Chapitre 28 : Savoir et ne pas savoir

- C'est ça que tu appelles jeter un sort ? dit la fille. Pas très brillant, comme résultat. Moi, j'ai essayé de jeter des sorts pour m'entraîner et à chaque fois, ça a marché. Personne n'est sorcier dans ma famille, j'ai eu la surprise de ma vie en recevant ma lettre, mais j'étais tellement contente ! On m'a dit que c'était la meilleure école de sorcellerie. J'ai déjà appris par cœur tous les livres qui sont au programme, j'espère que ce sera suffisant pour débuter. Ah, au fait, je m'appelle Hermione Granger, et vous ?

Elle avait dit tout cela très rapidement, sans reprendre son souffle.

- Je m'appelle Ron Weasley,

- Moi c'est Harry Potter.

- C'est vrai ? s'exclama Hermione. Je sais tout sur toi, j'ai lu quelques livres supplémentaires pour ma culture générale et je peux dire qu'on parle de toi dans Histoire de la magie moderne, Grandeur et décadence de la magie noire et Les grands évènements de la sorcellerie au XXème siècle.

- Ah bon ?

- Tu ne savais pas ? Si c'était à moi que c'était arrivé, j'aurais lu tous les livres où on en parlait, dit Hermione. Vous savez dans quelle maison vous serez ? Moi, j'espère bien aller chez Gryffondor, ça m'a l'air d'être la meilleure. On m'a dit que Dumbledore y a fait toutes ses études, mais les Serdaigle ne doivent pas être mal non plus. Enfin, bon, on va essayer de retrouver le crapaud de Neville. Vous feriez bien de mettre vos robes de sorcier, vous deux, on ne va pas tarder à arriver.

Ron savait depuis le premier voyage dans le Poudlard Express qu'elle prendrait une place dans sa vie.

- Ah… Elle était belle ce soir Hermione tu trouves pas ?

- Si.

Ron savait qu'il l'avait trouvé magnifique en ce bal d'Halloween, malgré tous les quolibets que l'on entendait sur elle.

- Au fait, heu… qu'et-ce qui se passe entre vous deux ?

- Rien, répondit Harry, en toute sincérité.

- J'ai… heu… entendu raconter qu'elle sortait avec quelqu'un d'autre, maintenant, dit timidement Hermione.

- C'est une bonne chose pour toi, mon vieux. Oh bien sûr, elle est jolie mais il te faudrait quelqu'un d'un peu plus joyeux.

Ron savait qu'il avait sincèrement aimé Cho Chang, mais que jamais elle n'aurait pu apporter le tiers, le quart, le millième de ce qu'elle faisait chaque jour pour lui depuis près de six ans.

- C'est à propos de Cho ? Elle t'a coincé après la réunion ?

Pris par surprise, Harry, l'air hébété, acquiesça d'un signe de tête.

- Et… heu… qu'est-ce qu'elle voulait ?

- Elle…, commença Harry, la voix rauque.

Il s'éclaircit la gorge et recommença.

- Elle… heu…

- Vous vous êtes embrassés ? demanda vivement Hermione.

- Alors ?

Harry regarda tour à tour Ron, dont l'expression se mêlait de curiosité et d'hilarité, puis Hermione qui fronçait les sourcils. Enfin il répondit « oui » d'un simple hochement de tête.

- HA ! Alors ? Comment c'était ?

- Humide. Parce qu'elle pleurait, reprit Harry d'un ton abattu.

- Oh. Tu embrasses si mal que ça ?

- Sais pas. C'est possible.

- Bien sûr que non, dit Hermione d'un air absent, sans cesser d'écrire sa lettre.

- Comment tu le sais ?

- Tout simplement parce que Cho passe la moitié de son temps à pleurer, ces temps-ci, répondit Hermione d'un ton absent. Elle pleure pendant les repas, aux toilettes, un peu partout dans le château.

- Il suffisait d'être gentil avec elle, dit Hermione en levant vers Harry un regard anxieux. J'espère que tu l'as été ?

- Ben heu… je lui ai… donné des petites tapes dans le dos.

Hermione semblait à grand-peine se retenir de lever les yeux au ciel.

- J'imagine que ça aurait pu être pire, soupira-t-elle. Tu vas la revoir ?

- Il faudra bien, non ? répondit Harry. Nous avons d'autres réunions de l'A.D.

- Tu sais très bien ce que je veux dire, s'impatienta Hermione.

Harry resta silencieux.

