Ils se retrouvaient à nouveau ensemble devant la gargouille pour la troisième fois de l'année. Et le premier trimestre n'était pas terminé. Drago était un peu inquiet malgré tout concernant la réaction inhabituelle de Remus et il finit par questionner alors qu'ils attendaient que la gargouille s'ouvre :
- Tu as vraiment hurlé sur Remus ou juste répondu un peu brutalement ?
Harry le foudroya du regard.
- Vraiment hurlé, lâcha-t-il sarcastique. Content ? Tu seras débarrassé de moi jusqu'à la fin de l'année après le dîner si ça se trouve ! Comme ça tu auras l'appartement pour toi tout seul ! Tu devrais être heureux non ?
- Et selon toi, le nargua Drago, pourquoi cela devrait me rendre heureux ?
Harry rougit délicatement en fixant ses chaussures.
- Comme ça tu seras tranquille pour profiter de tes conquêtes en toute tranquillité ! Ce n'est pas ce que tu attends, dit-il crânement en relevant la tête pour regarder le serpentard qui affichait un air amusé.
- Perspective intéressante, murmura celui-ci sans le lâcher des yeux. Encore faudrait-il que ma conquête comme tu dis soit au courant de l'existence de Narly. Ses jouets qui traînent partout dans le salon apporteront forcément des questions …
- Parfait, répliqua Harry, comme ça tu pourras ranger à chaque fois !
- Ah non, s'insurgea Drago. Elle est tout de même assez grande pour le faire, Harry !
Harry s'apprêtait à répondre lorsque la gargouille pivota. Il jeta un coup d'œil angoissé au serpentard, mais celui-ci monta l'air impassible. Il pesta en lui même : mais comment ce maudit ange aux yeux gris arrivait-il autant à rester impassible alors qu'ils allaient probablement se prendre le savon du siècle ?
Hein ?
Comment ça ange ?
Depuis quand pensait-il à Drago comme à un ange ?
Il se secoua mentalement lorsqu'il arriva dans le bureau de Dumbledore. Lequel les attendait derrière son bureau, l'air grave. Pour la première fois dans ce bureau à la connaissance d'Harry, Dumbledore ne fit aucun geste pour faire apparaître des sièges pour ses visiteurs. Il se contentait de les dévisager tous les deux sans dire un mot.
- Messieurs, commença-t-il gravement. Pour le manquement au règlement de M. Malefoy qui a failli coûter la vie à votre fille, puis pour le comportement inadmissible de M. Potter envers l'un de ses professeurs, j'ai décidé de vous infliger moi-même une sanction. Vous allez me rédiger six rouleaux de parchemins sur vos devoirs en temps que pères de Narly et élèves de cette école. Je veux que ces six rouleaux soient rédigés en commun, et croyez moi que je saurai parfaitement de qui viennent les idées. Messieurs, vous ne quitterez pas ce bureau avant d'avoir terminé. Au travail.
Des rouleaux de parchemin vierges ainsi qu'une plume et un encrier apparurent à même le sol. Harry n'avait jamais vu Dumbledore sévir. Même lorsqu'il avait cassé son bureau en juin dernier, jour de la mort de Sirius, il ne lui avait rien reproché. Dumbledore quitta le bureau sans un regard pour eux.
Harry s'assit lourdement sur le sol et grommela :
- Devoirs de père et d'élèves. Six parchemins. Ca va être coton pour avoir des idées pour remplir six parchemins.
- D'abord, trouver une chaise, Harry. Il est hors de question que je m'asseye par terre, pesta Drago.
- Ne perds pas trop de temps avec cela, répliqua Harry. Ou au moins donne mois tes idées que je les note en plus des miennes …
- Parce que tu as des idées, toi ? Railla Drago.
- Ca finira bien par venir, riposta Harry. Et franchement à t'agiter comme cela comme un lion en cage, tu ne m'aides pas à réfléchir !
- Evidemment, pour une fois qu'il faut que tu fasses un devoir tout seul sans Hermione derrière toi, tu es perdu, Harry !
- Parce qu'Hermione est toujours derrière moi lorsque je fais mes devoirs à l'appartement ? s'emporta Harry. Première nouvelle !
- Elle a du te laisser ses notes à chaque fois, c'est tout, se moqua Drago.
C'était plus fort que lui, Harry en colère était positivement adorable.
Harry lui jeta un regard noir, mais il finit par se rappeler la raison pour laquelle il était coincé ici. Il fallait absolument qu'il arrive à ne pas s'énerver. Même lorsque le serpentard l'asticotait de la sorte. Il n'avait vraiment pas envie de voir Dumbledore débarquer dans son bureau au milieu d'une nouvelle colère et d'écoper de rouleaux de parchemins supplémentaires. Il tenta donc de mettre en pratique la technique de Remus face à Severus car il lui avait un jour demandé comment il faisait pour ne jamais s'énerver face à lui :
- Les serpentards adorent mettre en rogne les autres, tout en gardant leur impassibilité. Mais je peux te dire que celle-ci peut vite voler en éclat si au lieu de les contrer, tu reprends leurs arguments pour te tourner toi-même en dérision. Ils savent que tu n'en penses pas un mot, mais sont profondément exaspérés de se voir percés à jour et de constater que tu n'as pas l'air d'attacher d'importance à leurs piques. En gros, tu pratiques l'autodérision à outrance, et là, je peux te dire que tu les mets en rogne.
- Allez, tu as raison, soupira Harry exagérément. Encore une fois pris la main dans le sac. Et tu as constaté en plus que je ne recopie même pas bien ses instructions, puisqu'elle a toujours de meilleures notes que moi ?
