10.
Il ne sait pas où est Minerva. Il a entendu Dobby s'éclipser avec la promesse de revenir au plus vite, mais lui n'a pas bougé.
Il est resté là, sur son tapis, Potter dans ses bras, toujours tremblant, toujours fiévreux.
Dix minutes qu'il est revenu, peut-être moins, ça lui paraît une éternité.
L'adolescent a les yeux fermés, la mâchoire serrée, les joues salées de larmes qui continuent de couler malgré qu'il soit endormi ou presque.
Il gémit et Serverus le serre un peu plus avant de le prendre dans ses bras, oubliant ses propres douleurs pour le déposer sur son sofa.
Il saisit le plaid abandonné sur le dossier, celui que le jeune sorcier semble aimer particulièrement, et le déplie sur la silhouette torturée. Sa main se perd encore contre le front chaud de son élève, y reste une seconde, peut-être deux, avant qu'il ne murmure, sincère :
-Je suis désolé...
Un gémissement lui répond, et il ferme les yeux.
Il ne sait pas de quoi il s'excuse. Il a trop de pardons à demander.
Surtout à Potter.
A Harry.
Pardon d'avoir rapporter ce bout de prophétie il y a seize ans.
Pardon de n'avoir vu que James il y a quatre ans.
Pardon de l'avoir abandonné, même quelques minutes, sur le marbre froid de la demeure des Malfoy.
Pardon de ne pouvoir être plus, plus que lui-même, lui qui n'a aimé qu'une seule fois.
Tragique fois.
Il soupire, secoue la tête dans l'espoir d'en libérer ses pensées sombres. En vain.
Il se penche vers Harry, lui enlève ses lunettes qui se sont cassées sous la torture. Il les réparera demain, ce soir – ou est-ce encore la nuit?- il est trop fatigué.
Il les pose sur sa table basse, avant de venir retirer ses baskets et de les envoyer d'un coup de baguette vers la porte d'entrée.
Enfin il se tourne vers son tapis et la tache de sang immense qui s'y trouve.
Son estomac se contracte. Ses yeux brûlent.
Une seconde il pense qu'il va pleurer.
Pauvre fou.
Depuis quand n'a t'il pas pleuré ?
Depuis ce soir d'Halloween?
Depuis Lily?
Il serre les dents, ravale sa bile, violemment nettoie son tapis d'un geste abrupt du poignet. Il termine à peine quand sa cheminée s'enflamme.
Déjà sa baguette est pointée, prête, bien qu'il sache qu'aucun Mangemort, aucun ennemi ne peut entrer dans ses quartiers, il voudrait se battre, se venger. Rager.
Hurler aussi.
Mais ce qui apparaît au travers des flammes vertes n'est que de l'innocence. Un reste d'innocence.
Il espère.
-Drago... Il dit dans un souffle en s'approchant du jeune garçon blond, flanqué de part et d'autre par Weasley et Granger.
Derrière eux un autre souffle avant que Poppy ne débarque, les sourcils froncés, les yeux inquiets.
-Monsieur Malfoy qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans « Ne bougez pas de ce lit ! »
Drago baisse la tête, mais ne dit rien.
C'est Hermione qui prend sa défense.
-Madame Pomfresh, on voulait simplement...
-Tsss, je ne veux rien savoir, ce garçon doit se reposer, sa magie et son corps ont subi des traumatismes, Miss Granger, des traumatismes qui ne s'effaceront pas en une nuit et encore moins si vous et Monsieur Weasley vous amusez à céder à ses exigences insensées !
-Mais... Tente alors le plus jeune Weasley.
Poppy secoue la tête, ne veut rien entendre, elle fait un pas vers Drago, veut venir saisir son bras, mais ce dernier esquive, avant de se libérer des deux sorciers qui ne l'en empêchent pas.
-Severus... Il murmure seulement. Le Maitre des Potions semble comprendre et vient l'enfermer dans une étreinte.
Quand est-il devenu celui qui réconforte ?
Celui qui donne les étreintes ?
Celui en qui on a confiance ?
Il se racle la gorge, essaie de ne pas voir le regard désapprobateur de l'infirmière, et fait diversion.
