9.
Le Manoir de Malfoy est tout ce que Harry s'était imaginé.
Immense.
Magnifique.
Précieux.
Et complètement impersonnel.
Le marbre blanc du Hall d'entrée annonce la couleur.
Il n'y a pas de vie ici.
Ou si peu.
Le trio sort de la cheminée leurs baguettes en avant. Il n'y a pas un bruit, pas même un mouvement d'air.
Un murmure.
Rien.
-C'est un piège ! Dit Ron dans un murmure de colère.
-Alors pourquoi on est toujours en vie ! Réplique Harry de la même manière. Si c'était vraiment un piège on serait déjà mort !
-Bien sûr que non, ils vont arriver, nous attraper et nous torturer !
-Ron... Grince Harry
-Taisez-vous ! Intervient Hermione avant de placer sa baguette sur la paume de sa main. Montre-moi Drago. Elle dit.
Sa baguette tourne pendant un long moment avant de finalement pointer vers l'immense escalier de marbre.
-Evidemment... Grogne Ron avant de suivre ses deux amis qui ont déjà pris le chemin des étages.
C'est d'abord le froid qui les fait frissonner, puis les cris.
Beaucoup de cris.
Des cris de douleur.
Des cris de peur.
Des cris de folie.
-Harry... Hermione à la voix qui tremble. Harry saisit sa main un instant, la serre.
-On trouve Drago est on part. Il dit le regard sûr.
Les deux autres acquiescent tandis que dans un murmure Hermione relance le sort de la Boussole.
Sa baguette leur indique une petite porte en bois massif. Une chaine et un cadenas sont passés dans les poignées.
Ron avale difficilement, sursaute sous la résonance d'un cri perçant avant de se poster devant le cadenas.
-Portaberto, il murmure explosant la serrure du cadenas et permettant ainsi de défaire la chaine.
Ils la laissent tomber silencieusement, puis jette un « Alohomora » sur la porte avant de pouvoir enfin l'ouvrir.
-Lumos, dit doucement Harry pour éclairer la pièce sans lumière. Là dans un coin, recroquevillé et frissonnant se trouve Drago Malfoy.
-Okay, c'était pas un piège, avoue Ron en voyant la silhouette de son ennemi juré.
Drago à l'arcade ouverte et sanglante, les doigts de sa main gauche semblent tous être cassés comme sa clavicule. Il a la bouche en sang, la respiration rapide et sifflante, et il ne semble pas pouvoir s'arrêter de trembler.
-Drago... Lance doucement Harry en avançant dans la pièce.
-Potter... Mumure l'adolescent blond faiblement avant de tousser, du sang s'accumulant aux coins de ses lèvres.
-Harry, je pense qu'une de ses côtes a perforé son poumon, on doit le sortir de là. Fait Hermione urgemment, tandis que derrière eux les cris continuent.
-Poudlard, on va l'amener à Poudlard, il sera en sécurité là-bas.
Les deux autres hochent la tête, Ron s'avance pour venir aider Harry à lever Drago quand un cri horrible suivi d'un rire dérangé explosent dans le couloir. Derrière eux une porte s'ouvre à la volée avant que des robes noires et des masques en sortent en riant.
Dans un réflexe de survie Hermione pousse les deux garçons dans la pièce sans lumière et d'un coup de baguette remet en place l'illusion du cadenas et de la chaine.
-On est enfermé ! S'exclame Ron.
-Non, imbécile, c'est juste le temps qu'ils quittent l'étage... Répond Hermione.
-Oh...
-Depuis quand les réunions de Mangemorts se passent chez toi ? Demande Harry, en allumant de nouveau sa baguette et essayant de garder Drago conscient.
-Depuis le retour du Seign... de Vous-Savez-Qui... Il explique dans une grimace. Parfois... Avant, mon père invitait quelques anciens pour... se souvenir des jours meilleurs, mais depuis qu'il est revenu...
Il y a un silence. Tous les quatre se demandent comment ils vont pouvoir sortir du Manoir tandis qu'une assemblée de fous furieux se trouvent au rez-de-chaussée.
-C'était quoi ces cris ? Questionne encore Harry, en voyant les yeux du sorcier blond se fermer.
-Des Moldus.
Hermione frissonne. Ron serre les poings.