Il avait terminé sa phrase en essayant de sortir un petit sourire qui se voulait complice. Comme s'il s'agissait d'une bonne blague et qu'il était avec Ron. Il eut la satisfaction de constater qu'il avait cloué le bec à Drago qui le dévisageait maintenant d'un drôle d'air. Il aurait peut-être été un peu moins satisfait s'il avait pu entendre les pensées du serpentard en réaction à ce sourire. Elles tournaient toutes autour de la même question : quel pouvait bien être le goût de ces lèvres qui savaient lui adresser un sourire aussi craquant ?
- Bon, ceci étant admis, dit Harry d'une voix qu'il espérait dégagée, je te rappelle que nous avons six parchemins à rédiger. On commence par les devoirs d'élèves ?
Drago avait l'impression d'avoir les pieds figés au sol, mais se reprit en quelques secondes. Alors là, le gryffon l'avait épaté. Finalement, c'était peut-être cela que son futur avait découvert sur Harry ? Il se résigna après un dernier coup d'œil circulaire à s'asseoir à côté d'Harry pour commencer ces six rouleaux de parchemin.
Quatre heures après, ils posaient le point final avec un ouf de soulagement. Drago avait réussi à sortir des phrases ronflantes sur l'importance du rapprochement des maisons qui, pensait-il, plairaient au directeur. Harry avait tenté péniblement d'aligner tous les conseils sur les devoirs d'un père de Mme Weasley en délayant au maximum. Sans surprise pour Harry, Dumbledore apparut à la porte du bureau quelques secondes plus tard et il dit froidement :
- Voyons le fruit de vos réflexions.
Il prit un bon quart d'heure pour lire les six rouleaux et finit par dire :
- Cela me semble assez équilibré entre grandes phrases théoriques jamais appliquées issues de la maison serpentard et délayage prononcé sur un même thème de la maison gryffondor. J'en conclu donc que vous avez au moins travaillé ensemble. Sachez maintenant que tout ce que vous avez mis sur le papier, je me ferai un devoir de vérifier tout au long de l'année que vous l'appliquez réellement. Faute de quoi, vous reviendrez me voir à nouveau.
Suite cette phrase, Drago gémit intérieurement. Non ? C' était une blague, hein ? Il avait sorti des platitudes pour meubler, mais il n'allait pas falloir qu'il les applique non ? Mais le regard bleu qui ne cillait pas de son directeur ne lui laissa que peu d'espoir. Voire pas d'espoir du tout.
- Bien, reprit Dumbledore plus cordialement. Puisque vous êtes là tous les deux, et étant donné que Narly dort sous la garde de Severus dans ses appartements, nous allons aborder un autre sujet que je comptais de toute façon voir avec vous demain. Oui, Harry ?
- Narly n'est pas à l'appartement, professeur ? S'étonna Harry.
- Non, Harry. J'ai estimé qu'il valait mieux qu'elle dorme chez son tonton Sev, ne sachant à quelle heure vous alliez terminer. Et je pense qu'il est bon que Severus s'habitue un peu à la garder une nuit entière. Narly a indiqué à Remus qu'ils la prenaient parfois pour deux ou trois jours sans vous deux.
- Mais … Et Remus ?
- C'est demain la pleine lune, Harry, dit doucement Dumbledore. Remus lui-même a indiqué qu'il ne souhaitait pas que Narly le voit à cette période là, même avec la potion tue-loup de Severus. Et Narly en a parfaitement l'habitude. Elle s'est contentée de lui faire un câlin et lui disant qu'il devrait jouer avec elle lorsqu'il aurait fini de faire le vilain loup. Mais laissons Severus pour l'instant et passons plutôt au sujet dont je veux vous parler.
Il avait ce faisant fait un geste qui fit apparaître deux chaises confortables qu'il leur indiqua.
- Je souhaite vous entretenir des vacances de Noël qui approchent. Tout d'abord, sachez que je ne peux admettre que vous restiez à Poudlard cette année. Narly a besoin de votre présence un peu plus quotidienne que simplement les repas. Il est bon que cette petite fille passe de vrais vacances avec ses papas. Il est bien entendu hors de question que vous alliez au manoir Malefoy, pas plus que chez ton parrain, Harry, pour les raisons que tu peux imaginer.
- Mais … où allons nous passer Noël alors ? S'inquiéta Harry.
- Chez ton oncle et ta tante. Je les ai déjà prévenu qu'ils allaient héberger le père de ta file, ainsi que ta fille pour la durée des vacances.
Harry le regarda bouche bée. Non. C'était une blague, hein ? Pas Privet Drive pendant Noël ?
- En plus, cela renforcera la protection dont tu bénéficies dans ces lieux, Harry, ce ne pourra être que profitable, ajouta Dumbledore. Vous prendrez le Poudlard Express comme tous les autres. Ton oncle et ta tante vont attendront du côté moldu une demi-heure après l'arrivée du train pour que tous les autres élèves aient eu le temps de partir. Severus et Remus amèneront Narly le soir.
- Ah non ! Protesta Harry. Je ne veux pas aller là-bas, moi. Et encore moins y emmener Narly ! Et …
- Harry, dit calmement Dumbledore en pointant du doigt les parchemins. Il me semble que tu es particulièrement mal placé ce soir pour protester. Vous pouvez aller vous coucher. Severus vous ramènera Narly demain midi.
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RAR :
Camille : merci beaucoup
Céline : C'est un petit diablotin de 3ans comme ils le sont tous à cet âge !