Avec une réelle inquiétude.
-Poppy, Potter a besoin d'un diagnostic également... Sa gorge se serre, ses mains tremblent un peu plus fort. Il les serre, emprisonnant doucement Drago.
Les sourcils de la soignante se froncent encore plus, tandis que les trois adolescents tournent leurs regards vers la silhouette tremblante du jeune sorcier sur le sofa
Hermione et Ron veulent s'approcher mais d'un bras Rogue les en empêche.
-Poppy d'abord, il dit sans venin.
Les deux amis comprennent, hochent la tête avant de prendre place dans deux des trois fauteuils près de la cheminée.
Rogue pousse doucement Drago dans le troisième, laisse sa main se perdre sur ses cheveux blonds avant de commencer à faire les cents pas devant sa cheminée.
Minerva n'est toujours pas revenue, Albus n'est pas encore apparu, ni la troupe du Square Grimmaurd.
Peut-être la directrice adjointe lui laisse t'elle du temps.
Pourquoi ?
Pour savoir ce qu'il va se passer désormais.
Pour Potter.
Pour Drago.
Pour lui.
Lui qui ne devait pas s'attacher. Lui qui devait rester dans l'ombre.
Il l'avait fait jurer Albus et voilà qu'il s'est perdu.
Dans des yeux émeraudes.
Encore une fois.
-Que s'est-il passé ce soir ? Demande la voit de Poppy, le sortant de sa tête encombrée d'émotions.
Il croise les bras contre sa poitrine, se retourne vers le trio fébrile mais conscient.
-C'est ce que je voudrais savoir également.
Dans leurs fauteuils les trois adolescents se recroquevillent, leurs yeux se croisant avant de balayer la silhouette de Harry.
Une nouvelle fois c'est Granger qui veut répondre mais déjà des voix résonnent, juste derrière la porte de ses quartiers.
Des voix qu'il connait, mais qui ne peuvent entrer tant qu'il ne leur en donne pas la permission.
Et encore une fois, silencieusement, il remercie le côté Serpentard de McGonagall qui a certainement dû proposer les couloirs plutôt que le réseau de cheminées.
-Servilus ! Hurle Sirius dans le couloir des cachots. Montre-toi !
-Sirius, pas ce nom...Calme la voix de Remus.
-La porte n'apparaitra que quand il l'aura décidé, Sirius. Rappelle Minerva.
-Trouillard... Grogne Black.
-Prévoyant. Répondent d'une même voix Dumbledore et McGonagall.
-Severus, si nous pouvions au moins voir les enfants... Demande la voix calme et basse d'Arthur Weasley.
C'est ce qu'il le décide. Black, Lupin, il pourrait -voudrait- les faire patienter. Se questionner. Avoir des doutes. Mais Arthur, non, Arthur est un ami. Ou presque. Plus que n'importe qui d'autres il a toujours traité Rogue avec respect.
Molly aussi.
Il jette un œil vers Poppy qui a toujours sa baguette au dessus de la silhouette gémissante de Potter, puis regarde le reste du quatuor.
Ils sont inquiets.
Apeurés même.
Et lui veut les rassurer.
Leur dire que tout va bien aller.
Qu'ils ont été courageux.
Irresponsables, fous, mais courageux.
Il grogne intérieurement. Il semblerait que sa réputation de professeur démoniaque soit ruinée. Pour ces quatre là en tous cas.
D'un geste de la main il fait apparaître sa porte laissant entrer la horde inquiète et stupéfaite.
Lupin et Arthur ont réussi à pousser Sirius derrière eux, l'empêchant de se jeter sur Harry.
Ou Rogue.
Dumbledore les contourne, pose ses yeux inquiets sur Harry, avant de rencontrer ceux de Severus.
Derrière eux Minerva ferme doucement la porte, avant de s'avancer vers la table du salon et de prendre place calmement sur la chaise qu'elle préfère.
-Peut-être devrions-nous nous asseoir. Elle dit simplement.
Albus hoche la tête, la rejoint, liant ses mains sur la table en bois de chêne.
Arthur est le suivant, mais avant de prendre place il s'avance vers Ron, vient poser une main un peu tremblante de fatigue, de douleur et de peur sur la chevelure rousse de son plus jeune fils.