-Le rire c'est ma tante Bellatrix, elle et quelques autres se sont échappés d'Azkaban... Et ils ont... ils ont repris leur sport favori...
-La torture de Moldus ? C'est Ron qui a parlé.
-De Moldus, de Goblins, de Sang-de-Bour...De Né-Moldus, de Sang-mélés ou juste de non-partisants... qu'importe tant que ça sait crier. Ils ne s'arrêtent pas tant qu'ils n'ont pas crié.
Autre silence.
La nausée monte.
-Et toi ? Demande une fois de plus Harry.
-Moi ? Répond Drago.
-Comment ?...
-L'histoire est trop longue... Mais disons qu'on m'a trouvé à un endroit où je ne devais pas être... Et qu'il a fallu que je donne des réponses... Il semblerait que je n'ai pas donné les bonnes... Il sourit un peu avant de grimacer.
-Je n'entends plus rien... Murmure Hermione.
-Ils sont certainement partis s'installer dans le jardin d'Hiver, explique Drago.
-Ils peuvent voir l'âtre du Hall depuis le jardin d'Hiver ? Demande Harry.
Le sorcier blond secoue la tête.
-Okay, parfait, qu'est-ce qu'on attend ? Demande Ron, en se glissant sous l'épaule droite de Drago pour l'aider à se relever.
-Ta discrétion, peut-être Weasley ? Grince le sorcier blond.
-Hey ! On est en train de sauver ta peau Malfoy !
-Continue de le faire, mais en étant discret !
Harry avance vers la porte, d'un signe de tête il dit à Hermione de déverrouiller le cadenas et la chaine.
Le quatuor entend le fer resonner sur le marbre.
Ils retiennet leurs respirations.
Attendent une minute.
Une autre.
Rien.
La porte grince avant qu'ils ne s'engouffrent dans le couloir, en un instant ils sont dans le Hall et soudain des voix.
Ils se séparent.
Hermione derrière un pilier.
Harry aussi.
Ron et Drago dans une alcôve, la plus proche de la cheminée.
-Nous ne t'attendions plus Severus, fait la voix hautaine de Lucius Malfoy. Notre Seigneur ne va pas tarder, une chance pour toi d'arriver avant lui, il serait regrettable que tu subisses une nouvelle fois sa colère, surtout après ce qu'il s'est passé la veille de Noël.
Harry fronce les sourcils, se souvient de l'état de Rogue ce matin là, voudrait savoir ce qu'il s'est vraiment joué lors de cette rencontre avec Voldemort.
-La colère du Seigneur des Ténèbres était justifiée Lucius et ne vivant que pour le servir, j'ai su accepter ma sentence. Contrairement à d'autres...
Les deux hommes s'arrêtent au milieu du Hall.
-Précise ta pensée...
-Je ne pense pas que ce soit nécessaire, toi comme moi savons que désormais notre Maitre est là pour régner, il n'est pas près de disparaître. Aussi tu n'as que très peu de chance d'avoir à te justifier auprès du Ministère ou d'assurer que tu as été soumis à l'Imperium...
Malfoy grimace,approche son visage anguleux de celui de Rogue.
-N'oublie pas qui t'as fait rentrer au service du Seigneur des Ténèbres, Severus. N'oublie pas à qui tu sois de te trouver aujourd'hui dans le camp des vainqueurs. Et n'oublie pas aussi, que Dumbledore finira par tomber...
-Je ne suis qu'un espion, je n'ai que faire du sort que notre Maitre réserve à ce vieux fou.
Derrière son pilier Harry frissonne, se persuade que tout ça n'est qu'un rôle. Du coin de l'oeil il voit Ron serrer les dents, Drago trembler davantage et il prie pour qu'aucun d'eux ne fassent quelque chose de stupide.
-Où sont Drago et Narcissa ? Demande Rogue, sans bouger du Hall.
Le regard de Lucius perd de son assurance.
-Narcissa et moi avons eu un léger désagrément, un déplaisir de petite importance. Elle est partie en France pour quelques jours...
-Drago ? Insiste Severus. Et Harry voit l'inquiétude dans ses yeux. Dans sa posture. Dans son index droit qui appuie juste un peu plus fort sur le bois de sa baguette.
