« Cornélius Fudge, Ministre de la Magie, a succombé hier dans l'après-midi au sortilège impardonnable AVADA KEDAVRA. Des sources fiables prétendent que ce sortilège a été pratiqué par des Mangemorts –les fidèles de Vous-Savez-Qui-. Cette assassinat est arrivé quelques heures avant qu'ils n'investissent Poudlard… »

Le lendemain matin, la nouvelle était tombé comme une fatalité dans la Gazette des Sorciers. Ce qui était sûr, c'est que Poudlard, qui avait été jusqu'alors considéré comme une forteresse impénétrable, n'était plus désormais un lieu sécurisé. De nombreuses familles allaient probablement retirer définitivement leurs enfants de l'école. Les vies de chacun étaient en train de changer… La menace était constante et oppressante. Le monde de la Sorcellerie était en guerre… et trop peu de gens avaient accepté cette idée, deux ans auparavant, lorsque Harry avait assisté à la « résurrection » du terrible mage noir, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Personne ne l'avait cru, tous pensaient qu'il cherchait à entretenir sa célébrité avec mauvais goût… Mais c'était tout autrement bien sûr.

Après une nuit courte, Harry, Hermione et les Weasley se hâtèrent car ils devaient se rendre à Sainte-Mangouste. Tonks, qui avait aussi passé la nuit au nouveau QG de l'Ordre du Phénix, était partie avant l'aube et avait laissé un petit mot en disant qu'elle les attendrait directement à l'hôpital. Quant à Maugrey, il se chargea d'escorter la troupe.

- Vraiment intelligent d'embarquer les mômes ! avait-il bougonné en voyant Harry, Ron, Hermione et Ginny arriver avec Molly et Arthur.

Ron avait été contraint de les accompagner pour présenter directement et sans tarder ses excuses à Lupin ; Harry souhaitait vivement s'entretenir avec Lupin ; Hermione voulait en profiter pour rendre visite à ses parents, et Ginny ne pouvait pas restée seule ("Mais Fred et Georges peuvent venir me garder !"). Sur les lieux, ils croisèrent Tonks qui affichait un air tranquille.

- Nymphadora ! A votre expression, puis-je en conclure que notre ami va s'en sortir ?

- Appelez-moi Tonks, Molly… Oui en effet. Notre loup-garou préféré s'est réveillé il y a deux heures. Il semblerait que ses maux ne soient pas aussi graves que nous le craignions.

- Ah, quel soulagement ! s'exclama M. Weasley.

- Bon, je vous laisse, je vais voir ma mère, lança Hermione d'une vois tremblante.

- Eh, ma jolie, ne fais pas cette tête là… Aies confiance, okay ?

- Merci Tonks.

- Je viens avec vous, Miss Granger grommela Maugrey. Vous deux, ajouta-t-il en regardant Harry et Ginny, bougez pas.

Harry et Ginny allèrent s'asseoir sur le banc le plus proche, sous l'œil magique de Maugrey.

- Bien bien…, poursuivit Molly, pouvons-nous le saluer ?

- Allez-y Molly.

- Arthur, prévenez Remus que je repasserai le voir plus tard !

Et Tonks disparut.

- Oh et, Ron, viens par là.

D'un air penaud il franchit le seuil de la porte.

- Dis-moi Harry, est-ce que Ron a avoir avec ce qui est arrivé à Lupin ?

Harry joignit les mains.

- Hier, quand nous étions aux prises avec les Mangemorts, Ron a risqué de se prendre un sort, mais Lupin l'a reçu à sa place. Il s'est interposé entre Ron et le Mangemort pour le protéger.

- Ron a deux mains gauche, décidément. Il ne pouvait pas lancer plus tôt un sort à ce malfrat ?

- Ne le traite pas ainsi, il n'a pas hésiter une seconde pour me rejoindre, il a fait preuve de courage.

- Tu le défends encore malgré ce qui s'est passé entre vous, ça m'étonne, simplement.

- Ça n'a rien à voir, répliqua Harry pour couper court à la discussion. Mais au fait, je ne sais même pas comment ça s'est passé quand toi et Luna êtes rentrées… s'empressa-t-il d'ajouter.

- Oh, c'était tout simplement effrayant de se retrouver dans le Poudlard Express. Ils paniquaient tous, certains ont même eu des crises d'angoisse… Il y avait beaucoup d'agitation. Je suis restée avec Luna puis Neville, qui me cherchait, nous a trouvées.

- Pourquoi est-ce qu'il te cherchait ?

- Il regrettait de ne pas s'être échappé avec vous. Et tous les trois, réfugiés dans un compartiment, on a évoqué l'AD… C'était génial l'apprentissage avec toi. On était comme une équipe, la nuit où… hum, je veux dire quand on était tous les six. Excuse-moi, Harry.

- Toi, Luna et Neville devez être les seuls à regretter l'AD.

