Chapitre 29 : Ma faiblesse
Hermione se réveilla avec une odeur nauséabonde qui lui parcourait les narines. Elle réalisa alors qu'elle était allongée sur le sol, un peu débraillée. Elle se releva si vite qu'elle eut très mal à la tête. Elle posa alors ses mains sur ses tempes et ferma les yeux un instant. Elle se sentait à nouveau oppressé. Ses yeux parcourent la pièce rapidement : elle se trouvait à l'accueil de l'hôpital Ste Mangouste.
Quand elle eut repris ses esprits, elle trouva le décor très fade, morose. En fait, tout était gris autour d'elle, même ces deux personnes à quelques mètres d'elle et la secrétaire à qui ils parlaient. Intriguée par cette étrange atmosphère, Hermione s'avança vers les deux individus.
- Excusez-moi, messieurs dames, je m'appelle Hermione Granger et j'ai atterri ici par je ne sais quel moyen et j'aimerais… je… Pardon, madame ?
Aucun des deux ne lui répondit ni lui manifesta d'ailleurs un quelconque intérêt. Hermione tendit le bras et s'aperçut que celui-ci traversa l'épaule de la jeune femme devant elle. Elle poussa un cri de stupeur et retira sa main aussi vite que si elle venait de se brûler.
- Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que c'est ! Est-ce que je suis morte ?
- Félicitations madame.
- Qu-qu quoi ? balbutia Hermione.
- Merci beaucoup, répondit la jeune femme qu'Hermione venait de traverser.
- Votre mari s'est déjà occupé des papiers, dit la secrétaire en souriant.
- Tu m'impressionnes… taquina la femme en regardant son mari.
Elle avait un bébé dans les bras.
- Je t'ai dit que je m'occuperai de tout pour que tu ne te fatigues pas trop.
Hermione alla s'asseoir sur un banc. Il fallait qu'elle réfléchisse, calmement, et qu'elle comprenne.
- Apparemment personne ne peut m'entendre ni me voir. Tout autour de moi est gris, il n'y a aucune couleur qui émane de quoi que ce soit. Allez réfléchis pauvre cloche, réfléchis… Mais bien sûr ! Je suis très certainement dans un souvenir, je ne suis forcément pas tombée là par hasard ! Harry nous l'avait pourtant déjà raconté… quand il avait plongé dans la pensine de Dumbledore et qu'il avait assisté malgré lui au procès de Ludo Verpey, il y a deux ans… et puis l'année dernière il est tombé sur le pire souvenir de Rogue… C'est ça. On m'a mis dans une pensine. Mais je n'arrive pas à me rappeler comment j'ai atterri là-dedans… tout est brouillé, soupira-t-elle en prenant sa tête dans ses mains. À défaut de savoir le comment, je vais tâcher d'élucider le pourquoi. Si on m'a mise ici, c'est pour que j'y découvre quelque chose ou bien il y a des éléments capitaux que je dois déceler dans ce mystère… Par où commencer ? Tout ce que je connais, c'est l'endroit.
Hermione stoppa sa réflexion et observa la petite famille qui se trouvait toujours à l'accueil.
- Pourtant malgré cette ambiance morose, il y en a deux qui ont l'air heureux, enfin trois…
- Je suis un peu curieuse… reprit la secrétaire, déridée face aux parents contemplatifs de leur bambin. En fait j'adore les prénoms ! Avez-vous choisi celui du petit ?
Les parents s'échangèrent un regard puis la mère, toujours aussi rayonnante, prit la parole.
- Et bien… Nous y avions déjà réfléchi. Elle se tourna vers son compagnon et annonça, les yeux brillants : Harry. Ce petit ange s'appellera Harry.
- Oui oui… et bien au revoir, adressa la mère à la secrétaire.
Les deux parents se retournèrent alors, faisant face à Hermione le temps de ranger quelques papiers.
La jeune fille ouvrit grand ses yeux et resta bouche-bée. Ces deux personnes… leur tête… la ressemblance était frappante. L'homme était grand et mince, ses cheveux étaient très mal coiffés et il portait des lunettes qui lui donnait un air prétentieux… quant à la femme, elle était naturelle et surtout très belle… tout comme elle, elle avait des cheveux épais, mais ces yeux étaient semblables à ceux de…
Quelque chose lui faisait mal à l'intérieur de son corps. Hermione souffla un instant, et décida de suivre Lily et James alors qu'ils s'en allaient.
