Chapitre 30 : Pour le pire et pour le meilleur
Harry s'était réintroduit à l'intérieur du château, courant le long des corridors à la recherche de Ron et de Hermione. C'est alors qu'il l'aperçut en premier. Au beau milieu d'un couloir, Hermione, à genoux sur le sol et le regard vitreux, avait les yeux baigné de larmes mais semblait tout à la fois inconsciente. Harry se précipita vers elle et lui arracha le globe qu'elle tenait fermement contre sa poitrine. C'était exactement celui que Malefoy leur avait présenté quelques instants plus tôt. Voyant qu'elle ne réagissait pas, il se mit à la secouer pour la sortir de sa torpeur.
- Hermione, réveille-toi ! Hermione ! C'est moi, je suis là.
- Non, laissez… Harry… laissez-le… laissez… moi… non, HARRY !
L'instant d'après, elle poussa un cri de frayeur qui lui fit retrouver ses esprits. Elle dévisagea Harry puis cacha son visage entre ses mains, en posant sa tête sur l'épaule de Harry.
- Tout va bien à présent, dit-il pour la rassurer.
- Oui… est-ce que toi ça va ?
- Oui, t'en fais pas.
Harry l'examina quelques secondes mais Hermione n'avait pas l'air mal en point. A l'évidence, les douleurs du sortilège Doloris s'étaient dissipées. Hermione s'essuya les yeux et Harry l'aida à se relever.
- Où est Ron ?
- Je ne sais pas, je ne l'ai pas encore trouvé…
- Oh non, pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé !
- Il ne faut pas rester ici, viens, on va le retrouver. Allez, courage Hermione !
Celle-ci regarda frénétiquement autour d'elle, comme si elle s'attendait à voir un Mangemort apparaître à tout instant. Elle saisit machinalement le bras de Harry et ils partirent à la recherche de Ron.
Ils parcoururent ainsi quelques classes mais Ron ne manifestait pas le moindre signe de vie. Hermione criait son nom, espérant qu'il leur indiquerait l'endroit où il était peut-être prisonnier. Enfin, au détour d'un couloir, une torche éclairait une touffe de cheveux flamboyants. Ron était assis contre le mur, l'air parfaitement normal. Il tenait également une sphère entre ses mains. Contrairement à Hermione et lui, Ron semblait réussir à la maîtriser. Hermione lâcha Harry pour aller le rejoindre au plus vite.
- Ron ! Tu ne nous entends pas t'appeler ? On s'inquiétait tellement, est-ce que ça va ?
Il tourna la tête pour la regarder mais ne répondit pas. Hermione se baissa à sa hauteur.
- Est-ce que tu te sens bien, Ron ? répéta-t-elle d'un air préoccupé. Cette fichue sphère… murmura-t-elle.
Il dénia lui répondre cette fois encore.
- Je t'en prie, Ron… Réagis !
- Dégage de là ! lança-t-il en repoussant brusquement la main qu'elle lui tendait.
- Quoi ! Ron que se passe-t-il ? ordonna-t-elle, affolée de sa réaction.
- Ron, intervint à son tour Harry, si tout va bien, on bouge de là. L'Ordre est arrivé, c'est grâce à eux si j'ai pu vous retrouver, et je veux savoir ce qu'il se passe là-bas, s'ils ont besoin d'aide…
- Oh mais je t'en prie, Harry ! Vas-y, va donc sauver le monde, tu sais si bien le faire ! lança Ron d'un ton sarcastique que Harry n'appréciait guère.
- De quoi parles-tu ? répondit Harry avec défi.
Ron se leva enfin pour lui faire face quand…
- Espèce de connard !
- Répète ça, grinça Harry entre ses dents.
- Ron, mais qu'est-ce qui te prends ? cria Hermione en se rapprochant de lui avec une expression de colère.
Ron l'écarta à nouveau de ses grands bras puis se repositionna devant Harry pour mieux le bousculer.
- Mais qu'est-ce qu'ils t'ont foutu dans le crâne ? lança Harry qui perdait patience.
- Si seulement tu savais…
Et c'est alors que Ron frappa Harry d'un coup de poing en pleine figure.
- ARRETE RON !
- Vous vous êtes bien foutus de moi tous les deux… dit-il d'une voix traînante.
Hermione se précipita sur Harry qui était à moitié sonné.
