Chapitre 17 : Entre rêve et réalité

Quelques jours étaient passés. Ron ruminait chaque jour un peu plus, et en voulait beaucoup à Hermione de l'avoir confronté à ses doutes. Harry ne se sentait pas tellement mieux, ayant surpris contre son gré cette conversation qui de toute évidence, ne le concernait absolument pas. De plus Ron ne l'avait toujours pas évoquée, ce qui contraignait Harry à se taire, et à attendre qu'il se décide à lui en parler. La seule raison que donnait Ron, c'était qu'Hermione l'avait une fois de plus énervé. Rien à ajouter. Cependant, une lettre non attendue vint forcer la discussion. Elle avait écrit à Ron. A en juger par son expression, il ne devait pas s'y attendre. Avec appréhension, il s'assit sur son lit et l'examina attentivement, puis leva les yeux vers Harry, comme s'il sentait le besoin de se justifier à nouveau.

- Harry écoute… il s'est passé autre chose en réalité, à propos d'Hermione. Tu sais ce que je t'avais dis, le premier soir… je t'avais confié ce truc… complètement idiot justement ! Et bien Hermione l'a deviné. En fait non ! reprit-il subitement. C'est plutôt qu'elle s'imagine des choses…

- Tu veux dire qu'elle est au courant des sentiments qu…

- Mais qui te parle de sentiments là ? Qu'est-ce que vous avez toi et Hermione à me parler de sentiments à chaque fois !

Harry déglutit pendant un instant, puis il reprit d'un air surpris :

- Quoi ? Mais je croyais que…

- Et bien tu n'en sais rien et moi non plus ! Je ne sais pas ce que vous avez avec ça ! C'est juste que je ne comprends pas vraiment ce que ça signifie…

- Tu ne m'as toujours pas dit ce qu'il s'était passé.

- Et bien si je te l'ai dit ! Elle croit que je suis… que je suis… fou amoureux d'elle ! Elle est persuadée que…

Il fit une grimace.

- Elle n'a pas tout à fait tord apparemment.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Tu as vu la façon dont tu réagis là ? Tu ne veux pas le reconnaître ! C'est dingue non ? Il y a quelques jours tu me demandais des conseils, tu m'avouais ce que tu ressentais pour la première fois, et aujourd'hui, tu le nies ! Avoue que t'es pas facile à comprendre.

- Excuse-moi de ne pas être sûr de moi, vraiment désolé de ne pas être aussi intelligent que toi et de savoir aussi facilement faire une différence entre l'amitié et l'amour ! Amour que je n'éprouve pas d'ailleurs !

- C'est trop facile Ron. Tu supposes que c'est plus simple pour moi, que je n'ai pas peur ? Tu croies que je ne me suis jamais posées les questions que tu te poses ?

Ron le fixa profondément. Arriverait-il à lire dans ses yeux ?

- De toute façon, tout ça c'est n'importe quoi !

- Je te signale que tu n'as toujours pas ouvert la lettre.

- A quoi ça servirait ?

- Allez monsieur-je-suis-jamais-content. Ouvre-là, lança Harry d'un air moqueur.

- Ouais c'est bon.

Ron semblait scruter chaque mot, ses sourcils qui montaient et descendaient en cadence, trahissant son sentiment.

- Alors ? demanda Harry.

- Et bien ça ! Je l'aurais jamais cru ! dit-il avec ironie.

- Explique.

- Elle s'excuse, elle dit qu'elle ne voulait pas m'ennuyer ni me faire de la peine… blablabla… je ne veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous… blabla… Ron lut dans sa tête la fin du papier et conclut en disant : Enfin bon rien de très important.

Il balança la lettre sur son bureau, et haussa les épaules.

Le soir même, Harry eut encore beaucoup de mal à s'endormir. Agité, il se tournait et se retournait sans cesse. C'est alors qu'il aperçut la lettre d'Hermione un peu plus haut. Il se leva discrètement pour ne pas réveiller Ron qui dormait profondément à renfort de grands ronflements, et alla la prendre. Il se rallongea dans son lit et la sortit de son enveloppe. Il réfléchit un instant, se demandant s'il avait ou non le droit de faire ça. Ron ne souhaitait sûrement pas qu'il la lise, même s'il lui avait fait part de son contenu. Sa curiosité l'émoustillait si fort en cet instant qu'il déplia le parchemin.

Effectivement Hermione culpabilisait de s'être montrée aussi directe et brutale, bien qu'elle estimait toujours que c'était la seule chose à faire pour le faire bouger.

- ça, il semblerait qu'il aie oublié de le préciser, constata Harry.

Le reste n'avait rien d'exceptionnel bien sûr, mais Harry, apaisé par l'écriture ronde et régulière d'Hermione, s'endormit presque aussitôt.

Tout était calme. Les rêves s'enchaînaient. Harry ne fit pas de cauchemar. Dans l'un d'entre eux, il planait innocemment. Mais à présent, il se tenait debout, sur la terre ferme, admirant le paysage bucolique dans lequel il se trouvait. Tout était si calme… Cela faisait longtemps qu'il ne s'était senti aussi apaisé. Ce rêve avait quelque chose de différent, sa plénitude peut-être… Harry se sentait comme transporté, vivant ! Rien n'aurait pu entraver quoi que ce soit, pas une seule menace ne se dessinait, il n'y avait rien d'autre que cette bouffée d'oxygène et cette sérénité si bienveillante autour de lui. Mais il manquait quelque chose à ce paradis rêvé… Le visage d'Hermione lui apparut alors, très net, Harry la voyait comme si elle était réelle.

- Est-ce que je rêve ?

Le visage lui sourit malicieusement.

- Quelle importance, puisque nous sommes ensemble rien que toi et moi ?

- Nous sommes ensemble ?

Elle souriait toujours.

- Hermione, est-ce toi qui me parle ?

- Oui.

- Où suis-je… enfin, où sommes-nous ?

Cela semblait tellement vrai, cela faisait tellement de bien…

- Tu n'es pas fou Harry, tu es bien en train de rêver.

Le visage d'Hermione s'agrandit, et son corps se matérialisa devant ses yeux ébahis.

- Je suis en train de rêver ? répéta-t-il. Mais je parle, j'en suis conscient, et toi aussi tu me parles…

- Harry tu me manques.

Hermione s'avança vers lui en lui tendant ses bras. Qu'importe ses interrogations, Harry la pressa alors contre elle, et l'étreignit avec tendresse. Il pouvait la toucher, la sentir contre lui… Ils ne s'échangeaient guère de mots, la présence de l'autre suffisait à les faire se sentir bien. Etait-ce vraiment un rêve ? Ou une réalité plus que voulue qui se serrait, comme par magie, transformée en… réalité ? Harry ne sentait pas cette confusion, sa seule préoccupation était de continuer à aller aussi bien, de pouvoir être avec son amie, elle qui lui manquait tant. Toujours pas de conversation, non, simplement des regards, des sourires, les siens… Le rêve continua ainsi, jusqu'au lendemain matin…

- Harry ! Réveille-toi… On à beaucoup de choses à faire maman veut qu'on parte tôt…

- Hum… Je me lève…

A son réveil, Harry ne se souvint plus de rien.