La maman semblait s'extasier à chaque fois que son bambin faisait le moindre mouvement.
- Oh chéri regarde-le, regarde notre bébé, disait la jeune maman, fatiguée mais souriante. As-tu vu on visage ? Il te ressemble !
- À un détail près ! Il a les doux yeux vert de sa jolie maman.
- Il est parfait, dit la jeune femme avec tendresse.
Ils sortirent par une issue de secours, Hermione sur leurs talons. Au-dehors il y avait une cabine téléphonique et ils s'en servirent comme portoloin. Une fois disparus, Hermione leur emboîta le pas et rentra à son tour dans la cabine. Elle dit d'un ton dégagé : maison des Potter à Godric's Hollow !
- Quelle magnifique maison ! pensa Hermione, attendrie.
- Ouvre la petite porte s'il te plaît, demanda Lily à son mari.
- Voilà princesse Lily.
- Merci mon amour. Tu vois Harry, c'est ta maison. C'est ici que tu vas grandir, et tu seras le plus heureux avec ton papa et ta maman !
Comme à chaque fois, elle paraissait émerveillée.
- Si tu continues comme ça tu vas le rendre gaga !
- Oh ! Tais-toi un peu, James Potter ! N'écoute pas les bêtises que tu dis ton papa, écoute plutôt maman… je déborde juste d'amour pour mon tout petit Harry ! Oh non ne pleure pas !
Lily traversa rapidement l'allée et rentra à l'intérieur avec Harry pleurant dans ses bras.
- Tu devrais le coucher, conseilla James d'un air un peu inquiet.
- Oui je crois qu'il est un peu fatigué.
Lily et James montèrent à l'étage dans la chambre du bébé. Lily déposa bébé Harry dans son petit lit. Il s'endormit au bout de quelques minutes à peine, grâce aux tintements apaisants de son mobile.
James entoura alors sa femme de ses grands bras et tous deux se tinrent amoureusement face au berceau. Après quelques instants où ils regardèrent leur bébé dormir, James posa sa tête sur l'épaule de Lily.
- Je te connais trop bien pour sentir que tu es préoccupée. À quoi penses-tu ?
- Oui c'est vrai... Je suis inquiète… j'ai peur pour notre bébé…
- Lily tout va bien… on est chez nous et on a ramené Harry avec nous… on est en sécurité. Dumbledore nous protège. Je te protège.
- Tu as raison, je ne devrais pas m'en faire comme ça.
Elle resserra un peu plus son étreinte. James reprit :
- Toi et Harry êtes ma famille… je ne vous abandonnerai jamais.
- On sonne James !
Hermione se trouvait toujours à Godric's Hollow, dans la propriété des Potter, mais cette fois-ci à l'arrière de la maison dans le jardin.
- Je vais voir qui sait. Ah ! Ahahahah sacré vieux farceur, tu ne perds rien pour attendre !
Un homme pour le moins plaisant apparut soudainement par enchantement au bout milieu du jardin.
- SIRIUS ! Combien de fois vais-je encore devoir te répéter de ne pas transplaner directement à Godric's Hollow ! C'est dangereux pour toi, et pour nous aussi ! gronda Lily.
- Eh ma belle, calme-toi, je ne me suis pas fait prendre, AUSSI LIBRE QUE LE VENT ! claironna le séduisant homme qui n'était autre que le regretté Sirius Black, la parrain de Harry. Et puis, reprit-il, ça fait combien de temps que je n'ai pas rendu de visite à mon meilleur ami ? Tiens, mais c'est mon neveu que voilà ! James, que fait-on fils hors de son parc ? plaisanta Sirius.
Lily regarda James de travers.
- Quoi, c'est son anniversaire aujourd'hui, il peut faire ce qu'il veut !
- Il n'y a que Remus de sensé ici !
- Mon loup préféré est déjà arrivé ?
- Oui, lui est ponctuel au moins…
- Salut Remus… comment vas-tu ? Oh, salut à toi Peter.
- Bien, merci de t'en inquiéter Sirius.
- Moi aussi je vais bien ! répondit Peter qui tremblait des pieds à la tête.
- Peter, tu veux bien m'aider ? Tu sais, les gâteaux…
- Oh oui, j'arrive tout de suite Lily !
