Chapitre 26 : Un malheur n'arrive jamais seul
Harry, Ron et Hermione travaillèrent ardemment durant les jours qui suivirent et se concentrèrent un maximum sur les révisions pour les habituels tests de fin d'année. Ils ne s'étaient pas vraiment préoccupés jusqu'alors de leurs examens, ceux-ci n'étant pas aussi difficiles que les BUSE qu'ils avaient passés. L'incident entre Malefoy et Hermione avait inévitablement fait le tour de l'école, mais une nouvelle qui les réjouissait était que Malefoy avait été renvoyé de son poste de Préfet après qu'un conseil exceptionnel des professeurs ait été organisé. Harry et Ron remportèrent une fois encore la Coupe de Quidditch, ce qui les mirent d'entrain pour les examens qui débutaient le jour suivant. Hermione avait comme d'habitude brillé pour ses immenses qualités intellectuelles, bien qu'elle fut persuadée du contraire, et Harry et Ron étaient confiants. Ils n'avaient plus à se soucier de leurs examens et attendraient leurs résultats pendant les vacances.
Le repas de fin d'année débuta. Dumbledore n'était pas présent, au grand étonnement de chacun. Ce n'était pas dans les habitudes de Dumbledore de manquer ce banquet au cours duquel était célébrée la Coupe des Quatre Maisons. Harry questionna ses voisins de table mais personne ne put lui apporter de réponses. Ce fut au professeur McGonagall d'annoncer le vainqueur de la Coupe. Cette année la maison Serdaigle fut la plus méritante. Gryffondor avait tout de même terminé deuxième. Le Directeur se présenta finalement pendant le dessert, d'un pas un peu trop assuré selon Harry. Les élèves s'étaient tut pensant que Dumbledore leur adresserait un petit mot d'excuse pour ce retard impardonnable, mais il n'en fut rien. Il se pencha vers McGonagall et tous deux discutèrent une petite minute. McGonagall retint une exclamation en couvrant sa bouche de ses mains.
- Que peut-il bien lui raconter ? avait soufflé Ron à Harry.
Autour, les autres élèves semblaient eux aussi avoir remarqué quelque chose car le bruit des conversations baissa délibérément pour laisser place au silence. Puis McGonagall fit passer le "message" aux autres professeurs qui réagir chacun à leurs manières, mais avec une inquiétude similaire et pour le moins troublante.
Le directeur se tourna enfin vers les élèves. Harry comprit dans son regard que ce qu'il allait leur annoncer était grave, et à en juger par l'expression de l'ensemble des professeurs, ses craintes se justifiaient.
- Mes chers enfants, premièrement, je vous prie d'excuser mon retard. Ensuite (quoi, pas un mot de plus ?) il y a une heure, j'ai été convoqué par certaines personnes…
- L'Ordre, chuchota Harry à Ron et Hermione avec conviction.
- … qui m'ont informé d'une nouvelle des plus tragiques, ainsi que des conséquences actuelles alarmantes… Je n'ai pas pour habitude de vous cacher la vérité, ni de vous enjoliver ou déformer la réalité des évènements. Et ce n'est pas aujourd'hui que je commencerai. J'attends de vous une grande attention pour tout ce que je m'apprête à vous dire.
Dumbledore marqua une pause. Toutes les têtes étaient immobiles, dirigées droit sur le vieux mage blanc, attendant la fameuse nouvelle.
- Bien. J'ai le regret de vous annoncer que notre Ministre de la Magie, M. Cornélius Fudge, a été assassiné par les serviteurs de Voldemort il y a environ une heure et demi, alors qu'il se rendait à Poudlard.
