Chapitre 13 : Lutter contre ça

Ils rentrèrent à Poudlard, avec Ginny et Dean, silencieusement. Luna avait choisi de rester encore un peu. Ron se retenait de balancer ce qu'il pensait de cet épisode. Harry aussi. Les deux amis comprirent que pour le moment ce n'était pas la peine de remuer le couteau. Arrivés au château, Hermione se décida à parler :

- Merci à vous deux pour…

- T'en fait pas Hermione.

- Ouais y a pas de mal, on est tes amis alors…. ça va, répondit Ron avec une certaine maladresse.

Hermione en fut touchée.

- Ron je te dois des excuses…

- Non, laisse tomber tout ça ok ? Y a pas de problème, répéta-t-il. Tu ne pouvais pas savoir… Ron posa sa main sur son épaule et lui sourit.

- Maintenant, dit-il en levant les yeux vers les escaliers…

- Allons préparer nos affaires, dit Harry en faisant la moue.

Ils se rendirent donc à leur dortoir puis allèrent prendre leur repas. Une fois qu'Hermione fut rentrée dans son dortoir, Ron se tourna vers Harry :

- Tu me racontes ?

- Ouais. Viktor voulait l'emmener en Bulgarie et la faire rentrée à Durmstrang… il s'est mal conduit avec elle…

A la fin de son récit, Ron frappa violemment son oreiller.

- Ce misérable petit crétin… je le savais, j'ai toujours su qu'il n'était pas clair ! s'emporta-t-il.

- Il ne faut pas lui radoter cette histoire Ron tu comprends ? Elle doit se sentir déjà suffisamment mal pour que tu en rajoutes…

- Tu parles comme une fille Harry ! rigola Ron. On dirait Ginny…

Ginny fut la dernière de son dortoir à sortir. Elle déposa ses sacs dans la Salle Commune.

- Oh zut j'ai oublié ma veste…

Elle remonta et, en passant devant une porte entrouverte, perçut du bruit.

- Il y a quelqu'un ?

Elle s'approcha, et reconnut des pleurs.

- Je peux entrer ?

N'ayant pas de réponse, elle avança et découvrit…

- Hermione ! Oh Hermione, mais que t'arrive-t-il ?

Elle la trouva effondrée sur son lit, la tête cachée entre ses mains . Ginny s'assit à ses côtés.

- Viens là… Allez Hermione…

Elle la prit dans ses bras et essaya de la consoler.

- Qu'est-ce qui ne vas pas ? dit-elle doucement. Depuis quelques temps je te trouve… différente. Je croyais que le retour de Viktor allait arranger les choses, mais, quelque chose te tracasse j'en suis sûre, et tu ne veux pas me le dire…

- Oh Ginny… ne, ne t'inquiète pas je, c'est nerveux, c'est rien… dit-elle, toute tremblotante, et d'une voix secoué de plusieurs sanglots.

- Hermione arrête… tu ne sais pas mentir. Parle-moi… on est toujours amies non ? On s'est toujours tout dit ?

- B-bien sûr… mais je t-t'assure que tout va bien.

- C'est à cause de ce qui s'est passé avec Viktor ?

- Non ! Et ne me parle plus jamais de lui ! cria-t-elle avec force. C'est j-juste… nerveux. Tu sais parfois il est bon de craquer, pour relâcher la pression… Tu vois je n'ai toujours pas reçu de nouvelles concernant la S.A.L.E. depuis un moment alors je m'inquiète… Tu t'en fait pour rien j'te dit.

- Non ! Je sais que la S.A.L.E. te préoccupe, mais pas au point de te mettre dans un tel état ! Tu m'inquiètes…Je ne peux vraiment rien faire ?

- Si tu veux m'aider alors croies-moi. D'accord ? Et s'il te plaît laisse-moi un peu seule… ne m'en veut pas Ginny.

- Ouais bon… je t'embête plus. Tu m'accompagnes ?

- Pour aller où ?

- Manger !

- Non je vais r-rester là… j'ai pas envie de voir les autres… je mangerais un truc quand on sera chez toi.

- Ok ok… mais promets-moi que tu vas bien…

- Oui.

- Alors à plus tard.

Ginny sortit du dortoir, à la fois déçue et inquiète. Hermione, elle, se remit à pleurer. Pour la première fois, elle venait de mentir à Ginny. Elle se sentit coupable. Mais elle ne pouvait pas lui dire. Personne ne savait. Dans d'autres circonstances, elle lui aurait confié ses histoires de cœur, mais là, c'était différent. Elle ne devait pas savoir. Hermione souffrait beaucoup de ce silence imposé. Mais elle se taisait. Peut-être était-ce mieux ainsi, et puis après tout, c'est ce qu'elle avait toujours fait. Se taire. Cacher son plus profond ressenti. Et se laisser pleurer une fois seule…

- T'en fait une tête, Ginny ! s'exclama Ron en apercevant sa cadette arriver, le visage fermé. Y a un problème ? Tu ne sors plus avec Dean ? demanda-t-il plein d'espoir.