-Vous allez bien ? Il demande en posant ses yeux sur Hermione et Drago également.
Les deux Gryffondor hochent la tête, tandis que le jeune Serpentard se cache un peu plus dans son fauteuil.
Qu'importe Arthur lui offre un demi sourire de rassurance avant de rejoindre Minerva et Albus.
Alors debout il ne reste qu'eux.
Et Poppy.
Elle a fini son diagnostic, voudrait faire part de ses inquiétudes mais connait l'histoire entre les trois hommes. Sent la tension qui monte.
La peur et la curiosité des plus jeunes.
La lassitude des ainés.
Et la colère du trio.
-Severus... Commence Remus, essayant de garder sa voix calme. Que se passe t-il exactement entre Harry et toi ?
Rogue serre les dents, les poings aussi, sans s'en apercevoir vraiment ses yeux trouvent Potter toujours endormi ou comateux, il ne sait pas.
Il ne sait pas non plus ce qu'il en est de leur... relation ?
De cette chose qui se développe petit à petit dans sa poitrine.
De cette peur qui l'a envahie quand il l'a vu derrière ce pilier au Manoir.
Ou luttant contre le Marbre.
Il ne sait pas.
Alors l'expliquer au Loup-garou...
-Rien qui ne puisse te concerner Lupin... Il grince doucement, forçant ses yeux à quitter le canapé.
Derrière lui il entend Poppy qui voudrait parler, mais Black avance déjà sur lui. Sa baguette en avant.
Où a t-il trouvé une baguette d'ailleurs ?
Qu'importe, il sort la sienne, Lupin aussi.
Black sourit.
-Comme au bon vieux temps Servilo-Servilus ? Grogne Patmol.
-Te souviens-tu seulement de ce temps là, Black, Potter n'est plus là pour sauver ta misérable personne.
Sirius rigole.
-Et toi tu es toujours seul, Servil...
-On veut simplement savoir ce qu'il en est de Harry ! Interrompt Remus.
-Alors peut-être devriez-vous baisser vos baguettes. Lance Minerva qui s'est levée pour venir se placer aux côtés du professeur de Potions. Je pense que tous ici avons vécu une nuit plus qu'éreintante pour laquelle nous souhaiterions des réponses. Des réponses que nous n'aurons pas si vous continuez à en terroriser les protagonistes.
C'est Lupin qui baisse sa baguette le premier, suivi par Rogue et finalement Black. De l'aversion toujours présente dans leurs regards ils se reculent, refusant tous les trois de prendre place autour de la table.
-Bien, merci messieurs. Maintenant Poppy, nous t'écoutons. Dit la directrice de Gryffondor en se tournant vers son amie.
L'infirmière soupire en lançant un regard désapprobateur aux trois adultes, s'attardant un peu plus sur les deux anciens Gryffondors. Elle se souvient d'avoir dû soigner plus d'une fois Severus après qu'il soit tombé sur les célèbres Maraudeurs.
Elle secoue la tête, revient dans le présent.
-Miss Granger et Monsieur Weasley vont bien, si ce n'est qu'ils sont épuisés. Commence Poppy.
Il y a un soupir de soulagement autour de la table.
-Pour Monsieur Malfoy et Potter c'est plus compliqué. Et je voudrais véritablement savoir ce qu'il s'est passé ce soir...
-Je pense qu'il est tant en effet d'entendre votre version, mes chers enfants. Enchérit Albus, ses yeux sans colère juste un peu inquiets.
Il y a un silence. D'une minute, peut-être un peu plus, les trois jeunes sorciers se regardent, communiquent silencieusement, et finalement semblent trouver un accord.
Granger sera leur porte parole.
Elle se racle la gorge et pose son regard sur Rogue, comme si c'était à lui et lui seul qu'elle – qu'ils- devaient se justifier.
-C'est Harry qui est venu me réveiller. Il m'a dit que Ron venait aussi, mais il ne m'a pas dit pourquoi. Pas tout de suite. Il a dit de faire attention et de ne réveiller personne.
Elle se tait, fouille dans sa poche pour en sortir le Gallion qui a tout commencé.
