Chapitre 22 : Drôle de soirée
- Je dois vraiment vous dire…
Hermione ne semblait pas sur le point de pleurer, mais plutôt mal à l'aise. Ils se mirent un peu à l'écart et s'assirent tous les trois sur les marches qui menait au dortoir des filles. Hermione porta ses mains à son ventre, se plia en deux et commença à se balancer d'avant en arrière.
- Il s'est passé quelque chose. Dumbledore m'a convoqué tout à l'heure, tu étais là Harry. A vrai dire, j'ai tout de suite pensé que c'était en rapport avec mes actions pour les Elfes de maison, mais ça n'a rien à voir. Il s'agit… de mes parents, dit-elle avec difficulté.
- Continue, dit Ron.
- Et bien… ils se sont fait agressés.
- Agressés ?
- Oui, mais leurs jours ne sont pas en danger, ils devraient vite se rétablir d'après Dumb…
- Mais comment ? Par qui ? coupa Harry.
Hermione leur lança un regard inquiet.
- Ce sont des Mangemorts c'est ça ? dit Harry en baissant légèrement la voix.
- Sûrement oui… rien n'est sûr mais c'est très probable.
- Qu'est-ce qu'ils leur ont fait ? demanda Ron.
- J'ai pas voulu savoir, répondit-elle presque aussitôt.
- Je suis désolé.
- En fait, c'est arrivé avant hier soir.
- Et tu l'apprends seulement ce soir ?
- Dumbledore a préféré attendre la fin de la semaine pour ne pas trop me perturber.
Ron rit jaune.
- Je me rendrai à Londres dès demain matin. Mes parents ont été placé dans un hôpital Moldu.
- Tu vas y aller seule ?
- Oui.
Hermione tourna son regard vers Harry qui n'avait plus dit un mot depuis quelques minutes.
- Harry, tu ne dis rien ?
Ron le regarda à son tour, mais Harry dénia les regarder. Ron tendit une main vers lui mais il se releva sec, lança un juron et alla frapper le mur d'un seul coup de poing. Il cogna si fort que sa main était en sang.
- Harry ! Mais pourquoi as-tu fais cela ! cria Hermione dans un mélange de colère et d'inquiétude en saisissant sa main.
Harry ne répondit pas tout de suite. Il se tourna vers elle et, lorsqu'il ouvrit la bouche, une violente douleur lui traversa les tempes. Puis une deuxième... Les picotements étaient de plus en plus rapprochés et tout cela commençait à être difficilement supportable. Les saignements de sa main n'étaient rien comparé à la brûlure intense de sa cicatrice.
- Qu'est-ce qui se passe ? répéta Ron en voyant Harry appuyer sa main sur son front. Harry… c'est LUI ?
- Je n'en sais rien ! dit-il précipitamment
Il commençait à avoir le tournis.
- Tu ferais mieux de t'asseoir Harry ! conjura Hermione.
- Non, ça ira, j'ai l'habitude…
- Tu ferais bien de m'écouter quand même, Harry allez…
Sa voix se brisa alors. Hermione ne put contenir ses sanglots plus longtemps et pressa Harry de s'abaisser.
- Harry regarde un peu ta main ! Elle est peut-être cassée, tu dois avoir mal ! intervint Ron.
Mais celui-ci ne l'écoutait pas vraiment, car la douleur de sa cicatrice lui transperçait le front.
Sirius…
- Non n'y pense pas, sors de ma tête… pensa Harry.
C'était en effet la première fois depuis ce terrible jour qu'Harry ressentit une douleur aussi forte et aussi aiguë à sa cicatrice. Il prit peur. Est-ce qu'il se passait quelque chose en ce moment même, est-ce que sa douleur avait avoir avec Voldemort ? Ou peut-être… Non, il ne devait pas songer au pire, il ne devait pas LE laisser le manipuler une fois encore. Mais il craignait tant qu'un évènement redoutable n'arrive…
Il hurla, abattu par son mal.
Sa vue se mit soudainement à baisser.
Il ne ressentait plus la douleur.
- Par Merlin dans quel état est-il ! Posez-le sur un lit !
Ron déposa Harry avec un certain soulagement. Le transporter jusqu'ici n'avait pas été une mince affaire.
- Que s'est-il passé ? Pourquoi saigne-t-il ?
- Il s'est blessé à la main avant de s'effondrer au sol.
- Oui il s'est évanoui, répéta Hermione avec angoisse.
- Evanoui ? Il doit bien y avoir une raison non ? dit-elle d'un air exaspéré.
Ron et Hermione se turent. Ils ne savaient pas vraiment ce qui s'était passé en réalité, ils étaient un peu déboussolés.
