Chapitre 43 : Douleur

Une grande salle à peine éclairée de quelques chandelles. Il sentait la présence de son serpent à côté de lui. Du sang. Il avait soif de sang. Un éclair de rage le traversa alors qu'une silhouette blonde était effondrée devant lui sur le sol. Elle avait failli à sa tâche. N'était-il donc entouré que d'incapables ? Il avait besoin de cet argent. Impérativement. Maintenant. Il ne pouvait tenir que trois ou quatre mois avant que les plus lâches ne commencent à le vendre à ces imbéciles du ministère. Oh, il les connaissait. Il pourrait toujours leur faire payer cher cette trahison dans le futur, mais ce serait tellement plus simple s'il disposait de suffisamment d'argent pour les convaincre de façon plus rapide. Et plus sûre. Lorsqu'un nouvel éclair de rage le traversa, la femme blonde qui se tenait devant lui écarquilla les yeux d'horreur alors qu'un rayon vert fusait vers elle et tomba lentement en arrière, comme au ralenti. Un éclair de pur plaisir remplaça la rage. Plaisir de donner la mort.

Harry se réveilla brutalement dans son lit, en sueur, le cœur au bord des lèvres. Il n'eut que le temps de se précipiter à la salle de bain pour ne pas salir sa chambre. Il tremblait de tous ses membres, hagard, accroché au lavabo, écœuré par ce nouveau rêve. Mais il était persuadé qu'il ne s'agissait encore une fois pas d'un rêve. Il avait vu Voldemort. Il s'était encore une fois vu dans le corps de Voldemort. Il avait pris du plaisir à tuer, une nouvelle fois. Il ne prit conscience qu'il n'était pas seul dans la salle de bain que lorsqu'il sentit une main venir se poser sur son épaule. Il sursauta violemment et dans un réflexe de défense instinctif regretta sur le champ de ne pas avoir pris sa baguette. Il faillit se jeter dans les bras du propriétaire des yeux gris emplis d'inquiétude qui le regardaient. Avant de se souvenir au dernier moment de quels bras ce même propriétaire sortait. Il se dégagea violemment de l'étreinte de Drago et vit immédiatement son visage durcir.

- Fiche-moi la paix, cracha-t-il.

- Tu es malade Harry. Après avoir hurlé comme un damné dans ta chambre.

- Et alors ? Qu'est-ce que cela peut te faire ?

- Je m'inquiète pour toi, réussit à articuler péniblement Drago.

Merlin qu'il était difficile d'avouer ses sentiments avec des mots.

- C'est ça, railla Harry, et Voldemort est un petit ange, tant qu'on y est ! Dégage, Malefoy, je veux retourner dormir.

Drago serra les dents et s'effaça sans un mot. Il regarda Harry partir dans sa chambre le cœur serré. La nuit n'avait pas l'air de porter conseil. Mais il allait s'en tenir à son plan de bataille décidé après le départ de Remus et Severus. Il allait convaincre Harry que quoi que celui-ci ait vu ou entendu, c'était faux. Qu'il avait été berné de bout en bout. Et cela allait commencer par surtout ne pas changer d'attitude amoureuse. De toute façon, il était incapable de renoncer à lui, alors il allait se battre sur tous les fronts. Et si cela ne suffisait pas, il emploierait des méthodes assez contestables, mais efficaces. Il prouverait à son petit lion qu'il ne pouvait pas se passer de lui. Y compris sur le plan physique.

Le petit déjeuner du lendemain se déroula dans une atmosphère lourde entre Drago et Harry. Ce dernier refusait d'adresser la parole au premier. Heureusement Narly n'avait pas l'air de se rendre compte de la tension car Harry parvenait à garder une voix normale avec elle. Sitôt le petit déjeuner avalé, il sortit cependant de l'appartement sans un mot de plus pour Drago.

Harry trouva sans problème Ron et Hermione dans la salle commune des gryffondors. Ses amis le connaissaient assez pour savoir que cela allait mal, rien qu'à sa mine. Jetant un regard à la fenêtre, et au vu de la tempête de neige qui faisait rage dehors, Hermione décida d'entraîner les garçons en haut de la tour d'astronomie. Harry n'aperçut pas la grimace que Ron et Hermione échangèrent durant le trajet, il était trop absorbé dans ce souvenir qui lui faisait tant de mal. Une fois arrivés en haut de la tour, il leur dit simplement sans les regarder :

- Je me suis fait avoir.

- Drago ? Demanda timidement Hermione.

- Cette saleté de Malefoy m'a bien berné, cracha-t-il en retour.

- Je le savais qu'il ne fallait pas lui faire confiance à cette fouine, s'emporta Ron immédiatement. Il n'a pas intérêt à me croiser dans les couloirs, crois-moi !

- Ron, attends. Tu ne sais même pas ce qui s'est passé ! S'exclama Hermione.

