Chapitre 1-L'arrivée.

Le mois d'août touchait à sa fin, il n'y avait pas eu de canicule cette année, le temps était doux. En plein Londres, d'une haute et belle maison de boulevard, s'échappaient des bribes de conversations. Des hommes et des femmes tenaient une discussion animée dans un des salons ; la plupart d'entre eux portaient des robes. Leurs couleurs chatoyantes et la finesse des tissus égalaient la beauté de leurs découpes. Certaines personnes étaient habillées en costume ; un détail pourtant dérangeait : tous leurs vêtements étaient froissés. Toutes les personnes qui se tenaient là avaient des traits contractés et fatigués, comme leurs tenues. Leurs voix étaient tendues, criardes, parfois brisées et inaudibles, parfois puissantes et fermes...

De temps en temps, l'un ou l'autre tentait vainement de détendre l'atmosphère et des rires crispés s'élevaient dans la pièce. C'était ainsi depuis l'annonce du retour de Lord Voldemort...La crainte, la peur et les pleurs revenaient dans les foyers tandis que les terribles souvenirs de son règne refaisaient surface dans les mémoires, plus forts et plus exacerbés que jamais.

Au prermier étage, une jeune fille essayait de se changer les idées en lisant, seule dans sa chambre, allongée sur son lit. De belles boucles noires tombaient sur ses épaules et encadraient son visage hâlé. Sianti avait les traits fins, des yeux si sombres qu'on avait du mal à distinguer la pupille de l'iris et de longs cils noirs qui accentuaient son regard. Elle portait des lunettes rectangulaires rouges foncées lorsqu'elle lisait.

Sans un bruit, un chat entra dans la chambre. Il avait des poils noirs, luisants, collés à sa peau. Ses oreilles étaient effilées, comme celles d'un lynx, et il possédait deux longues queues aux extrémités touffues. En le voyant s'approcher de son lit, Sianti se leva, retira ses lunettes et s'approcha du chat.

- Coucou ma belle ! pensa t-elle en caressant la chatte. Tu as fait un tour? Tu n'as pas fait de dégâts aux cuisines, j'espère ?

- Bien sûr que non ! répondit la chatte

- Et Kephren ?

- Il n'y a pas été, il est dans le jardin.

- Parfait ! conclu Sianti.

Sianti examina sa chambre, elle en était assez fière : elle avait enfin réussi à recréer l'atmosphère douce, paisible et chaleureuse de sa chambre en Egypte.

Comme dans la plupart des pays, un diplomate avait été envoyé en Angleterre pour resserrer les liens entre les gouvernements et opposer une résistance plus grande à Lord Voldemort. C'était son père que le gouvernement égyptien de la magie avait choisi. Ils avaient donc emménagé à Londres, un mois auparavant. Il avait choisi cette maison pour son histoire : elle était très ancienne et avait accueilli plusieurs sorciers renommés.

Ca avait été dur pour elle de tout quitter du jour au lendemain : son frère qui avait préféré rester en Egypte, ses amis, ses habitudes, son pays,... Heureusement, elle avait été très bien accueillie en Angleterre où on l'avait entourée de mille et une attentions. Finalement, le déménagement s'était bien passé et, depuis, elle n'avait pas eu beaucoup de temps pour regretter son pays.

La seule chose qui l'inquiétait était son entrée à Poudlard, l ecole de sorcellerie : elle se demandait quel était le niveau de cette école et comment cette année allait se passer avec Voldemort de retour. Et si les gouvernements décidaient de fermer les écoles ? Elle ne voulait surtout pas rater une année. L'obtention de ses ASPIC- Accumulation de Sorcellerie Poussée, Intensive et Contraignante - était très importante pour elle. Elle voulait les obtenir le plus vite possible pour pouvoir travailler avec son père au ministère. Elle avait décidé de passer des ASPIC en potion, botanique, métamorphose, sortilèges, astronomie et défense contre les forces du mal. Elle était très douée en potion, botanique, astronomie, moyenne en défense contre les forces du mal et en métamorphose et un peu moins bonne en sortilèges. Mais elle était sure de réussir quand même. Elle avait toujours aimé apprendre et lire. Les études avaient donc toujours été un réel plaisir pour elle. Bien sur, c'était parfois épuisant, comme l'an dernier où elle avait du beaucoup travailler pour combler ses lacunes en arithmancie. Mais elle avait finalement passé haut la main ses examens.

