Chapitre 7 : La révélation
Les fêtes passées, nos trois amis retrouvèrent vite leurs camarades ainsi que l'ambiance stressante et épuisante des cours qui devenaient de plus en plus difficiles et requerraient la plus grande attention. L'humeur de chacun s'en faisait ressentir. Harry se surprit même à devenir irritant avec les autres, surtout depuis que le professeur Rogue lui eut annoncé qu'il n'arriverait jamais à devenir Auror et que les résultats de ses BUSES, pourtant très bons, n'étaient du qu'à un coup de chance.
Un jour, lors d'un cours de Métamorphose, Harry laissa ses pensées s'envoler, et observa le ciel par la fenêtre. Tout se bousculait dans sa tête. Il repensait à ce soir, où les émotions qui l'avaient submergé l'avait rendu si vulnérable, mais aussi… la prophétie. Il estima qu'il était temps d'avouer la vérité, au moins à Ron et à Hermione. Ensuite éventuellement, Neville, Ginny et Luna. Ils s'étaient tous rendu à Londres, avec une volonté assez ahurissante d'ailleurs. Ron le sortit de sa brève chimère par quelques secousses.
- Harry tout va bien ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu as l'air pâle et… ailleurs.
- Mais non.
Comment leur dire ? Comment annoncer ça le moins pénible possible ? Il regarda au-dehors, le temps était clair. Bon, de toute façon, il faudra bien qu'ils l'apprennent un jour. Il souffla, et se tourna vers ses amis :
- A la fin de l'heure, j'aimerais vous parlez à tous les deux, seuls. C'est très important.
- Ok, répondirent-ils en chœur.
Le cours de Mc Gonagall se termina enfin. Harry se leva assez précipitamment et murmura un « Suivez-moi » avant de se diriger dans les couloirs. Il conduit Ron et Hermione dehors.
- Pourquoi nous emmènes-tu si loin ? questionna Hermione.
- Personne ne doit nous entendre, répondit-il d'un air mystérieux.
Ils arrivèrent près du lac. Harry se tourna vers eux :
- J'aimerais vous parlez de… du Département des Mystères, dit-il avec peu de conviction.
- Harry, ne te sens pas obligé, tu sais tu n'es peut-être pas encore prêt à…
- Si. Je sais quelque chose que vous ignorez, et il est temps que je vous mette au courant.
- Au courant de quoi ? intervint Ron, incrédule. Qu'est-ce que tu essayes de nous dire ?
Harry les fixa. Hermione sembla soudainement inquiète, et Harry vit qu'elle fronça légèrement les sourcils. Quant à Ron, il semblait incertain.
- En fait… vous deviez vous en doutez mais…
Harry leur avoua tout. La prophétie, le fait qu'il soit l'Elu, le seul capable de tuer Voldemort, et que la survie du monde des sorciers reposait en partie sur ses épaules. Il s'attendait bien évidemment à des réactions fortes de leur part, mais cet aveu eut un impact considérable sur ses deux meilleurs amis. Ron se renfrogna et ne dit rien. Ses joues s'empourprèrent rapidement, et il s'éloigna un peu, tournant le dos à Harry. Il ne voulait pas craquer devant lui. Question de pudeur, et de fierté aussi. Hermione, elle, n'eut aucune retenue et laissa échapper un cri de désespoir quand elle réalisa ce que serait le destin d'Harry. Ses jambes flageolèrent sous le coup de l'émotion, et Harry dut la retenir avant qu'elle ne s'effondre vraiment.
- Alors tu vas devoir le tuer de ta main ? C'est la seule solution ? Par Merlin non… tu dois le tuer, toi… dit-elle entre deux sanglots, analysant et interprétant les paroles de son ami. Ou sinon, ou, ou sinon…
Harry sentit les larmes monter, mais la vive réaction d'Hermione le blessa, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il ne put s'en empêcher, et dit :
- Mais regarde-toi ! Pourquoi te mets-tu dans un tel état ? Arrête un peu Hermione, qu'est-ce que je devrais dire moi hein ?
Ron se retourna, surpris par la colère d'Harry.
- Oh excuse-moi Harry, pardon, c'est juste que… c'est… c'est trop dur… j'ai tellement de peine… si tu savais… tellement de peine…
- ça ne sert absolument à rien de pleurer, A RIEN ! hurla-t-il.
- Harry !
Ron s'approcha et prit Hermione dans ses bras. La jeune fille, ne réalisant pas le geste de Ron, se serra contre lui, blessée des paroles révoltées d'Harry.
- Quoi ! Tu crois que ça m'aide de vous voir comme ça ?