- Oh Harry, tu saignes du nez… constata Hermione avec désolation en sortant son mouchoir de sa poche intérieure. T'as un problème Ron Weasley, hein ! Qu'est-ce qui cloche chez toi ?
- C'est ça, fait ce que tu as toujours fait… rabaisse-moi, je ne suis qu'un crétin de toute façon.
Harry ne pouvait pas supporter de l'entendre se plaindre. Il se redressa avant d'attraper Ron par le col et de le plaquer violemment contre le mur.
- Tu veux te battre, c'est ça ? Et bien vas-y, cogne puisque c'est que tu veux !
- Stop ! Reprenez-vous tous les deux, ce n'est pas le moment de vous disputer ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que vous agissiez ainsi, mais il y a plus grave à s'occuper pour l'heure !
Hermione semblait sur le point de craquer. Elle reprit avec dignité :
- Le château… Poudlard est en train de mourir sous nos yeux et les Mangemorts détruisent notre mobilier, notre lieu de vie dix mois sur douze, ils sont peut-être en train de se battre contre nos amis… Ces monstres ont utilisé cette ignoble sphère sur nous… Je ne veux plus jamais être confrontée à ce que j'ai vu tout à l'heure, ça fait trop mal… Alors comportez-vous comme des adultes, bon sang !
- Elle a raison, répondit Harry en relâchant le col de Ron.
- C'est facile pour toi, n'est-ce pas ? Tu as toujours raison, après tout, rétorqua Ron d'une voix méconnaissable.
- Qu'est-ce que tu insinues ? répliqua Harry.
- Je n'insinue rien, j'affirme !
- Je vous en prie ! implora Hermione en se glissant entre Ron et Harry pour les empêcher de se battre à nouveau. Ron, qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Hermione d'une voix brisée.
Les trois cessèrent aussitôt de parler quand des agitations se firent entendre non loin d'eux. Sans réfléchir une minute de plus, Harry, Ron et Hermione se précipitèrent là où les Mangemorts s'étaient rassemblés un peu plus tôt. Après une course effrénée, ils se retrouvèrent face un nouveau combat acharné entre les Mangemorts, les membres de l'Ordre ainsi que les professeurs McGonagall et Flitwick. Ne reculant devant rien, Harry se rua parmi les corps et lança avec fureur ses meilleurs sortilèges. Ron et Hermione se jetèrent également sur les Mangemorts avec une détermination inouïe. Lorsque Lupin s'en aperçut, il se précipita sur Ron et le secoua brutalement.
- Pourquoi êtes-vous ici tous les trois ? Il faut que vous partiez au plus vite ! Attention !
Lupin bouscula Ron alors qu'un Mangemort était sur le point de lui lancer un sortilège mais…
- Monsieur Weasley, écartez-vous !
Dumbledore brandit sa baguette avec fureur et lança un « Expelliarmus » sur le Mangemort qui tomba.
- Que faites-vous ici ? rugit Dumbledore.
- Nous ne vous abandonnons pas, professeur !
L'expression du directeur se radoucit alors mais il pointa sa baguette sur Ron.
- Cependant… vous feriez mieux de rester en sécurité.
Et avant que Ron ne réplique quoi que ce soit, il disparut. Hermione s'en aperçut et se précipita vers Dumbledore.
- Vous avez… où est Ron ?
- Pas le temps de vous répondre, Miss Granger.
Hermione disparut à son tour.
Harry continuait de se battre avec vivacité auprès des membres de l'Ordre. Il se sentait parfaitement capable d'affronter ses ennemis. Une telle hardiesse lui redonnait pleinement confiance, car il savait que désormais, il ne pardonnerait plus. Cherchant en vain Ron et Hermione du regard, il combattait. Il y avait tellement de tumultes qu'il ne pouvait les trouver mais lorsqu'il vit que Lupin était au sol, ses entrailles se resserrèrent douloureusement. Un flash passa devant ses yeux dans lequel l'image distincte d'Hermione étendue sur le sol apparut. Il y a un an… le Département des Mystères… Harry essayait d'aider Lupin à reprendre conscience et luttait contre le sentiment d'inquiétude qui le fragilisait un peu plus chaque seconde. Tout en se battant contre Goyle senior, il comprit rapidement pourquoi son fils était aussi peu doué. Il finit par l'atteindre et se précipita à nouveau sur Lupin.
