La menace du rival : le malentendu.

Source : GRAVITATION

Auteur(e) : Lysanea (lysaneahotmail.fr)

Genre : yaoi

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf les personnages du groupe Whisper (faut bien se faire plaisir comme on peut) et pour les song fic, les paroles ne sont pas de moi, ni les traductions !

Chapitre dix-huit : une visite impromptue.

Pairing : Shuichi/Yuki.

Personnages :

Shindo Shuichi (chanteur des Bad Luck), Yuki Eiri, (écrivain, amant de Shuichi), Hisae Shindo (sœur de Shuichi).

Chapitre dix-huit : une visite impromptue.

Depuis près de deux heures, toutes les chansons du premier album des Bad Luck, Gravity, résonnaient les unes après les autres dans l'appartement obscur où l'absence du chanteur se faisait cruellement sentir.

Yuki était allongé sur le canapé qu'il avait rarement quitté ces derniers jours, depuis qu'il avait demandé à Shuichi de partir. Il s'enivrait de la voix de son amant qui lui manquait tant, alors qu'il avait parfois dû passer des heures à le supplier de se taire.

Ce qu'il était en train de vivre, il l'avait observé chez les autres et fait vivre à ses personnages dans ses romans. Grâce à son talent, il avait pu aisément donner l'illusion que c'était une situation qu'il avait déjà expérimenté, qu'il l'utilisait en connaissance de cause. Certaines critiques s'étaient amusées à écrire que Yuki Eiri n'était pas un homme qu'on pouvait quitter, auquel on pouvait renoncer, qu'il n'avait donc jamais dû réellement ressentir la douleur d'une rupture comme ses héros et héroïnes.

Pourtant, il connaissait la douleur de la perte, de l'abandon et de la trahison. Il les avait connu en acteur, puis les avait exploité en spectateur, comme si cela appartenait à une autre vie.

Il avait refait connaissance avec ces sentiments étranges de perte, de vide, de manque, de doute, de tristesse.

Avant cela il y avait eu la tendresse, les caresses, les promesses, la douceur, l'espoir, la passion, l'échange, le partage, le souci de l'autre, bref, l'amour, le bonheur sous bien des formes.

Tout ça parce qu'il était tombé amoureux d'un incroyable chanteur aux cheveux roses répondant au nom de Shindo Shuichi...

La sonnerie de la porte d'entrée interrompit ses pensées.

Il coupa le son de la chaîne et attendit.

Une nouvelle sonnerie retentit quelques minutes plus tard.

Yuki ne bougea pas. Même si la personne devait se douter qu'il y avait quelqu'un, à cause de la musique qu'il avait coupé, il ne voulait voir personne. Qui que ce soit, il finirait bien par partir.

La sonnerie retentit une troisième fois, en même temps qu'un soupir typiquement féminin.

Il entendit le bruit de quelque chose qu'on pose, puis de quelque chose dans lequel on fouille.

- Onii-chan, je sais pas où t'es mais je suis devant chez toi et il est 18h, comme on avait convenu. Je sais que ça fait une semaine qu'on en avait parlé, mais j'espère que tu m'as pas oublié et que tu vas vite arrivé. Je t'attends au café en face de la fontaine. Me rappelle pas, sauf si t'as un empêchement. Dépêche toi ! Bisous.

Alors qu'elle reprenait son sac pour y mettre son téléphone, Yuki ouvrit la porte. Elle releva la tête et lui sourit.

- Yuki-san, konbon wa ! Je t'ai réveillé, je crois… Gomen nasaï !

- Iee. Entre, Hisae-chan.

La jeune fille s'exécuta, se mit à l'aise et suivit l'écrivain.

- Mon frère n'est pas encore rentré ?

- Il ne rentrera pas. Assis-toi, je t'amène à boire.

Hisae jeta un œil sur le canapé et préféra s'asseoir sur le fauteuil à bascule de son frère. Elle avait vite compris qu'il s'était passé quelque chose, vu l'état de l'appartement et de l'écrivain.