- Il s'est passé que ce salaud a donné rendez-vous hier à Zambini pour coucher avec lui pour fêter sa majorité, cria Harry.

Sa voix se brisa sur les derniers mots et les larmes recommencèrent à couler sur ses joues. Hermione poussa un cri horrifié en mettant sa main devant sa bouche et Ron devint écarlate.

- Je vais le pulvériser, cracha-t-il en frappant le mur avec son poing. Tu pourras dire ce que tu veux, Mione, je vais le pulvériser !

Hermione ne savait plus quoi dire, Harry avait enfoui sa tête dans ses mains et Ron vitupérait en faisant les cent pas.

- Comment as-tu su ? Demanda finalement Hermione d'une voix tremblante.

- Je l'ai entendu, figure-toi ! Je passais dans un couloir où il se trouvait avec ses deux gorilles et Parkinson. Il me tournait le dos et donc il ne m'a pas vu arriver. Et en passant à sa hauteur, c'est là que je l'ai … entendu … parler de son rendez-vous.

- Mais, ce n'est pas possible, murmura faiblement Hermione. Enfin il avait l'air … si … si amoureux …

- Je sais ce que j'ai vu et entendu, s'emporta Harry. Maintenant je veux oublier ce salaud et le croiser le moins possible.

- Mais … et Narly ? Reprit Hermione.

- Je lui expliquerai que Drago et moi, nous nous séparons, et elle fera comme tous les enfants de parents divorcés ! Elle s'adaptera ! Et dès ce soir, je reviens dormir à la tour ! Et je me fiche totalement de ce que pourra dire Dumbledore ! Acheva-t-il en hurlant. Je m'en fiche. Il faut trouver une solution pour que je ne le croise pas à tous les repas. Je ne pourrai pas le supporter.

De son côté, Drago s'était résolu à appeler Matty pour s'occuper de Narly. Il ne pouvait absolument pas feindre plus longtemps devant elle que tout allait bien. Tout allait fort mal. Il n'avait pas redormi après avoir vu Harry dans la salle de bain. Il s'attendait totalement à sa fuite après le petit déjeuner, mais cela n'enlevait en rien la douleur de le voir partir sans un regard pour lui. Il lui fallait un plan de bataille. Savoir pourquoi Harry était convaincu qu'il allait rejoindre Zambini hier. Il fallait commencer par le serpentard. C'est pour cette raison qu'il ne put retenir une grimace lorsqu'il entendit frapper à la porte de l'appartement. Et qu'il fut surpris de découvrir son parrain et Remus qui encadraient Dumbledore. Celui-ci entra sans un mot. Les visages étaient graves.

- Assieds-toi, Drago, dit Severus d'une voix sans timbre.

Drago lui jeta un regard inquiet, mais Severus refusa de croiser son regard. Mauvais ça. Qu'est-ce qui allait encore lui tomber sur la tête ?

- M. Malefoy, dit lentement Dumbledore. Je suis malheureusement au regret de vous informer que nous avons reçu un message du manoir ce matin.

Avant même que Dumbledore prononce les mots, Drago sut.

- Votre mère est décédée. Probablement d'un avada kedavra.

Drago plaqua immédiatement ses mains devant ses yeux. Les larmes allaient couler, il le savait. Sa mère avait beau l'avoir renié pour sa décision, il restait celle qui avait pris soin de lui depuis qu'il était tout petit. Il entendit la porte se refermer après quelques minutes mais il avait la sensation qu'il n'était pas seul pour autant. Après un long moment encore, il finit par regarder qui était resté. Son parrain, bien entendu. Seul. Remus et Dumbledore avaient quitté la pièce.

- Tu veux assister à l'enterrement ou pas ? Demanda Severus simplement

- Et me retrouver face à une bande de mangemorts qui voudront une seule chose, m'amener à Voldemort ? Non, merci. Je resterai ici.

- Parfait. Effectivement, ça n'aurait pas été facile de te protéger. La seule chose que je puisse te dire maintenant concernant ta mère, c'est de conserver les bons souvenirs et de tenter d'oublier les mauvais.

Drago soupira longuement. Il n'attendait pas autre chose de la part de son parrain. Il n'y aurait pas d'autres paroles de réconfort, mais il savait aussi qu'il pourrait aller lui parler quand il voudrait. Il finit par hocher la tête.

- Où en êtes-vous avec Harry ?

Drago sentit aussitôt sa gorge se serrer, les larmes emplir ses yeux à nouveau. Il hocha la tête négativement.

- J'ai de très forts soupçons sur Zambini, Drago, dit doucement Severus. J'ai revu l'inventaire de la réserve des ingrédients avec Slughorn ce matin une deuxième fois. Il est formel, il manque un certain nombre d'ingrédients. Dont les éléments particuliers pour faire du polynectar. Comme tu es préfet, tu assisteras, comme tous les autres préfets de serpentards, à la descente que je fais cet après-midi dans les cachots. Ainsi qu' à l'interrogatoire de Zambini.

