Forcément, les choses se gâtèrent à nouveau au moment de passer à table. La tante Petunia, à qui Severus avait ordonné de mettre la table, avait sciemment mis le couvert pour cinq personnes.
- Mme Dursley, demanda Severus d'une voix polaire, les moldus vont tout de même à l'école pour apprendre à compter, non ? Ou vous êtes déjà atteinte de sénilité précoce ce qui vous a empêché de vous rendre compte que nous étions huit à table ?
- Je vous interdit de parler comme cela à ma femme, éructa oncle Vernon.
- Vous, dit Severus en pointant sa baguette sur lui, je ne vous ai pas fait appeler. Terminez votre travail d'abord, à savoir, je vous le rappelle une fois encore, ouvrir la boite qui contient les petits pois et les carottes. A moins que ceci soit également en dehors de votre portée ? Alors, Mme Dursley ? J'attends votre réponse ! Pas d'explication rationnelle ? Alors vous m'ajoutez trois couverts !
Harry et Remus s'étaient retournés dans un bel ensemble pour fixer le mur car sinon ils savaient qu'ils allaient à nouveau exploser de rire. Ce qui, compte tenu de l'humeur de Severus, n'aurait guère été prudent.
- Tu crois qu'il a faim, lui aussi ? Finit par murmurer Harry à Remus.
- De nourriture ? C'est certain …
Harry le regarda étonné avant de surprendre sur le visage de Remus une expression qui lui fit penser que le loup-garou ne pensait pas forcément en terme de nourriture lorsqu'il regardait Severus …
La préparation d'un dîner frugal ayant tout de même pris une demi heure compte tenu de la mauvaise volonté des Dursley, il en résultait que Narly était particulièrement grincheuse car affamée et fatiguée. Harry et Drago se regardèrent, un peu inquiets. En trois mois et demi de repas avec Narly, ils avaient appris que son attitude laissait présager le pire pour le dîner. C'est pour cela qu'ils se tournèrent immédiatement l'un vers l'autre lorsqu'elle hurla soudainement :
- Non ! Je veux pas de soupe ! C'est pas bon la soupe !
Severus levait déjà les yeux au ciel, les Dursley pinçaient les lèvres en signe de désapprobation, et Remus affichait un air inquiet alors que son regard allait de l'un à l'autre. Drago finit par soupirer et dire gentiment :
- Allez, Narly. Tu manges vite avec nous et après tu vas au lit avec Souricette, d'accord ?
- Veux pas ma soupe, dit à nouveau Narly, un ton plus bas mais avec des larmes qui coulaient sur ses joues.
- Si, Narly, tu vas manger ta soupe, répondit doucement Harry. Mais je vais t'aider. Assieds-toi vite !
- Sur les genoux à tonton Mumus !
- Ah non, Narly ! S'exclama Drago. Tu es assez grande pour manger sur ta chaise !
Mais lui-même ne put retenir une grimace lorsque Narly poussa un hurlement à faire se briser tous les verres en cristal de tante Pétunia.
- Narly, ça suffit ! Tonna Severus. Tu vas sur les genoux de Remus et tu manges ta soupe. Et je ne veux plus t'entendre, vu ?
- Veux pas ! Hurla Narly de plus belle.
Remus finit par prendre la petite fille dans ses bras et se réfugia avec elle dans l'autre coin de la pièce. Harry et Drago étaient soulagés. Comme à son habitude, Remus allait calmer la petite fille dans un premier temps, la faire obéir dans un deuxième. Severus lui jeta un regard torve et dit brutalement :
- Tout le monde à table. Il ne manquerait plus que ce misérable dîner soit froid en plus !
- Je ne vous permets pas, glapit tante Petunia. Comment osez-vous continuer à nous donner des ordres de la sorte ?
- Depuis qu'il faut bien que quelqu'un prenne en main cette maison ! A table ! Et vous, dit-il en se tournant vers Dudley qui s'était jeté sur le premier bol de soupe, vous avez terminé votre soupe, donc vous attendez maintenant que les autres aient fini.
