Chapitre 16 : Détraqueurs et quiproquo
Non ça ne pouvait être… pas aujourd'hui…
- Ginny !
- Quoi ? répondit-elle en se tournant vers son amie.
Hermione fixait un point. Soudain elle comprit.
- Des détraqueurs !
- Il faut partir !
- RON ! HARRY, LES JUMEAUX ! hurla Ginny en pointant le ciel.
Les autres tournèrent les yeux à leur tour. Les ombres s'approchaient dans leur direction apparemment. Un sentiment de panique fit tressaillir le groupe. Devant l'urgence de la situation, les garçons descendirent en piquée vers le sol.
- Perdons pas de temps, montez sur nos balais, il faut vite retourner au Terrier ! Ginny, Hermione, montez sur les balais d'Harry et Ron, nous on va prévenir Papa, Maman et les autres.
Dans un craquement, ils disparurent.
- Les idiots ! lança Ginny. Ils auraient du nous laisser leurs balais !
Ginny enfourcha le balai de son frère, prête à partir. Hermione resta immobile.
- Monte derrière Harry ! cria Ginny. On n'a pas le temps allez !
- Mais je…
Harry comprit aussitôt. Hermione n'aimait pas voler, c'était sans doute ce qui la paralysait.
- Hermione fais-moi confiance. Tu me l'as fait la dernière fois.
Elle baissa la tête, puis regarda vers le ciel.
- D'accord.
Elle se mit derrière Harry, passa ses mains autour de sa taille et enfouit sa tête contre lui. Harry et Ron frappèrent le sol et décollèrent. Ils se dirigèrent vers le Terrier, situé à quelques minutes d'eux. Le ciel s'assombrissait et le vent se leva brusquement. Ils fonçaient. Mais les détraqueurs étaient plus rapides que les deux balais. Les créatures flottaient non loin d'eux, et Ron et Harry mettaient toute leur énergie pour rejoindre au plus vite les membres de l'Ordre. Hermione se cramponnait, terrifiée par la précipitation et par le danger qui les menaçaient. Effectivement, aucun d'entre eux n'avait emmené leurs baguettes. Même s'ils se rapprochaient, chacun pouvait sentir l'euphorie le quitter peu à peu, s'efforçant malgré tout de penser à des choses heureuse. Harry put apercevoir le visage de Ron, ses yeux rouges… Il regarda Ginny, et vit qu'elle faisait la même tête. Il tenta d'appeler son ami, mais Ron ne l'entendait pas. Soudain Harry ressentit cette blessure, celle qui lui meurtrissait le cœur… Lily hurlait, tout au fond de sa tête. Il semblait être dans un autre monde, il ne contrôlait plus très bien son balai qui chancelait. Hermione, peu rassurée, resserra ses bras et murmura des "ça va aller Harry, tiens bon…". Ce fut à son tour de craquer, elle gémit, Harry pouvait l'entendre. Son souffle s'accéléra, et elle poussa un cri, resserra encore plus fort son corps, et continua de gémir.
Le Terrier était enfin en vue. Ron releva la tête, et lança aux trois autres :
- Regardez !
Les détraqueurs partirent dans une autre direction. A mesure qu'ils s'éloignaient, Ron, Ginny, Harry et Hermione se remirent lentement de leurs émotions. Les adultes les entraînèrent à l'abri. Molly leur distribua des chocogrenouilles.
- Comment allez-vous ? Oh par Merlin, j'étais folle d'inquiétude, quand Fred et George nous ont prévenus, et que vous n'aviez pas vos baguettes, quelle imprudence ! Imaginez ce qui aurait pu vous arriver, pourquoi n'avez-vous pas pris vos bagueeetttes….