Yuki revient et déposa quelques sodas. Elle en choisit un qu'elle versa dans un verre.

- Arigato, Yuki-san. Pourquoi as-tu dit que mon frère ne rentrerait pas ? On devait se voir, ce soir, il n'a pas osé m'oublier, quand même.

- Il est chez Hiroshi depuis quelques jours.

- Honto ? J'espère que vous ne vous êtes pas disputez… si ?

- Si.

- Oh non ! se désola-t-elle. Nan'de ? Et ne me dit pas que ce sont des histoires de grandes personnes, je suis en train d'en devenir une.

Yuki se tourna vers la jeune fille avec un petit sourire.

- Mais tu en es encore un peu loin, malgré ta maturité évidente.

- Ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas comprendre. Sinon, je ne lirais pas et n'aimerais pas autant tes livres, Yuki-san !

- Fujisaki-kun ne doit pas s'ennuyer avec toi, répondit-il en buvant une gorgée de sa bière.

- Tout comme toi avec mon frère ! C'est l'esprit Shindo ! s'amusa-t-elle. Alors, qu'est-ce que mon frère a bien pu faire pour se retrouver à la porte ?

- Disons que nous avons juste besoin de réfléchir un peu à notre histoire.

- Pourquoi ? Tu l'aimes plus ?

- Je pense juste qu'il lui faut peut-être une relation différente. Je ne suis pas quelqu'un de simple à vivre, Hisae-chan.

- Tu n'as pas répondu à ma question.

Yuki posa sa bière sur la table basse. Le regard bleu-vert de la jeune fille était troublant, mais il le soutint sans problème.

- Parce que ce n'est pas de là que vient le problème, jeune fille.

- Je suis peut-être naïve de croire cela, mais je pense que si. Tout vient des sentiments. Il faut un subtil et savant mélange de sentiments pour équilibrer une relation. Amour, confiance, tendresse, respect, et tant d'autres, mais ceux-là en priorité. Encore une fois, c'est toi qui m'a appris ça, à travers tes romans.

- Honto ? s'étonna-t-il.

- Honto ni. Des leçons que j'ai confrontées avec ce que je pouvais voir autour de moi. Si tu aimes mon frère, dans les bonnes proportions, si j'ose dire, et bien, même si on pourrait croire qu'il lui faut autre chose que ce qu'il vit avec toi, votre relation peut lui offrir beaucoup plus. Après tout, qui sommes-nous pour définir ce qui est bien ou mieux pour les autres et nous-mêmes ? Sur quels critères est-ce qu'on se base ? Si toi, tu crois que c'est bien, et lui non, qui a tort, qui a raison, et pourquoi ?

- Tu ne réfléchirais pas un peu trop pour ton âge ?

- Je réfléchis, mais je ne me prends pas la tête ! Donc, je ne crains pas la déprime. Et puis…

La sonnerie de son portable l'interrompit. Elle posa son soda et attrapa son téléphone.

- Excuse-moi. Moshi moshi ? Onii-chan, ça va ? Je suis au café, comme je t'ai dit. C'est pas grave. J'ai mon sac de cours, c'est tout. Nan'de ? D'accord ! Dans dix minutes. Fais attention sur la route, termina-t-elle avant de couper le téléphone. J'ai beau lui dire de ne pas me rappeler, il le fait quand même ! Il m'avait bien oublié, mais je comprends pourquoi…

- Il vient te chercher, alors.

- Oui, avec la moto d'Hiro. Puis-je espérer qu'il n'aura plus à faire ça ?

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Vous allez vous remettre ensemble, hein, Yuki-san ? Tu l'aimes encore, mon frère ?

- C'est plus compliqué, Hisae-chan.

- Mais l'aimes-tu toujours ?

Yuki soupira. Elle n'abandonnerait pas avant d'avoir sa réponse.

- Bien évidemment, que je l'aime. La situation serait déjà réglé, si ce n'était pas le cas.