-Ahhh Drago... Un autre désagrément. Ma semaine n'a pas été des plus satisfaisantes, mais elle devrait bien se terminer, j'ai des informations pour notre Seigneur et puis Bellatrix et Rodolphus sont de retour...
Les yeux de Rogue s'assombrissent, Harry le voit.
Comme il voit la colère ne pas savoir ce qu'il est advenu de l'héritier des Malfoy.
-Où sont-ils ? Demande Severus.
-Tout le monde est dans le jardin d'hiver, tu sais comme Crabbe et Goyle tiennent à leur collation après une séance de torture. Rit Lucius.
Soudain une vive douleur fait serrer les dents aux deux hommes. Derrière son pilier Harry s'écroule presque, sa cicatrice s'enflammant.
-Harry ? Demande Hermione dans un murmure plaintif.
Le jeune sorcier secoue la tête, ferme les yeux.
Quand il les ouvre de nouveau, il tombe sur le regard noir de Rogue.
Là. Juste là.
Dans le reflet du miroir au dessus de la cheminée du Grand Hall.
Et une fois encore il ne saurait poser de mots sur l'expression qu'il y voit.
Sur l'émotion qui s' y trouve.
-Il arrive.
C'est un murmure à trois voix.
Rogue. Lucius.
Et Harry.
Puis soudain un étrange chaos.
Lucius a tourné les talons, il est parti vers le jardin d'hiver, prévenir les autres certainement.
Rogue le regarde partir une seconde.
Dans la deuxième il est devant Harry, le saisit par le col.
-Que faites-vous ici, Potter ! Il voudrait hurler, ne fait que murmurer sa colère, sa rage, sa peur.
-Drago... Explique seulement Harry en pointant du doigt la cachette de Ron.
Rogue lèvre les sourcils, sursaute presque quand Hermione sort à son tour.
-Merlin, combien êtes-vous ?
-Juste nous quatre, Professeur, mais Drago a besoin d'aide rapidement.
Tenant toujours Harry par le col, il avance vers l'alcôve.
Ron a sa baguette tendue, les sourcils froncés.
-Weasley essayez de montrer un peu de bon sens pour une fois et baissez votre baguette. Grince Rogue entre ses dents.
-Il doit aller à Poudlard, il a besoin de Madame Pomfresh.
-Je n'en doute pas, je voudrais juste m'assurer qu'il survivra au trajet !
-Ronald... Supplie Hermione. Il est de nôtre côté.
-Comment tu peux en être sure ?
-Parce que je ne vous ai pas encore transformé en la tête de mule que vous êtes, peut-être ?
Le jeune rouquin semble réfléchir une seconde avant de se décider à abaisser sa baguette.
Harry toujours au bout de son bras gauche, Severus se penche vers Drago.
-Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Il demande la voix dépourvu de toute malveillance.
-Une leçon tirée du libre d'Abraxas, il a dit. Explique Drago.
Rogue semble comprendre.
Il ferme les yeux une seconde. Au bout de son bras gauche il sent Harry trembler, la douleur de la Marque s'accentue, comme, certainement celle de la cicatrice du jeune sorcier.
-Bloquez-le, Potter ! Il dit sa main gauche lâchant le col du pyjama de Harry pour venir contre sa nuque.
Harry gémit, tombe presque, mais Rogue le retient, le ramène vers lui.
Au loin des exclamations se font entendre, leur Maitre n'est pas loin, des pas se rapprochent et Severus doit prendre une décision.
Il décide un sacrifice.
Momentané.
Tout ira bien.
Il l'espère.
Brièvement il serre Harry contre lui, murmure.
-Bloquez-le Potter, bloquez-le, le plus longtemps possible. Ne lui montrez rien...
Sa main gauche serre gentiment sa nuque avant de le lâcher, il attrape Hermione, Drago, fait signe à Ron de le suivre puis sans un mot ils disparaissent dans une flambée verte, laissant derrière eux, l'écho des cris d'Hermione et de Ron, et la silhouette effondrée de Harry contre le marbre blanc.
Puis les rires.
Et la douleur.
Il essaie de respirer calmement. Se répète tout ce qu'il a lu dans le livre que lui a donné Drago.
Drago dont le père est désormais penché au dessus de lui.