- Du polynectar ? Demanda Drago interloqué.

- Tu ne vas pas me dire que tu as déjà oublié ce qu'est du polynectar ?

- Non, mais …

- Alors, si je m'oblige à accepter qu'Harry dit effectivement la vérité comme le soutient Remus, et que tu dis aussi la vérité, et compte-tenu des ingrédients qui manquent dans la réserve, un hypothèse possible est que Zambini ait fait du polynectar pour se faire passer pour toi. Vous ne vous êtes pas vraiment affiché, mais vous n'avez pas été forcément discrets non plus. Zambini peut soupçonner que vous soyez devenus au moins amis. Voire plus. Et il a pu chercher à vous affaiblir tous les deux. Sans compter que Voldemort a parfaitement pu ressentir la sérénité actuelle d'Harry, ce qui forcément est loin de lui faire plaisir. Tiens d'ailleurs, une question sans rapport direct, mais tout de même : tu sais si Harry fait des cauchemars ou pas ?

- Avant Noël, il en faisait parfois. Mais il n'en a pas fait depuis, sauf cette nuit. Je ne l'avais jamais vu dans cet état cette nuit. Je crois qu'il en a repassé tout son dîner.

- Alors il faut absolument que ma théorie soit la bonne. Je dois prouver à cette tête de pioche que pour une fois, tu n'y es pour rien !

- J'irai discuter avec Zambini de mon côté.

Harry était partagé entre l'humiliation de devoir demander à Remus d'intercéder pour lui auprès de Dumbledore pour que celui-ci trouve un nouvel arrangement pour l'appartement, et celle de se retrouver trois fois par jour en face de celui qui l'avait trahi de la pire des façons. Il finit par décider que la première, face à un ancien ami de son père qui l'avait toujours écouté avec bienveillance, serait la moins humiliante des deux. C'est pour cette raison qu'il se résolut à frapper à la porte du bureau du professeur de DCFM. Il suppliait intérieurement Merlin de lui épargner Severus et que ce soit Remus qui lui ouvre. Hélas pour lui, Merlin devait être occupé ailleurs à cet instant, car ce fut Severus qui lui ouvrit. Avant qu'il ait eu le temps de tourner les talons ou d'ouvrir la bouche, Severus dit immédiatement :

- Entre. J'appelle Remus.

Et bien au moins il n'avait plus le choix. Il entra avec réticence. Il savait d'emblée que si Severus restait là, il ne s'humilierait pas plus en demandant un arrangement. Remus jaillit plus qu'il ne sortit de la pièce attenante au bureau. Il avait l'air soulagé. Harry nota qu'un regard échangé entre ses deux professeurs de DCFM suffit pour que Severus sorte immédiatement du bureau sans autre commentaire.

- Harry, s'exclama Remus. Je suis heureux que tu sois venu.

- Remus. Je souhaite déménager. Retourner à la tour des gryffondors.

Remus le regarda longuement avant de soupirer. Il finit par répondre :

- Non, Harry. Ce n'est pas une solution. Pas aujourd'hui en tout cas, ajouta-t-il en élevant la voix alors qu'Harry s'apprêtait à protester.

- Pourquoi pas aujourd'hui ? S'insurgea Harry au bord des larmes. Je ne veux plus le voir. Je ne le supporte plus, tu entends ?

- Je sais Harry, répondit Remus apaisant. Mais Severus travaille sur une hypothèse. Il fait cet après-midi une descente dans les dortoirs de sa maison pour trouver des réponses. Attendons jusque là.

- Pourquoi ? Ragea Harry. Pour découvrir quel imbécile j'ai été ?

- Pour découvrir d'une part la façon dont tu as été berné, d'autre part, la raison pour laquelle tu l'as été. Non, Harry, je ne reviendrai pas là-dessus, tu retourneras manger comme d'habitude ce midi avec Drago et Narly. Tu dois savoir que la mère de Drago a été retrouvée morte ce matin au manoir.

Harry aurait voulu ne rien ressentir, mais hélas, il ne put que s'attrister de la douleur que devait ressentir Drago. Il se souvint soudain de son rêve. La femme blonde ? C'était …

- Remus, dit-il d'un ton pressant, tu connaissais la mère de Drago ? Enfin, je veux dire, son apparence au moins ?

- Grande, élancée, blonde, bien que moins que Lucius ou Drago.

- Les yeux marrons ?

- Oui, mais comment …

- C'est elle que j'ai vu. J'ai fait un cauchemar cette nuit. Enfin, je me suis vu à la place de Voldemort, j'ai ressenti sa rage à propos d'un argent qu'il n'avait pas, et … j'ai ressenti son plaisir lorsqu'il a tué … la mère de Drago, acheva-t-il tout bas.

RAR

miniblonde07 : merci beaucoup pour ces compliments.

Zynill : eh voui, tout est écrit ! Donc je régale mes lecteurs !