L'Attaque des Titans

Chassé-Croisé

Deuxième Chapitre : Levi Ackermann

1

Songeur, Levi Ackermann dévisageait Erwin Smith. Ce dernier observait la ville, absorbé dans ses pensées. Levi se remémorait son entretien avec Eren Yeager un peu plus tôt dans la journée. Levi Ackermann se rappelait le comportement d'Erwin Smith. La frustration que son attitude avait engendrée en lui. Levi ne savait pas comment exprimer ses sentiments contradictoires au commandant. La rage l'aveuglait. La déception l'accablait. Levi désirait partager tout cela avec Erwin. Pourquoi? Parce qu'il l'aimait d'un amour profond et sincère. Levi serra les poings. D'un pas déterminé, il quitta la pièce. Erwin le suivit du regard, empli d'une tristesse incommensurable.

2

Eren Yeager ferma son sac avec précipitation. Pourtant, il n'était pas pressé. Seulement terriblement impatient. Il souhaitait voir Armin Arlett. Cette mission l'enthousiasmait follement. Eren saisit la ganse de son sac. Souplement, il le souleva. Eren sautilla jusqu'à la porte, tout sourire. Il l'ouvrit à la volée. Sans un regard derrière lui, Eren fila. Il déambula dans le corridor de son pas festif. La joie le nimbait d'un halo lumineux. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi heureux. Il fallait qu'il voie Armin maintenant. Il enchaîna les pas avec fougue. Devant la porte, il inspira profondément. Eren frappa deux coups sonores. Il affichait un sourire chaleureux. Armin Arlett lui ouvrit tout aussi épanoui. Ils se contemplèrent longuement. Le temps semblait s'être figé entre eux. Le souffle court, Eren et Armin s'observaient comme s'ils se voyaient pour la première fois. Armin détourna le regard en rougissant. Devant tel splendeur, Eren s'enchanta. Sa carnation parfaite, ses grands yeux bleus qui semblaient dévorés son visage ovale d'une exactitude renversante. Eren aimait entièrement Armin. D'un amour violent et passionné. Tel une flamme qui brûlerait à jamais. Eren ne souhaitait qu'une chose posséder chaque centime d'Armin. L'absorber complètement. C'était si intense. Parfois, Il craignait d'agir à l'encontre de tout ce que pouvait espérer Armin. Eren avait l'envie irrépressible de lui saisir le menton puis de baiser tendrement sa bouchée ourlée. Néanmoins, il parvint à se retenir. Eren attrapa le bagage qu'Armin tenait entre ses mains fines et élégantes. Rapidement, il pivota sur les talons. Eren s'engagea dans le corridor à nouveau. Armin le poursuivit en le caressant du regard. Il arriva à la hauteur d'Eren. Hypnotisé, Armin l'observa à la dérobée. Armin sourit timidement en avançant au même rythme que lui. Il souhaitait demeurer fidèlement aux côtés d'Eren. Armin et Eren arrivèrent à l'extérieur. Ils tombèrent nez à nez avec une scène de pur carnage.

3

Devant Eren Yeager et Armin Arlett, le commandant Erwin Smith et le capitaine Levi Ackermann se livraient une guerre de mots d'une puérilité infinie. Erwin tentait désespérément de convaincre Levi de l'écouter sans chigner pour une fois dans sa sainte vie. Levi se montrait le plus obtus possibles aux limites du tolérable. Erwin finit par en avoir sa claque. Il explosa tel un volcan, perdant automatiquement toute sa dignité :

- Tu vas m'obéir pour une fois dans ta vie!

- Je passe ma vie à t'obéir, rétorqua Levi, rageur. Et je refuse catégoriquement que tu agisses en despote! Ajouta-t-il, assassin.

- Moi, un despote? Éructa Erwin en le foudroyant du regard.

Levi Ackermann ne frémit pas d'un pouce. Il jeta une regard désobligeant digne d'une anthologie à Erwin. Ce dernier se déchaîna en ne dérogeant pas sur ses principes :

- Tu veux que j'agisse avec tyrannie? Très bien! Tu vas grimper sur cette monture et nous attendre patiemment. Ce que tu veux faire et casse-cou et inutile, rectifia Erwin avec plus de délicatesse.

Levi fronça ses sourcils fins. Il asséna un deuxième regard désobligeant bien appuyé à Erwin. Ensuite, il monta en selle. Levi s'immobilisa. Erwin signifia à l'endroit d'Eren et d'Armin de l'imiter. Docilement, ils obéirent. Erwin grimpa agilement. Il guida son cheval hors des murs. Ils le suivirent sans un mot de plus. Un silence extrêmement tendu s'installa.