Un sourire cruel sur le visage et sa baguette venant se glisser entre les côtes du jeune sorcier.
-Qu'avons-vous là ? Le jeune Potter, l'Elu qui vient nous rendre visite... Que fais-tu là pauvre fou ? Qui as tu voulu suivre ?
-Ro... Rogue... Il grince.
-Ah, ce bon vieux Severus, peut-être devrait-il mieux couvrir ses arrières, on ne voudrait pas que cet aliéné de Dumbledore comprenne son double jeu.
Autour d'eux, il y a des rires. Nombreux. Puis une voix criarde qui s'avance vers Harry.
-Heureusement pour ce bâtard de Rogue, tu seras mort avant d'avoir pu souffler mot à ton merveilleux directeur... N'est-ce pas petit Harry ? Bientôt tu reverras tes chers parents ! Lance Bellatrix avant d'exploser de rire.
Elle est suivi par d'autres, avant que le brouhaha ne soit interrompu par une voix sifflante, menaçante et doucereuse.
-Allons, allons, allons... vous n'alliez pas commencer la fête sans moi... Lance Voldemort, ses pieds nus claquant sur le marbre.
Comme un seul homme le groupe de Mangemorts s'agenouillent.
-Non, mon Maitre, bien sûr que non, assure Lucius.
-Bien, bien je préfère ça... Bonjour jeune Harry, enfin nous nous rencontrons de nouveau. Il semblerait que tu aies trouvé mon adresse. Rit le Mage noir.
-J'ai suivi votre espion...
-Ah... Severus, fidèle Severus... Ironique qu'il soit celui qui t'amène devant moi quand on sait le rôle qu'il a joué il y a quatorze ans de cela...
Harry relève un peu la tête, son regard doit contenir ses questions car déjà Voldemort sourit.
-Oh mais tu ne sais pas. Evidemment que tu sais pas, Dumbledore aime les secrets. Il s'en nourrit, les cultive, pour pouvoir mettre en place son plan final. Sa grande bataille. Il l'a perdra soit en sûr, jeune Harry, mais s'il veut s'amuser un peu avant... Qui suis-je pour priver un vieillard de ses petites joies...
Une nouvelle fois les Mangemorts s'esclaffent et le sorcier ressuscité se galvanise de leur attention.
-Tu vas mourir Harry Potter, d'ici peu de temps, ce soir, tu vas mourir. Mais avant je vais te raconter la mort de tes parents.
Dans un sursaut de rage, Harry veut se saisir de sa baguette, d'un mouvement de poignet Voldemort l'envoie s'écraser plus loin vers l'âtre.
-Tsss, Tsss, idiot, tu ne peux rien, tu es trop faible. Pas assez de sommeil, pas assez de ressources, tout ton organisme crie la fatigue... Endoloris !
Il est de retour au cimetière. Cédric, mort juste là, sous ses yeux.
Il convulse sur le marbre blanc, ne crie pas se souvient des mots de Drago.
Ils continuent, tant qu'ils n'ont pas crié.
S'il ne crie pas, il ne mourra pas.
-Endoloris !
Un second plus fort.
Ses yeux se ferment, il espère presque voir ses parents, et la coupole d'argent qui l'a protégé il y a de ça des mois déjà.
Son corps tremble et la nausée est là. Juste au bord de ses lèvres.
-Crie pour moi, Harry, crie, comme ta mère a crié ce soir là. Endoloris !
Il vomit.
Une fois, une seconde.
Sans crier.
Derrière lui la chaleur des flammes vertes annonce une arrivée.
Son supplice s'arrête momentanément.
Lui vomit une troisième fois.
Sous les rires des fidèles masqués.
-Severus, te revoilà... Sourit Voldemort.
Rogue s'agenouille, vient embrasser le bas de la robe de sorcier du Mage noir.
-Maitre, veuillez excuser mon contre-temps mais quand j'ai vu que Potter m'avait suivi j'ai dû repartir pour m'assurer un alibi auprès de Dumbledore...
-Evidemment, évidemment Severus, je comprends, ceci étant dit tu es en retard, et tu connais le châtiment...
-Oui Maitre.
-Endoloris !
Et à son tour le Maitre des Potions est à terre, son corps se pliant sous la douleur du sort. Lui aussi ne fait aucun bruit, habitué au blâme.