- Professeur Lupin ! Réveillez-vous, répondez !
Une hombre obscurcit son corps inerte et Harry dégaina sa baguette. Il se ravisa en reconnaissant la grande et fine silhouette de Dumbledore.
- Surprise ! dit-il avec malice. Ne t'en fais pas, Harry, il s'en sortira. Il marqua une pause puis reprit, les sourcils froncés : Téméraire, hein ?
Harry sentit son corps basculer alors que le sol se décomposait sous son poids. Mais il ne paniqua pas, connaissant cette sensation pour le moins inconfortable. Ses pieds heurtèrent enfin le sol et à son grand étonnement, il se trouvait à présent dans un endroit qu'il ne connaissait pas du tout. Il y avait un bureau ainsi que plusieurs bibliothèques. Soudain une porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître Molly et Arthur Weasley.
- Enfin le voilà aussi ! Oh mon chéri, est-ce que tu vas bien ? pleurait Me Weasley en serrant Harry d'une telle force qu'il commençait à suffoquer.
- Ça va, je vais bien, dit Harry en se desserrant de Me Weasley. Où sommes-nous, je ne reconnais pas…
- C'est le nouveau quartier général de l'Ordre du Phénix. Nous sommes tout près de Londres, répondit M. Weasley.
- Harry, qu'est-ce qui vous est passé par la tête ? Pourquoi êtes-vous restés à Poudlard, seuls ? Vous auriez pu, vous auriez pu… oh mon dieu les enfants, je suis si soulagée de vous savoir sains et saufs !
- Mais le professeur Lupin, il… il a été touché, je ne sais pas ce qui c'est passé…
- Ron viens de nous dire, intervint M. Weasley.
- Ron ?
Harry se retourna. Il n'avait même pas vu qu'il était dans la pièce.
- C'est moi qui aurais dû recevoir le sort. Ça doit confirmer ce que tu penses, non ? lança Ron d'un ton dur.
Harry vit Me Weasley jeter un regard en coin à son mari.
- Nous ferions mieux de retourner en bas, Arthur ? Il faut préparer heu… allons-y.
- Où est Hermione ?
- Elle est avec Ginny et Luna. D'ailleurs, vous pouvez les remercier ! Les deux petites nous ont avertis de vos intentions dès lors qu'elles avaient posé le pied sur le quai de King's Cross. Nous savions que les Mangemorts avaient pénétré l'enceinte de Poudlard, toutes les familles ont reçu un hibou et puis… bon, peu importe.
Les parents de Ron quittèrent la pièce. Ron mit ses mains dans ses poches et se dirigea vers la fenêtre. Après un moment où l'un et l'autre ne se dirent pas le moindre mot, Harry se dirigea à son tour vers la porte quand Ron le dépassa résolument et la claqua avant qu'il ne la franchisse.
- Et si nous profitions de son absence pour régler nos comptes, Harry ? dit Ron de cette même voix méconnaissable.
- Je n'ai pas avant envie de discuter avec toi, répliqua Harry avec force.
- Oh non je ne vais pas te laisser te défiler cette fois, j'ai des choses à te dire et tu vas m'écouter.
Harry le défia du regard. Ils ne s'étaient jamais comportés ainsi, même lorsque Ron lui en voulait d'avoir mis son nom dans la Coupe de Feu, deux ans auparavant. Ron prit une grande inspiration puis ses traits se contorsionnèrent. Il était à l'évidence toujours très en colère contre lui.
- Eh bien vas-y, vide ton sac ! le pressa Harry qui voulait en finir au plus vite, devinant que la conversation allait être active.
- Tu n'aurais pas dû faire ça ! commença-t-il avec violence. Tu aurais dû m'en parler, tu n'avais pas le droit de l'avoir… comme ça !
- Est-ce que tu vas enfin me dire ce que tu me reproches, bordel !
- Tu as toujours eu ce que tu voulais !
