Harry ne se pressa pas de sortir du train. Il lui faudrait de toute façon attendre un moment avant que son oncle et sa tante n'arrivent, puisque Dumbledore ne souhaitait pas faire savoir à tout Poudlard que Drago et lui passaient leurs vacances ensemble.
Il vit donc avec une pointe de tristesse les sourires radieux des autres élèves qui rejoignaient leurs parents et qui quittaient le quai 9 ¾ dans un joyeux désordre. Il s'aperçut sans surprise que l'un des derniers à quitter le train comme lui était Drago. Qui se pressa autant que lui pour rassembler ses bagages à savoir qu'il le fit à une allure de tortue. Mais cette lenteur leur permit d'être les deux derniers sur le quai 9 ¾. Harry contempla en soupirant le mur qui permettait de repasser du côté moldu.
- Bon, quand il faut y aller, soupira-t-il. Tu es déjà passé de ce côté-là, demanda-t-il soudain à Drago.
- Mais à quoi tu penses, Harry ? Bien sûr que non, je ne suis jamais passé par là ! Normalement mon père ou ma mère me transplanait pour aller au manoir !
- Mais … ce n'est pas interdit de transplaner ceux qui ne le peuvent pas ? Demanda Harry interdit. Mouais, encore un règlement dont tes parents se fichaient, grommela-t-il sous le regard goguenard de Drago. Ca promet ! Il ne manquerait plus que tu aies le mal des transports en plus !
- Le mal de quoi ? Demanda Drago inquiet.
- Oh rien, répliqua Harry. On aura bien le temps de s'en inquiéter plus tard. Allez, viens à la découverte du côté moldu !
Drago afficha un air impassible, mais il n'en menait pas large intérieurement. Il allait dans un monde dont il ne connaissait rien, et Severus lui avait bien martelé qu'il ne devait en aucun cas attirer l'attention sur lui. Donc il devait se fondre dans le monde moldu comme s'il n'avait jamais connu que cela. Là, il était mal. Très mal. Il se rapprocha instinctivement d'Harry lorsqu'ils eurent franchi le mur. Merlin, qu'est-ce que c'était que ces trains ? Ces lumières partout ?
Harry remarqua le malaise de Drago une fois franchi le mur. Il l'entraîna vers un banc pour attendre l'arrivée de son oncle et de sa tante. Un quart d'heure après, Drago pestait tout haut contre ces moldus qui …
- ces personnes, Drago, rectifia Harry amusé. Surveille ton langage ici. Tiens, quand on en parle. Viens faire connaissance des merveilleuses mains qui m'ont nourries.
Drago suivit Harry pendant quelques mètres avant de s'arrêter brutalement. Ca ? Sa famille ? Ces deux immondes tas de graisses ainsi que cette pimbêche à l'air pincé ?
- Oncle Vernon. Tante Petunia. Dudley. Voici Drago Malefoy, dit Harry, mon … enfin, le père de ma fille.
Harry ne fut pas surpris de voir leurs mines dégoûtées. Il y avait un petit quelque chose qui lui disait que l'homosexualité ne faisait pas partie de leur normalité adorée. Et en plus, une fille engendrée par deux hommes …
- Rentrons, souffla bruyamment l'oncle Vernon.
Au fur et à mesure des kilomètres, Harry voyait Drago verdir. Il avait pris la précaution de le mettre près de la fenêtre, et lui-même était écrasé par son cousin Dudley à chaque virage vers la gauche. Drago n'osait se plaindre à voix haute, mais il jeta un regard de détresse à Harry. Merlin, pourquoi se sentait-il aussi mal dans ce maudit engin appelé voiture ?
- C'est cela le mal des transports, souffla Harry. Dès que la voiture s'arrêtera ça ira mieux, en attendant, je vais t'ouvrir la fenêtre et tu dois respirer au maximum l'air.
- Harry, s'exclama tante Pétunia. Tu es devenu encore plus fou que d'habitude pour ouvrir cette fenêtre en pleine hiver ? Referme-là immédiatement !