- On aurait bien aimé qu'elle continue.

- Depuis qu'Ombrage a déguerpi, ce n'est plus aussi utile.

- On ne peut recevoir de meilleurs conseils que les tiens. En tout cas, tu pourras compter sur nous la prochaine fois. Quoi que tu dises, ajouta-t-elle d'un air narquois.

Mais Ginny détourna son regard. Harry tourna la tête et vit Hermione au bout du couloir. Elle avançait nonchalamment, le regard dans le vague. Harry, incertain, se leva et fit quelques pas en avant. Elle souriait. Harry s'engagea à sa rencontre et lorsqu'elle leva les yeux, son visage s'illumina. Ils accélérèrent leur allure.

- Tout va bien ! Mon père est tiré d'affaire, enfin… et ma mère reste auprès de lui car elle est guérit.

Elle se mordit la lèvre inférieure pour masquer son enthousiasme. Harry l'accueillit à bras ouverts.

- Viens par là…

- Quel soulagement, dit-elle dans un souffle.

Ginny se leva à son tour.

- Voilà une bonne nouvelle ! Je suis contente pour toi, dit-elle en prenant Hermione dans ses bras.

- Merci… J'espère qu'ils n'auront plus jamais à subir ce qu'ils viennent de traverser.

- Ça n'arrivera plus, la rassura Harry.

Ron sortit le premier de la chambre de Lupin. Harry demanda aussitôt de ses nouvelles.

- Il va bien, dit-il, l'air renfrogné.

Le silence ne tarda pas à s'installer. Hermione s'avança vers Ron.

- Tu sais que je suis allée voir mes parents… ils vont bien mieux que la dernière fois que je les ai vus.

- Super !

Et sans un mot de plus, il s'éloigna d'eux. Hermione le suivit du regard avant de lancer un regard éloquent à Harry. Ginny, qui avait capté leur coup d'œil, saisit doucement le bras d'Hermione.

- Je vais essayer de lui parler, encore. Même si je n'ai aucune idée du sujet de votre dispute !

- Bon courage, lança Harry en soupirant.

Une fois que Ginny était hors de vue, Hermione se serra contre Harry, le visage serein.

- Harry ! Hermione ! Où sont Ron et Ginny ? demanda Me Weasley sur un ton brusque.

- Ils sont en train de discuter, un peu plus loin, rétorqua Hermione. Maugrey Fol-Œil arpente le couloir, soyez sans craintes.

- Et vous que faites-vous ? ajouta-t-elle avec une pointe de reproche dans la voix.

Cependant M. Weasley leur épargna de répondre et entraîna Harry à l'intérieur de la chambre.

- Dépêche-toi mon garçon, on n'a pas beaucoup de temps. Et il ferma la porte.

Harry regarda brièvement autour de lui et vit Lupin, assis dans son lit, qui lui adressa un sourire. Un autre lit se trouvait dans la pièce, avec une femme d'une cinquantaine d'année qui babillait dans son sommeil.

- Bonjour, Harry.

- Bonjour, professeur. Ils ne vous ont pas mis dans une chambre seul ?

- Et non ! Que veux-tu, la quasi-totalité des lits sont occupés. Il faut bien s'en accommoder. Et puis je ne compte pas rester ici trop longtemps.

- Comment vous sentez-vous ?

- Oh, je m'en sors plutôt bien, dit-il tranquillement. Mais dis-moi Harry, toi, comment as-tu ressenti ce qui s'est passé hier soir ?

- Pardon pour ma franchise professeur, mais je ne regrette pas d'être retourner au château. Bien que je déplore votre état de santé.

- Je ne m'attendais pas à des excuses… de Ron non plus, d'ailleurs. Pauvre Ron, je parie que c'est Molly qui l'a obligé à se présenter, plaisanta-t-il. Bien que vous ayez été d'une grande imprudence, je dois reconnaître qu'à votre âge, j'aurais agi de la sorte. Ainsi que James et Sirius.

Harry baissa un instant les yeux.

- Vous n'êtes pas à blâmer, Harry. Vous avez peut-être agi sur un coup de tête, mais vous l'avez fait avec votre cœur.

- Professeur, il s'est passer quelque chose avant que vous n'arriviez combattre les Mangemorts.

- Je t'écoute Harry.

- Lucius Malefoy était présent… ainsi que Bellatrix Lestrange.

- Oui, je sais, dit Lupin avec gravité.

- Ron, Hermione et moi avons été confronté à de la magie noire. Malefoy avait apporté avec lui une sphère magique, un peu comme celles qu'il y a dans le Département des Mystères, au Ministère. Quand nous étions à sa merci, il s'en est servi et nous a manipulés. Il nous a confronté à des choses que nous ne souhaitons pas voir un jour, c'est une sorte de Détraqueur qui va plus loin car c'est encore plus réel. Je n'ai rien pu faire pour m'en détourner car je ne me suis même pas rendu compte que j'étais ensorcelé par cette sphère.

