13.
Des Horcruxes. Une légende parmi les légendes. Un acte horrible, immoral, une torture sans nom.
Finalement tout ce qui pourrait décrire le Seigneur des Ténèbres.
Découper son âme.
La trancher.
Pas une fois mais cinq. Peut-être plus.
Il sent son estomac se révulser, lui le Mangemort, et dans son salon les autres font de même.
Immortel. Le Mage noir s'est rendu immortel ou presque.
Severus voudrait hurler.
Reste silencieux.
Quelque part dans sa tête une voix lui murmure de prendre Drago, Harry et de partir, de s'enfuir.
De laisser la torture, la chasse et tous les malheurs qui vont en découler à d'autres.
Qu'importe la prophétie.
Qu'importe l'espionnage.
Mais il ne fait rien.
Bien sûr.
Parce qu'il sait ce que le règne de Voldemort signifie.
Il l'a déjà vécu, en a fait partie même.
De la terreur.
Il serre les dents et regarde vers la porte fermée de la chambre qui est apparue dans ses quartiers.
Il connait la prophétie, entière, Albus lui a montré son souvenir quand il a juré de protéger Harry.
Il sait le destin de l'adolescent, de l'enfant vraiment, qui se trouve derrière cette porte.
Et il serre les poings.
-Monsieur, fait soudain la voix d'Hermione en regardant Dumbledore. Que sont ces Horcruxes, je ne crois pas en avoir déjà entendu parler.
Dumbledore sourit, un peu tristement.
-Il serait très dur pour vous, Miss Granger de trouver un ouvrage qui parle des Horcruxes...
Sur leurs fauteuils les trois plus jeunes sorciers se sont redressés, écoutent, attentifs.
-Ce sont des artefacts d'une immenses magie noire, car pour les créer il faut succomber à l'acte le plus terrible qu'il soit...
-Le meurtre, comprend Granger.
-En effet... Acquiesce Dumbledore.
-On connait tous l'affection particulière, du vieux serpent, pour ce genre d'acte. Intervient Sirius. Qu'en fait-il ensuite de ces Hor-choses.
-Une partie de l'âme de Voldemort est ancrée dans ces objets. Cinq, si on en croit la liste que notre jeune Drago nous a apporté. Je suppose donc qu'il les a caché, ou qu'il essaye encore de la faire...
Le silence est assourdissant.
Contre toute attente c'est Remus qui le brise.
-Si je comprends bien, pour venir à bout de Vous-Savez-Qui, il va falloir aller à la chasse de ses morceaux d'âme qu'il a certainement pris soin de cacher dans des endroits inaccessibles.
-Il semblerait...
-Tout ça sans l'aide du Ministère, en essayant de contrer l'influence d'Ombrage à Poudlard et en protégeant Harry et Drago ? Continue Minerva
Albus acquiesce.
-Ça pourrait prendre des années Albus ! S'insurge Molly.
-Oh, j'en ai bien conscience, mais j'ai aussi plus d'un tour dans mon sac, il dit en regardant Hermione, l'expression est-elle la bonne ?
Elle sourit un peu en approuvant. Il continue.
-Le Ministère ne va pas tarder à m'évincer, Kingsley et moi-même sommes conscients de cette fatalité, cependant ça pourrait être une aubaine aujourd'hui, je pourrais commencer à chercher où trouver ces Horcruxes. Sans compter Severus...
Sirius grogne, mais le professeur n'a pas le temps d'ajouter quoique soit, soudain une douleur brûle son avant-bras.
Sans un mot, il se lève, file vers sa chambre, revient avec sac qu'on pourrait croire militaire.
-Je serai de retour pour le festin. Il dit en regardant Dumbledore, puis se tournant vers Tonks. Assurez-vous que le plan soit en place.
La sorcière acquiesce.
Rogue hésite une seconde, se tourne vers Minerva, ouvra la bouche, mais elle le devance, comprenant.
-Je vais rester là.
Il lui offre un hochement de tête, soulagé, puis disparaît dans les couloirs de Poudlard.
Ils ne sont pas nombreux. Seulement le cercle proche.
Bellatrix.
Lucius.
Rodolphus.
Rabastan.
Walden.
Augustus.
Et lui.
Leur Maitre n'a pas l'air en colère et c'est souvent là qu'il est le plus dangereux. Le manque de colère signifie le besoin de réponses.
Des réponses claires. Vraies.
Et rapides.
C'est par lui que ça commence.
-Severus... Dit Voldemort en s'approchant du Maitre des Potions. Harry Potter a disparu. Drago Malfoy s'est enfui et toi que sais-tu ?
-Je sais où les trouver mon Maitre.
L'effet est immédiat. Autour de lui le cercle se tend.
Une excitation teintée de peur.