- Ah ! nous y voilà, une fois encore…
- En effet ! Tu as eu la gloire ! Tu as tout l'argent nécessaire pour mener une vie de roi ! Tu as remporté un tournoi légendaire ! Tu as eu Cho Chang ! Tu as toutes les filles à tes pieds et, la seule pour qui j'avais un semblant de sentiment, tu me l'as volée ! Tu ne m'as laissé aucune chance, jamais ! Et aujourd'hui, la seule personne pour laquelle j'éprouvais quelque chose et que tu n'avais pas encore conquise, il a fallu que tu l'aies aussi, histoire de m'enfoncer encore un peu plus…
- Mais arrête de te plaindre, Ron ! Tu as été bien plus chanceux que moi depuis ta naissance ! Pourquoi est-ce que tu remets encore ça sur le tapis ! Mais merde je t'ai révélé le contenu de la prophétie, tu comprends que je risque de mourir dans les mois qui arrivent ? Tu crois que ça m'enchante de devoir lutter pour mériter de vivre ? Et qu'est-ce qu'Hermione vient faire dans l'histoire ?
- Justement, parlons-en d'Hermione… tu vois j'ai toujours pensé que j'éprouvais peut-être un petit peu plus que de l'amitié pour elle, et, et…
- Moi, contrairement à toi, j'ai bien plus qu'un semblant de sentiment Ron… ça c'est une différence !le coupa Harry sans ménagement. Depuis combien de temps tu traînes cette histoire, honnêtement ? Si tu voulais tellement avoir Hermione, tu aurais dû agir ! Tu aurais mieux fait de lui en parler quand tu en avais l'occasion, mais tu n'as jamais voulu rien tenter, Ron !
- Alors tu savais…
- Bien sûr que oui ! Mais tu n'as rien fait pour que ça arrive Ron, c'est de ta faute s'il ne s'est jamais rien passé entre elle et toi, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même !
- Pendant tout ce temps tu m'as menti…
- Non. C'est toi qui as gâché tes chances. Je suis désolé, moi je l'ai saisi ma chance avant qu'elle ne s'envole, j'ai été le plus sincère possible avec Hermione, comment aurais-je pu deviner que…
Les paroles étaient dites, impossible de revenir en arrière. Harry ne savait même pas pourquoi ni comment ils en arrivaient à parler d'Hermione ainsi, à se l'approprier…
- Dis-le, ose le dire devant ton soi-disant meilleur ami…
Elle retint son poing, elle retint son souffle.
M. Weasley l'avait averti qu'Harry était dans le bureau du premier étage, avec Ron. Tous deux allaient bien mais M. Weasley lui conseilla également d'attendre quelques instants avant de les rejoindre. Il avait remarqué cette tension entre son fils et Harry. S'accordant de penser que trois minutes étaient largement suffisantes, elle se faufila hors du salon et se précipita à l'escalier. Elle allait faire une entrée magistrale et les serrer fort dans ses bras. Comme d'habitude. Arrivée sur le seuil, elle vit que la porte était à peine entrouverte, mais suffisamment pour admettre que la dispute entre ses deux meilleurs amis avait repris. Elle ne savait pas ce qui avait poussé Ron à se comporter aussi hargneusement envers elle et Harry mais cela ne présageait, en général, rien de bon. Mais lorsque Harry reprit la parole, elle en eut le souffle coupé.
- Oui, j'ai besoin d'Hermione, est-ce que c'est un crime, dis-moi ?
- Et moi je ne sers plus à rien, c'est ça ? Tu ne te rends même pas compte de comment tu m'as traité ces derniers temps ! Tu n'en avais rien à faire de moi, tu voulais absolument rester avec elle… rien que vous deux… Vous avez partagé tant de moments ensemble… tout en sachant que j'avais des sentiments pour elle ! Vous viviez votre petite vie sans vous soucier de ce que moi je pouvais ressentir… Je savais, oui je savais que vous avez une grande complicité, et bien souvent je me suis retenu de vous balancer ce que j'en pensais… vous ne vous comportiez plus comme de simples amis ! J'ai vu des choses Harry… j'ai vu ce que je refusais d'admettre depuis si longtemps… tellement invraisemblable…
- Quoi ? De quoi tu parles ? Qu'est-ce que tu as vu ? l'encouragea brusquement Harry.
- Tu sais quoi, je n'en croyais pas mes yeux, comment est-ce que cela aurait-il pu arriver ? Après tout je suis sensé être ton meilleur ami, tu ne pouvais pas agir malhonnêtement contre moi ! AHAH ! J'ai d'abord penser que je fabulais, mais la remarque d'Hermione a tout confirmé, bien sûr… souviens-toi, quand elle a dit qu'elle ne tenait plus à être confrontée à ce qu'elle avait vu dans la sphère de Malefoy… Hermione est quelqu'un de logique ! ça prouve que ce qu'elle a vu était réel, sinon elle n'aurait jamais dit ça. Ron se tut un instant avant de déglutir : Alors comme ça vous vous bécotiez tranquillement derrière mon dos !