Et le quatrième Maraudeur se hâta si vite qu'il manqua de faire tomber la table de jardin en se relevant.
- Tu es sûr que ça va Peter ? demanda Lupin d'un air suspicieux.
- Oh oui oui, il n'y a pas de problèmes Remus, ne t'inquiète su-surtout pas !
- Il est étrange… marmonna Sirius dans ses moustaches.
- Oui, je trouve aussi, renchérit Lupin. Crois-tu qu'il nous cache quelque chose ?
- J'espère pour lui que non sinon il aura affaire à moi…
- Qu'est-ce que vous complotez vous deux ? lança James en s'approchant de ses amis.
- Rien.
- Peter…
- Sirius laisse tomber ! Non c'est juste qu'il a l'air un peu bizarre, reprit Lupin en se tournant vers
- James ! JAMES !
- C'est lui… sauve-toi Lily ! Prends-le, VITE !
- Oh non James, je reste avec toi !
- NE DISCUTE PAS !
Lily courut alors vers l'escalier avec l'enfant dans ses bras. Arrivée dans la chambre de Harry, elle saisit instinctivement sa baguette magique. Soudain quelqu'un poussa un cri dans la maison, et Lily sut qu'il était mort… Le bois de l'escalier craqua, elle savait qu'IL n'était plus qu'à quelques mètres d'elle. Machinalement Lily lança un « Alohomora » pour gagner du temps, pour qu'elle et Harry aient une chance de s'enfuir… Mais la porte explosa et Voldemort apparut sur le palier, brandissant sa baguette. IL prononça quelques mots mais la pauvre femme, terrifiée, cracha sa haine. Lily déposa Harry dans son berceau avant de faire face à ce monstre qui allait lui voler son destin et en finir… Voldemort lança l'incantation interdite. Une lumière verte aveuglante illumina la pièce, et, la seconde suivante, Lily Evans Potter n'était plus.
Hermione poussa un cri d'épouvante et s'effondra à moitié sur la commode. Voldemort rit aux éclats en observant Lily un instant. Il enjamba son corps et se pencha sur le berceau. À nouveau il leva sa baguette en regardant le bébé droit dans les yeux. Hermione regardait la scène avec effroi, elle était dans un mauvais rêve, ce maudit ce foutu rêve dans lequel elle était plongée. Pourquoi donc se trouvait-elle ici, pourquoi la forçait-on à vivre un moment si douloureux, bien au-delà des mots ? La lumière s'intensifia encore plus qu'avant et le vert devint rouge, la haine devint le néant, la vie devint maudite, ta vie, celle qui désormais serait tienne, source de tourments infernaux, une vie peu ordinaire... Et pourtant en ce même instant, le bébé devint célèbre, le fils de Lily et James allait être pour toujours « celui qui a survécu » dès lors que le sortilège impardonnable effleura son petit front, dès lors qu'il fut marqué par cette horrible cicatrice en forme d'éclair…
Que fallait-il faire en un moment aussi dramatique ? Une mère qui se fait tuer pour sauver son fils de la mort et du mal, et un fils qui est en même temps orphelin, qui grandira privé de l'amour de ses parents, privé de l'amour de son oncle et sa tante, ses horribles Dursley ! Malgré le sacrifice d'amour de Lily, Harry ne sera pas sauvé… Harry ne sera jamais un homme heureux… car sa vie, à lui aussi, a été volé. Comment pouvait-elle accepter cela ?
Hermione se relava tant bien que mal, attendant que le décor change, qu'elle soit transportée dans n'importe quel endroit sauf ici… Pendant plus d'une minute ses yeux se plantèrent sur le corps inerte de Lily. Elle ne put contenir ses larmes, elle ne pouvait faire le moindre mouvement. Puis sa tête se tourna vers le berceau. Elle fit quelques pas en avant. Hermione se rendit alors compte que le bébé pleurait, que Harry pleurait. Instinctivement elle tendit ses bras pour le prendre, tout en sachant qu'elle ne pouvait le toucher… Pourtant elle réussit à toucher le bébé, et, sans y réfléchir une seconde de plus, elle le prit dans ses bras, pour le réconforter.
Mais deux bras l'arrachèrent de l'enfant et Hermione fut brusquement secouée, l'esprit complètement retourné.