Bellatrix déjà a un rire mauvais coincé dans la gorge.
-Tu le sais ?... Questionne le Mage noir, douteux, Nagini encerclant presque les chevilles de Severus.
S'il ment ou si l'information est mauvaise il souffrira.
Le reste du cercle aussi.
-Je le sais Maitre, mais il faudra agir vite, Potter et... Drago sont mal en point, faibles, l'endroit où Dumbledore les a cachés n'est que temporaire, ensuite il les mettra sous le charme Fidelitas, et deviendra sans aucun doute le Gardien du secret.
Voldemort semble sourire ou grincer des dents.
-Où sont-ils ?
-Dans le Comté de Bristol à la frontière du Wittshire, Maitre.
-Pourquoi si loin ?
-C'est une vieille base de l'Ordre, Dumbledore ne veut éveiller la curiosité de personne.
-Ce pauvre fou...Rookwood, Macnair, allez vérifier cette information, je veux des détails, précis.
Les deux hommes s'inclinent sans un mot avant de disparaître.
Il ne leur faut qu'une vingtaine de minutes à peine pour apparaître de nouveau.
Déjà ils s'agenouillent attrape la robe de leur Maitre et racontent sans jamais rencontrer son regard.
-Nous les avons vus, Maitre, ils sont là-bas tous les deux. Une maison sans importance mais il y a des Aurors et des boucliers de protection. Enormément.
-Qu'avez-vous vu ? Grogne leur Maitre.
-Potter est inconscient, il... il y avait des médecins de St Mungo's, Malfoy nous ne l'avons qu'aperçu mais lui aussi était soutenu par des Aurors... Nous n'avons pas pu nous approcher de peur de nous faire repérer...
-La peur... Tu as eu peur Walden ? Toi aussi Augustus ?
-Maitre...
-Endoloris !
Rookwood s'écroule le premier, Macnair est le suivant.
La torture ne dure pas, après tout il a eu son information.
Les deux sous-fifres se relèvent, regagnent leur place dans le cercle, Voldemort rappelle Nagini, laisse Rogue libre, pour le moment.
-Nous laisserons donc, l'Elu et le traitre tranquille pour le moment, je veux savoir quand ils seront déplacés Severus, et je veux surtout savoir quand ce sénile de Dumbledore les autorisera à revenir à Poudlard... C'est là que nous actionnerons notre plan...
Le silence.
Apparemment personne n'est au courant du plan.
C'est Bellatrix qui a le courage de demander.
-Notre plan, Maitre ?
Voldemort caresse doucement Nagini, le serpent ce tordant dans ses mains, s'enroulant sur ses épaules avant de revenir à ses côtés.
Il sourit.
-Notre plan Bella est de détruire tout ce qu'a construit Albus Dumbledore. C'est de remettre à leur place tous ces Sang-Mélés et ces Sang-De-Bourbes. Notre plan mes amis c'est d'attaquer Poudlard, et de tuer Dumbledore...
Il y a une seconde de silence avant que les Mangemorts n'explosent de joie.
D'enthousiasme.
Et de soif de pouvoir
Voldemort lève sa main et le silence revient, les sourires restent là bien en place même quand il fait un pas vers Severus.
-Et à ce moment là quand mon plan sera si parfait que la seule issue sera la victoire, alors je veux Potter et ce traitre de Drago. Je les veux à mes pieds tandis que je anéantirai Dumbledore. Ensuite... Il s'arrête rit, glace le sang de Rogue puis termine. Ensuite je les tuerai, longuement...
Les cris et les rires reprennent, Severus sourit en coin, bloquant de toutes ses forces son esprit, malgré les images incessantes des deux adolescents qui s'y bousculent.
-Je les veux vivants Severus, je les veux forts et prêts pour la bataille. Alors débrouille-toi mais deviens leur gardien, leur protecteur. Vas où t'enverra Dumbledore pour les protéger mais je veux tuer Harry Potter au sommet de sa gloire. Comme son mentor. Drago ne sera qu'un bonus...
-Bien Maitre, abdique Rogue, soulagé presque, que le Seigneur des Ténèbres viennent de le sommer de faire ce qu'il espère fournir.
De la sécurité.
Et des soins.
-Bella, Lucius, vous restez, Severus, toi aussi, les autres vous êtes remerciés. Restez sur vos gardes mais ne faites rien, surveiller la prophétie, mais pas d'actions. Restons tranquille pour le moment. Laissons les croire que nous sommes encore faibles...
Il y a murmure d'approbation avant qu'ils ne soient plus que quatre.
Trois servants et un Maitre.
-Quedevert ! Grince Jedusor.
Dans un coin un rat couine avant de s'approcher, peureux et de se transformer en un homme presque chauve, rondouillard et sale.
