Source : GRAVITATION
Auteur(e) : Lysanea (lysaneahotmail.fr)
Genre : yaoi
Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf les personnages du groupe Whisper (faut bien se faire plaisir comme on peut) et la journaliste Sayuri Kaede.
Chapitre douze : l'interview.
Pairing : Shuichi/Yuki
Personnages : Shindo Shuichi (chanteur des Bad Luck), Yuki Eiri (écrivain et amant de Shuichi), une journaliste Sayuri Kaede.
Chapitre douze : l'interview.
Yuki gara la voiture dans le parking souterrain de l'immeuble et regarda sa montre ; comme il s'en doutait, il était en avance. Mais cela ne le dérangeait pas d'avoir à attendre Shuichi.
Il prit l'ascenseur jusqu'au hall central et se présenta ; un jeune employé le conduisit jusqu'au studio où avait lieu l'enregistrement de l'émission et de l'interview des Bad Luck.
L'écrivain se fondit dans l'ombre, comme à son habitude, et écouta son amant répondre aux questions de la journaliste.
« Dans le temps qu'il nous reste avant de devoir rendre l'antenne, je souhaiterai aborder la question de la présence à Tokyo du groupe Whisper, qui assura la première partie de quelques unes des dates de votre tournée. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
- Les Whisper sont de passage à Tokyo pour l'enregistrement de leur première album, répondit Shuichi.
-.Si vous souhaitez plus d'informations, Sayuri-san, il faudra les inviter à votre émission ! ajouta Hiroshi, malicieusement.
- J'y songerai. Shindo-san, est-il exact que vous allez apparaître sur leur album ? Il serait question d'un duo ?
- Lors de la tournée, il m'est arrivé d'accompagner Dan sur une de leur chanson. Il m'a demandé d'en enregistrer une version pour leur album, et j'ai accepté.
- Justement, au sujet de Dan Katsuo Kansei, pouvez-vous nous dire quelle est la nature exacte de votre relation avec lui ?
- Dan, ainsi que Saburo et Natsuko, d'ailleurs, sont devenus des amis.
- Pourtant, on parle souvent d'une grande complicité entre vous et Kansei-san, une complicité qui, pour reprendre les propos de mes confrères, « crève l'écran ».
- Lorsqu'on a eu l'occasion de partager autant de choses que Dan et moi, il est logique de voir se développer une telle complicité.
- Quelles choses avez-vous partagé, par exemple ?
- Et bien… une tournée ! Passer plusieurs mois sur les routes ensemble, ça créé des liens, vous ne pensez pas, Sayuri-san ?
La journaliste sourit, mais ne se laissa pas déstabiliser par ce mélange de candeur, de naïveté et de simplicité si propre au caractère de Shuichi.
Ceux qui le connaissaient bien étaient aussi impressionnés par les progrès qu'il avait fait : il se contentait de répondre le plus simplement possible, ne disant que le nécessaire, sans jamais utiliser de mots ni de tournures qui pouvaient prêter à confusion ou être interprétés.
Il était même parvenu, certaines fois, à éviter des questions pièges, aidé de Hiroshi, bien évidemment.
- Il peut se passer beaucoup de choses, pendant une tournée, reprit la journaliste. Certaines rumeurs vous prêtent une relation assez intime avec Kansei-san. Lui-même, lors d'une récente interview, a déclaré que votre lien ne cessait de s'approfondir et de se développer, et qu'il était prêt à s'installer à Tokyo avec vous, dès que vous lui en feriez la demande.
Shuichi sourit en se grattant la tête.
- C'est tout Dan, ça ! Il ne faut pas croire tout ce qu'il dit, il est très provocateur ! Non, Dan est un très bon ami, et rien de plus, ça risque pas de changer.
- Votre relation avec l'écrivain Yuki Eiri en est-elle la cause ?
- Je suis ici en tant que chanteur de Bad Luck, je n'ai pas à répondre à des questions aussi personnelles. Mais, je vais le faire, parce que vous avez tendance à un peu tout mélanger, vous, les journalistes. Oui, le fait que je vive avec Yuki Eiri, comme tout le monde le sait, y compris Dan, est la raison pour laquelle je ne me vois pas m'installer avec lui ou qui que ce soit d'autre.
- Connaissant Dan, intervint Hiroshi, il a fait cette déclaration pour donner du travail à vos confrères, ou seulement pour leur dire ce qu'ils voulaient entendre.
- A moins que ce ne soit pour se débarrasser d'eux, avança alors Fujisaki, ce qui ne m'étonnerait pas..
