Chapitre 33 : Quand Narly a peur …

Drago n'avait pas tort, pensait Harry en dinant. Il allait falloir s'occuper pendant quinze jours et occuper Narly. Il reconnut pendant ce dîner un talent hors pair à Drago pour exaspérer sérieusement les Dursley dans leur ensemble. Harry s'était trituré les méninges pour réussir à faire des légumes sous une forme acceptable pour Narly et le résultat dépassait ses espérances. Car même si les idées lui avaient manqué au départ, une fois qu'il en avait eu une de correcte, la réalisation ne lui avait pris que peu de temps. Et Narly et Drago dévoraient leur gratin de brocolis et choux-fleurs mélangés avec enthousiasme. Narly ne demandait même pas d'aide. Ce qui laissait l'esprit libre à Drago pour s'extasier sur le repas d'Harry. Il avait décidé que le plaisir d'embêter des moldus était encore supérieur au regret de devoir avouer à voix haute que Harry leur avait fait un très bon repas. Surtout qu'oncle Vernon et Dudley faisaient grise mine devant leur haricots à l'eau assortis d'une tranche de jambon, tandis qu'Harry, Drago et Narly se régalaient de bons steaks cuits à point. Et qu'Harry n'avait pas eu la main légère en choisissant les steaks.

- Il n'en reste plus Harry, finit par dire Drago avec une petite mine dépitée.

- Je croyais que tu n'aimais pas les légumes ? railla Harry.

- Ce ne sont pas des légumes, c'est un gratin, Harry ! Ca n'a rien à voir !

- C'est ta seule façon de dire que je cuisine convenablement, Drago ?

- Taisez-vous, hurla oncle Vernon en frappant son poing sur la table.

La conséquence inévitable de ce hurlement, fut l'éclatement en sanglots de Narly sous l'effet de la peur. Harry et Drago réagirent instinctivement selon leurs caractères et leurs sensibilités. Harry prit immédiatement Narly sur ses genoux pour la consoler et il fusillait du regard oncle Vernon qui était pris à partie par Drago.

- Non, mais vous êtes malades d'hurler de la sorte ? Cria Drago hors de lui.

- Je vous interdit de parler aux repas, éructa oncle Vernon.

- Hein ? Non mais et puis quoi encore ? Vous ? Misérable moldu graisseux ? M'interdire de parler pendant les repas ? Vous qui hurlez de sorte à faire peur à ma fille ? Recommencez une seule fois ce genre de plaisanterie et je vous jure que vous allez goûter de ma baguette, c'est clair ?

- C'est interdit, hurla à nouveau oncle Vernon faisant pleurer un peu plus fort Narly.

- Ah oui ? Et bien comptez sur moi pour trouver le cas d'urgence qui ira bien ! Maintenant vous la bouclez, sinon, je vous garanti que je coupe la table en deux pour qu'on aille manger ailleurs tous les trois !

- Vous n'oserez pas ! Hurla à nouveau oncle Vernon.

Il ne pouvait pas le savoir, mais il avait effectivement raison. Drago n'aurait rien tenté de ce genre car il savait que Severus, quelles que soient les belles excuses qu'il pourrait trouver, ne considérerait pas cela comme un cas d'urgence. Mais Drago fut sauvé par un hurlement un peu plus fort de Narly qui trahissait sa panique. Et Harry et Drago se regardèrent horrifiés lorsque la table se brisa en deux et que tout ce qu'elle contenait se retrouva par terre.

Dans un premier temps, les pleurs de Narly furent les seuls sons audibles dans la pièce. Ils furent suivis pas une cacophonie émise par les Dursley tandis qu'Harry et Drago se regardaient. Là, ils étaient mal. Bon, ils n'avaient rien fait par eux-même, mais le résultat provoqué par Narly … Depuis l'incident des cachots, elle n'avait plus fait usage de sa magie involontairement, et pourtant ils avaient eu leur lot de scènes de colère. Il fallait donc qu'elle ait vraiment eu peur pour que sa magie s'extériorise de la sorte …

- Allez, soupira Drago assez fort pour couvrir le vacarme des Dursley qui se lamentaient, monte avec elle pour la calmer et lui faire manger son dessert. Je vais m'occuper d'ici. Réparer ce qui est réparable au moins.

- Baguette ? Demanda doucement Harry.

- Evidemment ! Je ne me vois pas réparer toute la casse autrement Harry ! Ce n'est pas un cas de danger, mais un cas d'urgence là !