-Relève-toi Severus, tu arrives juste pour l'histoire. J'allais raconter les derniers instants de vie de ses parents à notre jeune invité.
Rogue s'exécute, d'un geste rapide il attrape la baguette du jeune sorcier, la cache dans sa manche avant de rejoindre son cercle «d'amis ».
-Tout commence avec une prophétie. Que connais-tu des prophéties Harry ?
-Pas... Pas... Grand chose, répond l'adolescent, son corps toujours soumis aux sursauts du sortilège impardonnable.
Il voudrait regarder Rogue, se force à ne pas le faire. Il essaie de penser à l'air. Au vent.
Mais la douleur est trop forte.
Il ferme les yeux.
Avec les yeux fermés, jamais Voldemort ne pourra voir son esprit.
-Les prophéties sont rares, est presque toujours vraies et il se trouve qu'il y en a une qui m'avait pour sujet. Moi et un enfant...
Dans le Hall le silence est immense, seuls les râles de la respiration du plus jeune sorcier se font entendre.
-Où... Où l'avait vous... entendu ? Demande Harry en ouvrant les yeux, curieux malgré lui et essayant de gagner du temps.
Rogue a dû prévenir l'Ordre, ils ne vont pas tarder.
-Oh, je n'ai rien entendu, on me l'a rapporté. Un de mes fidèles Mangemorts, si jeune, si avide de plaire me l'a rapporté...
-Lu... Lucius ? Ce n'est pas vraiment une question.
-Non... Non Harry pas Lucius... Severus.
Il voudrait vomir encore.
Rogue.
Rogue a révélé la prophétie.
Une prophétie qui disait quoi ?
De tuer sa mère ?
Tuer Lily Evans ?
Lily Potter ?
Mais Rogue était son ami...
Jusqu'à leur cinquième année c'est ce que Remus a dit.
Alors il l'a trahi ?
Mais lui ?
Harry.
Il l'a protégé, aussi.
Ou tout était faux ?
Encore?
Il croise les yeux de son professeur, d'abord il n'y voit rien, puis soudain de la peine.
Du dégout aussi.
Et lui y ajoute une lueur d'espoir.
-Elle disait quoi ? Cette... Cette prophétie ?
-C'est là que tout se complique, notre cher Severus ne l'a pas entendu en entier, alors ensuite j'ai dû deviner, j'ai dû faire un choix...
-Un choix ?
-Un choix, Harry pour lequel on m'a aidé. N'est-ce pas Quedevert ?
-Oui, Maitre, je ne voulais que vous servir Maitre, comme aujourd'hui, pour toujours... Se confond Pettigrew.
Dans le cercle il y a des rires.
-La prophétie, mon cher Harry, parlait d'un enfant, un enfant né à la fin du mois de juillet et cet enfant devait m'empêcher de devenir le plus grand sorcier de tous les temps, il devait me vaincre...
Cette fois tous rigolent, puis Voldemort reprend.
-Deux enfants pouvaient être ceux de la prophétie. Toi bien évidemment et le jeune Neville Londubat...
Harry ne dit rien. Un peu perdu.
Alors ça aurait pu être Neville. Et lui aurait pu être l'autre. Personne, mais il aurait tout eu. Sa mère, son père et aucune cicatrice, aucune gloire et pas de placard à balai dans une rue impersonnelle de Privet Drive.
-Pourquoi moi ? Il demande alors.
-Je ne sais toujours pas, seulement Quedevert est arrivé, il savait où tes parents se cachaient, l'occasion était trop belle...
Un silence.
Le Mage noir se délecte de la détresse de sa proie, continue, délivre le coup final.
-Alors je me suis rendu à Godric's Hollow. D'abord j'ai tué ton père, cet idiot n'avait même pas sa baguette persuadé de la fidélité de son ami et de l'ingéniosité de son plan. J'ai emjambé son corps et je suis monté à la recherche de ta mère et de toi. Elle était là, dans la nurserie, avec toi. Elle m'a supplié et moi j'ai voulu l'épargner. Severus me l'avait demandé. Elle n'a pas écouté la sotte. Alors je l'ai tué. Et toi tu pleurais. Le bruit était désagréable, insupportable. J'ai pointé ma baguette tu as arrêté de crier et ensuite il n'y a eu que de la douleur...