- C'est la seule chance pour que Drago ne soit pas malade, rétorqua Harry. Ca serait dommage pour la voiture, non ? Et il n'y en a plus que pour cinq minutes …
A l'énoncé de ce temps, Drago faillit gémir tout haut. Plus que cinq minutes ? Harry voulait rire là ? Son estomac n'allait jamais pouvoir supporter cinq minutes de plus ! Comme si Harry l'avait entendu, il lui dit malicieusement :
- Allez, tu ne vas pas me faire croire que tu n'es pas capable de maîtriser ton estomac cinq petite minutes de plus, Drago ?
- Harry ! Grinça Drago entre ses dents. Je te jure que tu vas me le payer lorsque nous serons arrivés !
Il dut bien reconnaître qu'il réussit à maîtriser son malaise pendant le reste du trajet grâce à l'idée d'Harry. Et que son malaise passa en moins d'une minute dès qu'il fut descendu de la voiture. Lorsqu'il vit la taille de la maison, il haussa un sourcil interrogateur vers Harry :
- Bienvenue dans la maison de mon enfance, Drago ! Dit Harry sur un ton moqueur.
Non ? Ca ? Une maison où il allait falloir vivre à cinq ? Six avec Narly ? Mais enfin, avec cette taille, même une personne seule s'y sentirait à l'étroit !
- Harry ? C'est une blague ? Chuchota Drago. Tu as vu la taille de la maison ?
- Je te signale que j'ai vécu dix ans dans cette maison, railla Harry en retour. Il va falloir t'y habituer ! Tout le monde ne vit pas dans une maison de cent pièces Drago !
- Mais où on joue au quidditch ?
- On ne joue pas au quidditch ici. Ton balai va prendre la poussière pendant quinze jours Drago !
Au mot Quidditch, l'oncle Vernon s'était figé sur place, tandis que tante Pétunia jetait des regards furtifs de part et d'autre de l'allée où était garée la voiture. Il pointa la porte d'entrée d'un doigt péremptoire et Harry soupira bruyamment. Il se dirigea sans attendre vers le premier étage vers sa chambre et Drago le suivait lorsqu'un rugissement retentit assorti d'une bourrade sur son dos :
- Au salon ! Tout de suite !
- Ne me touchez pas, hurla Drago en retour. Ne posez pas vos pattes de sale moldu sur moi !
Le teint d'oncle Vernon vira au cramoisi, ses yeux manquèrent de sortir de leurs orbites alors qu'il pointait du doigt la porte du salon dans lequel Harry s'était déjà engouffré entraînant de force Drago avec lui. Harry lui chuchota exaspéré :
- Je te signale que tu es ici pour quinze jours, alors si tu veux manger correctement, tu vas m'oublier ton venin de serpent concernant les moldus. Sans compter qu'il est hors de question que Narly subisse le contrecoup de tes paroles imbéciles !
Drago suivit Harry un peu interloqué. Bon, il avait toujours imaginé qu'Harry avait été choyé pendant son enfance, mais il semblait tout à coup que rien n'était plus éloigné de la vérité que cela. Il vint se placer près d'Harry qui s'était mis derrière un fauteuil face à son oncle.
- Je ne veux pas entendre parler de gikitch ou quoi que ce …
- Quidditch, prononça clairement Drago.
- Taisez-vous, vous ! Hurla oncle Vernon. Je ne veux pas entendre parler de quoi que ce soit de votre monde de fou ! Et je vous préviens tout de suite que je ne veux voir aucun geste équivoque entre vous. Et que si jamais vous croisez quelqu'un, la petite morveuse sera votre sœur, dit-il en pointant du doigt Drago. Pas question d'afficher un dégénéré en plus de notre sang !
Harry ne cessa de fixer son oncle et finit par grincer entre ses dents :
- Tu vois Drago à quoi se résume ma chère famille. Le mot sorcier est aussi plaisant à leurs oreilles que le mot moldu aux oreilles de ton père et le mot homosexuel ressemble à une obscénité. Donc maintenant, ils doivent abriter deux sorciers, qui sont clairement homosexuels dans le futur d'où vient Narly, tu imagines leur bonheur ? Bon forcément, il va y avoir un souci lorsque Narly va t'appeler papa. Une sœur qui appelle son frère papa, cela va jaser …
Là, il n'y avait pas besoin d'être grand clerc pour savoir qu'Harry était au bord d'une crise de rage dont il avait le secret. Quelques mois plutôt, Drago aurait provoqué avec délectation cette crise de rage qui lui vaudrait sans aucun doute une punition sévère. Seulement, Narly avait pointé le bout de son petit nez entretemps, lui faisant apprécier le sang et or qui avait justement le sang bien chaud. Et en plus, il n'était pas sûr de ne pas être inclus dans la punition. C'est pour cette raison qu'il posa calmement sa main sur l'épaule d'Harry pour le faire pivoter vers l'entrée en disant :
- Tu vas me montrer notre chambre Harry, et on va discuter un peu d'abord.