- Vous me donnez encore là une raison d'inviter les Whisper à participer à une prochaine émission. Mais en attendant cette éventualité, peut-être pourrions-nous avoir votre sentiment, Shindo-san ?
- Ne vous l'ai-je pas déjà donné ?
- Certes, vous nous avez rappelé vivre avec l'écrivain Yuki Eiri. Et ce depuis plus d'un an et demi, à présent, alors que peu de gens croyait en la durée de votre relation, compte tenu de sa réputation, acquise essentiellement auprès des femmes. Aussi sommes-nous en droit de conclure que ses sentiments pour vous sont réels et sincères. Mais les vôtres, Shindo-san, n'ont-ils pas pu varier ?
- Euh… je suis désolé, Sayuri-san, je ne comprends pas votre question, là…
- Madame continue de poser des questions indiscrètes et veut savoir si tu ne pourrais pas aimer quelqu'un d'autre, précisa Hiroshi, en lançant un regard mauvais à la journaliste. Vu que cela ne concerne pas Bad Luck, tu n'es pas obligé de répondre. N'est-ce pas ?
Shuichi le regarda, puis reporta son regard vers la jeune femme.
- C'est exact, reconnut-elle. Mais vous avez accepté de nous donner des éléments de réponses, pour satisfaire la curiosité de votre public. Je me fais leur porte-parole en vous interrogeant sur votre lien avec Dan Katsuo Kansei, avec tant d'insistance, je l'avoue, expliqua-t-elle. Comme vous l'avez fait remarquer plus tôt, vous êtes plutôt proches et avez partagé beaucoup de choses. Il est normal pour nous de penser que vous pourriez être tombé amoureux d'un chanteur avec qui vous avez des goûts et des occupations similaires, avec lequel vous avez affiché une réelle et touchante complicité et qui plus est, est réellement très mignon. Si je peux me permettre, vous semblez apprécier les blonds, Shindo-san…
Yuki commença à s'agiter dans son coin. Il se força au calme, ne voulant pas provoquer de scandale, mais il aurait bien aimé débarquer sur le plateau et embrasser Shuichi bien en face des caméras, pour faire taire ces rumeurs stupides.
Seulement il savait que ce serait bien inutile, et que les mauvaises langues finiraient par cracher leur venin très rapidement à nouveau.
Quant à cette journaliste, il se demanda un moment si elle n'avait pas pu être payée d'une quelconque manière par Dan : ce n'était pas possible de poser ce genre de question innocemment.
Elle avait même réussi à effacer le sourire de Shuichi ; il n'aimait pas ce genre de discours. Il posa sa main sur le bras d'Hiroshi, qui allait intervenir, lui aussi irrité par la tournure prise par l'interview.
- Je crois que vous ne m'avez pas compris, Kaede-san, dit-il en regardant la journaliste si intensément qu'elle déglutit avec peine. Ce n'est pas que j'apprécie les blonds particulièrement, ni même les hommes, à vrai dire. Je ne suis pas attiré par les hommes, mais amoureux de Yuki Eiri, qui se trouve être un homme. Lorsque je vois Dan, ou Hiroshi, ou Fujisaki, je vois des hommes, des amis. Lorsque je regarde Yuki Eiri, je vois la personne que j'aime, qui, effectivement, est un homme. Est-ce si difficile à comprendre ?
- Non, bien sûr que non. Mais présenté ainsi, vous donnez le sentiment de rejeter votre homosexualité.
- C'est peut-être parce que ce n'est pas le fait d'aimer les hommes qui fait de moi un homosexuel, parce qu'encore une fois, je n'aime pas les hommes, je ne me sens pas attiré plus par eux que par les femmes. Mais parce que j'en aime un et que j'ai une relation avec lui, j'en suis un.
- Vous avez une manière bien à vous d'expliquer votre situation, Shindo-san. C'est pourquoi je me trouve obligée de demander des précisions, n'y voyez pas de curiosité malsaine, je fais juste mon travail.
- Dans ce cas, permettez-moi de rappeler ce que je vous ai dit un peu plus tôt, et que je répète à chaque interview : je suis ici en tant que chanteur des Bad Luck, avec les autres membres du groupe, Hiroshi et Fujisaki. Aussi je considère ne pas avoir à répondre aux questions touchant à ma vie privée, donc, ne pas avoir à évoquer Yuki Eiri. Je l'ai fait pour qu'il n'y ait pas plus de malentendus concernant Dan et moi, restons-en là.
