Titre : La menace du rival : le malentendu.

Source : GRAVITATION

Auteur(e) : Lysanea (lysaneahotmail.fr)

Genre : yaoi. Ce chapitre peut paraître à certains un peu ooc par rapport à Yuki, mais je trouve que ça va vraiment dans le sens de son évolution par rapport à Shuichi et sa relation avec lui. Comme je l'ai déjà dit pour d'autres fics que j'ai écrit, il ne pouvait pas rester éternellement un glaçon, surtout en vivant une relation avec un mec aussi kawaiiiiiiiiiiiiii que Shui-chan ! ni garder en lui le poids si lourd de ses pensées, de son passé.

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf les personnages du groupe Whisper (faut bien se faire plaisir comme on peut) et pour les song fic, les paroles ne sont pas de moi, ni les traductions ! Ici, c'est un bout d'Etienne Daho, Ouverture.

Chapitre huit : cet enfant que j'ai été

Pairing : Shuichi/Yuki

Personnages : Yuki Eiri (écrivain et amant de Shuichi), Shindo Shuichi (chanteur des Bad Luck), Hiroshi Nakano (guitariste des Bad Luck et meilleur ami de Shuichi)

Chapitre huit : cet enfant que j'ai été…

Yuki entra dans la chambre, une serviette autour des reins, une autre autour des épaules avec laquelle il frottait ses cheveux. Shuichi, qui était en train de boutonner son jean, leva les yeux vers lui et sourit. Mais son sourire se figea : l'écrivain paraissait soucieux.

- Ca va pas, Eiri ?

- Tu sais où est Tatsuha ?

- Il passe la journée avec Ryui-chan, tu ne te souviens plus ?

- Il est vraiment avec lui ?

Le chanteur mit son pull avant de répondre.

- Ryui-chan est venu le chercher pendant que tu étais sous la douche. Tu sais qu'ils sont souvent ensemble, depuis quelque temps. Pourquoi tu t'inquiètes, qu'est-ce qu'il a fait, encore ?

Yuki commença à s'habiller à son tour. Shuichi essayait de ne pas trop le regarder, entre fausse pudeur et désir difficilement contrôlable. Il devait vraiment être préoccupé pour ne pas se rendre compte de son regard, parce qu'ordinairement, il était plutôt gêné lorsqu'il le surprenait.

- C'est bientôt la rentrée, répondit-il, et il vient très souvent à Tokyo. Mon père et Mika s'inquiètent de ses fréquents allers-retours, ils craignent qu'il ne déserte les bancs du lycée.

Ce n'était pas tout à fait un mensonge, même si Yuki faisait confiance à son frère pour ne pas faire de bêtise au niveau scolaire. Sa famille s'inquiétait un peu pour ça, mais ce n'était pas la raison de son inquiétude à lui.

Elle se résumait en trois lettres : Dan.

Tatsuha lui avait de nouveau promis qu'il ne le verrait plus seul. Mais lorsqu'ils se voyaient avec les autres, il lui était arrivé de douter, ils avaient l'air de plus en plus proches et intimes. Dans leur attitude, il y avait beaucoup de provocation et de jeu, de joutes verbales, de gestes de séduction. Dan se servait de tout ça pour provoquer Shuichi, et ce depuis le début, avec le consentement évident de Tatsuha. Mais Yuki avait peur que son frère ne s'attache à lui d'une quelconque façon et finisse par souffrir de son attitude, autant qu'il craignait de voir Dan succomber et abandonner son « défi Shuichi ». Parce que ce serait un échec, et avec son obsession de la victoire, il pouvait se retourner contre Tatsuha et le blesser.

Parallèlement, son frère passait presque toute l'autre partie de son temps avec Ryuichi. Yuki avait fini par se demander si tout ceci était authentique ou si le chanteur des Nittle Grasper ne servait pas de couverture à Tatsuha pour qu'il puisse voir Dan en secret.

Lorsqu'il y réfléchissait, il trouvait que cette attitude de la part de Ryuichi n'aurait eu aucun sens… Sans compter le fait que Yuki les avait déjà croisés plus d'une fois en ville, ensemble. Et que d'après Shuichi, Ryuichi appréciait vraiment Tatsuha, il parlait souvent de lui, de ce qu'ils avaient fait ou vu…

- Eiri, tu m'écoutes ?

Yuki sortit brutalement de ses pensées et baissa les yeux sur son amant, à présent face à lui. Shuichi avait les poings sur les hanches et un sourcil arqué désapprobateur.

