Chapitre 8 : Under the rain
Harry était perturbé de la distance qu'il avait choisit de mettre entre lui et Hermione. Depuis leur dernière dispute, il n'avait quasiment pas adressé la parole à son amie. Et ça lui manquait, Merlin que c'était dur… Ron essayait de comprendre, questionnant Harry, en vain, tandis qu'Hermione avait abandonné au bout de quelques jours, découragée par le refus d'Harry à admettre la vérité. « Il y a forcément autre chose… ce n'est quand même pas à cause de ma sensibilité ? » avait-elle confié un jour au rouquin pendant un cours. A maintes reprises Hermione avait tenté de parler à Harry, s'excusant d'avoir pleuré comme une gamine… mais rien n'y faisait, Harry semblait buté. Hermione décida donc de passer moins de temps avec eux, ce qui étonna beaucoup de monde. Le trio infernal était-il perdu ?
Harry et Ron jouaient aux échecs dans la Grande Salle depuis bientôt une heure. Ron l'emporta, comme à chaque fois. Ils décidèrent de faire une pause. Ron leva les yeux :
- Dis t'aurais pas vu Hermione ? demanda-t-il d'un air innocent.
- Tu sais très bien qu'elle est certainement à la bibliothèque, répondit Harry d'un ton sec.
- Alors vous êtes encore en froid ? dit Ron, énervé. Hermione et moi, c'est courant que l'on se dispute, mais elle et toi… j'avoue que je ne comprends pas ! Tu n'as jamais su me donner de raisons valables.
- J'ai pas envie d'en parler okay ? dit-il d'un ton sans appel.
- Bonjour les garçons ! Luna s'installa à côté de Ron. De quoi parlez-vous ?
- De rien.
- On parlait d'Hermione, reprit Ron. Harry s'est disputé avec elle, dit-il en appuyant le regard sur son ami.
- Mais vas-y, claironne-le à tout le monde !
- Ce n'est pas un secret, les gens ne sont pas aveugles Harry…
- Tu t'es disputé avec Hermione ? Etonnant, commenta Luna.
- Je ne me suis pas disputé avec elle !
- Non, bien sûr, tu l'évites, tu l'envoies balader dès qu'elle t'approche mais à part ça non, tu ne t'ai pas disputé avec elle…
- Et alors ?
- ça ne te ressembles pas, du moins pas avec elle !
- Vous aviez l'air de vous apprécier pourtant, intervint Luna.
- C'est le cas, dit immédiatement Ron.
- La ferme Ron !
Ce dernier se leva aussitôt et partit, vexé. Harry ne fit rien pour le retenir, il en avait assez de l'entendre. Luna le regarda partir, et baissa les yeux avant de se tourner vers Harry :
- Pourquoi réagis-tu si violemment ? Ronald n'y est pour rien. Tu veux perdre tes amis ?
- C'est déjà fait…
- Tu es triste et ça se voit. Raconte-moi… que s'est-il passé avec Hermione ?
- Rien.
- Alors, quel est le problème ? Pourquoi vous êtes vous disputés ? C'est idiot tu ne crois pas ?
- Parfois on n'a pas le choix.
- Ce serait dommage de gâcher votre amitié. Les amis, les vrais, sont des dons précieux et rares.
Luna marqua une courte pause et reprit, le visage confiant :
- Je sais qu'elle est un don pour toi.
Harry releva brusquement la tête, ce qui fit sourire Luna.
- Il m'a suffit de vous voir ensemble pour comprendre.
- Tu sais Luna, les gens ici ne conçoivent pas notre amitié… Il y a eu Rita Skeeter, Viktor Krum, mon ex, nos camarades… et bien d'autres. J'en ai marre, c'est pour ça que je l'évite. Peut-être qu'ainsi ils arrêteront de nous harceler…
- Pardon ? C'est un mensonge Harry. Tu ne mettrais pas Hermione de côté à cause de l'opinion des autres. Non, ça ne te ressemble vraiment pas… Il y a autre chose qui te pousse à agir de la sorte, conclut-elle.
- C… co… comment ? bégaya Harry, stupéfait.
- Ta frustration en est la preuve ! Hermione compte beaucoup pour toi, et inversement, ça saute aux yeux. A mon avis tu as envisagé le fait que vous vous trompiez, et que les autres voyaient ce que tu refusais de voir ou d'admettre, et tu crois que lui tourner le dos réglera le problème. Tu as tord. Et tu en souffres.
