vraiment désolé Harry. Je n'aurai pas du ramener mon balai ici à la portée de Narly vu ce dont elle est capable.
Harry avait eu trop peur pour Narly pour se soucier de la réaction du serpentard à ses larmes. Mais ces excuses prononcées doucement, sans la moindre contrainte, lui allèrent droit au cœur. Il se retourna brusquement. Personne d'autre dans la pièce que Drago.
Drago reprit un peu railleur, après avoir observé le manège d'Harry :
- Non, tu n'as pas rêvé. C'est bien moi qui me suis excusé !
Harry finit par dire suspicieux :
- Tu as bu, Drago ? Tu as tenté de te saouler pour oublier l'énormité que tu as faite ?
Drago n'eut pas le temps de répliquer que la porte s'ouvrit à nouveau assez violemment.
- Drago ! Gronda Severus.
- Je suis là, soupira Drago en se rapprochant du salon.
- Qu'est-ce que tu fais dans la chambre d'Harry ? demanda aussitôt Severus suspicieux.
- Je … on discutait, dit Drago.
Bon, il n'allait pas non plus avouer à son parrain qu'il venait de s'excuser non plus ? Ceci dit devant l'air interrogateur de son parrain, rapidement remplacé par un air entendu, il eut soudain une petite pointe d'angoisse.
- Ah ? C'est comme cela que vous appelez ça maintenant ? La discussion ? Et pour discuter Harry a besoin de retirer ses lunettes ?
- Hé, mais qu'est-ce que tu insinues là ? Demanda Drago vaguement inquiet.
- Je n'insinue rien. Je constate, fit Severus railleur. Si vous fermiez la porte de la chambre pour vos … discussions, cela éviterait à ton copain de se rhabiller au vu et au su de tout le monde …
Harry s'était figé sur place tout en se rhabillant effectivement. Mais qu'est-ce qu'il entendait par là ? Oui, il fallait bien qu'il se rhabille parce qu'il n'en avait pas eu le temps juste après le match de Quidditch et alors ?
Il eut soudain un éclair lorsqu'il vit les sourires entendus de Remus et Severus. Ajoutés à la légère rougeur de Drago qui protestait :
- Tu crois vraiment que j'aurai pu penser à ça après ce qui s'est passé avec Narly ? D'ailleurs, Narly, on va avoir une bonne petite explication, toi, Harry et moi. Depuis quand as-tu …
- Plus tard, le coupa brutalement Remus qui avait à nouveau froncé les sourcils à ce rappel. Pour l'instant, vous filez tous les deux chez Dumbledore, et vous n'avez pas intérêt à traîner en route, c'est moi qui vous le garanti ! Nous, nous allons commencer à expliquer quelques petites choses à Narly, puisque vous n'avez pas l'air de l'avoir fait. Maintenant, chez le directeur. Et plus vite que ça !
Drago était stupéfait de ce ton tranchant qui n'aurait pas déparé dans la bouche de son parrain. Il regarda sans comprendre Harry qui baissait la tête et qui prenait le chemin de la porte sans rien dire. Au vu du regard redevenu orageux de Severus, il ne tenta pas non plus sa chance et le suivit sans un mot. Ce n'est qu'une fois dans le couloir qu'il finit par demander :
- Il avait franchement l'air en colère Remus.
- Mmm, grommela Harry. J'étais un peu énervé à l'infirmerie où j'avais conduit Narly et je crois que j'ai un peu crié sur lui …
- Un peu crié ? Ou hurlé comme tu as hurlé sur moi ?
Harry eut la bonne grâce de s'empourprer mais ne répondit pas.
- Je vois, dit Drago. Une après-midi de rêve : Narly me fauche mon balai, manque de se casser le cou et mon balai avec, tu hurles comme un putois sur un professeur, je te le rappelle tout de même, et Severus croit dur comme fer que nous sommes ensemble parce que je suis allé m'excuser dans ta chambre et que tu étais débraillé à la sortie de cette chambre !
- Mais ce n'est pas de ma faute si j'étais débraillé ! Tu crois que j'ai eu le temps de me rhabiller après le match ?
- Harry ! Pour une fois que je ne dis pas que c'est de ta faute ! Ecoute un peu ! Je t'ai juste résumé ce que Severus pense ! Et pour finir, nous allons encore une fois chez le directeur ! Si je me tenais dans je ne sais même pas combien d'années, je te jure que …
- Dix ans, dit Harry sobrement.
- Hein ?
- Nous avons renvoyé Narly ici dans dix ans. C'était dans ma lettre.
- Et évidemment, tu n'as pas pensé à me le dire ?
- Et qu'est-ce que ça change que ça soit dans dix, vingt ou trente ans ?
Drago réfléchit un instant. Pas grand chose en fait, Harry avait raison. Mais ils n'avaient pas mis longtemps à se trouver alors ? Bon il allait sur ses dix-sept ans, donc il avait renvoyé Narly à même pas vingt-sept ans, donc elle était née, il n'en avait pas encore vingt-quatre et Harry à peine plus de vingt-trois. Donc, et donc il s'était à peine écoulé cinq ans entre leur sortie de Poudlard et la naissance de Narly ?
- Bon, bref, reprit-il après son calcul, j'ai du te séduire en maximum six ans entre maintenant et la naissance hypothétique de Narly.
- Et pourquoi ce serait toi qui m'aurait séduit et pas le contraire ? Protesta Harry, piqué dans sa fierté.
- Ah oui ? Ricana Drago. Tu as fini par te découvrir un penchant pour les hommes en ces trois mois ?
- Je n'ai pas dit cela ! Protesta Harry en rougissant.
- Alors c'est bien ce que je disais ! C'est bien moi qui vais m'y coller à te séduire !
- Il n'en est pas question ! S'insurgea Harry. Je te l'interdis formellement, tu entends !
- Harry, Harry, soupira Drago. Je n'ai pas dit que j'allais le faire là, simplement que de là où vient Narly c'est moi qui ai du le faire, vu ?
- Mmm, vu sous cet angle, marmonna Harry. Peut-être, admit-il du bout des lèvres.
Drago rumina le reste du trajet. Et bien au vu de la réaction d'Harry, ce n'était pas gagné pour le séduire. Bon, d'abord il faudrait convaincre Harry qu'il préférait les hommes. Car Narly ou pas, son orientation sexuelle n'allait pas changer puisque la petite fille était là. Il fallait simplement lui en faire prendre conscience. Ensuite, le persuader de faire ses premiers essais avec lui, Drago Malefoy. Quoi de plus logique puisqu'ils avaient une fille qu'ils avaient conçu ensemble dans le futur ? Pour terminer, le convaincre qu'il était inutile qu'il aille voir ailleurs. Simple comme plan, non ?
Bon, à présent, il fallait subir le savon du directeur, ensuite sûrement celui de Severus. Ceci fait, il aurait l'esprit libre pour attaquer la première partie de son plan.
