Chapitre 15 : Menace
- Lupin est là.
En effet il s'avançait à présent vers eux. Hermione, surprise, se retira des bras d'Harry rapidement.
- Il nous a vu ensemble de toute façon.
Arrivé à leur hauteur, il s'adressa d'une voix timide :
- Pardon de vous déranger. Hermione, pourriez-vous ?
- Bien sûr.
Elle se tourna vers Harry, et leva les yeux. Sans dire un mot, elle retourna à l'intérieur.
Lupin dit alors :
- Je suis désolé d'intervenir au mauvais moment mais… je voulais m'assurer que tu ailles bien Harry.
- Pourquoi ne m'avoir rien dit plus tôt ? Pourquoi avoir choisi de me le… sortir en plein repas ?
- Je savais pour tout t'avouer qu'il en serait question, mais je ne pensais pas que ça irait aussi vite et que ce serait aussi... direct.
Harry tourna les talons un peu plus loin. Sa respiration s'était de nouveau brutalement accélérée. Lupin continua :
- Il fallait que tu l'apprennes ! Harry je sais que tout ça n'est pas simple… c'est pénible pour tout le monde. Mais nous devons vivre avec… Je sais que mes paroles ne sont pas réconfortantes mais c'est ainsi. Allez Harry… Lupin se rapprocha, en disant :
- Sirius n'aimerait pas te voir comme ça. Ne te laisses pas abattre par les évènements, par sa perte… tu dois faire ton deuil définitivement.
Harry réfléchit un instant. Il n'avait jamais pensé à ce que Lupin avait pu ressentir… le maraudeur, le seul ami qui lui restait, il était parti, lui aussi. Après avoir perdu James, perdu Sirius, l'avoir retrouvé pendant à peine deux ans pour le perdre encore… et pour toujours. Lupin devait avoir horriblement souffert et au lieu d'en parler avec lui, Harry lui en avait voulu de ne pas s'être préoccupé de lui. Il décida de lui demander :
- J'imagine que ça a du être dur pour vous ? Sirius était comme votre frère, dit Harry en se retournant.
- En effet, il était le seul ami qui me restait.
- Je suis désolé, répondit Harry.
- Harry sache que tu n'es pas seul… Je reconnais ne pas avoir été présent pour toi. Désormais je le suis, et puis tu as tes amis sur qui tu peux compter.
- Professeur… moi aussi je dois vous avouer quelque chose. Je vous en ai voulu de ne pas m'avoir donné plus de nouvelles. Mais maintenant c'est fini. J'ai conscience que j'ai joué les égoïstes mais…
- Ne dis pas ça Harry. Je t'interdis de penser que tu puisses être égoïste. Ce n'est certainement pas à toi de dire ça. Es-tu prêt à entendre ce que j'ai à te dire ? Si c'est pas moi ce sera les autres qui te l'apprendront.
- De quoi parlez-vous ?
- Tu n'es pas au courant des dernières nouvelles de l'Ordre.
- Quelles nouvelles ? Il est arrivé quelque chose de grave ?
- Et bien, ils s'en prennent aux Moldus à présent. Les Mangemorts attaquent un peu partout à vrai dire. Il y a cinq mois, des attaques violentes ont coûté la vie à une famille de Moldus. Tout un quartier ravagé. Il y a deux mois, nous avons contrecarré une attaque sur Londres. Et le mois dernier, un sorcier dont tu n'as pas à connaître le monde travaillait pour l'Ordre en tant qu'espion, mais il s'est fait tué. La situation empire, c'est très difficile de gérer ces attaques, du fait de notre nombre.
Harry écoutait attentivement, frappé de stupeur. Il n'avait pas entendu parlé de ces attaques, et ressentit aussitôt un malaise.
- Comment se fait-il que Dumbledore ni même l'Ordre ne nous a jamais informé de cela ? J'aurais, j'aurais essayé de vous aider !
- Tu cours déjà suffisamment de risques, nous ne voulions pas t'accabler plus. De plus Dumbledore ne peut se permettre de révéler ces informations aux élèves, sinon Poudlard aurait été déserté, et tu sais désormais ce que vous risquez à l'extérieur. Mais toi, tu dois connaître cette vérité. Voldemort prépare sa vengeance… Tôt ou tard, il te confrontera. Harry se rappela soudain le rêve qu'il avait fait la nuit précédente. Il le conta à Lupin, qui affichait un air perplexe.
- C'est peut-être un signe… Avais-tu déjà fait ce rêve auparavant ?
- Non, pas que je me souvienne, répondit Harry.
- Et tu dis que tu ne visualises pas l'endroit ?
- Oui, tout était noir.
- Tu t'entraînes toujours à l'Occlumancie ?
- Oui, avec Rogue et Dumbledore.
- Bien…
- Professeur, Ron et Hermione sont-ils au courant ?
