Chapitre 57 : Déclaration d'amour

Les trois semaines qui suivirent se transformèrent en torture pour Harry qui voyait ses douleurs croître et amplifier le long de ses jambes. Mais à la fin de ces trois semaines, il pouvait commencer à faire bouger sa cuisse et réaliser des mouvements de balancier. Ses pieds étaient encore insensibles, mais Harry tenait pour certain que ce n'était qu'une question de temps. Le plus dur pour lui était de cacher sa douleur à Narly qu'il ne voulait pas inquiéter. Celle-ci s'habituait à son rythme nouveau : la semaine avec Mme Weasley et le week-end avec Drago, mais la proximité d'Harry lui manquait énormément.

Drago de son côté n'était pas non plus à la noce. Il devait travailler dur la semaine pour être à peu près tranquille le week-end pour Narly et Harry. Il était aussi la cible de beaucoup d'insultes assez venimeuses, essentiellement de la part des gryffondors et des serpentards. Les premiers parce qu'il restait l'ennemi, les seconds parce qu'il avait pactisé avec l'ennemi. Il devait tout de même reconnaître qu'il recevait de l'aide d'Hermione et Ginny surtout, un peu de Ron. Ce dernier défendait essentiellement Harry sans prendre ouvertement sa défense à lui, mais cela permettait de clouer le bec à certains serpentards.

Harry reconnaissait malgré tout que Dumbledore avait donné beaucoup d'autorisations pour améliorer son moral. Ron et Hermione avait en effet le droit de venir deux soirs par semaine en passant par la cheminée du professeur Mac Gonagall. Hermione avait dressé en conséquence un planning drastique de l'occupation des autres soirs et du week-end pour les devoirs, en particulier pour Ron qui, lorsqu'il n'était pas avec Harry, avait généralement un entraînement de Quidditch. En milieu de semaine, il recevait la visite de Ginny qui en profitait ensuite, toujours avec l'accord du directeur pour passer deux heures en compagnie de Narly. Elle ne pouvait être autorisée à mieux puisqu'elle passait ses buses à la fin de l'année. Les deux derniers jours, Remus faisait le déplacement et le faisait travailler autant que possible, particulièrement en métamorphose. Lorsqu'Harry avait protesté de devoir travailler à l'hôpital, Remus avait simplement rétorqué :

- Soit tu travailles, soit tu recommences ton année l'année prochaine, c'est clair ?

- Ce qui est surtout clair, avait bougonné Harry en ouvrant le livre de mauvaise grâce, c'est que Severus déteint beaucoup sur toi !

- Je pourrais en dire autant de toi sur Drago, avait dit Remus avec un sourire. Tiens, vendredi dernier, il a médusé la grande salle en ne s'emportant pas contre Narly qui avait renversé son jus de citrouille sur lui d'un geste malheureux. Après cinq secondes de silence, il s'est contenté de soupirer et d'éponger comme il pouvait. Même les gryffondors n'ont pas osé rire trop ouvertement du coup !

Harry avait eut un léger sourire teinté de mélancolie à l'idée qu'il ratait toutes ces petites choses sans importance, mais qui font les souvenirs heureux pour plus tard.

Ce ne fut que deux mois après son combat contre Voldemort qu'Harry put enfin poser un pied par terre et supporter son propre poids. Il avait besoin de deux cannes pour l'aider à marcher, et il en aurait besoin encore plusieurs semaines. Drago et lui commençait aussi à être terriblement frustrés de ne pas avoir un peu d'intimité. Sans forcément parler de relations intimes, ils trouvaient chacun leurs lits froids, et la chambre d'hôpital manquait sérieusement de confort pour que Drago puisse enfin couvrir Harry de tous les câlins qu'il voulait. C'est pour cette raison que dès que l'hôpital lui en donna l'autorisation, Harry prit difficilement mais avec une joie ineffable la poudre de cheminette et dit d'une voix sonore :

- Poudlard, bureau du directeur.

Il n'avait averti personne, mais n'en avait cure. On était samedi matin, Narly était à Poudlard, Drago aussi, le reste lui importait peu. Et surtout, il tenait à éviter tous les journalistes. Oui, il avait vaincu, oui il était un héros, et oui, il s'en fichait totalement !