- Bon. Veuillez quitter l'infirmerie maintenant. Disparaissez !
Madame Pomfresh ne comptait plus le nombre de séjours qu'Harry avait passé ici depuis sa première année.
Au détour d'un couloir…
- Ça faisait longtemps n'est-ce pas ? dit Hermione en se tournant vers Ron.
- Oui. Qu'est-ce que c'était à ton avis ? Un signal de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ?
- Tu n'arrives toujours pas à dire son nom ? reprocha Hermione.
Ron lui lança un regard mauvais.
- Enfin bon, ne tirons pas de conclusions hâtives, ce n'était peut-être qu'un hasard.
- Il nous le dira dès qu'il sera réveiller, répondit Ron d'un air gêné.
- Oui, tu as sans doute raison…
- Hum.
- Nous ferions mieux de nous dépêcher, je n'aime pas savoir les élèves seuls, on doit les surveiller et Mc Gonagall compte sur nous ! Retournons à la tour.
Ils se hâtèrent pendant quelques mètres mais Hermione s'arrêta. Elle fixa Ron. Il s'avança vers elle et put voir ses yeux briller.
- Ron… j'ai peur. Peur de tout, confia-t-elle. Même en étant ici à Poudlard j'ai peur, ce qui n'est pas peu dire.
- C'est à cause de ce qui est arrivé à tes parents ?
- Oui, non… je ne sais pas… Et je dois encore m'inquiéter pour Harry… Je ne sais pas ce que j'ai mais… j'ai un sentiment de malaise. Tu comprends ce que je veux dire ?
- Pas trop non.
- Oh… soupira-t-elle.
- Ecoute, tout ce que je peux te dire c'est que je suis là, et Harry aussi est là, on est avec toi et on te soutient. Demain tu retrouveras tes parents et tout ira bien. Si tu dis que ce n'est pas trop grave… reprit Ron avec hésitation.
- Oui.
- Eh, t'en fait pas okay ?
Elle lui sourit pour le contenter, mais au fond d'elle-même, elle n'était pas plus rassurée. Il allait se passer quelque chose. Elle l'aurait juré. Ça avait été trop "calme", pourquoi en serait-il autrement cette année ?
" Mais à quoi est-ce que je pense bon sang ? C'est vraiment trop idiot, ma pauvre Hermione, tu divagues complètement, n'importe quoi ! "
- Où est-ce que tu étais Hermione ça fait plus d'un quart d'heure que je te cherche ? Je veux rester avec toi s'il te plaît.
- Bien sûr Ginny, bien sûr.
- Tu vois tout à l'heure j'ai vu Dean, il était tout seul et…
" S'il était arrivé malheur à mes parents, si Dumbledore ne m'avait pas tout avoué… "
- … et j'ai pensé qu'en allant lui parler peut-être que l'on réussirait à aplanir certaines choses…
" Et Harry qui a frappé ce mur… "
- … je me suis dirigé vers lui…
" Pourquoi l'a-t-il frappé ? Pourquoi ? "
- … il n'a quasiment rien dit…
" Est-ce que cela à un rapport avec ce que je lui ai dit concernant mes parents ? Cela ne pouvait être une coïncidence… "
- Hermione tu m'écoutes ?
- Oui Ginny, mais je crois que je devrais aller m'asseoir un moment. Je ne me sens pas très bien.
- Ah bon d'accord. Je t'accompagne.
Les deux jeunes filles se dirigèrent vers la cheminée et s'assirent l'une à côté de l'autre. Ginny continua de confier ses soucis à Hermione qui, en bonne amie, l'écouta et la conseilla du mieux qu'elle le pouvait. Mais elle était très anxieuse, et ne profita finalement pas de la soirée.
Luna, qui venait de retrouver Ron, discutant un peu plus loin avec Fred et Georges, ne lui laissa pas un seul instant de répit et parlait vivement avec les trois jeunes hommes. Les cancans allaient bon train à l'encontre de cette dernière.
Ginny abandonna finalement Hermione et alla retrouver ses amies. Hermione était à présent seule avec ses tourments. Après avoir prier Ron de faire coucher les élèves rapidement, elle s'éclipsa discrètement et monta se coucher. Elle avait besoin de sommeil pour pouvoir affronter demain ses parents, allongés dans un lit d'hôpital. Peut-être aurait-elle plus d'explications de leur part. Elle partirait à l'aube et ne devrait pas revoir Harry avant plusieurs jours. Mais elle avait besoin de le voir. Elle avait besoin de savoir ce qu'il lui avait pris tout à l'heure. Elle le saurait. Et elle irait le voir avant de partir. C'est ce qu'elle ferait.