Il se tait, se retourne vers cet enfant qui a presque causé sa perte, pointe sa baguette.
-Endoloris ! Endoloris ! Sectumsempra !
Harry ferme les yeux, accueille presque la douleur. Sent les convulsions, puis le déchirement de sa peau.
Il hurle.
Veut mourir.
C'est trop.
Plus encore que les pires colères de son Oncle Vernon.
Soudain il y a un « Pop » juste à côté de son oreille, puis une main, petite et fine qui se glisse dans la sienne. Avant qu'il ne disparaisse à son tour dans un autre « Pop » sans entendre le rugissement de furie de Voldemort.
Il atterrit sur un tapis qu'il connait bien.
Il convulse encore.
N'a plus rien à vomir.
-Harry Potter va bien aller, Severus Rogue ne va pas tarder. Harry Potter doit attendre, mais Madame la directrice adjointe est là, Harry Potter.
C'est la voix de Dobby.
Dobby l'a sauvé.
Et McGonagall est là, essayant de refermer les plaies qui s'étalent sur son torse, sur son dos. Saignant abondamment.
Mais comment ?
-Com... Com'nt ? Il essaye de demander. L'elfe comprend.
-Severus Rogue a dit à Dobby de prévenir Madame la directrice adjointe, d'attendre trente minutes puis d'apparaitre au Manoir de ses anciens maitres. Dobby a attendu puis il est venu. Severus Rogue a dit que vous deviez boire ça, Harry Potter. Répond Dobby en approchant une fiole des lèvres desséchées du jeune sorcier.
-Non... Il murmure en secouant la tête, ses yeux se fermant sous la fatigue et la perte sanguine.
-Potter ne faites pas l'enfant... Intervient Minerva, je n'arrive pas à refermer ses plaies, il vous faut cette potion de regénération.
-R'gue, il me faut... faut R'gue...
Il ne sait pas pourquoi il tient tant à voir son professeur de Potion, surtout après toutes les révélations que Voldemort lui a fait. Mais ce n'est pas de la haine qu'il ressent pour Rogue, au contraire.
Il hait Quedevert.
Pettigrew savait. Et il les a trahit.
Rogue, Rogue voulait appartenir.
Il a fait une erreur, une erreur fatale, mais une erreur seulement.
Et maintenant Harry à peur pour lui.
Parce qu'il est resté au Manoir et qu'il a vu de quelle façon Voldemort punissait les siens.
-Severus Rogue va revenir Harry Potter doit boire la potion. Insiste Dobby.
Entre deux convulsions Harry ouvre finalement la bouche, l'elfe ne perd pas de temps, vide son contenu dans la gorge du jeune sorcier.
Harry n'a pas fini d'avaler que la cheminé s'éveille, laissant apparaître Rogue, inquiet, les traits tirés, le regard triste.
-Severus, les plaies, je ne sais pas comment les soigner, elles ne répondent à aucun de mes sorts. Lance McGonagall dès qu'elle le voit.
Le Maitre des Potions s'agenouille près de son élève, il lève sa baguette et sa main gauche, essaie de ne pas laisser paraître les tremblements qui secouent son corps.
-Vulnera Sanentur... Vulnera Sanentur... Il chante s'en relâche jusqu'à ce que chaque plaie ne soit plus qu'une fine ligne rosée.
Il laisse ses bras retomber, sa tête se baissant en même temps, quand il sent une main tremblante et brûlante de fièvre se perdre sur la sienne.
Il lève la tête tombe sur les yeux verts de Harry qui essaie d'esquisser un sourire, bien que ses paupières se ferment déjà.
Severus regarde alors la main posée sur la sienne. Il la serre doucement. Le jeune sorcier essaie de faire pareil, n'y parvient pas, amène seulement leurs mains liées sur son torse, prend un inspiration avant de se laisser emporter par des ténèbres qu'il espère sans rêve.
Il ne sent pas la main qui se perd sur son front chaud, avant de venir sous sa nuque pour le porter dans une étreinte dont il ne se souviendra pas, si ce n'est au travers des mots d'un elfe heureux et d'une sorcière extatique.
A suivre.