- Oh, de toute façon, dit Hermione d'un air distant en se replongeant dans sa lettre, tu auras sûrement plein d'occasions de l'inviter.

- Et s'il n'en a pas envie ?

- Ne sois pas stupide, dit Hermione, un peu absente, Harry aime Cho depuis une éternité, n'est-ce pas Harry ?

Ron savait que cette relation ne l'avait pas laissé de marbre.

- ALLEZ-Y ! hurla Harry.

- Reducto !

- FUYEZ ! s'écria Harry tandis que les étagères oscillaient dangeureusement, précipitant à terre les sphères des rayons les plus élevés.

Harry saisit la robe d'Hermione qu'il entraîna derrière lui, un bras au-dessus de la tête pour se protéger du déluge de verre et de bois qui s'abattait sur eux.

- STUPEFIX !

Un jet de lumière rouge frappa le Mangemort le plus proche. Il tomba en arrière sur une horloge de grand-mère qui se renversa sous le choc. Le deuxième Mangemort, en revanche, avait fait un bond de côté pour éviter le sortilège de Harry et pointait à présent sa baguette sur Hermione pour mieux viser.

- Avada…

Harry s'élança et s'agrippa aux genoux du Mangemort qu'il fit basculer en déviant la trajectoire de son sortilège.

Ron savait qu'il ferait tout pour la protéger.

- Harry jamais je ne ferai de choix entre toi et autre chose, jamais… même si c'est ma vie.

Ron savait qu'elle donnerait tout pour rendre sa vie meilleure.

- C'est différent voyons… répondit-elle agacée. Je suis encore désolée Viktor mais non, je refuse.

- Sache que je suis extrrêmement déçu. Je te crroyais plus ambitieuse, sortit-il d'un ton sec.

- Ne sois pas méchant s'il te plait…

- Tu préfères rester à Poudlard, pour être avec tes amis, alors que Durrmstrrang t'ouvrrirrait de grandes porrtes…

- Ils ont besoin de moi ! Harry a besoin de moi !

- Ah ! Nous y voilà… C'est à cause de lui n'est-ce pas ? Potterr, toujourrs lui…

- Depuis QUAND l'appelles-tu ainsi ? Tu n'as plus de respect pour lui ?

- Parrdon Herrmioneuh, mais Harrry peut trrès bien se débrrouiller sans toi.

- Justement NON ! Tu sais que Voldemort est revenu, tu sais qu'il regagne sa puissance, tu sais qu'il veut le tuer ! Je ne le laisserai pas agir. Et c'est pour ça que je dois rester près de lui !

- Je savais qu'elle comptait plus que tout. Elle m'apporte tant, je sens que c'est mon devoir de la protéger. Je me le suis juré à moi-même… Et ce n'est pas toi qui m'en empêchera.

Ron savait l'importance qu'ils se portaient.

- Qu'est-ce qu'il y a t'as mal au crâne ?

- Oui… enfin non… Je pensais.

- Ah bon et à quoi pensais-tu ?

- ça servirait à rien de vous le cacher de toute façon… En fait je peux pas m'empêcher de penser à ça… Harry tourna son regard vers Hermione. Le retour de Krum me rappelle…

- Te rappelle le soir où Cédric s'est fait tué et où Voldemort est revenu à la vie. Je m'en doutais.

Hermione se leva alors, pour aller s'agenouiller devant le fauteuil où Harry reposait, puis elle porta affectueusement sa main sur la joue d'Harry. Elle ne dit rien. Ron comprit qu'il était de trop en cet instant, et préféra se retirer au dortoir pour les laisser discuter tranquillement. Il savait que lui-même n'aiderait pas Harry dans sa peine. Hermione continua de regarder Harry tout en se redressant pour se rapprocher de son oreille. Elle lui glissa :

- Je sais ce que tu penses. Ne te torture pas Harry, je suis là.

Hermione le força à la regarder et lui sourit.

Ron savait que ce genre de scène était courant entre eux.

Mais il savait aussi que rien dans tout cela n'était franchement innocent. Que pouvait-il faire, que pouvait-il dire ?

Ron savait qu'il éprouvait des sentiments pour son amie, oh oui il le savait… Mais il n'arrivait pas à en parler, Harry ne lui avait d'ailleurs jamais posé de questions à ce sujet. Lui avait déjà eu une petite amie, il était mieux placé pour lui donner des conseils ! Pourquoi ne lui en donnait-il pas ? Ron était persuadé qu'Harry se doutait de ses sentiments pour Hermione… Les meilleurs amis sentent ce genre de choses !

