Chapitre 34 : Le tournant

Harry s'était endormi la tête emplie de questions. Enfin surtout une en fait : pourquoi Drago l'avait-il embrassé ? Car il devait bien reconnaître qu'il avait beaucoup apprécié cela. Les quelques jours passés tous les trois, à l'abri des regards de Poudlard, avait grandement modifié les sentiments qu'il portait au vert et argent. Son énorme problème cependant : sa timidité maladive en ce qui concernait les relations amoureuses. Déjà il n'avait pas été à l'aise avec Cho la fontaine, mais face à l'assurance innée de Drago … Qu'est-ce qu'il avait dit un jour Drago ? Ah oui, qu'il ferait tout le boulot de séduction ! Et bien, franchement, il lui laissait volontiers. Quant à sa réponse … Harry savait déjà que si Drago y allait en douceur, il ne résisterait pas à faire une tentative de relation amoureuse avec lui … Mais très en douceur, hein ?

Il était dans sa chambre, Square Grimaud. Il venait de coucher sa petite tornade blonde, comme il l'appelait souvent. Il rentrait fatigué d'une journée de cours, où Rogue l'avait encore persécuté dans son immonde cachot et lui avait fait recommencer trois fois sa potion Tue-Loup, jusqu'à ce qu'elle soit parfaite.

- Comment osez-vous préparer une décoction aussi immonde pour Mumus, Potter ? Mon petit loup ne s'en sortira jamais à la prochaine pleine lune avec cette infection ! Vous voulez donc sa mort ? Vous voulez donc qu'il rejoigne votre imbécile de parrain en tombant derrière le voile ?

Soudain, la porte de la chambre s'ouvrit et il adressa un grand sourire au jeune homme blond qui venait d'entrer :

- Alors ? Le taquina-t-il doucement. Tu as cédé pour combien de livres moldus ?

- Trois, avoua son amour en levant les yeux au ciel. Elle m'a fait lire trois contes de princesses avec leur prince charmant qui les embrasse. D'ailleurs, à propos de baiser, il me semble que cela fait bien longtemps que je n'ai pas goûté à tes lèvres, petit lionceau …

Il se précipita dans les bras ouverts du blond qui le serra avec force contre lui. Des baisers légers comme des papillons commencèrent à pleuvoir sur son visage redessinant toutes les courbes. Il ferma les yeux pour savourer ces douces caresses et murmura doucement :

- Drago …

Harry s'éveilla en sursaut et prit soudain conscience que ce qu'il venait de vivre avec bonheur n'était qu'un rêve. Tout ? Peut-être pas, si on considérait qu'il arrivait à voir une tête blonde penchée sur lui qui esquissait un sourire. Or s'il parvenait à voir le sourire de l'autre … c'était que l'autre en question était à moins de trente centimètres de son visage … Alors ? Alors ? Il avait tout rêvé ? Une partie seulement ? Merlin … Il n'avait tout de même pas murmuré à voix haute ce prénom de la façon sensuelle dont il s'était entendu dans son rêve, non ?

Drago contemplait avec émotion Harry sortir du sommeil. Il parvint tout juste à s'arracher de sa contemplation lorsque Narly cria en les faisant sursauter :

- Ca y est, Papa Drago ! Tu as réveillé Papa Harry ! Avec un bisou comme dans les livres !

Drago lui fit un sourire complice alors qu'Harry avait son plus bel air ahuri qui commençait à faire fondre Drago. Il ne put cependant résister à la tentation de le taquiner :

- Harry ! Harry ! Gourmanda-t-il. Tu as encore perdu ta langue ? Ou ton pauvre petit cerveau n'arrive pas à réaliser que c'est Noël ce matin et qu'il y a une petite fille dans cette pièce qui meurt d'envie d'ouvrir tous ses jolis paquets ?

Clairement, il avait tiré Harry du sommeil en plein milieu d'un rêve sous l'insistance de Narly. Rêve qui avait l'air de l'inclure lui, car il avait distinctement entendu son prénom dans la bouche du propriétaire des yeux verts qui le faisaient chavirer.

Harry était maintenant aussi rouge que la robe de Narly la veille. Rêve et réalité s'étaient bien confondus, et Drago l'avait à nouveau embrassé. Et il ne pouvait nier qu'il ne rêvait que d'une seule chose : pouvoir recommencer. Mais Harry et ses rêves : il avait tellement rêvé de choses impossibles qu'il chassa aussitôt cette idée de sa tête. Drago avait dû vouloir faire plaisir à Narly, un point c'est tout. Il tâtonna quelques secondes à la recherche de ses lunettes sans les trouver et s'aperçut soudain que Drago le regardait d'un air rusé en agitant quelque chose au bout de sa main. Ses lunettes. Drago bondit souplement en dehors de sa portée et dit malicieusement :

- Allez, debout fainéant. Si tu veux tes lunettes, il va falloir venir les attraper !

- Je peux jouer aussi ? demanda avidement Narly.

- Bien sûr mon ange, répondit gaiement Drago. Tu empêches Harry d'attraper ses lunettes, d'accord ?

Narly se jeta aussitôt maladroitement sur Harry pour l'empêcher de se lever et celui-ci sentit toutes ses interrogations faire place à la joie de jouer avec Narly en lui infligeant au passage toutes les chatouilles qu'elle adorait. A peine avaient-ils commencé à jouer depuis trois minutes, que la porte trembla sur ses gonds sous la force de coups portés de l'autre côté . Un hurlement rageur les renseigna aussitôt sur l'identité de la personne responsable :

- Cessez immédiatement ce raffut ! Il n'est même pas huit heures du matin !

- C'est l'heure idéal pour se lever, bandes de fainéants, hurla Drago en retour. C'est le prix à payer pour votre vacarme à minuit !