- Sianti !

Sianti, toujours plongée dans ses pensées, sursauta. Sans s'en rendre compte, elle s'était allongée sur le lit et Indra s'était pelotonnée à côté d'elle. Le temps avait filé à une vitesse folle, il était déjà six heures. Elle fit cependant attention à ne pas trop bouger pour ne pas déranger Indra. Celle-ci, habituée aux mouvements de sa maîtresse, ne bougea pas d'un poil.

- Sianti, descends s'il te plaît !

- Oui, papa ! J'arrive tout de suite !

Elle sortit de sa chambre. Son père l'attendait au bas des escaliers.

- Dépêche-toi ! Rama est déjà là !

- Quoi ? Sianti se précipita dans le salon principal, la tête de son frère apparaissait dans les flammes de la cheminée.

- Salut ma belle! Ca va?

- Rama !

Sianti s'approcha du feu et fit un énorme bisou à son frère.

- Attention aux flammes ! s'écria son père.

- Alors, qu'est-ce que tu racontes ? Tout va bien en Egypte ? Et Nauli, comment va-t-elle ? demanda-t-elle après avoir pris un coussin et s'être confortablement assise devant son frère.

Pendant ce temps, leur père s'était éclipsé préférant laisser ses enfants profiter de leurs retrouvailles. Les problèmes dont il avait à parler avec son fils attendraient bien un peu.

- Nauli ? Eh bien...Rama rougit un peu.

- C'est pas vrai, tu t'es encore disputé avec elle ? s exclama Sianti qui connaissait bien les deboires amoureuses de son frere. Décidément tu ne changeras jamais ! Et elle partit dans un grand rire cristallin.

- Oh, ça va, hein !

- Excuse-moi, Rama ! Et qu'as-tu prévu pour te faire pardonner ? demanda-t-elle en refoulant son rire.

- Je compte l'emmener dîner aux chandelles demain soir ! Ca nous fera du bien à tous les deux de faire une petite pause, nous sommes tellement pris par notre travail qu'on ne se voit presque plus !

- C'est sur qu'en étant journalistes pour deux journaux differents, c'est plus difficile de vous voir ! Mais si tu veux vraiment lui faire plaisir, prépare le dîner toi-même, dans ton appartement ! Ca la touchera sûrement beaucoup plus !

- Oui, mais je pensais trava...

- Ramaaaa !Attention !

- Bon, bon, d'accord ! Je ferai comme tu dis !

- Et que vas-tu lui cuisiner ?

- Sianti ! Laisse-moi un peu de temps,je viens à peine de décider de lui faire la cuisine !

- Bon, bon ça va ! Mais à ta place, je lui ferais un tajine de lapin aux olives et aux citrons ! C'est ce que tu fais de mieux ! Et si tu veux j'ai une très bonne recette de dessert ! Rapide et délicieux !

- A vos ordres mon caporal ! dit-il en imitant le salut d'un soldat !

- D'accord ! J'ai compris, je ne dis plus rien ! repondit-elle en faisant semblant de bouder.

- Petit scarabée, va ! Parle-moi plutôt de toi ! Ca se passe bien ici ?

- Ca va, c'est plutôt chouette... Papa m'a acheté la robe pour la danse de l'Embrasement ! Elle est magnifique !

- Tu as déjà fini la danse de l'Eclosion ! s'exclama-t-il abasourdi ! Mais tu l'as à peine commencée il y a 2 mois ! Tu n'es pas la descendante d'une danseuse du désert pour rien !

- Oui, je sais et je remercie maman tous les jours pour le don qu'elle m'a donné.

- Toi, alors ! Tu as du beaucoup t'entraîner quand même!

- Tu sais, à part décorer ma chambre, je n'avais pas grand-chose à faire ici !

- Au fait, j'ai appris que Harry Potter faisait ses études à Poudlard !

- Et ?