- Essaye au moins de faire la vaisselle à la main, suggéra Harry.

- Certainement pas, répliqua Drago. De toute façon, tu ne m'as pas encore montré n'est-ce pas ? Donc je risque de faire pire que mieux, non ? Finit-il d'un ton rusé sous l'œil exaspéré d'Harry. Et toi, le Dudlynouchet à sa maman, dit-il en se tournant brutalement vers Dudley qui enfournait le reste de l'assiette de Narly dans sa bouche avec ses doigt, ne t'avise pas de toucher à quoi que ce soit qui appartient à Narly, vu ? Car je te rappelle que Severus tient à ma fille comme à la prunelle de ses yeux …

Le rappel de Severus sembla figer les Dursley sur place, avant que tante Pétunia ne dise d'un ton aigre :

- Je doute que votre cher parrain soit heureux de voir l'état de mon salon à cause de cette … morveuse …

- Tout comme je doute qu'il apprécie qu'elle ait fait usage de sa magie sous l'emprise de la peur provoquée par votre cher mari, contra Drago d'un ton froid. Alors maintenant, il y a deux solutions : ou je répare les dégâts avec ceci, dit-il lentement en prenant sa baguette dans sa main, ou je vous laisse faire avec vos méthodes moldues. Votre choix ? Pas de choix ? Alors j'utilise ma méthode.

Il pointa successivement sa baguette sur la table, puis les assiettes et les verres cassés. Quelques recurvite eurent vite fait de nettoyer les restes de nourriture. Il finit par dire dédaigneusement :

- Maintenant que j'ai fait seul la vaisselle, je vous la laisse ranger !

Harry avait conduit une Narly en larmes dans leur chambre non sans avoir pris son dessert dans le frigo. Il savait aussi qu'un ou deux chocolats achèveraient de la consoler. Après cinq longues minutes, Narly finit par dire d'une voix entrecoupée :

- Il est pas gentil le gros monsieur en bas.

- Non, Narly. Oncle Vernon n'est pas gentil effectivement. Mais tant que tu es avec Drago ou moi, tu ne risques rien ma puce, d'accord ? Maintenant, oublions cela, dit Harry gaiement, tu n'es pas curieuse de voir ce que je t'ai choisi comme dessert ?

- Une crème au chocolat ? Demanda Narly pleine d'espoir.

Elle battit des mains, chagrin envolé, lorsqu'Harry hocha la tête avec un grand sourire. C'est pour cette raison que Drago la trouva en train de manger tranquillement en profitant honteusement de la faiblesse d'Harry qui la nourrissait une fois de plus à la becquée. Harry lui fit signe qu'ils discuteraient de cela plus tard. Mais lorsque Narly le regarda d'un air inquiet, il sut qu'il devait la rassurer :

- Rien est de ta faute, Narly, lui dit-il doucement. Tu n'as pas à t'inquiéter, je ne t'en veux pas du tout, au contraire. Finalement, voir les moldus horrifiés du désastre que tu peux provoquer quand tu as peur était plutôt un spectacle agréable.

Narly coula doucement un regard vers Harry, avant de murmurer, étonnée :

- Tu grondes pas Papadago, Papa Harry ? Tu aimes pas quand il se moque des moldus !

- On va dire que je vais faire une exception pour ceux-là, ma puce, dit Harry qui ne put retenir son sourire lorsqu'il vit la grimace de Drago.

Au moment de sa coucher, Narly s'empressa de sauter dans son lit et de passer la main sur les petits personnages qui ornaient sa couette flambant neuve. Harry avait déniché une parure avec plusieurs princesses différentes qui l'avait enchantée.

Les journées commencèrent à défiler lentement au goût d'Harry et de Drago qui s'ennuyaient un peu bien qu'ils en profitent pour beaucoup jouer avec Narly. Le temps relativement clément leur avait permis de découvrir un square avec des jeux pour Narly et ils l'emmenaient là-bas deux fois par jour pour sortir de la maison des gnomes, comme disait Drago. Ils avaient aussi fait les boutiques avec la petite fille pour l'habiller et celle-ci, sans surprise, avait opté pour des vêtements roses pour tout. Afin d'éviter de reproduire la scène du dîner, ils avaient aussi investi dans une petite table de camping sur l'idée d'Harry et prenaient leurs repas entre eux dans leur chambre. Cela privait Drago de faire enrager les Dursley lorsqu'ils mangeaient, mais il se faisait un malin plaisir de descendre lui-même les plats vides avec un air narquois avec le commentaire adéquat qui lui valait des regards enragés de la part d'oncle Vernon et de Dudley qui étaient toujours au régime.