Lupin avait les sourcils froncés et semblait intrigué par les dires de Harry.

- J'ai vu Ron et Hermione en train de mourir… ils étaient sous mes yeux et ils se faisaient torturer par les Mangemorts… j'étais impuissant, anéanti, j'étais retenu par des chaînes invisibles, enfin c'est la sensation que j'avais. C'est comme si j'étais à la fois acteur et spectateur de la scène. J'ai ressenti de douloureuses sensations. Les mêmes que j'ai ressenti lorsque Sirius est tombé derrière le voile de l'arcade…

- Cela devait être pénible d'être forcé de ressasser les moments difficiles du passé.

- Pendant ce temps, Hermione revivait des scènes de ma petite enfance.

- Pardon ?

- Elle était en présence de mes parents, et de moi… Hermione craint beaucoup pour ma vie, comme vous savez. Elle-même trouve cella étrange d'avoir vécu pendant quelques instants dans mon passé.

- En effet, tes révélations sont pour le moins étranges… mais je te crois sur parole. Et Ron ?

Harry hésita, ne sachant pas quoi répondre.

- Qu'y a-t-il ?

- En fait… Ron… heu…

- Harry, dépêche-toi, Molly ne tiendra plus très longtemps, lança-t-il d'un air amusé.

- Ron… sait.

- Sait quoi ? Harry si tu n'es pas plus clair, je ne pourrais pas deviner. Je ne suis pas un très bon Legilimens et je suis encore trop faible pour me concentrer davantage.

- Hermione et moi. Nous avons… nous sommes…

- Heureux ?

Harry laissa échapper un petit rire.

- On peut dire ça comme ça, répondit Harry, un peu gêné. Professeur, qu'est ce que je dois faire ?

- Maintenant que c'est, disons… officiel ?

- Oui, enfin, il n'y a que Ron qui est au courant, et qui refuse de l'accepter soi-dit en passant.

- Ah, ça ! La dynamique de votre trio risque d'être légèrement perturbée, mais je te rassure, j'ai déjà connu ce genre de situation et je peux t'assurer que les choses redeviendront rapidement ce qu'elles étaient. Harry ne put s'empêcher de penser à sa mère. Lupin avait-il été amoureux d'elle alors que James voulait sortir avec elle ?

- Professeur, maintenant que Voldemort a trouvé un excellent moyen de me perturber davantage, qu'est ce que je dois faire ? Il connaît l'existence de Ron et Hermione. Il sait leur importance à mes yeux.

- Tu dois redoubler de prudence. Mais Harry, tu te doutais bien que tes amis seraient une cible potentiel pour t'atteindre. Les Mangemorts, et Voldemort, emploient de plus en plus des moyens vicieux et parfois très inventifs pour arriver à leur fin, pour… arriver à notre perte. Leur soif de pouvoir leur desservira tôt ou tard, j'en ai la certitude.

Il reprit

- Quant à toi et Hermione, que puis-je te conseiller ? Simplement de ne pas t'empêcher de vivre. Tu es suffisamment intelligent pour savoir les dangers que cela encoure, mais, au final, ça ne change pas grand chose de te priver d'une source de bienfaisance aussi puissante que l'amour. Au contraire. C'est la ta plus grande arme contre Voldemort si mes informations sont exactes.

- Elles le sont.

- Tu as besoin d'Hermione pour avancer ?

- Oui.

- Alors vas-y…

Harry appréciait Lupin pour sa simplicité et sa générosité. Il représentait l'unique lien avec ses parents et son parrain mais surtout, Harry lui faisait confiance et lui le traitait comme un ami.

Soudain M. Weasley fit irruption dans la chambre.

- Excuse-moi Remus, mais, Harry, on doit y aller maintenant.

- Pas de problème Arthur.

- Tonks m'a chargé de te dire qu'elle repassera très vite.

Il lui fit un clin d'œil en disant cela mais Lupin garda un visage impassible. Harry salua Lupin et se dirigea vers la porte lorsque Lupin lui lança :

- Garde espoir Harry, rien n'est perdu, tout reste à gagner.

- A bientôt, professeur.

M. et Me Weasley les entraînèrent rapidement vers la sortie. Maugrey jetait des regards à chaque angle. Ron se tenait devant et Harry crut apercevoir un très léger sourire, non pas railleur mais sincère. Ginny faisait la moue. Et Hermione saisit sa main en lui lançant un regard confiant.

Tout le monde repartit vers le Portoloin qu'ils avaient utilisé à l'arrivée.

Je ne veux plus qu'on subisse le poids de notre amour… au contraire, il doit nous donner des ailes… nous permettre d'avancer avec sérénité. Et Harry, je serai toujours à tes côtés.