- Rien, je pensais que ça t'intéresserait c'est tout !

- Oh, moi, tu sais, il ne me fait ni chaud ni froid. Du moment qu'il n'a pas la grosse tête !

- Tu ne crois pas ce qu'on dit de lui dans les journaux ?

- Excuse-moi Rama mais quand tu vois les changements d'opinion de la Gazette des Sorciers, ça ne te donne pas vraiment confiance !

- Tu marques un point ! Mais tout de même, c'est une légende vivante ! Ca ne te fait pas d'effet ?

- Il n'a sûrement jamais demandé à en devenir une ! Ce doit être un fardeau pour lui...Devenir une légende parce que ses parents sont morts assassinés par un malade pour le protéger... qui voudrait d'une telle célébrité ! Même si je respecte le choix de maman et que je bénis le don qu'elle m'a laissé, j'aurais préféré qu'elle reste en vie…auprès de moi…

- Pardonne-moi Sianti, je ne voulais pas te faire de peine, j'ai été stupide ! Mais sache une chose, maman t'a toujours aimée, elle ne voulait pas partir…C'était…, Rama laissa sa phrase en suspend.

- C'était ?

- Quoi ?

- Qu'est-ce que c'était ? Tu viens de dire « c'était… » !

- Non, non, tu as du rêver...Et sinon, comment pressens-tu ta rentrée ?...

Sianti sut à ce moment-là que son frère lui cachait quelque chose, quelque chose qui la concernait, quelque chose d'important, qu'il ne le lui dirait pas...

Une heure s'écoula sans qu'ils ne s'en rendent compte et leur père entra dans la pièce sans qu'ils ne s'en aperçoivent.

- Mh, mh ! toussota–t-il pour signaler sa présence.

- Papa ? interrogea Sianti en se retournant.

- Je suis désolé ma chérie mais j'ai à parler avec ton frère maintenant !

- Bon, tant pis ! soupira-t-elle.

- Au revoir Rama !

- Ne t'inquiète pas, je reviendrai bientôt ! dit-il en l'embrassant.

- N'oublie pas de descendre à 8h00 pour le dîner Sianti! Tu sais bien que Mlle Cassandre déteste qu'on fasse attendre son repas !

- Oui, papa !

Sianti se leva et quitta son frère de bonne grâce. Elle savait que son père et lui devaient parler de choses importantes qu'ils devaient garder secrètes. Malgré cela, elle ressentit un pincement au cœur, elle n'aimait pas être tenue à l'écart et son frère lui manquait.

Comme elle n'avait rien de particulier à faire, elle décida de remonter lire dans sa chambre. Indra était encore sur son lit alors Sianti pris une brosse et entreprit de la brosser soigneusement. La chatte ronronna de plaisir.

Sianti repensa alors à ce qu'avait laissé échapper son frère et à sa mère. Elle savait qu'elle était l'une des rares descendantes des danseuses du désert.

D'après ce qu'on lui avait dit, les danseuses du désert formaient une tribu de danseuses sillonnant les déserts, comme son nom l'indiquait. C'était une tribu très mystérieuse et très peu connue. La particularité de ces danseuses était que, en plus de pouvoir lancer des sorts à travers leurs danses comme la plupart des danseuses magiciennes, elles avaient la capacité de contrôler les éléments à travers leurs danses. Lorsqu'elles dansaient en groupe en y mettant toute leur puissance, elles pouvaient déclencher d'énormes cataclysmes.

Quand une tribu se trouvait en difficulté à cause de la sécheresse, elle faisait appel aux danseuses qui venaient provoquer une pluie, c'est pourquoi les danseuses étaient considérées par les autres tribus comme des semi déesses. Les danseuses avaient pour mission d'aider chaque tribu sans distinctions de clans ou de pouvoirs magiques.

Le don de contrôler les éléments en dansant se transmettait uniquement de mère en fille. A chaque danseuse était liée une sashtet. Kephren et Indra étaient des sashtets. Les sashtets étaient une lignée de chattes protectrices liée à la lignée des danseuses du désert. Lorsqu'une danseuse donnait naissance à une fille, la sashtet à laquelle elle était liée donnait naissance à une sashtet. Les deux bébés naissaient exactement au même moment et étaient dès lors liés par le lien qui unit toute danseuse à sa sashtet.