Harry était abasourdi. Luna avait tout compris : ses actes, l'objet du problème et son ressenti. Il était impressionné.
- Tu, hum, tu…
- C'est facile pour moi. Je te comprends. Quand je vous observe tous les deux, je vois une grande amitié… et beaucoup de tendresse. Vous admirez l'autre, vous l'aidez et le comprenez. Je me rends bien compte que tu es malheureux. Et je suis certaine qu'elle ressent la même chose que toi. Je ne connais pas trop Hermione, mais si tu as une grande estime d'elle, alors c'est qu'elle est unique.
- Luna… merci.
- De rien. Tu sais ce qu'il te faut faire à présent. Je vais retrouver Ronald. Bye.
- Luna attends !
- Oui ?
- Tu es un don.
- Elle encore plus…
Puis elle s'éloigna de son pas aérien. Harry se sentait plus calme. Au moins, il y voyait un peu plus clair. Mais allait-il pour autant suivre le conseil de Luna ?
Il retrouva Ron dans la Salle Commune.
- Heu, excuse-moi pour tout à l'heure, je voulais pas dire ça.
- Ouais…
- Je vais aller voler un peu tu m'accompagnes ?
Voler. Oui, c'était une bonne idée.
- Pas envie, marmonna Ron, encore mécontent.
- Bon, bah moi j'y vais.
- C'est ça.
Le temps se couvrait et la pluie risquait bientôt de retomber. Oh, qu'importe, il ne voulait pas rester dans la Salle Commune. Mais s'il y était allé il aurait trouvé Hermione, les yeux gonflés, parce qu'elle venait une nouvelle fois depuis près d'une semaine de pleurer.
- Oh Ron, j'en ai assez… qu'est-ce que j'ai bien pu lui faire pour qu'il soit si odieux avec moi… je ne comprends pas…
- Je ne sais pas non plus… à chaque fois que je lui en parle il fait la sourde oreille. Il m'a même envoyé boulé tout à l'heure…
- Si au moins il me disait pourquoi… J'ai mal Ron… ça ne peut plus durer ! Hermione essuya ses larmes d'un revers de manche et se redressa, faisant face à Ron. Où est-il ?
- Sur le terrain de Quidditch. Monsieur est parti voler.
- J'y vais ! s'exclama-t-elle résolument.
- T'as vu le temps ?
- Ron, c'est maintenant ou jamais !
Sur ces dernières paroles Hermione partit en trombe. Ron n'essaya pas de la retenir. Il savait combien c'était important pour elle, et que l'indifférence d'Harry la rendait malade.
- Bonne chance !
Hermione courut presque jusqu'au terrain de Quidditch. Il n'y avait personne. Seul Harry volait. Hermione se remémora la fois où elle s'était trouvée ici il y a encore quelques semaines, au temps où Harry était celui qu'elle connaissait, celui qu'elle aimait. Hermione attendit qu'Harry la remarque. Il filait sur son balai. Enfin il descendit progressivement pour atteindre le sol, car de grosses gouttes lui obstruèrent la vue, et il était donc périlleux de voler dans ces conditions. Il distingua une silhouette, et reconnut Hermione, en s'approchant.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Rentre, tu vas attraper froid.
Il fit demi-tour et accéléra le pas.
- Non ! J'ai à te parler Harry… attends… mais tu vas t'arrêter oui ? La fureur d'Hermione se faisait ressentir. ARRETE-TOI ! cria-t-elle en lui attrapant de force le bras. Tu ne peux plus fuir Harry. Tu vas m'écouter…
Malgré la pluie, malgré le froid, Harry et Hermione restèrent sur le chemin. Après quelques secondes de silence, où l'un et l'autre s'observèrent pour la première fois depuis sept jours, le jeune fille reprit :
- Qu'est-ce qui te prend hein ? Je ne te reconnais plus, tu es désagréable avec moi, tu m'évites, ou plutôt devrai-je dire que tu m'as complètement rayée de ta vie… Tu ne comprends donc pas que je souffre ? Il ne s'est pas passée une minute sans que je ne pense à toi ces sept derniers jours… pas une. J'ai souvent pleuré, à cause de toi… du jour au lendemain ton attitude a changé, j'ai pas compris… et je ne comprends toujours pas ! Tu crois que je vais accepter ta désinvolture sans broncher ? Détrompe-toi ! Ron et moi se faisons du soucis… Je ne sais plus quoi faire… Harry…
Les larmes inondent peu à peu ses yeux, mais cette fois, elle ne craquerait pas, elle se l'était jurée à elle-même. Après avoir repris son souffle, elle se ressaisit et dit avec colère :
- Qu'ai-je fait pour mériter un tel mépris ? DIS-MOI !