- Nan… enfin si…. Oh Ron ! Quand arrêteras-tu avec ça ? C'est pas moi qui ait un problème, c'est Hermione !

- Qu'est-ce qu'elle a ? C'est à cause de Vic… Aïe !

Harry lui écrasa le pied. En effet, Ginny n'était pas encore au courant de l'incident avec Krum, et ce n'était pas à eux de lui apprendre.

- Tu disais Ginny ? intervint Harry précipitamment.

- Je viens de la trouver en larmes il y a peine dix minutes dans son dortoir.

- En larmes ? répéta Harry.

- Oui… Elle ne vas pas très bien en ce moment. Ça se voit.

- Elle t'a dit quelque chose ? risqua Ron.

- Non. Et ça m'ennuie parce que je suis persuadée qu'elle cache…

Harry se leva d'un bond, en se claquant le genou dans le bois de la table.

- Qu'est-ce que tu fais ? s'étonna Ron.

- Je vais la voir, répondit Harry en se massant le genou.

- Tu perds ton temps, elle ne veut voir personne pour le moment. C'est pour ça qu'elle n'est pas descendue… dit Ginny. Mais si elle te parle informe-moi ! cria-t-elle.

Harry était déjà parti. D'un pas déterminé, il se rendit à la Tour Gryffondor. Et après avoir monté l'escalier qui mène au dortoir des filles, il frappa fermement.

- Mione, c'est moi. Je sais que tu es là ouvre.

Il entendit un cliquetis. Il s'avança prudemment et la découvrit à son tour, si vulnérable… Son visage barbouillé lui indiqua qu'elle pleurait encore. Elle sécha précipitamment ses larmes.

- Ce n'est pas la peine, j'ai croisé Ginny. Elle nous a raconté…

- Qu'est-ce que tu veux Harry ? dit-elle d'un ton las.

- Plutôt ce que je ne veux pas : te voir te morfondre pour un type qui n'en vaut pas la peine…

- Alors tu n'en vaut pas la peine ? lança-t-elle en essuyant ses larmes qui malgré elle coulaient.

- Quoi ?

Hermione le regarda, en le laissant réfléchir.

- Tu ne pleures pas à cause de Krum ?

Elle sourit fébrilement.

- Harry… j'en ai assez de devoir mentir, à Ron, à Ginny, à tout le monde… à moi-même.

- Pardon ?

- Je me suis surestimée. Je n'ai pas pensé une minute que ce serait si difficile pour moi. C'est vrai ! Pour la première fois de ma vie je ne contrôle plus. Ni la situation, ni mon cœur.

Elle esquissa à nouveau un sourire, mais elle était tellement triste.

- Oh c'est si compliqué !

Harry comprit où elle voulait en venir.

- Mione… cette situation n'est pas simple pour moi non plus… Ce qui s'est passé tout à l'heure m'a complètement ouvert les yeux… j'étais vraiment jaloux de sa présence, de le savoir si proche de toi… Et je comprendrais si tu regrettes ton choix.

- Si, si je regrette mon choix ? Partir loin de toi ? Loin de ma famille, de mes amis, loin de tout ? Comment peux-tu croire que je regrette ?

Elle avait légèrement haussé le ton en disant cela.

- Harry jamais je ne ferais de choix entre toi et autre chose, jamais… même si c'est ma vie.

- Tes paroles sont… fortes. Hermione je ne mérite pas tant…

Hermione baissa les yeux et ses larmes reprirent. Quelque part elle lui en voulait en cet instant.

- Laisse-moi seule s'il te plaît…

- Hermione regarde-moi.

Elle refusa de tourner la tête. Il l'obligea. Et quand le regard de la jeune fille traversa celui du Survivant… « Et l'espace d'un éclair, il se passa quelque chose. Quelque chose d'inexplicable. Comme une connexion. ».

- Ne me regarde pas comme ça, gémit Hermione.

- Je peux lire dans tes yeux et voir que tu penses à la même chose.

Le repoussant, elle dit alors :

- Laisse-moi !

- Il n'a personne ici.

- Il n'y a personne dans toute la tour Gryffondor ! répliqua-t-elle, agacée, agacée de succomber à ces yeux verts, à ce charme fou…

Harry savait quel pouvoir d'attraction il pouvait user sur elle, et en profita, déterminé plus que jamais.

- Nous sommes seuls !

Seuls… ce mot raisonnait dans leurs esprits.

- Je t'en prie… ce serait… encore pire.

- Il n'y a personne, insista-t-il .

- C'est trop facile !

- Rien qu'un…

- Je ne veux pas !

Harry se rapprocha. Leurs corps se touchaient presque.

- Harry soit raisonnable…

- Sauf que je n'ai pas envie d'être raisonnable.