Elle sanglota, agitée de voir les enfants dans un état second. Car personne n'avait vraiment réussi à récupérer. Les détraqueurs avaient été si près d'eux… Harry observa les autres : Ginny avait le regard vague, comme si elle réfléchissait à ce qui avait bien pu se passer. Ron préféra avaler le maximum de chocogrenouilles qu'il le pouvait, pour cacher son effarement. Et Hermione… elle faisait les cent pas, un peu à l'écart des autres. Quant à Harry, il ne pouvait s'empêcher de penser à sa mère… Il haïssait cet effroi qui jaillissait de son cri, cette souffrance, ce déchirement… Il choisit de s'isoler dans la chambre de Ron, mais laissa sa porte ouverte, de sorte de pouvoir entendre les conversions, enfin la conversation, car seuls Molly, Maugrey et Lupin discutaient. M. Weasley s'était précipité au Ministère afin d'élucider le mystère de la venue de détraqueurs. Mais personne ne trouva de réponse.
La journée se termina sans aucun autre incident, et les autres montèrent se coucher sans un mot. Hermione et Ginny passèrent devant la chambre. Harry les interpella :
- Est-ce que vous allez mieux ?
- Ouais ça ira…
- T'en fais pas Harry. Comment vas Ron ?
- Je suis là les filles. Ça va.
- Alors bonne nuit.
Ginny partir se coucher. Harry sentit Hermione le regarder. Il la questionna du regard, mais elle continua à le scruter sans rien dire.
Il faisait nuit. Harry ne trouvait pas le sommeil, il était trop agité pour dormir. Il revit les visages désemparés de ses amis, et prit peur. Qu'avaient-ils pu voir ou ressentir à travers ces horribles créatures ? Ginny, d'ordinaire si forte et si joyeuse, et Ron, lui qui rigole tout le temps, lui aussi avait revécu des moments affreux, peut-être les mêmes que sa petite sœur… Hermione apparut à son tour dans son esprit. Elle aussi avait revécu quelque chose d'horrible. Il n'oserait jamais lui poser la question, mais cela l'intriguait tout de même. A défaut de savoir, il se leva, et se dirigea vers sa chambre.
- Mione… Mione est-ce que tu dors ?
Il pouvait voir sa silhouette dans l'obscurité, immobile. Apparemment elle dormait profondément. Apparemment. Car Hermione aussi était éveillée. Ce qu'elle avait vu quelques heures auparavant lui avait paralysé l'esprit. Sa plus grande peur, celle qu'elle tentait tant bien que mal de renflouer depuis qu'il leur avait dit… cette peur qu'elle avait toujours redoutée, et qui se justifiait de jour en jour… avait enfin prit forme en elle. Cette vision était monstrueuse, impossible à décrire… Elle choisit de ne pas se montrer, craignant de se laisser submerger par ses émotions.
Harry retourna se recoucher, déçu, il était pourtant certain qu'elle ne dormait pas elle non plus. Il continua de cogiter, et s'endormit finalement.
Lundi matin. Les parents d'Hermione allaient bientôt arriver. Harry et les autres s'étaient remis de leur émoi. M. Weasley était revenu au petit matin, apparemment en colère contre le Ministère. En effet, personne n'avait su lui expliquer la présence des détraqueurs ; un employé rapporta tout de même qu'il avait était témoin d'une pareille scène quelques jours auparavant. En milieu de matinée, M. et Me Granger arrivèrent au Terrier, par des moyens magiques, pour plus de sûreté. Ils serrèrent leur fille adorée dans leur bras, avant que M. Weasley ne leur propose un thé afin de pouvoir "discuter un peu".
Quand ils apprirent la nouvelle, les parents d'Hermione ne purent cacher leur anxiété. C'est pourquoi M. Weasley leur proposa d'être "suivi" durant leur retour et jusqu'à ce que la situation se calme un peu. Ils ne savaient évidemment pas que la situation allait de mal en pis, ce qui valait mieux pour éviter de trop les inquiéter. C'était l'heure. Chacun vint dire au revoir à Hermione, et tous paraissaient inquiets de la voir partir en ces temps difficiles.
- Tu prends bien soin de toi surtout ? Je t'adore Hermione.
- Moi aussi Ginny, et t'en fais pas. Je suis une excellente sorcière ! lança-t-elle en riant.
- ça c'est certain !
- Harry !
- Ginny a raison, sois très prudente, s'il y a quoi que ce soit… tu sais que tu…
- Que je peux compter sur toi oui !
Ils se regardèrent. Harry l'étreignit amicalement. Elle en profita pour lui murmurer :
- Je ne dormais pas quand tu es venu cette nuit.