Beaucoup d'élèves frémirent en entendant Dumbledore prononcer le nom de Voldemort, mais Harry vit que la plupart de ses condisciples devinrent pâles et livides. Hermione défaillit. Ron ouvrit des yeux aussi grands que ceux de Luna Lovegood. Harry saisit la main d'Hermione. Des murmures s'élevèrent dans toute la salle mais Dumbledore leva la main pour rappeler le silence et poursuivit :
- J'imagine le sentiment qui doit vous envahir en ce moment, mais il ne faut en aucun cas céder à la panique. Vous allez immédiatement, et j'ai bien dit immédiatement…, partir à la gare de Pré-Au-Lard. Hagrid vous y attendra. Ne faites aucun détour, je me suis déjà chargé de vos bagages donc il est inutile d'aller chercher quoi que ce soit dans vos dortoirs. Les professeurs vont vous accompagner. Retournez vite dans vos familles, et soyez prudents. Je vous recommande également de restez un maximum chez vous durant l'intégralité de l'été, par mesures de sécurité.
- Professeur, où sont les Mangemorts ? Le ministère les a-t-il arrêtés ? intervint un élève de Serdaigle.
- Non malheureusement. Les Mangemorts sont bel et bien en fuite, échappant totalement à notre contrôle.
Harry et Ron regardèrent Drago Malefoy qui se retenait de trop sourire. Les chuchotements devinrent plus intenses et les élèves se lançaient des regards inquiets.
- Mais si on ne sait pas où ils se trouvent… que va-t-on devenir, vont-ils s'en prendre à nous ?
- Un meurtre, de surcroît celui du Ministre de la Magie lui-même, est assez éloquent de leurs intentions et de l'étendu de leur haine non ? Maintenant partez tous. Informez vos familles et… gardez courage.
Harry Ron et Hermione montèrent à bord du Poudlard Express, comme leur avait ordonné Dumbledore. Quelques élèves étaient encore sur le quai, attendant de pouvoir monter au milieu de la cohue qu'avait provoqué le discours du directeur quelques minutes auparavant. Le départ était imminent. Tout le monde semblait paniqué, interloqué, se demandant ce qui pouvait bien avoir pu se passer pour que les Mangemorts réussissent à tuer Fudge. Les élèves s'entassaient dans les compartiments, il y avait beaucoup de bruit mêlé aux cris de panique qu'on entendait parfois. Il était impossible pour les trois amis de faire le moindre mouvement, ils décidèrent donc de rester debout dans un couloir. Soudain Harry colla son nez à la vitre, les battements de son cœur s'accélérant à une vitesse folle. Là-bas, au pied du lac, des silhouettes encapuchonnées apparurent. Harry déglutit difficilement. Etait-il le seul à voir ce qu'il voyait ? Une lumière verte s'éleva alors dans le ciel, puis deux, puis des dizaines à la suite. Des filles se mirent à hurler, puis une voix dans la foule s'époumona : "Regaaaardez ! Là-bas, les Mangemorts, ils sont à Poudlard !"
Et le pire, c'est que c'était vrai. Les Mangemorts avaient pénétré l'enceinte de Poudlard.
Harry regardait les Mangemorts avancer vers le portail d'entrée du château. Ce majestueux château, dressé au-dessus du lac, qui ne serait peut-être jamais plus l'endroit cher et accueillant qu'Harry avaient toujours connu. Peut-être même qu'à leur retour, Poudlard ne serait plus… Harry ne put se résoudre à la simple pensée que ce qu'il considérait comme sa vraie maison puisse être dévastée. Que faisait-il ici ? Il lui semblait que sa place n'était pas dans ce train, avec tous les autres, mais au château...
Il se retourna rapidement vers les deux autres.
- Quoi ? demanda Hermione d'un air stupéfait.
- Je ne peux pas laisser faire ça !
- Oh Harry non…
- Je retourne à Poudlard.
Avec une volonté de fer, il écarta Hermione de son chemin, et bouscula les autres élèves présents pour pouvoir passer.
- Tu sais comment il est, répondit Ron au regard désespéré que lui lançait Hermione.
- Ron… gémit Hermione.
- On ferait bien de le rattraper. Viens.
Et ils rebroussèrent chemin jusqu'à la porte du wagon.