-Il m'a montré ça. Elle dit en le jetant à Rogue qui le saisit en vol. C'est un système que j'ai inventé pour...
Elle ferme la bouche.
-Nous sommes au courant du club de défense que Potter et vous avez mis en place, Miss Granger... Rassure Minerva.
-Et je dois avouer que je suis plutôt content du nom. Sourit Dumbledore.
Ron et Hermione partagent un petit rire.
-La Gallion doit donner l'heure et la date du prochain rendez-vous de l'A.D, mais on peut modifier son utilité. C'est ce que Drago à fait. Continue la jeune fille.
-Et qu'il y avait-il de marquer sur ce Gallion ? Demande Remus.
- « Help ». Répond Hermione.
-Et vous y êtes allés ? C'est Sirius qui s'insurge. Ca aurait pu être un piège ! Qui sait si ce n'en est pas un, si ça se trouve cette petite vermine travaille avec Rogue et maintenant il vous pouvoir fournir des informations de l'intérieur !
-En quoi penses-tu que consiste le rôle d'un agent double, Black ? Demande Severus.
-La ferme, Servilus ! Je suis persuadé que tu fournis à ton Maitre bien plus que tu ne veux bien nous le dire.
-Il nous a sauvé ! Etrangement c'est Ron qui a crié. Surpris par son propre enthousiasme à défendre son professeur détesté, il baisse la tête mais continue. Il nous a sauvé, et... Et il aide Harry aussi. Je, je ne sais pas trop comment, mais il l'aide...vraiment... Et Malfoy...
Le jeune sorcier soupire. Puis un peu désolé regarde son père.
-Il était enfermé, et là-bas ils torturaient des gens. Et il y avait les Lestranges et d'autres et son père et...
-La ferme, Weasley. Drago n'a pas levé la tête. Et Ron continue.
-Je ne voulais pas y aller, j'ai dit à Harry que c'était surement un piège et que de touts façons je n'allais pas risquer ma peau pour ce crétin !
Du coin de l'oeil Rogue voit les lèvres de Drago s'étirer un peu, malgré sa tête baissée.
-Mais c'était pas un piège, vraiment pas... Termine Ron.
Une seconde un silence s'installe, avant que Poppy ne reprenne la parole.
-Monsieur Malfoy ne consent à me dire ce qu'il s'est réellement passé durant ces vacances, je peux seulement dire qu'il est mal-nourri, que sa main gauche est entièrement cassée, qu'il a trois côtes cassées dont une qui a perforé son poumon droit. Il m'a laissé soigner ses côtes mais refuse que je touche à sa main n'y même que je traite sa commotion cérébrale.
-Drago ?... Demande la voix de Rogue.
Le sorcier blond secoue la tête, serre le poing droit. Il ne dira rien.
Pas pour le moment.
Même si sa tête fait mal et que la nausée pèse dans son estomac.
Il ne parlera pas.
Rogue soupire, s'avance, doucement laisse sa main se perdre sur la tête du plus jeune Malfoy.
Un instant il se perd dans ses souvenirs. Vieux souvenirs.
Et il se revoit à vingt ans tout juste. Tout nouvel espion pour la Lumière apeurée d'être découvert par son Maitre toujours plus puissant, il est dans le jardin d'Hiver avec les autres. Les vrais. Les fous. Ceux qui ne jurent que par le Mal et la douleur.
Soudain il y a une main sur son épaule, une main fine et blanche.
Une main douce.
Narcissa.
Et dans ses bras un bébé. Déjà blond.
Souriant tandis qu'il mange son poing.
Et tellement de confiance dans son regard.
Pour lui.
Lui qui ne fait que trahir.
-Lucius a besoin de moi et je suis certaine qu'il serait fier de faire passer ce petit dragon de main en main, mais si je pouvais préserver encore un peu son innocence...
Et il avait compris.
Peut-être qu'elle aussi.
Peut-être savait-elle déjà qu'il n'était pas entièrement fidèle à la noirceur de ses comparses.
Il avait tendu les bras et elle lui avait passé son précieux fardeau.
Drago était resté là, dans ses bras, contre son torse, silencieux mais content, une heure durant.