Hermione, pourtant cachée derrière la porte, se couvrit le visage de ses mains.
- Pardon ?
- Tu ne peux plus mentir Harry, j'en ai eu la preuve tout à l'heure… Apparemment je n'étais pas le seul à avoir des doutes, n'est-ce pas ? Cho Chang et ce cher Viktor Krum t'ont posé des questions sur toi et Hermione bien avant.
Harry resta sans voix. Ron avait tout vu, à cause de cette sphère. Cette maudite sphère ne lui laissait même pas l'occasion de s'expliquer. Que pouvait-il dire après cela ? Ron poursuivit son déballage, les oreilles rouge vif et les bras croisés.
- Sinon, je vous ai vu en train de voler sur ton magnifique balai, en pleine nuit, je ne sais pas quand… bref, ça veut bien dire que vous attendiez que je sois couché pour vous retrouver ! Ah oui, je comprends mieux à présent cette fameuse dispute que vous avez eue au début de l'année ! Pourquoi est-elle arrivée, d'ailleurs ? Il y avait de la tension sexuelle dans l'air, c'est ça ? lança Ron avec véhémence. Dire que j'ai laissé Hermione partir te rejoindre ce soir-là, parce que je croyais que ça aller arranger les choses entre vous… dis-moi Harry, ça fait quoi d'embrasser Hermione, comparé à Cho Chang ? Pour elle tu n'as eu aucun remords, normal, Cedric était mort, mais pour Hermione, sachant ce que tu savais pour moi, tu as du amplement apprécier la trahison que tu me faisais, non ?
- TU VAS TROP LOIN, s'emporta Harry.
- Oh mais attends ce n'est pas fini ! J'ai vu tellement de choses… il y a tellement à dire…
- Tout ça tu n'aurais jamais dû le voir ! C'est… ce sont des moments intimes, qui ne concernaient qu'Hermione et moi.
- Et le clou du spectacle… ça me dépasse.
Harry faisait de son mieux pour contenir sa colère. C'est le moment qu'Hermione choisit pour faire son apparition. Elle fondit aussitôt en larmes.
- Hermione ? s'écrièrent-ils en cœur.
- Harry… Ron… je suis tellement désolée pour tout ça… Puis en se tournant vers Ron : Je sais que c'est un moment difficile pour toi mais il faut que tu comprennes… Laisse-moi te parler, accorde-moi quelques minutes Ron, s'il te plaît.
- Vas-y, j'aimerais vraiment entendre ça ! dit-il avec l'agressivité qui l'animait.
Hermione se tortilla les mains, réfléchissant bien aux mots qu'elle allait utiliser. Elle lança un regard entendu à Harry puis reprit calmement en s'essuyant rapidement les yeux.
- Ecoute, oui, c'est vrai, il s'est effectivement passé ce que tu as vu… mais sache que ça été très difficile pour nous de te cacher la vérité. On ne pouvait pas te mettre dans la confidence, à cause de Voldemort. Tu sais qu'il peut atteindre Harry à travers toi et à travers moi. Peut-être que si Harry avait travaillé plus ardemment son Occlumencie, peut-être qu'on n'en serait pas là aujourd'hui… Sache que nous n'avons pas cherché à nous voir en secret. Je refusais de laisser libre cours à mes sentiments, Harry également, parce qu'on savait que ça le mettrait en danger. Mais, tu sais Ron, quand on tient vraiment à quelqu'un, et que cette personne vous témoigne de l'affection en retour… c'est pas si simple de jouer l'indifférence, mais on se dit qu'on sera plus fort et qu'on continuera encore le temps qu'il faudra. Et c'est alors qu'on baisse la garde quelques instants et… Elle soupira et remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille, faisant mine de se contrôler. Il ne fallait pas qu'elle craque, il fallait tout dire à Ron maintenant. Elle se déplaça puis reprit : On n'a jamais rien planifié. Il faut que tu me crois… Je m'en veux tellement que nous ne t'ayons rien dit… je suis désolée que tu aies vu ces images…
Ron fit un geste de la main pour lui dire d'arrêter. Il fit un pas en direction de la porte.