- Et qu'est-ce qui se passera si jamais Tu-Sais-Qui est avec lui ?

- J'ai eu de la chance une fois, dit Harry en montrant sa cicatrice. Pourquoi pas deux ?

Les lèvres d'Hermione tremblèrent. Elle se précipita soudain sur Harry et le serra dans ses bras.

- Hermione !

- Harry, tu es un grand sorcier !

- Pas autant que toi…

- Moi ? J'ai tout appris dans les livres. Mais il y a des choses plus importantes, le courage, l'amitié… Oh Harry, fais bien attention…

Ron ne savait pas ce qu'elle avait dit, juste avant la confrontation avec Quirrell.

- Je voudrrrais savoirrr, dit-il le regard flamboyant, ce qu'il y a entrrre toi et Herrr-mion-neû.

- Rien, dit-il.

Mais le regard de Krum flamboya de plus belle et Harry – qui remarqua une fois de plus à quel point Krum était grand – lui donna quelques explications.

- Nous sommes amis, mais elle n'est pas ma petite amie et elle ne l'a jamais été. C'est cette Rita Skeeter qui a tout inventé .

- Herrr-mion-neû parrrle trrrès souvent de toi, dit Krum en regardant Harry d'un air soupçonneux.

- Oui, dit Harry. C'est parce que nous sommes amis.

- Tu n'as jamais… vous n'avez pas… ?

- Non, répondit Harry d'un ton ferme.

- Ça va ? Ombrage ne t'a pas posé de questions sur l'A.D., j'espère ?

- Oh, non, répondit précipitamment Cho. Non, c'est simplement… Je voulais juste te dire… Harry, je n'aurais jamais pensé que Marietta irait raconter…

- Ouais, bon.

- C'est vraiment quelqu'un d'adorable, assura Cho. Elle a simplement commis une erreur.

Harry la regarda d'un air incrédule.

- Quelqu'un d'adorable qui a commis une erreur ? Elle nous a tous vendus, même toi !

- On s'en est quand même sortis, non ? répondit Cho en guise de défense. Tu comprends, sa mère travaille au ministère, c'est très difficile pour elle…

- Le père de Ron aussi travaille au ministère ! répliqua Harry avec fureur. Et, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il n'est pas écrit « cafard » sur son visage…

- ça, c'était une horrible perfidie d'Hermione Granger, dit Cho d'un ton féroce. Elle aurait dû nous prévenir qu'elle avait jeté un maléfice sur cette liste…

- Je pense que c'était une excellente idée, assura froidement Harry.

Cho rougit et ses yeux s'agrandirent.

- Ah oui, bien sûr ; j'avais oublié, c'était l 'idée de la petite Hermione chérie…

- Ne recommence pas à pleurer, l'avertit Harry.

- Je n'en avais pas l'intention ! s'écria-t-elle.

- Bon… ben… tant mieux. J'ai suffisamment d'ennuis comme ça en ce moment.

- Et bien, va donc t'occuper de tes ennuis ! répliqua Cho, furieuse.

Elle tourna les talons et s'en alla d'un air indigné.

Ron ne savait pas que Viktor Krum puis Cho Chang avaient eu des doutes sur leur complicité.

- ON L'A EU ! hurla le Mangemort qui se trouvait le plus près de Harry. DANS LE BUREAU QUI DONNE SUR…

- Silencio ! s'écria Hermione.

La voix de l'homme s'interrompit aussitôt. Il continua de remuer les lèvres sous sa cagoule mais aucun son n'en sortit. L'autre Mangemort l'écarta d'un geste.

- Petrificus Totalus ! hurla alors Harry au moment où le deuxième Mangemort levait sa baguette.

L'homme se raidit, les jambes jointes, les bras collés le long du corps, et tomba aux pieds de Harry, face contre terre, droit comme une planche et incapable de faire le moindre geste.

- Bien joué, Ha…

- Mais le Mangemort qui venait de perdre sa voix fendit l'air de sa baguette, traçant sur la poitrine d'Hermione une longue flamme violette. Elle poussa un faible cri, comme sous l'effet de la surprise, et s'effondra sur le sol où elle resta immobile.

- HERMIONE !

Harry se laissa tomber à genoux à côté d'elle tandis que Neville émergeait précipitamment de sous le bureau, sa baguette levée devant lui.

- Hermione. Hermione, réveille-toi…

- Gu'est-ze qu'il lui a vait ? demanda Neville en s'extrayant de sous le bureau pour aller s'agenouiller de l'autre côté du corps inerte d'Hermione.