- Vous avez bien saisi ? reprit Hiroshi. Entre Dan et Shuichi, il n'y a rien de plus qu'une amitié basée sur un travail commun. Et croyez-moi, je suis assez proche de Shuichi pour pouvoir affirmer que Yuki Eiri est son seul amour, et que ce n'est pas prêt de changer, si cela devait seulement changer un jour…
- Nous espérons vraiment qu'on nous laisse tranquille avec ces rumeurs et que Bad Luck redevienne le seul intérêt du public, termina Fujisaki.
- Votre souhait ne doit pas être difficile à exaucer, au vu des excellents résultats que vous continuez d'avoir, et de l'enthousiasme et de l'impatience avec lesquels est attendu votre prochain album. Le moment est donc arrivé de rendre l'antenne. Il ne nous reste plus qu'à remercier chaleureusement les Bad Luck pour la générosité dont ils ont fait preuve avec nous en répondant à toutes nos questions, même les plus indiscrètes, avec tant de sincérité.
Elle se tourna vers les caméras et continua son baratin, tandis que Shuichi, Hiroshi et Fujisaki se levaient pour regagner leurs loges.
Yuki n'eut pas attendre très longtemps que Shuichi le rejoigne.
- Je n'ai pas été trop long ?
- Iee. Tu es prêt ?
- Haï, on peut y aller, répondit-il en se dirigeant vers l'ascenseur.
- J'ai eu un appel de mon éditeur, je dois passer le voir, mais cela ne prendra pas longtemps.
- On a le temps, de toute façon.
- Tu pourras m'attendre à la cafétéria de la maison d'édition, ils font d'excellentes pâtisseries européennes.
- Sugoï ! C'est là-bas que tu les as découvertes, alors ?
- Haï, répondit-il en montant dans la voiture.
Sur la route, Shuichi se mit à l'interroger sur le nom de certains desserts pour savoir si par hasard il les connaissait, et il se rendit compte que son écrivain avait plus que de simples notions de cuisine étrangère.
- Moi qui croyait que je t'avais fait découvrir plein de recettes, en fait, tu avais déjà goûté à presque tout !
- Personne n'a jamais cuisiné pour moi comme tu le fais, Shui-chan. C'est ce qui donne à tes plats un goût unique.
Il ne lui faisait pas de compliments tous les jours, mais lorsqu'il y avait droit, ils n'étaient pas petits ! Les yeux du chanteur brillèrent, alors qu'il murmurait un « arigato » tout ému. Profitant de ce qu'ils étaient seuls dans l'ascenseur de la maison d'édition, Shuichi se pendit à son cou et l'embrassa rapidement, avant de reprendre sa place, tandis que les portes s'ouvraient sur l'étage… et des gens.
Quelques personnes saluèrent l'écrivain, qui leur répondait souvent d'un simple hochement de tête.
- La cafétéria est au bout du couloir. Je t'y retrouve dès que j'ai terminé.
- Ok.
Shuichi suivit la direction indiquée et trouva facilement la cafétéria. Il y avait très peu de personnes, la plupart des tables étaient inoccupées.
Il commanda une part de charlotte aux fruits. Comme il avait eu l'air de beaucoup hésiter avant de choisir, le jeune homme au comptoir lui offrit un morceau de gâteau au chocolat sur lequel il avait aussi louché, et lui demanda un autographe en guise de remerciement.
Cela fait, il s'installa avec un thé bien chaud.
Tout à son goûter, il ne remarqua pas de suite qu'il était observé, mais il finit par lever les yeux en sentant sur lui un regard insistant : une jeune femme le fixait en souriant, deux tables plus loin. Il se retourna comme n'importe qui l'aurait fait, pour s'assurer qu'il était bien l'objet de son attention, avant de sourire à son tour. Elle se leva.
Elle était grande, presque autant que Yuki, des cheveux longs marrons cascadant sur ses épaules, et de très beaux yeux verts.
Les talons de ses bottes, qui semblaient monter haut sous sa jupe, firent résonner ses pas tandis qu'elle s'approchait, sa tasse fumante à la main.
- Tu es Shindo Shuichi, n'est-ce pas ? Enchantée, je m'appelle Jade Kasumi. Puis-je m'asseoir un moment à ta table ?
Shuichi se leva et inclina le buste pour la saluer.
- Je vous en prie. Vous… Vous voulez boire ou manger quelque chose ?
- Arigato, répondit-elle en s'asseyant, je n'ai pas encore terminé mon thé. Je veux seulement discuter un peu avec toi. Tu peux te rasseoir.
Shuichi s'exécuta, un peu déstabilisé par la jeune femme. Que lui voulait-elle, qui était-elle ?