Ce lien leur permettait de communiquer mentalement et de savoir à chaque instant où se trouvait l'autre. Chacune ressentait la douleur physique de l'autre. Les sashtets avaient aussi la capacité de créer un champ de protection magique.

Une sashtet n'existait que pour et par sa danseuse, elle vivait pour la protéger et mourait quand sa danseuse mourait. Les sashtets avaient donc une espérance de vie bien plus longue qu'un chat normal.

Elles ressemblaient fortement à des chattes mais avaient des oreilles de lynx, deux fines queues qui se terminaient par des boules de poils et de longs poils collés le long de leur corps qu'elles pouvaient gonfler sous l'effet d'un sentiment violent. Elles ressemblaient alors à de gros hérissons.

Sianti repensa aussi au fait qu'elle n'avait pas une seule sashtet mais deux dont un mâle, Kephren !Ce qui était quasi impossible étant donné que les sashtets donnaient toujours naissance à des femelles pour perpétuer la race lorsque venait le moment d enfanter, elles partaient a la recherche d un male d une autre espece ce qui donnait des croisements parfois etranges...

Sianti avait beau poser des questions, on ne voulait pas lui dire pourquoi. Elle avait donc décidé de le découvrir elle-même. C'est en partie pour ça qu'elle lisait autant et qu'elle était aussi contente d'entrer à Poudlard, elle découvrirait peut-être quelque chose là-bas.

Après un quart d'heure, elle prit son livre et se remit à lire. Elle lisait « L'histoire de Poudlard » qu'elle avait trouvé quelques jours auparavant dans la bibliothèque. L'ancien propriétaire avait constitué une très belle bibliothèque qu'il avait laissée là avant de partir. Elle l'avait vu traînant sur une étagère et s'était dit qu'au moins, en le lisant, elle en saurait un peu plus sur son école. Cette lecture était, d'ailleurs, des plus intéressantes. Elle apprit ainsi tout sur sa future école depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui et tout ce qu'elle lisait la rendait encore un peu plus impatiente d'y entrer. Elle termina sa lecture peu avant huits heures et descendit à temps pour ne pas se faire réprimander. Quand elle arriva dans la salle à manger son père était déjà à table...

- Assieds-toi, ma chérie ! Au fait, demain, j'ai rendez-vous avec le professeur Dumbledore.

- Le directeur de Poudlard ? Pourquoi ? l'interrompit Sianti, soudain intéressée.

- Lui-même mais tu n'as pas besoin de savoir pourquoi, répondit-il d'un ton sans réplique. Bon, que dirais-tu de m'accompagner au théâtre voir une pièce de Shakespeare ? Tu pourrais passer l'après-midi sur le chemin de Traverse, je te retrouverai là-bas une fois que mon entrevue se serait terminée, nous dînerions ensemble en ville et ensuite nous irions au théâtre. Qu'en penses-tu ?

Même si son père était un sorcier, il avait beaucoup de respect pour les moldus et aimait beaucoup l'art moldu. Il emmenait donc souvent Sianti au théâtre, à des expositions, des spectacles...moldus.

- Avec plaisir ! répondit-elle. Elle adorait le théâtre et avait très envie de sortir, c'était une excellente occasion pour se changer les idées.

- Pourrais-je quand même le voir ? Lui parler ?

- Qui ?

- Dumbledore, tiens !

- Oh, on verra, on verra ! S'il accepte et qu'il a le temps, pourquoi pas ? Mais il ne faudra pas insister, c'est un homme très occupé, s'il te dit non, tu ne protesteras pas ! C'est clair ?

- Clair comme de l'eau de roche ! répondit Sianti, merci papa !

Sianti finit son repas et monta dans sa chambre. Elle lut encore un bon moment et s'endormit ensuite en se demandant comment pouvait bien être cet homme mythique qui avait vaincu le grand mage noir Grindelwald, était devenu directeur de Poudlard, et surtout, comment était le seul homme que Lord Voldemort craignait.