4

Levi Ackermann ne pipa mot de tout le voyage. Ses yeux demeurèrent rivés devant lui. Ils arrivèrent devant la maisonnée au lever du jour. L'escouade attela ses cheveux dans la grange. Ils saisirent leurs bagages. Levi ouvrit la marche. Furieux de sa rebuffade, Levi ne desserrait pas les dents. La petite maison se tenait devant lui, toute faite de rondins. Levi poussa la porte qui chancela. Levi entra. Il pivota vers eux. Il leur assigna leurs tâches domestiques. Erwin ferma la porte derrière lui. Levi décréta d'un ton autoritaire :

- Eren et Armin, vous logerez dans la seule chambre donnant sur la forêt. Le commandant Erwin et moi prendrons les chambres près de la cour. Eren, tu t'occupes de la préparation des repas. Armin, tu laves la vaisselle. Erwin et moi nous nous chargerons du ménage, rajouta-t-il avant de monter à l'étage.

Quelques minutes plus tard, la porte claqua sèchement, Erwin soupira en grimpant l'escalier. Armin et Eren s'observèrent, abasourdis. D'une voix calme, Eren proposa:

- Allons défaire nos bagages.

- Bonne idée, approuva Armin d'une voix douce.

Ils se dirigèrent vers l'escalier. Armin s'engagea le premier. Sans difficulté, ils gravirent les marches. Eren ouvrit la porte de leur chambre. Ils pénétrèrent les lieux. Il y avait deux lits de camps avec des draps propres et frais. Les murs semblaient polis. Le plancher paraissait fraîchement lavé. Une odeur de citronnelle leur parvenait aux narines. Les fenêtres laissaient refléter la lumière du jour. Armin choisit d'instinct le lit près du mur. Eren prit celui qui lui permettrait d'avoir une vue sur la forêt. Ils défirent leurs valises dans une quiétude bienvenue. Eren le brisa abruptement en questionnant Armin :

- Quel est ta relation avec Jean?

- Elle n'est pas différente de la nôtre, dévia habilement Armin avant de se détourner pour ranger un vêtement.

Eren marmotta une obscénité en se remettant à sa tâche.

5

Les oiseaux pépiaient. Eren rêvassait en contemplant la forme allongée du corps d'Armin. Eren trouvait extrêmement pénible de s'assoupir. Même le concevoir semblait ardu. Armin, lui, sommeillait en toute tranquillité. Eren s'apaisa au son de sa respiration lente. Au même moment, Levi paraissait songeur. Installé sur les marches du perron, il observait le ciel étoilé. Il réfléchissait, immobile. Dans la cuisine, Erwin le fixait avec intensité. Ses pensées virevoltaient dans toutes les sens. Elles semblaient désordonnées et chamboulées. Il ne rêvait que de la chose qui lui était désormais interdite. Posséder Levi violement et d'une manière absolue voire totalitaire. Pour qu'il n'y ait plus jamais de doute dans l'esprit de Levi qu'il appartenait à Erwin Smith. Et cela jusqu'à la fin de ses jours. Erwin revint à ses moutons. Il versa du café bien corsé dans deux tasses. Il rejoignit Levi à l'extérieur. Ce dernier ne daigna même pas le regarder à son approche. Près de lui, Erwin chuchota d'une voix douce :

- Il y a une tasse pour toi.

Levi pivota vers lui. Il se contenta de prendre la tasse. Erwin s'assit sur la chaise berçante. Il contempla le dos rigide de Levi. Celui-ci but sa boisson sans articuler un seul mot. Il ne remercia même pas Erwin. Ce dernier semblait hypnotiser par la silhouette svelte de Levi Il se ravissait à la vue du sujet de sa fascination. Erwin laissa la nuit défiler.