Quant à Harry, il ouvrit la porte à la volée mais se heurta à Hagrid.
- Où comptais-tu aller ?
- Laissez-moi passer Hagrid, je dois sortir de ce train.
- Oh non tu ne sortiras pas… fais demi-tour. J'ai ordre de faire monter tous les élèves à bord. Pas d'exception pour toi ni pour personne ! siffla-t-il d'un ton autoritaire.
- Hagrid il faut nous laissez sortir ! soutint Ron qui venait d'arriver avec Hermione.
Le Poudlard Express cracha alors une nuée de fumée noire, annonçant son départ.
- Tu restes ici ! Vous remontez immédiatement ! rugit Hagrid sous les regards consternés des trois autres.
- Mais Poudlard, les Mangemorts… cria Harry que la colère prenait.
Leurs camarades les observaient à présent d'un œil mauvais.
- Qu'est-ce qu'il te prend, Potter ?
- Tu veux encore jouer les héros, faire le malin ? T'as vu ce qu'il y a là-bas ? Tu as vu ?
- Par pitié que ce train s'en aille et vite !
- Qu'est-ce qui leur arrive encore à ceux-là ?
- Les Mangemorts, je ne les vois plus, je ne les vois plus !
- S'ils y retournent, ils vont se faire massacrer oooh !
Soudain, une grande fille blonde et une rousse passèrent leurs têtes d'une des vitres.
- Rooooon ! Harryyyyy !
Luna et Ginny leur faisaient signe d'approcher, mais aucun des deux ne bougèrent.
- Qu'est-ce que vous faites ? demanda Luna.
- On vient avec vous ! lança Ginny au hasard.
- Non Ginny, tu ne bouges pas ! protesta Ron.
- On veut vraiment vous accompagner, on sait ce que vous comptez faire ! continua-t-elle en s'adressant à Harry.
- Ginny, répondit Ron qui parlait à présent entre ses dents, tu rentres chez nous, tu préviens Papa et qui tu sais…
- Mais Ron, atterris ! Si les Mangemorts sont là, alors eux sont forcément déjà au courant !
- Tout ce qu'on veut vous dire c'est qu'on est de la partie. On ne vous laissera pas tomber, dit Luna d'un air maladroit.
- C'est très courageux de ta part, répondit Ron sur un ton plus calme, mais sans vouloir te vexer, ta maison n'a pas la vertu du courage… Mais… tu es "atypique". Tu aurais fait une bonne Gryffondor Luna.
- Sauf que cette-fois, vous ne viendrez pas, conclut Harry.
Le ciel au-dessus du château s'obscurcit tout à coup, et des volutes de fumée vertes et rouges fusèrent à travers les vitraux de la Grande Salle. Une explosion fit taire les discussions. La terreur prit la pas, les élèves se mirent à crier, à pleurer… l'effroi déformait les visages innocents des plus jeunes. La machine se mit en marche, sous les cris affolés des élèves qui s'étaient pressés contre les vitres pour voir un peu mieux ce qui était en train de se passer à l'intérieur du château, là où les Mangemorts se trouvaient, à présent. Ginny tenta par tous les moyens d'atteindre la porte, de s'enfuir, mais en vain. Reprenant un peu ses esprits, Harry, suivi par Ron et Hermione, se glissa sous le bras d'Hagrid.
- Bon courage, Ronald ! lança Luna d'un air autre que éthéré, pour une fois.
Hagrid fixait intensément le château, oubliant de retenir Harry Ron et Hermione. Lorsqu'il les vit s'enfuir, il lança d'une voix sonore :
- Noooon, n'y allez pas !
Le train s'éloignait enfin… Hagrid leur faisait de grands signes, il rugissait, leur sommant de revenir… Quelques instants plus tard, la gare de Pré-Au-Lard était déserte. Il n'y avait plus personne pour eux, mais cela n'altéra en rien leur détermination. Une fois de plus, ils allaient les confronter… les affronter…