- Tu te demandes sûrement ce que je te veux ? demanda-t-elle en souriant. En fait, j'ai supposé, en te reconnaissant, que tu étais avec Yuki Eiri. Ne l'attendrais-tu pas, par hasard ?
- Si.
- J'ai donc vu juste.
- Vous le connaissez ?
- Comme presque tout le monde ici, oui. Seulement moi, je ne l'ai pas revu depuis un peu plus de deux ans, maintenant. Le temps passe si vite ! Je suis revenue à Tokyo il y a peu, je me doutais bien que je finirai par le revoir en traînant par ici. Cela te dérange-t-il si je fume ?
- Iee, je vous en prie. Vous ne travaillez pas ici ?
- Plus aujourd'hui, répondit-elle en allumant une cigarette. J'y travaillais lorsque j'ai rencontré Yuki. Lorsqu'il a rompu, j'ai demandé ma mutation, cela devenait trop difficile. Il peut être si cruel, parfois. Tu as dû connaître cela, toi aussi.
Shuichi se contenta de terminer son gâteau en silence.
- J'ai été bien surprise en apprenant votre relation, reprit-elle, et je le suis à chaque fois que vous faîtes parler de vous dans la presse. Comme beaucoup, je ne pensais pas que Yuki s'installerait un jour, encore moins avec un homme. Mais je suis heureuse pour lui. Dis-moi ton secret, comment as-tu fait pour réussir ce miracle ?
- Je ne sais pas. Je l'ai aimé, simplement.
- Comme beaucoup de femmes. L'amour d'un homme pour un homme est-il si différent ? Est-ce ce qu'il lui fallait ?
Décidément, c'était sa journée. On n'avait jamais autant évoqué son homosexualité que depuis ces dernières heures.
- Je suis désolé de ne pouvoir vous répondre, je n'ai pas les capacités pour analyser ce qui nous est arrivés, à Yuki et moi. Je l'ai aimé, il a fini par m'aimer en retour.
- L'amour… tu as raison, le reste, ce n'est qu'une suite de mots.
- Est-ce que… est-ce que vous êtes restés longtemps ensemble ?
- Et bien, disons qu'il a été exclusivement à moi pendant dix-huit jours. Ensuite, c'était un peu au gré de ses envies.
- Comment cela ?
- Il voyait d'autres femmes. Ca a duré comme ça deux mois, durant lesquels je passai chaque jour à me détester d'espérer autant que ce soit à mon tour de partager son lit.
- Et après deux mois, ça s'est terminé ?
- Haï. Un matin, j'ai eu le malheur de lui dire que je voulais être la seule, que je ne supportai plus de le savoir avec d'autres. Alors, il a rompu. Je croyais, alors, que j'avais fait la plus grosse bêtise de ma vie. Je l'ai supplié de m'accepter de nouveau, lui promettant de ne plus faire de réflexion, voire même de lui présenter d'autres femmes.
- Vous deviez vraiment l'aimer.
- On est prêt à faire n'importe quoi par amour. Mais lorsque Yuki Eiri dit « c'est terminé », il n'y a rien à faire, ça l'est vraiment. J'ai fini par accepter de l'avoir perdu, alors j'ai préféré partir et tenter de l'oublier, comme tant d'autres femmes avant moi.
- Vous avez réussi ?
La jeune femme écrasa le mégot de sa cigarette avant de tendre sa main droite, où brillait un bel anneau incrusté de petits diamants.
- Je suis fiancée depuis six mois, maintenant, révéla-t-elle en souriant très largement. Mon mariage approche, d'ailleurs, c'est si excitant !
- Félicitations ! je vous souhaite beaucoup de bonheur !
- Je t'en souhaite également, avec Yuki Eiri. C'est quelqu'un de bien, qui n'a jamais vraiment éprouvé du plaisir à blesser les gens. Je crois qu'il a même souvent souffert presque autant que toutes les personnes qu'il rejetait. Il mérite d'être heureux, et je crois bien, d'après tout ce que j'ai vu, lu et entendu, qu'il l'est vraiment avec toi. Je t'en remercie, Shindo-san, ne serait-ce qu'au nom de toutes les femmes à qui il ne brisera jamais le cœur maintenant qu'il t'a rencontré! Et aimé…
- Je n'ai pas fait grand chose, à part l'aimer, justement.
- C'est une capacité que beaucoup de gens pense avoir, mais peu l'ont vraiment. Et à l'inverse, Yuki Eiri pensait l'avoir perdu.