Au bout de trois minutes, Remus revint avec Narly dans ses bras, le visage barbouillé de larmes, mais plus calme. Il l'installa sur ses genoux et Narly prit son bol de soupe sans plus rien dire.
- Quelle éducation ! Dit tante Petunia d'un air pincé. Mais que pouvais-je attendre de mieux de la part de deux … dégénérés de la sorte ?
Voyant que Severus et Drago s'étaient arrêté la fourchette en l'air, Harry ne put s'empêcher de dire à mi-voix :
- Ca c'est une bonne nouvelle pour moi, Drago. Nous voici logés dans la même catégorie.
- Moi ? Dégénéré ? C'est moi que vous traitez de dégénéré ? Dit celui-ci d'une voix glacial en se tournant vers tante Pétunia.
- Evidemment, répliqua celle-ci avec un petit sourire satisfait. Tout votre … monde n'est peuplé que de dégénérés …
- Je te l'avais dit Drago, reprit Harry à mi-voix tandis que sa tante continuait de pérorer. Ils ont exactement la même opinion des sorciers que ton père des moldus. Qui sait, avec de tels préjugés en commun, on devrait peut-être les présenter les uns aux autres ?
Il entendit Remus étouffer un hoquet de rire alors que Severus le fusillait du regard.
- Harry ! Grinça ce dernier. Je vous dispense de ces remarques idiotes qui sont votre apanage y compris en dehors du château.
- Sev ! Contra doucement Remus. Tu ne viens pas me dire que tu ne sais plus reconnaître l'humour, non ?
- Ne m'appelle pas ainsi Remus, répondit Severus entre ses dents.
- Alors oublie un moment ton statut de professeur envers Harry. Et profite de ce charmant dîner …
- Remus ! Menaça Severus.
Drago avait écouté la joute et un lent sourire se dessinait sur son visage. L'intonation de la voix du loup-garou, ainsi que son regard lui fit comprendre que Remus avait des vues sur son parrain. Il faisait par là même confiance à l'avenir alors qu'il était le seul à ne pas avoir reçu de lettre de son futur ? Cela risquait de devenir intéressant de regarder son parrain se débattre face à la séduction de son professeur de DCFM. Et cela lui donnerait peut-être aussi des idées pour séduire Harry lui aussi ?
Nul ne faisait outre mesure des efforts pour parler à l'exception de Narly qui avait retrouvé une partie de sa bonne humeur pour babiller avec les quatre sorciers qu'elle connaissait. Elle semblait en revanche éviter de parler les Dursley, leur coulant des regards intrigués. Harry finit par souffler à Drago :
- Tu as du l'éduquer anti moldu dans le futur, toi !
- Encore heureux, souffla Drago en retour. Harry, de toute façon, je ne pense pas que ton oncle, ta tante ainsi que ton cousin puissent être classés dans la catégorie des gens fréquentables pour elle. Moldus ou pas d'ailleurs.
Harry était stupéfait de cette réflexion de Drago. La froideur apparente du serpentard cachait donc une personnalité qui n'était pas seulement nombriliste ? Ce n'était pas la première fois où Drago faisait clairement passer le bien-être de sa fille avant le sien.
A la plus grande horreur des Dursley, Remus arrivait à tenir Narly grâce à de petits avions de papiers qu'il avait ensorcelés pour qu'ils volètent doucement autour d'elle et Harry la nourrissait sans même qu'elle s'en rende compte. Cette attention envers sa fille lui valut malgré tout une nouvelle remarque acerbe de la tante Pétunia :
- Hmpf ! Incapable de se nourrir seule à son âge ! Education de dégénérés, je vous dis !
- Madame Dursley, dit Severus en articulant exagérément ce qui était particulièrement mauvais signe de sa part et qui fit aussitôt naître des sourires rentrés sur le visages d'Harry et de Remus. Traitez encore une seule fois mon filleul de dégénéré et je vous mets sous sort de silence pour quinze jours, vu ?
- Votre … filleul ? Balbutia tante Pétunia.