- Gomen nasaï, j'étais ailleurs. Que me disais-tu ?

- Je disais que si Tatsuha préfère Tokyo, nous pouvons peut-être faire en sorte qu'il y vive.

Yuki se figea alors qu'il boutonnait sa chemise.

- Tu proposes de l'installer à Tokyo ?

- Pourquoi pas ? Nous pouvons l'héberger ou lui louer un studio pas trop loin, il est bien assez responsable.

- Impossible. Ses mœurs dissolues choquent déjà mon père, même s'il ferme les yeux. De Tokyo, il ne pourra pas se préparer à reprendre la succession du temple.

- Est-ce vraiment ce qu'il veut, Eiri ?

- Qu'insinues-tu ?

- Euh… je ne sais pas, je me demande juste s'il veut vraiment succéder à ton père. Ca me paraît si loin de son caractère ! Est-il obligé parce que toi tu y as renoncé ?

L'écrivain lui lança un regard mauvais et sortit de la chambre. Shuichi le suivit, se mordant la lèvre ; avait-il été trop loin ?

- Tatsuha est un excellent serviteur du temple de mon père et de Bouddha, parce qu'il aime ce qu'il fait et qu'il y croit. Mais tu as raison, il a aussi une part de lui qui est à l'opposé d'une vie de prières et de médiation. C'est elle qui le conduit à profiter au maximum de sa jeunesse, il s'amuse tant qu'il peut aujourd'hui, parce qu'il sait depuis tout petit qu'il va finir dans un temple... Et ce, même si j'avais été le fils dont mon père rêvait et que j'avais pris la succession. Il serait resté au temple avec moi.

- Gomen nasaï, je parle sans savoir. Je ne voulais pas t'embêter avec tout ça.

- Si je ne parle pas et que tu ne me poses pas de questions, on avancera jamais. Et comme tu as plus de facilité pour poser des questions que moi pour parler, je ne me vois pas te reprocher quoi que ce soit.

- C'est vrai, tu n'as pas tort.

Yuki s'assit sur le canapé et posa la main sur le livre qu'il lisait en ce moment, sans l'ouvrir.

- Je ne suis vraiment pas fait pour servir Bouddha. J'ai toujours voulu être écrivain, j'en ai acquis la certitude à New York. Je n'aimais le temple que parce qu'il m'offrait le calme nécessaire à mes lectures.

- Tatsuha ne t'embêtait jamais ? demanda-t-il en s'asseyant à ses côtés.

- Nous avions un temps pour jouer, et un temps pour lire. Il adorait que je lui lise des histoires un peu différentes des contes japonais dont se servait ma mère pour l'endormir. Mon père et Mika disaient que je le pervertissais avec des histoires venues d'ailleurs. Ma mère, au contraire, était heureuse que je lui ouvre l'esprit. Face aux insultes dont j'étais victime et dont je t'ai déjà parlé, sur mon physique, je me réfugiais dans mes livres et me créais un monde à moi. Tatsuha y était le bienvenu, même s'il se sentait un peu perdu dans mon univers.

Shuichi buvait ses paroles.

Yuki ne parlait presque jamais de sa mère, et rarement de son passé. Depuis qu'il le faisait, Shuichi avait appris à se taire et accepter ce partage de souvenirs comme un cadeau, ne demandant rien de plus, l'encourageant à peine parfois d'une question, mais pas souvent, il avait si peur de briser l'instant.

Yuki se tourna vers lui, le regard sous un voile de tristesse qui bouleversa le chanteur.

Il posa sa main sur la sienne, simplement, et lui sourit tendrement.

- Cela me paraît si loin, tout ça, reprit Yuki. Tout s'est brisé lorsqu'une agression de trop a conduit Tohma à proposer à mes parents de m'emmener à New York avec lui. Il venait d'avoir 21 ans et voulait poursuivre ses études aux Etats-Unis. Mes parents avaient confiance en lui, il était comme un grand frère pour nous. Il s'en est toujours beaucoup voulu, croyant avoir trahi la confiance de ma famille. Pourtant, nous ne lui avons jamais rien reproché. Ce n'est même pas lui qui m'a présenté Yuki Kitazawa, mais moi.

- C'est vrai ? J'ai toujours cru que si Tohma s'en voulait autant, c'était pour cette raison-là.