- Je ne sais pas…

Neville prit le poignet d'Hermione.

- Le bouls bat engore, Harry. J'en suis zûr.

Harry sentit une telle vague de soulagement monter en lui que pendant un instant la tête lui tourna.

- Elle est vivante ?

- Oui, je grois.

Ron ne savait pas que l'épisode du Département des Mystères l'été dernier avait été pour lui un véritable électrochoc quand elle reçut le sort de Dolohov. Il ne savait pas que ce seul instant lui fit brusquement ouvrir les yeux.

- Hermione ? Que fais-tu encore debout ?

- Oh Harry ! Mais c'est à toi qu'il faut demander ça !

- J'ai… je n'arrive pas à dormir, déclara-t-il.

- Ah oui ? dit-elle d'un air un peu méfiant. Moi non plus je ne trouvais pas le sommeil.
- Tu lis quoi ?

- Les runes… mais je le connais par cœur.

- On s'ennuie ici…

- La lecture y a que ça de vrai pour passer le…

- Hermione, coupa-t-il, ça te dirait de faire une petite balade ?

- Quoi ? Où veux-tu que l'on aille à une heure pareille ?

- J'ai mon idée. Alors c'est d'accord ?

- Heu… oui ok.

- Va t'habiller plus chaudement. Je reviens tout de suite.

- Alors M. le cachottier, où va-t-on ? lança-t-elle avec un sourire au coin des lèvres.

- Tu verras !

- Bon. Je te propose de faire un tour en volant sur mon balai.

Ce fut Harry qui l'enlaça le premier. Ils se desserrèrent, levant à nouveau les yeux sur la voûte céleste.

- La nuit est vraiment belle. Ton idée était excellente Harry !

Il mit son bras sur son épaule, la ramenant timidement vers lui. Ils se balancèrent.

Ron ne savait pas qu'ils avaient fait une escapade nocturne, très romantique !

- Tu es… tu, tu es désolé ? Et moi alors ? J'en peux plus Harry, toute cette histoire me rend folle alors, PARLE–MOI !

- TU VEUX QUE JE TE DISE C'EST QUOI MON PROBLEME ? TU VEUX VRAIMENT CONNAITRE LA RAISON ?

Elle glissa une main timide sur sa joue, puis porta les deux dans ses cheveux. Elle baissa les yeux, mais Harry lui releva délicatement le menton… la pression était enfin tombée. Et tous deux baissèrent instinctivement les paupières…

Ron ne savait pas ce qui s'était passé en ce soir de novembre et qui les avait réconciliés.

Le visage d'Hermione lui apparut alors, très net, Harry la voyait comme si elle était réelle.

Le visage d'Harry lui apparut alors, très net, Hermione le voyait comme s'il était réel.

Le visage lui sourit malicieusement.

Le visage lui sourit timidement.

Elle souriait toujours.

Il souriait toujours.

Le visage d'Hermione s'agrandit, et son corps se matérialisa devant ses yeux ébahis.

Le visage d'Harry était paisible, ce qui était de plus en plus rare maintenant .

Des regards, des sourires, les siens.

Ron ne savait pas quel lien particulier les unissait. Il attrapa son visage et captura ses lèvres… Elle s'accrocha à la chemise du jeune homme… Mais elle se recula, et rejeta les bras d'Harry.

Ron ne savait pas qu'un deuxième baiser les avait rapprochés.

- Tu es le meilleur Harry, tu l'es vraiment ! Gryffondor toujours vainqueur !

- Je t'aime Hermione, on a gagné, on a remporté la Coupe !

Ron ne savait pas qu'il lui avait prononcé les mots.

Ron ne savait pas tous ces moments à deux qu'ils avaient vécus, ni que le trouble s'était réellement installé depuis ce soir d'Halloween.

Ron ne pouvait savoir ce qui se passait. Il aurait pu deviner, rassembler les morceaux d'un puzzle disséminés ici et là dans leur quotidien. Il avait parfois nourri quelques soupçons, vagues. Mais il ne s'était jamais résolu à y croire. C'était simplement inconcevable.

Ron ne savait pas qu'ils éprouvaient plus que de l'amitié l'un pour l'autre, bien plus… Et sans jamais lui avoir rien dit… mais il savait une chose. Et c'était très dur de l'accepter.

Harry et Hermione l'avaient trahi.

Merci de me laissez vos commentaires ! Biii à tous ;-)