Et son cœur à lui avait repris un peu de légèreté.
-Drago, il essaie de nouveau en venant se placer devant l'adolescent. Où est Narcissa ? Mais une fois encore le jeune sorcier ne dit rien. Replie simplement ses jambes sur le fauteuil et vient poser sa tête sur l'accoudoir.
-Severus ? Questionne Dumbledore.
Le maitre des Potions secoue la tête. Ils n'auront pas de réponse ce soir. Cette nuit. Ce matin.
-Potter ? Il demande alors en se tournant vers Poppy.
L'infirmière soupire.
-Il y a plusieurs choses que je ne comprends pas. Comme Drago il est mal-nourri, bien que plus sévèrement, mais surtout épuisé, son énergie aussi bien vitale que magique est extrêmement faible.
-Il a subit le sortilège Doloris, explique Rogue. Cinq fois...
Il y a des inspirations de terreur dans la pièce.
-Par Tom lui-même ? Questionne Dumbledore.
Rogue acquiesce, s'approche de Harry, avec tendresse replace le plaid, l'enroule un peu plus. Et Sectumsempra également.
Poppy hoche la tête.
-Ça explique les troubles nerveux et le manque d'oxygène et de globules rouges dans ses analyses... Elle s'arrête une seconde, se tourne vers son directeur.
-Il est a bout Albus. Ses organes, son cœur...Il... Il a besoin de repos, beaucoup de repos et de sécurité. Monsieur Malfoy également.
Dumbledore acquiesce. A ses côtés Arthur se lève.
-Ron, Hermione je vais vous ramener au Square, Molly est folle d'inquiétude.
Mais les deux adolescents secouent la tête.
-On reste avec Harry. Dit Ron sans hésitation.
-Ronald...
-Arthur, l'école réouvre demain, Ronald et Miss Granger sont les bienvenus pour rester ici ce soir. Intervient Albus.
Arthur hésite un instant, puis finalement.
-Très bien, mais il faut tout de même que je rassure Molly. Si nous pouvions utiliser votre cheminée Albus?
-Certainement. Peut-on utiliser votre réseau Severus.
Rogue acquiesce et une seconde plus tard Weasley père et fils ainsi qu'Hermione ont disparu de la cheminée.
-Harry rentre au Square. Dit soudain Sirius en venant s'accroupir près de la tête de son filleul. Je m'assurerai qu'il ait le repos nécessaire. Il continue en passant une main dans les cheveux en bataille du jeune sorcier.
Rogue grogne.
-Un problème Rogue ?
-Potter est soumis a des visions. Des visions venant directement du lien qu'il partage avec le Seigneur des Ténèbres. Pour venir à bout de ses visions et briser le lien Potter doit apprendre l'Occlumencie, or je ne crois pas que cette matière fasse partie de ton immense savoir magique.
-Je ne vais pas laisser mon filleul entre tes mains Rogue, oublie ça ! Tu peux garder la vermine. Il dit en lançant un regard à Drago.
-Ça suffit Sirius ! C'est McGonagall qui a crié. Vous n'avez plus quinze ans Monsieur Black, et si cette attitude était pardonnable alors, elle ne l'est plus. Drago Malfoy a fait un pas vers la lumière et je ne vous laisserais pas minimiser cet acte avec votre envie de croire qu'on ne peut pas changer ! Est-ce que Peter ne vous a rien appris, ou Régulus ?
A ce nom Sirius se tend.
-Minerva...
-Les gens changent Sirius, et quand ils changent en bien c'est une main qu'il faut leur tendre et non pas pointer une baguette !
Patmol soupire.
-Harry viens quand même avec nous. Il dit en se tournant vers Remus. Ce dernier regarde Albus qui secoue la tête.
-Je crains que ça ne soit pas possible Sirius, Harry doit être protégé...
-Exactement ! Protégé et rassuré, deux mots qui ne font même pas parti du vocabulaire de Ro...
-Protégé par plus que des actes, j'entends. Protégé par de la Magie.
Minerva comprend. Roque également.
-Albus, vous n'êtes pas sérieux ? Demande McGonagall.