Il remarqua deux réactions à ce simple geste et cette simple phrase : d'abord les étranglements horrifiés des parents d'Harry, ensuite la crispation brutale d'Harry qui le fusillait du regard en plus.
- J'ai dit, rugit oncle Vernon, que je ne tolérerai pas que vous affichiez votre …
- Afficher quoi ? Le coupa Drago d'un ton froid. Puisque vous avez si aimablement mis une seule chambre à notre disposition, cette pièce devient notre chambre, et ce qu'on y fait ne regarde que nous. D'autres questions ? Non ? Alors viens Harry, montre-moi où c'est.
Il dut retenir une grimace lorsqu'Harry dégagea brutalement son épaule de sa main dans l'entrée. Mais cette grimace était à mi-chemin entre l'amusement et le dépit. Il avait beaucoup réfléchi à la réaction d'Harry devant le bureau de Dumbledore et à son interdiction de le séduire. S'il lui interdisait de le séduire, c'était peut-être qu'il redoutait de succomber ? Et cette crispation à une simple main sur son épaule ? Dégoût ? Ou tentation ? Parfait, il avait quinze jours pour tenter d'y voir un peu plus clair. Bon évidemment, avec Narly dans leur chambre … Mais d'un autre côté, le gryffon ne pourrait pas protester trop violemment non plus …
Il le suivit donc avec un petit sourire rusé dans l'escalier. Sourire qui s'effaça immédiatement lorsqu'il vit la chambre dans laquelle, selon toute vraisemblance, il allait devoir passer quinze jours. Ca ? Une chambre ? Un lit minuscule avec une couverture qui devait avoir cent ans et deux matelas par terre ? Une fenêtre minuscule, une lampe qui diffusait une vague lumière ? Sinistre. Il n'y avait pas d'autre mot. Le temps que son cerveau fasse le bilan catastrophique, Harry avait déjà ouvert sa malle.
- Si tu veux défaire tes affaires, lui dit-il d'une voix lasse, tu peux prendre l'armoire. Je ne m'en sers jamais.
Harry s'assit abattu sur le lit. Déjà en été la chambre était sinistre, mais en hiver … Il rejeta violemment le souvenir du frisson qui lui avait parcouru la colonne vertébrale lorsque Drago lui avait simplement mis la main sur son épaule. De Ron, ce genre de démonstration ne lui posait aucun problème, mais de la part du vert et argent … Rien que le souvenir de ce frisson lui faisait monter le rouge aux joues, il en était certain. C'est pour cela qu'il répondit brutalement à Drago lorsque celui-ci se tourna interrogateur avec la poignée de l'armoire dans la main :
- Quoi ? Je t'ai dit que je ne m'en servais jamais !
- Mais enfin Harry. Quand tu étais petit, tu n'avais pas de malle où ranger tes affaires alors tu les rangeait où ?
- Avant d'avoir une malle et d'aller à Poudlard, je ne logeais pas ici, grinça Harry en serrant les poings.
- Ah ? Mais je croyais que tu vivais avec ton oncle et ta tante depuis la mort de tes parents ?
- Exact, gronda Harry. Mais pas dans cette chambre !
- Parfait ! Il a donc une autre chambre alors ! Bon, tu me dis où elle est que je vois si elle est convenable pour Narly ?
Drago ne savait pas pourquoi mais Harry le regardait comme s'il allait lui jeter un impardonnable dans la seconde. Et tout à coup, il étira ses lèvres en un sourire qui ne lui dit rien qui vaille et dit :
- Redescends l'escalier. Il y a une porte sous l'escalier. C'était mon ancienne chambre.
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RAR
Camille : ouh la la, il y a bien longtemps que j'ai rejoint la cohorte des salariés … Donc pour moi la rentrée ne me dérange pas !
Aulandra17 : voici la suite
Naste : merci beaucoup