- Iee. Je fréquentais la même bibliothèque que Kitazawa, le même rayon, devrais-je dire. On en est venu à se parler, naturellement. Il a commencé par me conseiller un auteur, un livre, puis m'a appris être professeur. C'était une chance de rencontrer ainsi un autre japonais, en plus un professeur, et passionné de littérature. Je l'ai présenté à Tohma qui lui a proposé d'être mon professeur particulier. Il a immédiatement accepté, ravi. Et je l'étais aussi.

- La première fois que tu m'as parlé de lui, à notre retour du parc d'attractions d'Odaïba, tu m'as avoué qu'il t'attirait…

- Je le trouvais si beau et attirant, il avait un regard si doux. Et il connaissait tant de choses qu'il me faisait partager, généreusement. J'avais parfois le sentiment de faire exprès de me mettre en retard, parce que j'aimais cette sensation de courir pour le rejoindre. J'aimais l'apercevoir qui m'attendait, le nez dans un livre, j'aimais son regard lorsqu'il levait les yeux vers moi quand j'arrivais, et son sourire indulgent avec lequel il me pardonnait tout. Mais il m'attirait aussi pour tout ce qu'il m'apprenait, j'étais fasciné par ses connaissances. Il a enrichi mon monde intérieur, avant de me faire basculer dans le chaos le plus total.

Le silence se fit et se prolongea un long moment. Yuki avait le regard perdu dans le vague.

- Eiri… finit par murmurer Shuichi, reviens au présent, s'il te plaît, avec moi. Tu me fais peur quand tu replonges si profondément dans ton passé, ta tristesse est si intense.

Yuki se tourna vers lui et le prit dans ses bras pour le serrer contre lui.

- Je suis désolé, j'éprouve le besoin de te parler. Je le fais avec tristesse, parce que j'ai volé une vie qui avait du sens et de la valeur. Mais je me sens bien, ne t'inquiètes pas.

- Je suis heureux quand tu me parles de ton passé avec ta famille, mais lorsque tu évoques New York et Kitazawa, c'est douloureux. Je ne supporte pas ta peine que je perçois encore, ni ta tristesse, j'aimerai qu'elles disparaissent complètement, que ce ne soit plus qu'un souvenir sans mal.

- Tu as fait des miracles avec moi, Shui-chan, tu m'as guéri, mais la cicatrice est encore douloureuse, tu le sais. Tous mes souvenirs sont revenus, et j'apprends à les accepter et à vivre avec, depuis. Mais, il me faut du temps, tu l'as bien compris.

- Haï. Je t'aime, Eiri-chan, je veux juste que tu sois heureux.

- Je le suis, avec et grâce à toi, assura-t-il avant de prendre ses lèvres en un tendre baiser.

Alors que leurs langues commençaient un ballet de plus en plus fougueux, l'interphone sonna.

Shuichi se détacha à regret.

- Ce doit être Hiro. Tu veux que j'annule pour rester avec toi ?

- Iee, faites ce que vous avez à faire. Cela fait longtemps que tu n'as pas passé un moment seul avec lui, je sais que ça te manque. Quant à moi, je vais avancer sur mon roman.

- Sorenara…

Shuichi sourit et alla répondre à son meilleur ami.

- Je descends, Hiro-chan, dit-il avant de couper et de se tourner vers Yuki, qui s'était levé du canapé. J'y vais. Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi.

- Ne t'en fais pas.

Il ferma son manteau et ajusta sa perruque.

- Je n'ai pas de mèches roses qui dépassent, derrière ?

- Iee, tu es un beau brun des racines jusqu'aux pointes.

- J'adore quand tu te moques de moi. Merci, Eiri, pour tout ce que tu as accepté de me faire partager en te confiant à moi.

- Là, c'est toi qui te moque.

- Je ne sais pas faire ça, moi. A ce soir.

Il lui vola un dernier baiser et sortit.

Yuki étendit ses jambes sur le canapé et alluma une cigarette.

« Il fut long le chemin, et les pièges nombreux, avant que l'on se trouve. Il fut le long le chemin, les mirages nombreux, avant que l'on se trouve. Ce n'est pas le hasard, c'est notre rendez-vous, pas une coïncidence. » fredonna-t-il entre deux nuages de fumée.

A suivre…

Lexique :

Gomen nasaï : désolé

Haï : oui

Iee : non

Sorenara : dans ce cas.

Merci à vous toutes pour vos reviews et votre patience !

Bises

Lysanea