Chapitre 19 : Trio… ou duo ?
Ils retinrent leur souffle.
Derrière eux, aux pieds de l'escalier, Ginny, les sourcils froncés, les regardait dans un mélange de colère et de curiosité.
- Et quelle nouvelle va se répandre ? Qu'est-ce que vous cachez tous les deux ? Je ne partirai pas avant d'avoir eu des explications !
- Depuis combien de temps nous espionnes-tu au juste ? demanda Hermione sur un ton de reproche.
- Je ne vous espionnais pas, répliqua-t-elle en détachant bien les mots, je me rendais à la tour des Serdaigle pour aller rechercher un bouquin que j'avais emprunté à Luna et… Oh et puis quoi je vous ai entendu en descendant !
- On ne faisait que reprendre une conversation qu'on n'avait pas fini.
- D'accord mais…
- ça ne te regarde pas Ginny.
- Et depuis quand on a des secrets l'une pour l'autre ? Et depuis quand ne suis-je plus ta confidente hein ? Et puis toi elle se tourna vers Harry il me semble que tu n'es pas très clair non plus… Ok vos histoires ne me concernent pas elle appuya son regard sur Hermione mais je n'aime pas ce que je viens d'entendre… comprenez-moi !
Harry et Hermione s'échangèrent un regard incertain.
- Mais au fait, où comptais-tu vraiment aller à une heure pareille ?
- Heu…
- Ginny je suis préfète et je dois te dire que tu n'as pas à quitter la tour à des heures aussi tardives.
- Allons Hermione, pas à moi !
- Si ! La règle est la même pour tout le monde.
Elle croisa le regard d'Harry et rougit légèrement. Tous deux se remémorèrent leur petite escapade au beau milieu de la nuit au début de l'année. Si quelqu'un les avait aperçu, ils auraient encore eu des ennuis, surtout Hermione.
- Bonsoir vous trois …
Ils se retournèrent et virent Luna qui apparut de l'ouverture dans le mur avec un livre à la main.
- Ronald n'est pas avec vous ?
Pris au dépourvu, les autres se regardèrent.
- Bah il est certainement là-haut, répondit Ginny en désignant le dortoir. Il est tard quand même, ça ne m'étonnerais pas qu'il dorme…
- Oui, dit-elle, un peu déçue. Tiens, je venais te rapporter ça Ginny, j'ai pensé que tu avais oublié.
- Mais non, je m'apprêtais à venir le chercher et puis j'ai… discuté avec Hermione et Harry ! dit-elle en détachant enfin son regard d'Hermione et Harry. N'est-ce pas ? Elle leur sourit.
Ils acquiescèrent. Puis après une seconde de silence :
- Vous en faites une drôle de tête tous les deux. Ça va ? On croirait que vous avez vu un fantôme !
Elle éclata de rire, pouffant à ce qu'elle venait de sortir. Son hilarité, toujours aussi démesurée, détendit quelque peu l'atmosphère.
- Oui c'est vrai, renchérit Ginny. Détendez-vous ! Je n'étais pas sérieuse tout à l'heure… murmura-t-elle avec un grand sourire qui exaspéra autant Harry qu'Hermione. Ils n'avaient vraiment pas besoin de ça en ce moment ! Mais Hermione donna un coup de coude à Harry, s'efforçant de sourire naturellement et lança un clin d'œil à la rouquine..
- Bien sûr, on le savait !
Harry soupira.
- Bon et bien je retourne à ma tour, je suis faaatiguée, dit-elle dans un long bâillement.
- Moi aussi. Merci Luna. Et bonne nuit tout le monde ! lança Ginny, amusée.
Luna jeta un léger coup d'œil vers le dortoir des garçons, puis partit, suivie de Ginny.
Harry resta quelques secondes à fixer ses pieds, tandis qu'Hermione alla s'asseoir dans un des fauteuils près de la cheminée. Elle ne bougeait pas. Son cœur battait à tout rompre, et un point douloureux à l'abdomen la fit verser quelques larmes. Elle revoyaient cette vision indéfiniment, et aurait donné n'importe quoi en cet instant pour oublier.
- J'y vais également si ça ne te dérange pas. Evitons d'en reparler d'accord ? Bonne nuit Mione.
Harry s'approcha et lui caressa furtivement la joue avant de lui y déposer un baiser.
Un bruissement à peine audible se fit entendre.
- Qu'est-ce que… Ron ! Tu m'as fait peur ! Tu ne dormais pas ? Je croyais que…
- Non effectivement je ne dormais pas.
Son ton était assez brusque.
- Qu'est-ce qu'il y a t'es encore énervé ?
- Oui je suis encore énervé ! répliqua-t-il vigoureusement.
- J'ai l'impression qu'on ne communique plus.
Il parlait d'elle, bien sûr.
- Même toi tu te fous de moi !
Et de lui.
- Vous me prenez pour qui ?
- Ah non ! Ne me demande pas de prendre ton parti, arrangez-vous tous les deux mais ne me mêlez pas !
- Allez c'est bon…
- Quoi ? demanda Harry d'un ton las.
- Tu veux plus discuter de rien… dis-le carrément si j'te dérange Harry.
- Arrête voyons.
- Tu vois j'ai bien l'impression que… que je ne suis plus ton meilleur ami parfois… Tu n'as pas l'air de trop vouloir me parler. Hermione, en revanche, tu lui accordes toujours du temps, mais dès qu'il s'agit de moi, tu a l'air pressé…
- Mais qu'est ce que tu dis Ron… Toi et Hermione vous êtes mes meilleurs amis, je vous aime aussi fort l'un que l'autre, je ne fais pas passer Hermione en premier ou je ne sais quoi !
- Alors c'est que tu ne te rends pas compte ou que tu n'oses pas me dire. Il y a quelque chose entre elle et toi que je ne retrouve pas entre nous. Vous avez comme… comme une complicité qu'on n'a pas. Ou plus.
Harry leva les sourcils d'étonnement. Ron reprit :
- ça se voit quand vous discutés ou que vous êtes simplement ensemble (Harry frémit, et songea aux paroles de Ron… Luna les avait déjà dites, le soir d'Halloween), Hermione a toujours été agrippé à toi, elle s'inquiète sans arrêt pour toi, et en retour, tu lui donnes beaucoup d'attention.
- Ron… tu ne t'es jamais demandé pourquoi ?
- Bah je…
- Ecoute, tu n'a jamais vraiment su ce que j'avais ressenti ce jour-là, quand il est, enfin, oui. Quand Sirius est mort.
- Oui c'est vrai tu ne m'en a jamais parlé. Mais je sais que ça a été difficile… que ça le sera toujours, dit Ron avec une grimace qui trahissait sa gêne.
- J'ai pu réaliser certaines choses, je comprends ce à quoi j'attache vraiment de l'importance dans ma vie. C'est à dire toi et Hermione. Je vous ai vu si proche de la mort…
Ron ouvrit grand ses yeux et commença à rougir :
- Pardon vieux je ne voulais pas te remémorer ça… Allez oublie, y a pas de problème.
- Non t'en fais pas. Hermione et moi, c'est comme toi et moi ou elle et toi, d'une manière propre à chacun, mais c'est avant tout de l'amitié… Ne cherche pas à faire des comparaisons d'affinités, tu sais, on est trois et…
- Hum… Bon je crois bien qu'on devrait arrêter de parler de tout ça.
- Heu ok.
Il semblait encore grognon.
- Ah Ron…