- Ron attends. Comprends-nous, si nous t'avions dit ce qui était en train de se passer, déjà, comment aurais-tu réagi ? Comme je t'ai dit, la priorité est d'empêcher Voldemort d'infiltrer l'esprit de Harry, et évidemment il avait le moyen de l'atteindre à travers nous deux. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas par manque de confiance en toi que nous avons choisi de nous taire, sincèrement. Je craignais le sentiment nouveau qui m'habitait. Harry peut te le confirmer. Je l'ai protégé de Voldemort comme j'ai pu, alors imagine si toi aussi tu avais été mis au courant. Ça représentait un danger de plus. Aussi, j'ai compris d'autres choses et su que tu ressentais quelque chose pour moi… je t'ai donné l'occasion de t'exprimer, à ma manière bien sûr, je voulais que tu le comprennes par toi-même, je croyais que tu allais déchiffrer les signes… je sais que c'est idiot, mais j'espérais vraiment que tu prennes confiance en toi et que tout soit clair entre nous. En tout cas, nous n'avons jamais voulu te trahir, ni voulu te mettre à l'écart. Ron… on t'adore, ne doute pas de ça, ne remets pas en cause notre amitié… Tu sais, l'une des rares choses auxquelles je veux croire en ce monde, c'est en notre amitié, à tous les trois. Ne laisse pas la colère t'envahir à nouveau, pardonne-nous de t'avoir fait du mal. Je t'en prie.
Voyant que Ron se manifestait aucune réaction, elle le rejoint et posa sa main sur son bras.
- Dis-moi que rien n'a changé, dis-moi que nous sommes toujours amis, lui souffla-t-elle.
- Tu crois qu'après ton discours je vais oublier ce que vous m'avez fait ? Mais sais-tu ce que je ressens en ce moment même, Hermione ? Vous ne m'avez pas permis de vous prouver ma loyauté ! Vous avez simplement conclu que j'allais tout foutre en l'air ! Comme d'habitude, il fallait que ce soit moi qui soit mis derrière ! C'est vrai, après tout, je ne suis qu'un pauvre rouquin, sans qualité ni talents particuliers...
- Ron ne recommence pas sur ce terrain… intervint Harry, secoué par les mots d'Hermione.
- Par contre, toi, tu es le célèbre et merveilleux Harry Potter ! Une légende vivante ! Et toi Hermione, tu es la plus brillante sorcière que Poudlard ait jamais eu ! Que demander de plus ? Pourquoi imposer un minable, alors que vous vous accordez si bien ensemble… Je suis la roue de secours, finalement, qui peut servir de temps en temps.
- Comment peux-tu dire ça ? dit Hermione d'un air alarmé.
- C'est évident Hermione, tout le monde le sait, je ne serai jamais à votre hauteur ! Je ne suis qu'un sorcier moyen. Regardez ce qui est arrivé à Lupin, c'est de ma faute !
- Mais que viennent faire nos talents magiques dans cette conversation ? Et tu sais très bien que tu n'es pas responsable des blessures de Lupin ! Ron, il s'agit de notre amitié !
- Notre amitié ! Tu parles d'amitié alors qu'il n'ena jamais été question entre toi et Harry, ainsi qu'entre vous et moi !
Hermione en parut encore plus effarée. Harry était de plus en plus mal à l'aise.
- Ce que tu dis n'a pas de sens, dit Harry.
- Tu es notre meilleur ami, Ron, tu l'es vraiment ! Nous avons un équilibre tous les trois, c'est l'amitié et l'attachement que nous avons les uns pour les autres qui nous unit ! Pour réussir, on agit ensemble, pas à deux. On a tant besoin de toi... Pourquoi est-ce que tu remets tout ça en cause ? Après tout ce que nous avons vécu ensemble ! Ron j't'en prie, reviens à la raison ! Je n'ai jamais été aussi sincère !
Ron se tourna et fit face au mur. Des larmes coulèrent le long de ses joues rougies par le flot d'émotions. Il ne voulait pas craquer devant eux. Les paroles d'Hermione lui permirent de se rendre compte que leur amitié était tout ce à quoi il tenait. Cependant il n'arrivait pas à chasser cette colère au fond de lui.
Il voulait tellement leur dire qu'il regrettait… mais c'était trop tôt.