Il fut bien un peu surpris que le bureau du directeur soit vide, mais lorsqu'il entendit les clameurs au loin, il s'en rappela la raison : c'était le dernier match de Quidditch de la saison. Ron et Drago l'avaient tenu au courant en détail de tous les matchs. Gryffondor disposait d'une mince avance sur Serpentard, car le dernier match ne s'était pas très bien déroulé pour les sang et or. L'affrontement face aux serdaigles s'était soldé par une défaite, bien que Ginny eut attrapé le vif d'or. L'équipe n'avait pas su compenser sa défection dans les poursuiveurs. Cependant l'équipe des serpentards affrontait aussi les serdaigles, qui se révélaient cette années redoutable avec des poursuiveurs très talentueux. Mais si les verts et argents gagnaient le match avec plus de cinquante points d'avance, ils emportaient la coupe dans les cachots.

Il soupira un peu en imaginant le trajet à faire avec ses béquilles, mais se mit courageusement en route. Le chemin lui parut bien entendu dix fois plus long qu'à l'habitude. Il n'entendait pas encore le stade trépigner, donc le match continuait. Vingt minutes plus tard, il arrivait en nage au bas de la tribune des gryffondors. Il lui restait à monter. Il entendit les chuchotements commencer alors qu'il était à mi-escalier. Il ne releva pas la tête, concentré pour monter jusqu'en haut et trouver d'abord Ron, Hermione et Ginny. Petit à petit, il entendit la tribune commencer à faire silence et sentait le poids des regards sur sa nuque. Parvenu enfin, haletant sous l'effort fourni, en haut de l'escalier, en relevant la tête le premier regard qu'il vit fut celui de Ron qui se tordait le cou pour savoir ce qui avait calmé ainsi la tribune. L'incrédulité d'abord, puis la joie transformèrent son regard. Mais celle dont le cri surpassa toutes les clameurs du stade fut Hermione. Elle hurla son prénom comme jamais en se précipitant vers lui. Il avait anticipé son étreinte et s'était arque bouté sur ses béquilles pour résister. Deux secondes plus tard, il sentait Ron le soulever avec emportement tandis que la tribune commençait à rugir son plaisir de voir enfin leur camarade sur pieds.

Ron et Hermione avaient prévenu Harry que certains élèves de la maison n'accepteraient jamais le couple qu'il formait avec Drago. Parce que celui-ci restait serpentard jusqu'au bout des ongles. La majorité des gryffondors avaient été choqués lorsqu'ils avaient compris, ainsi que la majorité des serpentards, qu'ils formaient un couple et que Narly était leur fille. Mais au fur et à mesure où ils avaient vu Drago en présence de la petite fille, une majorité de ceux qui doutaient de ce couple finit par admettre que le serpentard pouvait avoir changé. Au moins un petit peu, ce qui le rendait buvable. La douceur dont il faisait preuve avec elle, la façon dont il la laissait le chahuter, la manière dont il s'occupait d'elle aux repas en avait conquis plus d'un, à commencer par les filles, qui avaient été attendries. Et Hermione s'y entendait aussi pour fustiger quiconque émettait des remarques gratuitement méchantes à son encontre. Sa langue se révélait aussi acérée que celle de Drago.

C'est pour cette raison que la tribune se désintéressa pour la première fois de son histoire du score du match, pourtant si capital dans l'obtention de la coupe. A la plus grande surprise de Drago qui venait d'attraper le vif d'or, hélas juste au moment où les Serdaigles marquaient une nouvelle fois. Les serpentards n'avaient que quarante points d'avance. C'était l'égalité parfaite. Et la coupe, bien que remise aux deux équipes, seraient stockée dans le bureau du professeur de métamorphose, puisqu'ils en étaient les détenteurs et qu'Harry avait attrapé le vif d'or dans le mach qui avait opposé les deux équipes.

Son cœur rata un battement lorsqu'il entendit la tribune rouge commencer à scander un prénom :

- Harry ! Harry ! Harry !

Mais enfin, pourquoi ?

En voyant l'agitation à la tribune des professeurs et l'attroupement qui s'était formé en un point de la tribune, il sentit son cœur accélérer brutalement dans sa poitrine. Serait-il possible que … ?