- Non et j'en suis désolé mais… Il poursuivit d'une voix tremblante : Tu nous annonces que tu es susceptible de mourir dans les mois qui viennent, alors, ALORS COMMENT CROIS-TU QU'ON VA REAGIR ? Mince Harry, tu es mon MEILLEUR AMI, TU, TU ES COMME UN FRERE POUR MOI… JE NE VEUX PAS TE PERDRE !
Hermione sanglota de plus belle. Elle se desserra de Ron et regarda Harry :
- Harry… je suis désolée d'avoir craqué devant toi… mais je tiens tant à toi… Je…
Elle fit un pas en avant, s'apprêtant à l'étreindre, mais Harry recula.
- Je ne veux pas de ta pitié, de votre pitié ! s'emporta-t-il. Jamais !
- Alors que devons-nous faire Harry ?
Ron le dévisagea. Son visage exprimait et la colère, et la tristesse.
Après un instant de silence, Harry déclara :
- Je n'aurais pas du vous le dire. Voyez où ça nous mène ! IL arrivera à ses fins, regardez, IL nous sépare déjà !
Ce fut à son tour de verser des larmes de fureur. Il s'assit au bord du lac, faible, abattu. Hermione, un peu calmée mais toujours perturbée, tenta comme elle le pouvait de contenir les siennes, et s'assit , l'obligeant à la regarder.
- Harry… excuse-moi, dit-elle d'une voix presque imperceptible.
Elle mit ses bras autour de son cou. Harry la laissa faire, une envie brûlante d'être dans ses bras l'emplissant … Il savait qu'elle voulait le réconforter, mais il la repoussa une nouvelle fois. Hermione le regarda, surprise, et, avant qu'il ne contrôle quoi que ce soit, Harry lui dit :
- Arrête ! Hermione arrête ! Ne m'approche plus… Je… nan… laisse moi tranquille !
- Mais Harry qu'est-ce qu…
- Allez !
Hermione se sauva hâtivement, offensée. Jamais Harry ne lui avait parlé sur ce ton, jamais… Ron essaya de la rappeler mais elle était trop loin. Il lança à Harry un regard plein de colère :
- Mais Harry, tu te rends compte de ce que tu viens de lui dire ?
- C'est bien à toi de parler ! répliqua Harry.
- Moi c'est différent, je me dispute depuis la première année avec elle… nos relations ont toujours été comme ça mais, enfin, toi ! Tu ne t'es JAMAIS comporté aussi odieusement avec elle ! Et crois-moi Harry, tes paroles ont été cassantes…
- Je ne le nie pas mais vraiment je n'en peux plus de la voir si inquiète… non mais franchement tu me vois supporter ça tous les jours ? Je veux dire, elle ne m'aide pas, au contraire…
- Peut-être, mais tu n'étais pas obligé de lui parler comme tu l'as fait.
Ron se tut un moment et reprit :
- Bon je te laisse vieux, je vais essayer de la retrouver.
Il commença à s'éloigner mais il revint auprès d'Harry, devenu immobile, telle une statue.
- Je suis désolé… pour la prophétie… mais sache Harry que tu pourras toujours compter sur moi, je veux dire, sur… nous.
Puis il partit, après avoir tapoté amicalement l'épaule de son meilleur ami.
Harry resta seul près du lac, repensant à ce qui venait de se passer. Il se demanda s'il n'aurait pas mieux valu qu'il se taise… Oh et puis maintenant que c'était dit… Une chose lui échappa néanmoins : Que s'était-il passé avec Hermione ? Qu'est-ce qui lui avait pris ? C'est la première fois qu'il manquait de respect envers son amie. Ron avait raison, il avait été vraiment dur dans ses propos… quand elle s'était approchée de lui, il l'avait misérablement repoussée, alors qu'il ne lui en voulait pas…
- Pas elle, je ne veux pas la perdre, non… Hermione… Qu'ai-je fait ?
Il leva les yeux au ciel, distrait par un oiseau. Mais… cet oiseau… aussi insignifiant était-il, semblait porter une aura mystique en lui, quelque chose de magique… Harry le contemplait. Il était vraiment magnifique. Soudain, comme quand on allume la lumière dans le noir, tout lui apparu clair, limpide. Une évidence… Il avait enfin ce signe, celui qu'il attendait inconsciemment, peut-être depuis toujours… Et pourtant, aussi clémente la réponse fut-elle, Harry refusait de l'accepter. Pourquoi, il l'ignorait. Son cœur fit un bond, un feu d'artifice éclatait en lui, c'était merveilleux. Mais c'était trop tard. Il ne voulait pas laisser ça guider sa vie, il n'avait pas le droit. La prophétie serait son seul moteur à présent, sa seule raison de vivre … mais peut-on vivre sans amour ?
- Il le faudra bien…