-Il n'y a pas d'autres choix Minerva. Tom devient puissant et avec Ombrage ici, mes jours sont comptés, le Ministère ne va pas tarder à mettre la main sur Poudlard...
-Vous êtes plus fou que je ne le croyais si vous pensez que je vais vous laissez faire Monsieur le directeur... Dit seulement Rogue.
-Severus... Les protections magiques de Privet Drive...
-Il en est hors de question ! Rage le professeur.
-Que se passe t-il exactement a Little Whinging, Albus ? Demande Lupin, une étrange sensation venant lui tordre l'estomac.
Sensation qui s'amplifie quand il voit le regard sombre de Rogue devenir noir.
-Oui, Albus que se passe t-il ? Peut-être pourriez-vous expliquer à Poppy pourquoi Potter est encore mal-nourri alors que ça fait quatre mois qu'il est à Poudlard ou pourquoi il est épuisé ?
-Je crois, malheureusement, que vous en savez plus à ce sujet que moi Severus... Concède le sorcier.
-Exactement ! Et je ne vous laisserai pas l'emmener chez ces philistins de Dursley !
-Severus quand viendra l'été... Essaye encore Dumbledore.
-Nous ne sommes pas en été. Potter reste là !
-Certainement pas ! Lance Sirius en se levant pour venir face à Rogue.
-Tu ne sais rien, Black. Tu ne vois que ce que tu veux voir. Vous le faites tous. Vous ne voulez voir que James... Mais c'est à Lily qu'il ressemble !
-Ah, alors maintenant c'est Lily, plus Sang-de-b...
Il ne voit pas le poing qui vient s'abattre sur son visage.
-La ferme !
Sirius lève sa baguette un sort déjà sur les lèvres mais Remus se place devant lui. Regarde Rogue.
-Qu'est-ce qu'il se passe avec Pétunia, Severus ? Il dit calmement.
Rogue ne veut rien dire. Pendant une minute il reste muet, puis se dit qu'il va lui falloir des alliés, pour contrer les desseins de Dumbledore.
Doucement il revient vers Harry, se place sur le bord du sofa et doucement le fait s'asseoir.
Entre ses mains, contre sa poitrine, il sent les tremblements incessants, la respiration laborieuse, et encore une fois il voudrait le serrer dans ses bras.
N'en fait rien.
Soulève simplement le tee-shirt du jeune sorcier, un de ceux qu'il lui a prêté, pour découvrir son dos.
Et la mémoire de Privet Drive.
Du coin de l'oeil il voir Drago se tendre. Avant de reposer sa tête sur l'accoudoir et de fermer les yeux.
Puis son regard trouve ceux des deux anciens Gryffondors.
-Pétunia a fait ça ? Demande Lupin.
Severus secoue la tête, baisse le tee-shirt, et vient tendrement soulever la masse de cheveux à l'arrière du crâne de Harry, révélant trois immense cicatrices.
-Elle a fait ça. Il grogne. Avec une poêle, quand il avait trois, cinq et neuf ans. Il cache de nouveau les stigmate d'une enfance malheureuse, et repositionne Harry sur le sofa, sa main se perdant une seconde sur son front chaud.
Sans un mot, il fait apparaître une fiole pour réduire la fièvre et une autre pour remplacer le sang qu'il a perdu.
Il soulève la tête du jeune sorcier et l'aide à boire.
Potter gémit mais n'ouvre pas les yeux, perdu dans ses tourments et sa fatigue.
-Vernon Dursley est majoritairement responsable du dos de Potter bien que son cousin ne soit pas totalement innocent. Il ne retournera pas là-bas, pas maintenant.
Poppy acquiesce, Minerva également et enfin Remus.
-Très bien, abdique Dumbledore. Mais je ne pense pas que le Square Grimmaurd soit l'idéal pour que Harry... récupère. Sans compter Kreattur...
Encore une fois Lupin acquiesce.
-Il devrait rester là... Dit le Loup-Garou.
-Lunard ! Grogne Sirius.
-Je suis désolé Patmol, mais il semble faire confiance à Severus, aucun de nous ne savait pour... pour les Dursley.