- Mais pourquoi tu n'as pas répondu ?
- Harry s'il te plaît tenez-moi au courant s'il se passe quelque chose d'important.
- Mione…
- Je t'en prie…
- C'est d'accord.
- Très bien, dit-elle en se détachant. A bientôt.
Harry retourna à l'intérieur, et laissa apparaître Ron.
- Hermione ! Attends !
- Oui oui je suis là, prête à partir !
- Je voulais te dire au revoir aussi.
- Et bien, passe de bonnes vacances.
Ron s'avança bêtement vers la jeune fille, et entreprit de l'étreindre. En voulant lui faire une bise, il se touchèrent le bout du nez, et Ron faillit l'embrasser sur la bouche.
- Ron !
- Oh pardon Hermione, je, hum… j'ai pas voulu…
- Ron ! Je sais !
Ron eut l'air interdit, ses yeux ronds fixés sur la jeune fille.
- Heu… tu sais quoi ?
- Mais… ça !
- Je ne vois pas de quoi tu veux me parler, j'ai simplement cru qu'on pouvait dépasser ce stade et se faire la bi…
Il ralentit son débit, puis secoua la tête avant de lui lancer un regard assassin.
- Alors Harry t'en a parlé !
- Il n'a pas eu besoin de me révéler quoi que ce soit, je l'avais compris depuis un petit moment ! dit Hermione d'un ton agacé.
- Qu… quoi ? Qu'est-ce que tu as compris au juste ? demanda Ron, incrédule.
- Tes remarques incessantes, cette ridicule scène que tu m'as faite sous seul prétexte que j'accompagnais Vik… KRUM, reprit-elle férocement, et puis, toutes nos disputes ! Je sais Ron que tu n'as pas que de l'amitié pour moi ! La façon que tu as de te comporter est très éloquente !
- Je, non, tu te trompes complètement ! D'ailleurs, je ne sais même pas ce qui m'a pris de croire que… pff, allez va, laisse tomber. Ça ne rime à rien.
- Il y a toujours eu cette tension perpétuelle entre nous, les trois premières années, j'attribuais ça à une certaine incompatibilité d'humeur, mais après, après tu t'es trahi tout seul ! Ta jalousie est devenue une preuve assez évidente ! Même si au début tu ne t'en ai pas rendu compte vraiment. Alors cesse de le nier encore, nous le savons, toi et moi, que j'ai raison.
- Tu veux te persuader de quoi exactement ? Que j'ai de sentiments pour toi ? Des sentiments amoureux ?
- Je ne me persuade de rien du tout, en revanche toi, tu te persuades du contraire... Ron voyons arrête, j'en ai même joué l'année dernière…
- Pardon ?
- Oui, quand tu t'apprêtais à jouer ton premier match de Quidditch, tu étais inquiet, alors je t'ai embrassé sur la joue, me doutant bien que cela t'intriguerait, et ainsi, tu n'as pas penser à stresser trop…
Harry put voir son meilleur ami devenir cramoisi.
- Ron, tout ce que je veux, c'est te faire comprendre que nier ne te mènera nulle part… C'est ça qui m'exaspère ! Le fait que tu n'assumes pas tes choix ! Si tu me disais simplement la vérité, tu effacerais cette tension. Je suis sûre que c'est de là que viens notre problème de communication. Ron enfin, tu n'as pas à avoir honte.
Ce dernier restait silencieux. Harry aurait voulu faire quelque chose pour le tirer de cette situation, mais s'il faisait quoi que ce soit il trahirait leur conversation. Quant à Hermione, elle se rapprocha un peu.
- Tu ne trouves pas la situation suffisamment humiliante ?
Son ton s'était radouci. Ron baissa les yeux puis bougonna :
- Ecoute moi bien Hermione ! Tu n'as peut-être pas entièrement tord. C'est vrai que j'étais jaloux de Krum, mais pas pour les raisons que tu imagines !
- Ma chérie, il faut vraiment partir maintenant ! dit la voix lointaine de Me Granger.
- Laissons tomber d'accord ? Au revoir Ron, bye.
Hermione disparut dans sa voiture. Ron retourna rejoindre les autres, l'air furieux.