- Et votre dispute, dis, ça aurait pas un rapport avec Dan, par hasard ? Tu ne supportais pas leur amitié ?

- C'était plus que de l'amitié.

- Pour Dan, en tout cas, il aurait bien voulu, pas pour Shui-chan. Tu sais, on est un peu bizarre, dans la famille Shindo. Ma grand-mère, Hokuto, ma mère, Kaori, et mon oncle, Yuto, n'ont jamais aimé qu'une seule personne dans leur vie, et pourtant ma mère et mon oncle ont été séparés tôt de leurs conjoints. Ma tante Sakura vit encore avec son premier amoureux, rencontré au jardin d'enfants ! Je connais pas toutes les histoires, mais je suis sûre qu'il y a d'autre exemples. Shuichi, c'est pareil, il a déjà eu des petites histoires, même sérieuses, mais tu es son premier véritable amour, et vu la caractéristique Shindo, tu risques bien d'être le seul…

- Ca devrait plaire à Fujisaki, ça.

L'adolescente rougit et se leva.

- En tout cas, quoi que tu penses, ne te trouve pas d'excuses, mon frère et toi méritez mieux que ça ! se révolta-t-elle soudain. Ne te dis pas que c'est pour lui, qu'il lui faut autre chose, alors qu'il est si bien avec toi depuis que tu as accepté tes sentiments. C'est toi qu'il lui faut, parce que c'est toi qu'il a choisi. Maintenant, si tu ne te sens pas à la hauteur, sois honnête autant avec toi-même qu'avec lui, reconnais que t'as peur d'aimer et que tu préfères fuir, quitte à tout gâcher !

Yuki fut si surpris qu'il manqua de lâcher sa bière.

- Go… Gomen nasaï, Yuki-san, je me suis un peu emportée, s'excusa-t-elle en s'inclinant.

- Je vois, répondit-il en souriant, avant de se lever à son tour. Merci, Hisae-chan, pour tes leçons pleines de bon sens.

- Je t'ai plus embêté qu'autre chose, mais je suis contente d'avoir entendu de ta bouche que tu aimes toujours mon frère. Vous êtes tellement beaux, tous les deux ! Je prie pour que ça s'arrange entre vous et que tu prennes la bonne décision. Il n'a vraiment besoin de rien d'autre que de toi, il t'aime tellement !

- Je l'aime aussi réellement, Hisae-chan, comme je n'ai jamais aimé avant, se confia-t-il. Comment…

- Oui ? l'encouragea-t-elle.

- Rien, je me demandais juste comment on pouvait passer d'un coup de foudre, d'une simple attirance, que tant de gens prétendent éphémère, à un amour si fort et aussi essentiel que l'air qu'on respire ?

- C'est marrant, j'ai posé la même question à mon frère, il n'y a pas si longtemps ! Veux-tu savoir ce qu'il m'a dit ?

- Haï.

- Il m'a dit, si je me souviens bien, que ce n'était pas le coup de foudre en lui-même qui déterminait tout, comme on le croit trop souvent, mais ce qu'on en faisait. C'est comme une voiture ou une moto, on a un coup de cœur, mais si on fait que s'en servir, les premiers temps ça va, mais si on ne l'entretient pas, au bout d'un temps, ça ne roule plus… Bon, il n'est pas très fort pour les analogies, faut lui pardonner, mais l'image n'est pas tout à fait fausse.

- En effet.

- Je me rappelle avoir appris en cours de littérature un texte où l'auteur disait que l'amour qui naît subitement était le plus long à guérir.

- C'est de Jean de la Bruyère, un écrivain français du XVIIIème siècle. (1)

- Ce doit être ça, je te fais confiance sur ce sujet. En tout cas, pour moi, le coup de foudre, ce serait plus comme un feu, qu'une étincelle suffit à allumer. Des fois, on lutte pour faire naître cette petite étincelle. Parfois, elle surgit par accident et embrase un support inflammable. Si on ne l'entretient pas, qu'on ne le protège pas, le feu finit par s'affaiblir, s'éteindre et mourir, quelle qu'ait été la force avec laquelle il s'est embrasé.