Harry était subjugué par sa colère. Il se tut. Soudain, Hermione, le regard vague, dit sans crier :
- C'est la première fois en six ans que je me mets en colère contre toi… la première fois qu'on se dispute…Comment cela a-t-il pu nous arriver ?
Harry eut de la peine en réalisant ce qu'elle venait de dire.
- Je ne voulais pas en arriver là avec toi… Je suis désolé.
- Tu es… tu, tu es désolé ? Et moi alors ? J'en peux plus Harry, toute cette histoire me rend folle alors, PARLE–MOI !
Harry non plus n'en pouvait plus. Il se rapprocha subitement, faisant sursauter la jeune fille.
- TU VEUX QUE JE TE DISE C'EST QUOI MON PROBLEME ? TU VEUX VRAIMENT CONNAITRE LA RAISON ?
Hermione le fixa avec une expression de défi. Aucun des deux ne cilla.
- C'est NOUS le PROBLEME ! J'en ai marre de ne feindre que de l'amitié entre nous deux ! Tu entends, MARRE ! Ce n'est plus le cas, il y a plus, bien plus… Et ne me dis pas que je me trompe Hermione, je n'ai jamais été aussi sûr de moi depuis bien longtemps ! cria-t-il avec vigueur. Voilà, t'es contente ? Tu te sens mieux là ?
- C'était… pour… ça ? Harry…
Elle glissa une main timide sur sa joue, puis porta les deux dans ses cheveux, qui lui tombaient devant les yeux à cause de la pluie… Elle plongea son regard dans le sien, et c'est alors qu'elle sentit une main glisser sur sa taille, puis sur sa hanche… Elle baissa les yeux, mais Harry lui releva délicatement le menton… la pression était enfin tombée. Et tous deux baissèrent instinctivement les paupières…
Il n'y en eut qu'un. Un seul et unique. Mais il leur sembla durer une éternité. La douceur d'un désir partagé, enfin réalisé… Les tensions qu'ils avaient accumulé au cours de la dernière semaine se libérèrent dès l'instant où leurs lèvres se touchèrent pour la première fois. Ce baiser était d'une intensité rare, passionnelle, timide même… tout comme ce lien entre les deux amis-amants. Enfin ils rompirent leur baiser.
- Non, je ne peux pas… dit Harry en reculant légèrement.
- Oui, je… je comprends très bien.
- Si je fais ça, IL saura… et je ne veux pas qu'il… qu'il l'utilise sinon, enfin, qui sait ce qui pourrait arriver…
- Ne t'en fait pas, assura Hermione, tremblant imperceptiblement, encore sous le coup de l'émotion. Viens là.
Elle le prit dans ses bras.
- Hermione…
Harry la serra aussi fort qu'il le pouvait. Ils étaient trempés mais leur bonheur était indéfinissable, et ce détail leur parut si futile qu'il n'y prêtèrent guère la moindre intention.
- Excuse-moi pour tout, j'ai vraiment agi comme un c…
- Chut… Je suis tellement heureuse de te retrouver. Tu m'as tellement manqué…
- Toi aussi… c'était difficile de t'ignorer. Excuse-moi encore. Ah Hermione…
Harry caressait ses cheveux, respirait son odeur… Elle faisait de même, et tout deux savouraient cet instant privilégié.
- Harry… j'ai vraiment souffert… mais n'en parlons plus, nan…
Il la regarda alors comme si c'était la première fois ; elle sourit. Et puis… le silence. Trouble. Les deux amants réalisent. Harry cassa rapidement le silence qui commençait à s'installer.
- Rentrons.
- Maintenant ?
- Il ne faut pas… je… je ne sais pas… On sera plus à l'aise au chaud.
- D'accord. Allons-y.
Ils se dirigèrent donc vers le château, main dans la main. Arrivés dans le hall, ils rencontrèrent Ron.
- Alors ? dit-il d'un ton incertain. Comment ça va vous deux ?
Ils lâchèrent aussitôt leurs mains et échangèrent un regard anxieux, puis Hermione répondit :
- Et bien… nous avons discuté et … et tout est arrangé !
- Oui, renchérit Harry.
- Il était temps ! A vous pouvez être fiers de vous vraiment ! Ne me refaites JAMAIS un coup comme ça c'est compris ?
- Oui, t'en fais pas…