Harry attrapa son visage et captura ses lèvres… Malgré ses réticences, et après une tentative pour l'en empêcher, Hermione se laissa embrasser. Elle s'accrocha à la chemise du jeune homme, comme pour le retenir, mais le retenir de quoi ? Elle se surprit même à l'attirer contre elle. Harry n'en pouvait plus de l'attendre… Il l'embrassait avec ardeur, une puissante exaltation s'empara de leurs corps, de leurs âmes… Hermione continuait de pleurer, Harry ne voulait pas la lâcher, elle non plus… « La douceur d'un désir partagé ». Mais Hermione se recula, et rejeta les bras d'Harry. Elle se dirigea à l'autre bout de la pièce. Harry la rejoint mais quand elle se retourna, ses traits se crispèrent et elle sortit :

- Non ! Ne dis rien, non…

- Arrête qu'est-ce qui…

- NON, c'est ce genre de choses qui doit arrêter ! coupa-t-elle avec vigueur. Tu vois ? C'est la deuxième fois que ça se produit ! C'est… c'est trop dure. Pourquoi ça nous est arrivé à NOUS Harry ? Pourquoi ? Cette amitié que j'enviais, celle nous avons construite, les liens qui nous unissent ! Tout ça perdu, à cause de notre, non, se reprit-elle, de MA stupidité !

- Mais qu'est-ce que tu imagines ? Tu ne me perdras jamais ! Tu es mon amie ! Je t'ai toujours considérée comme telle !

- Pas moi ! Je ne sais plus si ce que je ressens est…. Je, je suis perdue…

- Mais je sais tout ça Hermione !

- Oui, mais je ne sais plus comment agir avec toi, et avec ce qui s'est passé avec Viktor… J'ai peur de faire ou de dire quelque chose de travers, à cause de ce que nous faisons… Les autres prennent un malin plaisir à nous rappeler notre proximité, dès lors qu'ils nous voient ensemble… Avant c'était simple, car j'étais sûre de moi et convaincue que ça me passerait… mais depuis ce soir où nous avons dansé, depuis ce même soir où Parvati et Lavande m'ont ouvert les yeux, depuis notre escapade nocturne où j'ai oublié ma peur de voler, et depuis celui où nous nous sommes embrassés… Harry, quand tu as reconnu les tiens, tes sentiments… savoir que je les partageais… ça n'a fait que grandir, jours après jours… Et m'être tut pendant tout ce temps, ça a été horrible ! Oh Harry…

Ils s'étreignirent. Hermione parlait pour deux. Harry la serra aussi force qu'il le pouvait, des larmes fuyant sur ses joues. Le discours d'Hermione fut une véritable libération pour les deux jeunes gens, qui faisait aussi mal que bien. Et enfouir ses émotions pendant des semaines entières est la pire des tortures. Les minutes qui suivirent leurs permirent d'avoir les idées plus claires. Cependant la question n'était toujours pas réglée.

- Que faut-il que l'on fasse ? murmura Harry à son oreille.

- On ne peut pas permettre ce genre de choses de s'installer…

Harry était abasourdi.

- Tu veux faire comme s'il n'y avait rien ? Tu veux ignorer ça ?

- Non Harry, je veux lutter contre ça… Les choses sont allées beaucoup trop loin pour pouvoir les ignorer… mais…

- Mais il y a Voldemort. Et je ne veux pas te mettre en danger.

- C'est exact.

Un regard bref. La tristesse, le regret. « Pourquoi ? » se dirent-ils en même temps dans leur tête. Instinctivement, ils se reprirent dans leurs bras, sachant que l'autre était le meilleur des réconforts, là où ils se sentaient en sécurité. Harry commença à la bercer, puis dit tout bas :

- On s'en sortira…quoi qu'il arrive… avec de la persévérance et…

- Et de la patience, conclut Hermione.

- Oui. S'il faut attendre, alors j'attendrai… Allez, je crois qu'on est assez secoués pour aujourd'hui… Viens, dit-il en l'entraînant.

- Non… vas-y sans moi. Je préfère rester là et… et terminer de ranger mes affaires. Je suis impatiente d'aller au Terrier ! lança-t-elle en s'efforçant d'être la plus joyeuse possible.

- Tu veux vraiment rester seule ?

- Oui.

Harry erra à travers le château, allant partout sauf vers la Grande Salle. Il repensait à cette folle journée, et à Hermione… L'envie avait été plus forte que la raison. Il se rendit compte aussi que c'était la première fois qu'il agissait ainsi avec elle, si passionnément… Mais tout paraissait plus simple avec elle : pas de gêne, pas de peur… Avec Hermione, il se sentait capable de tout. Enfin il s'arrêta, et se laissa tomber le long d'un mur. Il lui sembla entendre sa voix, encore : lutter contre ça… Après sa lutte contre Voldemort, il devrait désormais mener un autre combat, de taille, il devrait lutter contre sa propre force…

- Pourquoi dois-je encore me sacrifier ? Renoncer à elle…

La colère, les larmes…

Seuls, tapis dans la pénombre, deux êtres emplit de chagrin réalisent.

Harry James Potter et Hermione Jane Granger s'aiment.