- Qu'ai-je cru avoir perdu ?
Ils se retournèrent alors que Yuki atteignait leur table, et se levèrent.
- Yuki, je suis heureuse de te revoir ! Tu n'as pas changé, en apparence.
- Toi non plus, Jade. Toujours aussi bavarde. Qu'étais-tu en train de raconter, encore ?
- Ne me regarde pas ainsi, je n'ai pas embêté Shuichi, je te le promets. Nous discutions simplement.
- Et de quoi, justement ?
- De toi, bien entendu ! Je le laisse te rapporter notre conversation, si cela t'intéresse vraiment. J'avais envie de te revoir et de te souhaiter beaucoup de bonheur. Maintenant que c'est fait, je peux partir.
- Matte, la retint Shuichi, avant de se tourner vers Yuki. Eiri, Jade va se marier, tu pourrais peut-être la féliciter et lui souhaiter beaucoup de bonheur, à ton tour…
L'écrivain se tourna vers la jeune femme.
Ils échangèrent un long regard, et il finit par sourire gentiment, surprenant Jade, qui ne lui avait jamais connu que des sourires ironiques ou cruels.
- Je suis sincèrement heureux pour toi, Jade, assura-t-il en posant sa main sur son épaule un court instant. Tu mérites d'être heureuse. Pardonne-moi de t'avoir fait souffrir par le passé.
La jeune femme sourit.
- Je te pardonne, car tu as donné une bonne raison à celui qui allait devenir mon fiancé de m'aborder et de me consoler. Cette fois, j'y vais. Soyez heureux, tous les deux.
- Vous aussi, Jade, et merci, lui dit encore Shuichi.
Elle quitta la cafétéria, et les deux amants prirent le même chemin un moment plus tard.
Dans la voiture, Shuichi lui rapporta leur conversation. Yuki accepta de lui parler un peu de son histoire avec la jeune femme, mais juste le temps qu'il leur fallait pour atteindre le musée.
Car à la demande (surprenante ?) du chanteur, l'écrivain avait accepté de l'accompagner à l'inauguration d'une exposition pour laquelle il avait reçu une invitation.
Shuichi aimait beaucoup le travail de cet artiste, mais il n'avait jamais pu le comprendre sans aide, celle d'Hiroshi, le plus souvent ; en effet, l'artiste légendait ses peintures avec des citations tirées d'œuvres d'auteurs du monde entier, pour inviter son public à réfléchir autant sur ce qu'il avait représenté que la citation choisie et le lien entre les deux.
C'était un exercice qu'appréciait le chanteur, malgré le fait qu'il soulignait ses lacunes, parce que justement cela lui permettait de les combler.
Et vivre avec Yuki lui avait permis de comprendre la différence entre l'intelligence et la culture.
Alors puisqu'il était intelligent, même si son intelligence somnolait souvent au fond de son cerveau, il ne lui restait plus qu'à se cultiver pour pouvoir la mettre en avant...
Et cela plaisait beaucoup à Yuki Eiri d'échanger sa plume d'écrivain contre un bâton de professeur, pour partager ses connaissances avec son amant et lui ouvrir les portes de son monde de culture et de savoirs.
Comme un certain autre professeur, répondant au nom de Yuki Kitazawa, l'avait fait pour lui, des années plus tôt…
Shuichi lui offrait encore là une occasion de se réconcilier avec son passé, ses regrets et sa culpabilité.
Car, mettant de côté les derniers souvenirs qu'il avait de Kitazawa, effaçant le monstre qu'il était devenu en vendant son corps pour 10 $ à deux sales types, il rendait hommage et honorait la mémoire de l'homme et du professeur qu'il avait été, en devenant à son tour celui de son amant de chanteur.
A suivre…
Lexique :
Arigato : merci
Haï : oui
Matte : attends
Sugoï : super/génial
Notes : Merci à celles qui m'ont laissée des reviews pour les derniers chapitres ; c'est vrai que c'est un peu tristounet pour Tatsuha et Ryuichi mais rien n'est définitif, ils ont deja passé de bons moments et ils s'aiment, c'est quand meme pas rien ! je n'ai pas prévu de nouveaux chapitres pour eux dans cette fic, mais si j'ai assez d'inspiration et de temps, je m'occuperai d'eux en parallèle... c'est fou comme on s'attache a des personnages qu on finit par s'approprier même si on rappelle qu'ils ne nous appartiennent pas (je comprends mieux la nécessité du disclaimer)
j espère vous retrouver au prochain chapitre ! et aux suivants... bises... Lysanea