-Peut-être que vous devriez lui demander ? Fait la voix timide de Drago. Il n'a pas levé sa tête de l'accoudoir et ses yeux sont seulement sur Rogue quand il répète. Peut-être que Potter sait où il veut rester?...
Minerva sourit.
-Très bonne idée Monsieur Malfoy. Et quant à vous je suppose que vous ne voyez pas d'inconvénient à rester ici ?
Drago se relève un peu, regarde toujours Rogue qui le rassure.
-Ici dans mes appartements Drago. Il assure.
Le sorcier blond hoche seulement la tête avant de la reposer contre le fauteuil, ses yeux sur Potter.
Albus pointe sa baguette sur Harry pour le réveiller doucement quand Rogue attrape son poignet.
-Il sait. Il dit seulement.
Albus fronce les sourcils, Minerva aussi. Severus explique.
-Il sait pour la prophétie. Il ne l'a pas entendu mais il sait qu'elle existe et qu'elle parle de lui et de détruire Vous-Savez-Qui.
Dumbledore ferme les yeux une seconde.
Le jeu ne fait que changer. Des nouveaux joueurs, de nouvelles pistes...
-Est-ce qu'il sait ? Demande le vieux sorcier.
-Que c'est moi qui ai fourni la prophétie ? Oui...
Un silence, les autres semblent comprendre.
-Jamais il ne voudra rester avec celui qui a trahi James et Lily. Dit seulement Sirius.
-Peter a trahi James, Sirius... Peter... Répond Remus.
Autre silence, avant que d'un geste rapide à l'aide de sa baguette Dumbledore ne réveille Harry.
Il n'a pas ouvert les yeux que déjà il se cambre sous la douleur, un cri déchirant s'échappant de ses lèvres, tandis que ses mains viennent griffer sa cicatrice.
Sirius est là dans la seconde, Remus aussi.
Ils attrapent ses mains, le relèvent, le supplient de se calmer.
Harry ouvre les yeux, les voit, ça le rassure, son cœur se calme, mais la fatigue est partout, comme la douleur et sa respiration qui hoquette.
Et les souvenirs.
Malfoy dans le placard, Hermione et lui derrière les piliers. Rogue. Ron avec sa baguette pointée sur leur professeur. Lucius. Sa cicatrice. Rogue qui part avec les autres. Qui les sauve. Et lui. Et le marbre. Et la douleur. Rogue encore. La prophétie. Voldemort. Rogue. La douleur qui déchire sa peau. Rogue. Puis Dobby. Et Rogue. Encore. Toujours.
Il ouvre de nouveau les yeux, sourit un peu, essaye, mais sa poitrine le tiraille, il ouvre la bouche. Aucun son, il réessaye mais sa gorge est en feu. Comme son corps entier.
Il se mord la lèvre. S'en veut de ne pas trouver assez de réconfort dans les deux amis de son père.
Remus semble comprendre.
Il lui sourit à son tour, puis pose sa main sur l'épaule de son plus vieil ami. Secoue la tête. Black fronce les sourcils, veut dire quelque chose, mais la pression sur son épaule le fait abdiquer.
Il laisse sa place.
Et le cœur de Harry se calme un peu plus encore.
Rogue est là.
Avec l'odeur de souffre et de menthe.
Il ne sourit pas. Mais ses yeux sont calmes, apaisés.
Sans rien dire, il vient poser sa main contre le torse de Harry, laisse son pouce y faire des cercles rassurant.
-Vous êtes un idiot, Potter. Il dit seulement.
Et le jeune sorcier sourit un peu.
-Drago ? Il demande.
Severus se décale un peu, laisse les deux adolescents partager un regard, une paix aussi.
-Désolé, il dit alors en regardant Rogue, puis Sirius et Remus.
Les trois adultes secouent la tête.
-C'est une discussion pour plus tard. Répond Rogue.
Dumbledore approche, demande.
-Harry, Madame Pomfresh nous a fait part d'un diagnostic inquiétant. Et Severus nous a éclairé sur ce qui pouvait se passer chez ton oncle et ta tante...
A la mention des Dursley Harry se tend, panique.
Rogue garde sa main contre son torse, glisse la seconde sous sa nuque, ses doigts jouant avec les cheveux à l'arrière de la tête du jeune sorcier.