6

Le lendemain, Eren s'éveilla, reposé et frais. Il s'aperçut que le lit d'Armin Arlett était vide et fait. Eren s'extirpa des draps en grimaçant. Il fit ses ablutions dans la salle de bain. Eren revint dans la chambre. Il saisit ses vêtements. Un pantalon brun et une chemise blanche. Il les enfila prestement. Eren glissa les pieds dans ses bottes. Il descendit au rez-de-chaussée. Eren découvrit Erwin qui sirotait un café en discutant stratégie avec Armin. Si Levi Ackermann arrivait maintenant, Eren Yeager serait dans la galère. Eren se rua au réfrigérateur sous les regards moqueurs d'Erwin et Armin. Eren extirpa ses ingrédients tout en allumant les ronds sur la cuisinière. Le multitâche était de rigueur. Il devait se dépêcher. Il prépara des œufs pochés à la perfection, des bacons croustillants à souhait et des pattes bien dorés. Il entreprit de trancher des tomates pour composer une salade avec des feuilles de laitue et des olives. Eren arrosa ses aliments de l'huile et du vinaigre. Il soupoudra le tout de poivre et de sel. Il déposa le tout sur la table. Eren retourna pour le pain. Il déposa ses tranches dans le grille-pain. À ce moment-là, Levi déambula dans la salle à manger avec un air de bull-dog. Anxieux, Eren déglutit péniblement. Eren n'avait pas pressenti le danger manifestement. Il saluait Levi d'un grand signe de la main. Il fut largement récompensé d'un regard noir digne d'une anthologie. Levi se laissa choir avec élégance d'un éléphant sur une minuscule chaise. Levi interrogea Eren en le clouant sur place d'un coup d'œil agacé :

- Eren Yeager, as-tu oublié ce qu'il faut absolument le matin? (Eren blêmit. Levi haussa son sourcil bien dessiné. Il enfonça le clou avec prouesse) : Je vais te donner un indice : C'est une boisson.

- Du café, murmura Armin en tentant d'attirer l'attention d'Eren.

Ce dernier courut jusqu'à la cafetière. Il versa le liquide charbonneux dans une tasse. Il se jeta pratiquement sur Levi. Eren manqua de l'asperger. Tout cela avant et avec son premier élixir matinal. Levi le toisa, meurtrier. Néanmoins, il prit tout de même sa boisson. Les yeux baissés, Eren parut honteux. Armin pouffa, malgré lui. Prêt à sévir, Levi pivota vers lui. Erwin l'arrêta d'un regard féroce. Levi le soutint sans ciller. Cependant, il eut la sagesse de se taire. Eren se versa une tasse de café. Ensuite, il les rejoignit à la table. Il commença à manger en silence. Eren engloutit sa portion avec appétit. Levi décréta simplement en le fixant :

- C'est très important de bien te nourrir. Nous avons un entrainement chargé ce matin.

- Oui, capitaine Levi.

Levi but sa décoction discrètement. Erwin le couvait du regard en sirotant le sien avec envie. Il termina son déjeuner. Erwin jeta un coup d'œil de biais à Armin.

- Tu veux analyser quelques stratégies avec moi quand tu auras fini ton repas?

- Bien sûr, se réjouit Armin, ravi.

Souplement, Erwin se leva. Il fila vers l'arrière. Armin s'empressa de dévorer sa nourriture. Il s'enfuit derrière lui avec un enthousiasme manifeste. Eren sentit les yeux de Levi rivés sur lui. Il le contemplait tel un prédateur zieutant sa proie, affamé. Eren se contenta de savourer son breuvage en feignant l'innocence. Levi avala la dernière goutte du sien. Il bondit sur ses pieds avec leste. Sans un signe pour Eren, il sortit. Pourtant, Eren comprit le message. Il déposa sa tasse en se redressant. Il suivit Levi à l'extérieur en souriant. L'impatience le rongeait. Levi dévala le perron avec très peu de bruit et de beaucoup de zeste. Il lança négligemment son blouson sur l'herbe couverte de rosée matinale. Vivement, il pivota. Levi se plaça en position de combat. Il écarta les jambes et les ancra au sol. D'un air moqueur, Levi toisa Eren lui faisant signe d'approcher et de débuter le combat. Un grand sourire s'afficha sur les traits d'Eren. Il bondit comme un fauve sur un Levi en garde et prêt. Levi esquiva souplement Eren. Il tourna prestement sur lui-même. Levi saisit le bras d'Eren. Il le fit virevolter par-dessus lui. Paniqué, Eren hurla. Il vola au-dessus de la silhouette frêle de Levi. Il atterrit lourdement au sol. Levi lui bloqua le torse en plaquant son bras sur sa gorge. Les yeux plongés dans ceux d'Eren, Levi se pencha vers lui. Leurs visages se frôlaient. Eren percevait le souffle de Levi sur lui. Levi interrogea, doucement, Eren :

- Que se passe-t-il dans ta petite tête?

- J'ai vu Armin embrasser Jean. Je crois que cela me perturbe, confessa, Eren, humblement.

Canaille, Levi sourit. Eren l'observa, muet, émerveillé par sa beauté. Levi s'approcha près de son oreille.

- Tu es jaloux, chuchota Levi d'une voix rauque pendant qu'Eren humait son doux parfum.

Eren contempla les oiseaux qui traversaient le ciel azur ensoleillé de cette splendide matinée.

FIN DEUXIÈME CHAPITRE