- Là, oui, ils le sont.
L'esprit d'Harry était perturbé, il sentit une boule à son ventre, la peur le prenait. Mais il lutterait, c'était certain.
- Que dois-je faire ?
- Rester raisonnable d'une part. Si j'ai choisi de te dire tout ça Harry c'est parce que j'estime qu'à ton âge, on se doit d'être responsable, et la perte de ton parrain t'a montré qu'il ne sert à rien d'agir sur un coup de tête. Je ne cherche pas à te blâmer Harry, et je ne t'en veux pas si tu me détestes en cet instant. D'autre part, je te préviens que ta prochaine réponse est capitale Harry, tu dois me répondre franchement. Je te prie d'avance de bien vouloir me pardonner.
Ce dernier fronça les sourcils. Qu'attendait-il de lui ?
- Donc, voilà : est-ce que tu as une petite amie ? Harry je me sens terriblement gêné mais je dois savoir. Ce n'est pas mon désir que de m'immiscer dans ta vie privée. Mais pour des raisons qui vont t'apparaître évidentes… enfin tu comprends. La sauvegarde de la vie de chacun est notre priorité.
- Hermione est consciente du danger qu'el… Harry poussa un grognement. Il reprit alors : Ce n'est pas du tout ce que vous imaginez.
- Je n'imagine rien Harry.
- Laissez-moi vous expliquez… après tout c'est ce que vous voulez non ?
- D'accord je t'écoute.
- Je n'ai pas de petite amie actuellement. Si j'ai parlé d'Hermione, c'est parce que je me suis juré à moi-même que je la protégerai du mieux que je pourrai. Elle fait tellement pour moi… je ne sais pas si elle réalise que c'est elle qui m'aide à tenir… Je peux aussi compter sur Ron bien sûr, mais avec elle c'est différent… ça a toujours été différent en fait. Quand elle m'a rejoint, elle m'a permis de m'apaiser.
Lupin sourit discrètement.
- Oui, Hermione ferait n'importe quoi pour toi.
- Elle est très importante pour moi. Je ne veux pas la perdre. Harry se remémora une conversation avec Luna qui disait qu'Hermione est unique. C'est tellement vrai pensa-t-il. Avec les évènements de l'année dernière au Département des Mystères, quand Dolohov lui a jeté ce sort et qu'elle est tombée, vous comprenez… je ne me le pardonnerai jamais. C'est à cause de moi qu'elle était là, par ma faute ma stupidité !
- Harry nous n'allons pas revenir la-dessus, tu n'y était pour rien, Voldemort te manipulait…
- Si ! C'est entièrement ma faute. C'est pour ça que je me dois de la protéger, pour que ça n'arrive jamais plus… Parce que, malgré son apparente assurance et puis son incroyable intelligence, Hermione est fragile. Elle s'inquiète plus que de raison, plus que les années précédentes…
- Quel joli discours… sait-elle tout ce que tu penses d'elle ? Harry ne répondit pas. Un instant de silence après : Veux-tu qu'on aille retrouver les autres ? Je pense que le sujet est clos pour aujourd'hui. Et Molly a préparé un excellent dessert, lança Lupin avec un clin d'œil.
Le reste de l'après-midi se déroula tranquillement. Hermione proposa de faire une balade « Sinon on va remuer ces sombres nouvelles sans cesse ! ». Ginny les conduirent en haut d'une colline, là ou elle et ses frères avaient l'habitude de venir jouer étant gamins. Alors que les garçons s'acharnaient contre Fred et Georges sur une partie de Quidditch improvisée, les deux jeunes filles discutèrent :
- Tu es vraiment inquiète n'est-ce pas ? C'est pour ça que tu ne vas pas bien ces derniers temps…
- Oui Ginny. Quand j'imagine l'horreur qui se passe en ce moment dans le monde des sorciers, j'ai peur.
- Je ne parlais pas forcément de ça, dit la rouquine. Tu t'es précipitée dès qu'Harry a appris la nouvelle. Je crois que tu te fais du mal. Harry est entouré, il n'est pas seul, comment vas-tu faire le reste des vacances ?
- Tu trouves que j'en fais trop ?
- Je trouve que tu vas mal parce qu'Harry t'importe beaucoup et qu'il est dans une situation difficile.
- Tu sais que si je fais ça c'est pour son bien… Pourquoi est-ce qu'il doit souffrir autant ? Pourquoi la vie est aussi injuste ?
- On peut rien y faire… Sauf trouvé le moyen de détruire Vv, Voldemort.
Hermione haussa les sourcils, sans croiser le regard de son amie. Elle était persuadée que Ginny était au courant pour la prophétie, mais en l'occurrence, non. Harry devait avoir ses raisons. Hermione l'observa… il riait. Tout à coup elle se figea quand des ombres macabres apparurent au loin dans le ciel, rafraîchissant l'air.