- Mon filleul, oui, dit Severus en la toisant du regard.
- Mais … alors, balbutia oncle Vernon en reculant sa chaise, vous … vous … êtes … un … assa … assa … assassin …
- Je vous demande pardon ? Demanda Severus interloqué. Mais enfin, ces moldus ne savaient pas qu'il était un ancien mangemort, non ?
- Un assa … un assa … un assassin dans ma maison …
Les quatre sorciers se regardèrent sans comprendre, puis Severus fronça les sourcils en se tournant vers Harry.
- Harry ! Qu'as-tu encore dit à ces moldus ?
- Mais rien, professeur, … enfin … Severus, ajouta-t-il après un coup de pied discret de Drago.
- Alors peux-tu m'expliquer pourquoi ils me prennent pour un assassin ?
- Il nous a dit que son parrain était un assassin, articula oncle Vernon. Cela fait deux ans qu'il nous l'a dit …
Harry et Remus se regardèrent tout à coup et ne purent s'empêcher de grimacer. Si Sirius n'avait pas connu cette fin tragique au ministère, nul doute qu'ils seraient actuellement la proie d'un beau fou rire. Ils finirent malgré tout par se sourire doucement lorsque Remus lui dit doucement :
- Tu imagines ça, Harry ? Tu t'imagines comme filleul de Severus ?
- Tu ne crois tout de même pas que je vais répondre à cette question ? Répliqua Harry en roulant des yeux.
Pendant ce temps-là, Drago observait Severus d'un air inquiet. Le traiter d'assassin, lui l'ancien mangemort qui risquait sa vie à chaque mission auprès de Voldemort, était certes exact. Mais, il était sûrement l'un des rares à savoir combien Severus regrettait les actes commis dans sa jeunesse lorsqu'il était sous la coupe de Voldemort et de son père. Et il ne comprit pas la raison du brutal regard de Severus vers Remus car celui-ci semblait absorbé dans sa conversation avec Harry. Forcément, il n'avait pas les yeux sous la table et ne pouvait pas savoir que Remus avait posé délicatement sa main sur la cuisse de Severus lorsqu'il avait entendu le mot assassin …
- Je ne suis pas le parrain d'Harry, articula lentement Severus en proie à une colère sourde et en faisant un geste brusque de son bras. Je suis le parrain de Drago, c'est clair ? Le parrain d'Harry est mort en juin dernier, ajouta-t-il.
- Mais ne vous croyez pas tranquille pour autant, dit calmement Remus, j'étais le meilleur ami du parrain d'Harry, donc je suis très attentif à tout ce qui peut lui arriver …
Les Dursleys n'osèrent continuer sur le sujet compte tenu des deux regards lourds que faisaient peser Severus et Remus sur eux.
A la fin du dîner, Severus déclara brutalement :
- Harry, Drago, vous me mettez Narly au lit, et vous redescendez. On a un certain nombre de mises au point à faire pour ces quinze jours !
- Mais, commença oncle Vernon.
- Silence, gronda Severus en le fixant.
- Je ne vous permets pas de …
- Silence, gronda Severus un peu plus fort sous l'œil amusé de Remus et Harry, et l'air moqueur de Drago.
L'oncle Vernon parut se rétrécir sur sa chaise, tandis que tante Petunia palissait et pinçait les lèvres. Dudley tentait comme à son habitude de se faire le plus petit possible, ce qui était devenu une mission totalement impossible.
Bien que Narly soit excité par ce qu'elle considérait comme une nouvelle aventure, Harry et Drago arrivèrent à ne mettre qu'un quart d'heure pour la mettre au lit. La seule chance qu'ils avaient était qu'elle s'endormait très facilement et sans le moindre caprice. En fait, c'était même le seul domaine dans lequel elle ne faisait, étonnement, jamais de caprices.
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RAR :
Camille : euh … 10 de plus ? Ben voui, le poids des ans …
Claire : Merci beaucoup.
Céline : oui le site est un peu en vrac en ce moment ! Espérons qu'ils trouveront la solution rapidement !