Soudain, il le vit.

Hissé par plusieurs de ses camarades sur les épaules de Londubat et de Ron.

Les traits tirés, mais souriant.

Regardant les autres élèves.

Drago remarqua malgré tout qu'il jetait des coups d'œil rapides autour de lui comme s'il cherchait quelque chose. Ou quelqu'un ?

Il décida de se poster face à la tribune, à hauteur d'Harry, à peut-être cinq mètres de lui. Juste pour voir combien de temps il lui faudrait pour l'apercevoir. Il se sentit soulagé et ses lèvres s'étirèrent en un franc sourire lorsqu'il comprit qu'Harry l'avait vu en moins de trois secondes. Il le vit se pencher vers Ron, croisa le regard du roux qui tirait en même temps la manche de Londubat. Les gryffondors qui se trouvaient entre Harry et lui venaient de comprendre et ils s'écartèrent.

Le stade se tut soudainement tandis qu'il hissait Harry avec l'aide de Ron devant lui sur son balai. Ils ne se quittaient plus des yeux. Enfin, après un temps qui lui sembla interminable, Harry se pencha vers lui pour l'embrasser tandis qu'il resserrait son étreinte. Son petit lion rentrait à la maison. Pas encore tout à fait en pleine forme, mais il mettrait tout en œuvre pour qu'il se remette le plus vite possible.

Les larmes n'étaient pas loin chez l'un et chez l'autre lorsqu'ils se séparèrent. Drago finit par demander tout en s'envolant au milieu du stade pour pouvoir parler tranquillement :

- Pourquoi tu ne m'as pas écrit que tu sortais aujourd'hui ? Reprocha-t-il gentiment.

- Parce que je ne le savais pas avant ce matin, pouffa Harry. Le médicomage m'a dit ce matin que je pouvais appeler quelqu'un dès que je voulais pour sortir. Mais je savais que vous étiez tous les deux ici, alors je me suis habillé et j'ai été prendre la cheminée pour le bureau de Dumbledore.

- Mais … Et les protections ?

- Il faut croire qu'il n'y en avait pas, pouffa à nouveau Harry.

- Harry ! Mais qu'est-ce qu'ils t'ont donné comme potion pour que tu sois dans cet état ?

- Rien, dit soudainement Harry alors que ses yeux se remplissaient de larmes. Mais tu ne peux pas savoir ce que c'est pour moi d'être ici. Avec toi. Sur mes jambes. Oh, elles ne fonctionnent pas encore comme je le voudrais, mais …

- Harry, murmura simplement Drago en resserrant encore son étreinte.

- Il y a une chose que je ne t'ai pas encore dite, mon anguille, reprit Harry après de longues secondes de silence.

Drago se contenta d'un sourcil interrogateur en fixant ces yeux verts dans lesquels il adorait se noyer.

- Je t'aime, Drago Malefoy.

Drago n'eut pas d'autre réponse qu'une simple larme qui coula enfin le long de sa joue. Il était trop submergé par l'émotion pour faire quoi que ce soit d'autre.

Comme si la bulle de leur bonheur éclatait enfin pour se répandre dans tout Poudlard, ils entendirent enfin le stade. Les applaudissements. Ils virent enfin la tribune des professeurs. Narly qui tendait désespérément ses bras vers eux. Remus qui ne la retenait qu'à grand-peine tellement elle se tortillait.

Ils n'eurent pas besoin de se parler. Drago dirigea son balai vers elle et Harry put enfin la prendre dans ses bras sous les yeux pétillants du directeur. Humides de sa directrice de maison, de l'infirmière, du professeur de botanique. Chaleureux de la part de Remus et de Severus. Harry savait qu'il devait une reconnaissance publique à Severus. Pour son aide pendant son apprentissage. Pour son aide pendant le combat. Et enfin pour la réalisation mainte fois répétée de cette potion si délicate qui lui permettait aujourd'hui de remarcher. Maintenant Narly d'un bras, il lui tendit la main sans hésiter et dit simplement d'une voix assez forte pour être entendue des gryffondors qui n'étaient pas loin :

- Merci professeur. Merci Severus. Merci pour tout.

RAR

Moji : malheureusement pour guérir, il faut parfois souffrir !