-Doucement Potter, il dit simplement.
Minerva sourit vraiment.
Harry se calme.
-Je... je … ne veux pas … y retourner... Il dit entre des respirations haletantes. Pas... maintenant.
-Harry, tu pourrais venir chez moi, avec Remus, juste le temps de récupérer, après tu reviendrais à Poudlard et pour cet été, on trouvera quelque chose...
Harry voudrait dire oui. Vraiment.
Evidemment.
Il a voulu ça depuis le jour où Sirius est entré dans sa vie.
Vivre avec son Parrain.
Et Remus aussi.
Peut-être même Tonks.
Seulement il y a eu les quatre derniers mois.
Et la main sur son torse qu'il sent trembler.
Peut-être sous les réminiscences du Doloris.
Peut-être parce que lui aussi ne sait pas ce qu'ils sont devenus.
Mais ils sont devenus quelque chose.
Quelque chose qu'il veut garder.
Quelque chose qu'il aime.
Alors avec le courage du Gryffondor qu'il est, il regarde son parrain et un peu désolé secoue la tête.
-Je... Je veux... rester là... Il commence. Si... si je peux ?...
La main contre sa nuque se serre doucement tandis que Rogue acquiesce.
Soudain il y a « Pop » énorme avant qu'une porte n'apparaisse, juste à côté de la chambre de Severus.
Albus rit, Poppy sursaute, Minerva aussi.
-Et bien, il semblerait que le château approuve, remarque simplement le Directeur dans un sourire, puis sentant les yeux de Harry sur lui, il ajoute. Je vais vous laisser, je voudrais m'assurer que Molly n'a pas ravagé mon bureau.
Puis il disparaît dans une flambée verte, Poppy le suit demandant à Severus de l'appeler au moindre problème.
Le maitre des Potions acquiesce et elle disparaît.
Remus approche, pose une main sur le genoux de Harry.
-On se voit bientôt, Harry, il dit simplement dans un clin d'oeil avant de se diriger à son tour vers la cheminée. Patmol ?
Sirius grogne, vient vers Harry.
-Tu as toujours le miroir ?
Le jeune sorcier acquiesce.
-Utilise-le, pour n'importe quoi, d'accord ?
-Okay Patmol.
Sirius sourit, puis suit Remus tous deux repartant vers Londres.
Il ne reste alors que Minerva.
Et le drôle de nouveau trio.
Un peu cassé.
Un peu bancal.
Mais vivant.
La sorcière se dirige, curieuse, vers la porte qui vient d'apparaitre, elle l'ouvre et sourit devant ce qu'elle y découvre.
La pièce est immense. Aussi grande que le salon, elle se compose de deux lits a baldaquin l'un aux couleurs de Gryffondor le second aux couleurs de Serpentard. Il y a aussi deux bureaux, une salle de bain, un mur entier pour une bibliothèque et une cheminée.
Le château et sa magie.
-Il semblerait que vous soyez également le bienvenu Monsieur Malfoy. Elle rassure le jeune sorcier qui ne semble plus savoir ce qu'il fait là.
Drago sourit un peu.
-Bien, je vais vous abandonner également, dans l'espoir de trouver un peu de sommeil, mais je repasserai demain Severus. Elle dit doucement.
Rogue rassure Harry d'un regard avant de se relever et d'accompagner McGonagall jusque devant l'âtre.
-Merci Minerva. Il dit sincère.
Elle sourit, pose une main sur son avant bras.
-Ne me remerciez pas tout de suite, le chemin va être long...
Severus hausse les épaules, et dans un mouvement qui le surprend embrasse la joue de la directrice de Gryffondor.
-Merci quand même...
Et elle s'en va, juste un peu rougissante, tandis que quand il se retourne le professeur de Potions tombe sur deux adolescents aux sourires moqueurs.
-Pas un mot... Il grogne.
Les deux autres rient doucement.
Le chemin commence.
A suivre.
NdA : Désolée pour l'attente mais voilà une (longue) suite ! En espérant qu'elle vous plaise, merci pour vos gentils mots à très vite. Belle journée !