Il attrapa rapidement sa baguette et lança un discret collaporta sur la porte. Il se retourna vers Narly et Harry qui s'étaient figés et leur dit malicieusement :

- Vous en étiez où ? Ah oui, les chatouilles !

Il lança ses lunettes vers Harry qui les rattrapa de justesse grâce à ses bons réflexes d'attrapeur et se jeta vers les deux pour les chatouiller. Sauf que si les chatouilles étaient bien réelles vers Narly, elles ressemblaient nettement plus à des caresses lorsqu'elles atteignaient Harry. Et il constata avec beaucoup de plaisir que celui-ci, après un moment de surprise, et tout en piquant un fard monstrueux, ne tentait pas trop de se dérober, sans pour autant lui rendre la pareil.

- Ne t'inquiètes pas, mon petit lion, pensa intérieurement Drago, je t'apprendrai à ne pas avoir honte de tes désirs et de tes envies …

Au bout de dix minutes, Narly se lassa de ce jeu et réclama d'ouvrir ses cadeaux. Ils lui avaient acheté – grâce à l'aide de Remus qui avait été désigné volontaire pour faire les courses une fois encore – un jeu de construction moldu qui comportait aussi des animaux, des nouveaux élastiques avec des princesses, ainsi que des livres de coloriage et d'image, tant moldus que sorciers. Drago avait bien protesté devant cette avalanche de cadeaux moldus, mais Harry avait tenu bon. Il voulait pouvoir offrir à sa fille tout ce dont il avait été privé dans son enfance.

Harry découvrit avec stupeur un paquet avec son nom dessus. Et son cœur rata un battement lorsqu'il vit la beauté du kit d'entretien pour balai qu'il contenait. Alors qu'il levait la tête, stupéfait, vers Drago, celui-ci déclara d'un ton dégagé :

- Si je veux qu'on parte à armes égales en Quidditch, il faut bien que tu commences à entretenir sérieusement ton balai !

- Avec mon éclair de feu, forcément, ton nimbus est un peu juste pour me suivre , rétorqua Harry. Mais je croyais que cela te faisait plaisir que je sois en position d'infériorité ?

- Bravo Harry ! Tu as appris à conjuguer le passé ! Railla Drago avant de reprendre sérieusement. Depuis que la demoiselle m'a fait découvrir un tas de choses en moi, en fait … Tu veux savoir quoi ? Demanda-t-il un brin provocateur.

- Pas vraiment, déglutit péniblement Harry sentant son cœur s'emballer irrationnellement. Oh, tiens, j'allais oublier, ajouta-t-il en sortant un paquet enrubanné de sa malle, c'est pour toi.

Drago le regarda avec un tel air qu'il finit par bafouiller :

- C'est juste que j'ai pensé que Narly serait surprise si je ne t'offrais pas de cadeau …

Il piqua à nouveau un fard monstrueux sous le regard perçant et amusé de Drago. Celui-ci secoua la tête et murmura doucement :

- Et moi qui pensais que les sang et or ne mentaient jamais …

Il sourit doucement lorsqu'il vit ce que contenait le paquet : un livre sur le quidditch à travers les âges, ainsi qu'un paquet de bonbons moldus. Il jeta brièvement un œil vers Narly qui était absorbée avec son nouveau jeu de construction et se rapprocha sans hésiter d'Harry. Il posa doucement ses mains sur ses hanches pour laisser l'occasion à Harry de se rétracter s'il le souhaitait. Il voulait enfin un baiser partagé sans contrainte. Ce ne fut qu'au bout de longues et éprouvantes secondes qu'il sentit Harry poser ses mains sur les siennes et rougir fortement. Harry ne le repoussait pas, même s'il ne prenait aucune initiative. Il pencha lentement la tête et leurs lèvres se joignirent en douceur, d'un commun accord pour la première fois. Harry ferma les yeux devant le déluge de sensations que provoquait ce baiser, somme tout assez chaste, en lui. Et une certitude s'imposa à lui : les baisers de Drago n'avaient rien à voir avec ceux de Cho. Tellement plus enivrant. Tellement plus fort. Drago finit par lui murmurer :

- Tu vois ! J'avais encore raison ! C'est bien moi qui te séduit ! Et j'adore ça, ajouta-t-il rapidement avant qu'Harry ne se vexe.

Harry esquissa un sourire timide tout en se noyant dans ces yeux gris qui n'étaient plus froids, mais qui pétillaient tout en le dévisageant. Un gargouillement provenant d'Harry fit lever les yeux au ciel à Drago :

- Comment tuer un instant romantique en dix leçons par un gryffon. Leçon un : afficher un appétit à tout déconfondre …

Harry esquissa un petit rire en haussant les épaules.

- Et comme ce n'est pas toi qui va me faire à manger, répliqua-t-il doucement, il va bien falloir que ce soit encore moi qui fasse le petit-déjeuner !

Ils eurent bien du mal à arracher Narly à ses nouveaux jeux pour l'emmener déjeuner. Celle-ci avait d'ailleurs vaguement jeté son œil dans leur direction mais aucun commentaire n'avait fusé. Ce genre de scène de tendresse avait l'air habituel pour elle. Drago fit un malin plaisir à parler très fort dans l'escalier et lança un regard moqueur à oncle Vernon qui vitupérait contre lui du haut de l'escalier :

- Mauvais Noël à vous ! Hurla Drago avant de prendre Narly par la main et Harry par les épaules ce qui fit s'étrangler d'indignation oncle Vernon.

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RAR

Blob : merci.

Amand1 : comme tu peux constater, je publie effectivement tous les jours (ou presque), c'est plus simple car la fic est déjà toute écrite. Quant à la suite de leur relation, je pense que tu as eu ta réponse dans ce chapitre !