- C'est une analogie des plus sensées, mais typiquement féminine.

- Je t'autorise à la réutiliser dans un de tes romans, Yuki-san ! dit-elle en souriant.

- Je te remercie, et j'espère que tu es sérieuse, car je suis sûr que je trouverai l'occasion de la placer. C'est une chose que l'une de mes héroïnes de mon roman actuel pourrait avoir à dire, prochainement.

- Honto ? Sugoï Ce serait un véritable honneur ! Merci beaucoup, Yuki-san ! dit-elle en battant des mains et en sautant sur place. Ma venue n'aura pas été totalement inutile, alors, ni seulement une source d'ennuis !

- Absolument pas. Tu sais, tu es la première et la seule personne à qui je parle si ouvertement de mes sentiments. Et je t'avoue que cela me fait du bien. C'est moi qui te remercie, Hisae-chan, de permettre une telle chose en étant simplement celle que tu es.

- Arigato ! hurla-t-elle en se jetant à son cou. Ca me touche beaucoup. Je suis vraiment contente et rassurée, je n'ai plus de raisons de m'inquiéter, ton cœur te dictera la bonne décision, et ta raison le confortera dans son choix ! J'y vais ! Bonne soirée, Yuki-san. Je ne dirai pas à mon frère que je t'ai vu, aujourd'hui.

- Bonne soirée à toi et encore merci.

La jeune fille prit son sac.

- J'allais oublier, ma mère m'a donné des gâteaux pour vous deux. Je devrai les donner à Shuichi pour pas qu'il se doute que je suis venue ici, mais je préfère te les laisser. Il reviendra assez vite et il y en aura encore, n'est-ce pas ? dit-elle malicieusement en les posant sur la table. A bientôt, Yuki-san !

Il la retint pour l'embrasser sur la joue, la faisant rougir, puis elle quitta rapidement l'appartement.

Il se rassit sur le canapé, souriant vraiment pour la première fois depuis le départ de Shuichi.

Hisae avait une telle fraîcheur, une telle spontanéité, une telle sincérité, sa visite lui avait fait énormément de bien. Avec elle, dès le début, il avait constaté une facilité à parler de choses qu'il gardait ordinairement pour lui. Hisae ne le jugeait pas, n'attendait pas de lui qu'il se comporte d'une façon ou d'une autre, ne s'étonnait pas ou n'applaudissait pas lorsqu'il manifestait une émotion envers Shuichi, comme le reste de son entourage. Il préférait cette attitude qui ne cherchait pas à souligner le moindre de ses changements.

Et puis, elle ressemblait vraiment à Shuichi, même si elle utilisait mieux ses facultés intellectuelles que lui…

Il se rendit sur son balcon et guetta l'arrivée de Shuichi.

Hisae venait juste de s'asseoir sur le rebord de la fontaine lorsque la moto d'Hiroshi s'immobilisa devant elle. Shuichi ôta on casque, libérant ses mèches roses, et le cœur de l'écrivain se serra. Il lui manquait tellement…

Le chanteur tira sur la natte de sa sœur et l'embrassa sur le front, puis lui tendit son casque. Il se força à ne pas lever les yeux vers son appartement, remit son casque, et une fois sa sœur bien installé, reprit la route.

Mais en repartant, il craqua et leva la tête. Il crut voir une tignasse blonde, mais il se dit qu'il lui manquait tellement qu'il le voyait sûrement partout, même là où il n'avait aucune raison d'être.

A suivre…

(1) Jean de La Bruyère, in Les Caractères.

Lexique :

Arigato : merci

Gomen nasaï : je suis désolé

Haï : oui

Honto ? Honto ni : vraiment ? Vraiment.

Iee : non.

Konbon wa : bonsoir

Moshi moshi : allô

Nan'de : pourquoi, pour quelle raison ?

Onii-chan : grand-frère

Sugoï génial, fantastique !

merci !