La seule chose qui ennuyait profondément Drago était la réserve relative d'Harry à son égard. Et franchement, garder Narly jour et nuit dans une unique pièce ne l'aidait pas à se procurer des occasions. Malheureusement, Severus lui ayant martelé une fois de plus dans sa première lettre qu'ils ne devaient jamais laisser Narly seule, il ne trouvait guère d'occasion de séduire réellement le gryffondor, ou du moins de lui montrer que son intérêt envers lui s'était très nettement éveillé. Oh, bien sûr, il tentait de petites choses comme se placer le plus près possible de lui lorsqu'ils s'asseyaient sur un banc pour surveiller Narly, ou lui mettre la main sur l'épaule le plus souvent possible, mais soit Harry s'éloignait après quelques minutes, soit il lui demandait ce qu'il faisait :

- Comme tu fais avec Ron, s'était-il écrié vertueusement.

Pour le réveillon de Noël, Harry avait tout fait froid : en effet sa tante lui avait clairement signifié qu'elle ne tolérerait pas qu'il puisse mettre un pied dans sa cuisine, qu'elle avait besoin de toute la place pour préparer leur réveillon. Ce fut malgré tout l'un des meilleurs réveillon de Noël pour Drago : Narly dans sa petite robe rouge était adorable, et avait adoré tous les canapés concoctés par Harry et Drago. Celui-ci avait fini par mettre la main à la pâte lorsqu'Harry lui avait signalé que s'il ne le faisait pas, ils ne pourraient pas sortir de la mâtinée pour que tout soit prêt. Certes, ils avaient un peu fait veiller Narly, mais celle-ci avait rapidement montré des signes de fatigue avant minuit et elle s'était couchée les yeux brillants à l'idée d'ouvrir ses cadeaux le lendemain matin.

Harry et Drago sortirent comme à l'habitude leur jeu d'échec en demandant aux pièces d'être silencieuses, leur jeu de bataille explosive sur lequel ils lançaient un sort d'insonorisation – et bien quoi ? C'était un danger de réveiller Narly, non ? - , ainsi que le monopoly moldu qu'Harry avait tenu à acheter malgré le dénigrement de Drago. Harry avait joué deux partie en solitaire sous son œil dédaigneux, mais Drago avait fini par reconnaître l'intérêt du jeu, même s'il devait bouger son pion à la main. Lorsque minuit sonna avec les exclamations enthousiastes des Durlsey, dont Dudley qui faisait exprès de hurler dans l'escalier, Drago dit doucement :

- Joyeux Noël, Harry !

- Ah … euh … oui, merci … Joyeux Noël à toi aussi …

Harry avait été surpris de la douceur de l'intonation du serpentard. Drago jeta un œil furtif vers Narly, mais elle semblait avoir hérité du sommeil de plomb d'Harry et n'avait pas bronché dans son sommeil. C'est pour cette raison qu'il approcha lentement son visage de celui d'Harry qui le dévisageait sans comprendre.

- Cela mérite bien une embrassade, non ? Murmura Drago en se rapprochant d'Harry.

Sans laisser lui laisser le temps de répondre, il rapprocha son visage de celui d'Harry et il captura pour la première fois ces lèvres dont il rêvait depuis tant de semaines. Une simple pression déclencha chez les deux un frisson dans le dos. Drago résista à la violente envie de s'emparer plus fermement de cette bouche légèrement entrouverte par la surprise. Il ne savait pas d'où il tenait la conviction qu'il devrait aller lentement, mais cette lenteur était écrite en lettre de feu dans sa tête. Harry le regardait toujours surpris, et Drago lui dit lentement :

- Je crois qu'on a intérêt à se coucher, parce que je doute que Narly dorme longtemps demain matin …

- Quoi ? …. Euh …. Oui … Oui …. Tu as raison … Allons nous coucher, finit par dire Harry qui semblait sortir de sa torpeur. Mais … Pourquoi ?

Drago secoua la tête avec amusement. Décidément, il n'était pas au bout de ses peines avec Harry.

- Il me semble que c'est clair, non, Harry ? Je te souhaitais un joyeux Noël de la façon que je préférais !

RAR

Céline : et c'est un plaisir d'avoir un mot de ta part chaque jour !