-Mai..Maitre ?... Il dit en s'agenouillant, ses petits yeux plissés, son nez sniffant de manière incessante.
-L'as-tu trouver ? Demande Voldemort.
-Pas encore Maitre, mais... mais j'ai une piste près de Nice...
-Je ne veux pas de piste, Quedevert, je la veux elle. Je veux son cou dans ma main pour le lui briser...
-O...Oui Maitre, mais peut-être que...que Lu... Lucius...
-Je ne sais pas où elle se trouve Maitre, si je le savais je vous la livrerai...infâme traitresse.
-Humm, tu sais qu'il ne te reste plus aucune chance Lucius. D'abord mon journal, puis ton épouse et désormais ton fils... La fin semble proche, la dynastie Malfoy s'effrite et se meurt.
-Je les tuerai, Maitre, tous les deux...
-Humm, nous verrons Lucius, nous verrons... Quand est-il du reste Quedevert ?
-En sécurité Maitre, Bella s'est assurée que les Gobelins ne soupçonnent rien.
-Parfait.
Puis le mage noir se tourne vers Rogue.
-Sais-tu ce que sont des Horcruxes Severus ?
-Seulement la théorie qui les entoure Maitre.
Voldemort, « hum » doucement, en s'asseyant sur un trône improvisé au milieu du hall du Manoir.
Lentement il caresse Nagini, la chérie, la protège presque.
-Si je ne suis pas mort ce soir là, c'est parce que mes Horcruxes m'ont sauvé.
-Vos Horcruxes, Maitre ?
-Je suis puissant Severus, terriblement puissant et j'ai créé l'immortalité.
Il rit tandis que Nagini s'enroule sur ses épaules.
-J'ai créé six Horcruxes et tu sais ce que l'on doit faire pour les créer, n'est-ce pas Severus ?
-Je le sais.
-Lucius en a gaspillé un, mais depuis ma réapparition je me suis donné pour mission de protéger ceux qui ne le sont pas assez et j'ai besoin de toi.
-Je ne vis que pour vous servir.
-Je le sais, mon fidèle serviteur, je le sais.
Il y a un silence, une hésitation incertaine encore qui retient Voldemort de tout dévoiler.
Puis il se décide.
-Trois de ces Horcruxes sont inatteignables. J'en suis certain. Le journal n'est plus, Bella et Quedevert se sont occupés d'en protéger un et je voudrais que tu trouves le dernier. Que tu le retrouves devrais-je dire.
-Où est-il Maitre ?
-A Poudlard, dans un endroit spécial, un endroit que seuls ceux qui le désirent vraiment peuvent découvrir.
Rogue comprend.
-Tu connais cet endroit Severus ?
-Oui Maitre.
-Bien, tu devras trouver un objet appartenant Rowena Serdaigle, il sera là-bas, caché. Trouve-le et garde-le. Précieusement.
-Je le ferai Maitre.
-J'en suis sûr.
Il sourit, ses dents grises et pointues apparaissant furtivement avant qu'il ne disparaisse sans un bruit.
Aucun.
C'est un chaos étrangement silencieux mais désormais connu qui l'accueille.
Il s'est débarrassé de son attirail de Mangemort sur le chemin du cachot et ne porte qu'un pantalon noir et une chemise de la même couleur quand il entre dans ses appartements.
Albus et Minerva sont encore là, tous les deux accroupis près du sofa, semblant essayer de calmer Harry.
Severus soupire.
Potter est devenu Harry et s'il se savait perdu, maintenant il en est certain.
Il ne sait pas vraiment comment s'est arrivé, mais désormais il ne peut plus faire marche arrière.
N'en a même pas l'envie.
Drago est toujours sur son fauteuil. Le front en sueur, les lèvres un peu trop bleutées, la main de Minerva dans la sienne, il semble être endormi.
Mais pas paisiblement.
Le reste de l'Ordre n'est plus là.
Et il est soulagé.
Sentant sa présence McGonagall relève la tête, croise son regard avant de poser sa main libre sur l'épaule d'Albus.
Le directeur quitte Harry des yeux pour trouver Rogue.
-Il s'est réveillé en hurlant. Il vous cherchait. Il semblerait qu'il ne puisse plus bloquer les visions, ni la panique. Explique tristement Dumbledore. Son énergie est trop faible.
Severus comprend, s'approche.
-Drago ? Il demande avant de venir s'assoir sur le rebord du sofa, tandis que Minerva et Albus lui laissent la place.
-Poppy nous a prévenu que son taux d'oxygène serait variable durant les prochains jours, dû à sa blessure au poumon. La fièvre est à surveiller, pour ne pas basculer vers une infection. Explique McGonagall libérant doucement sa main avant d'envelopper Drago plus profondément dans le plaid de laine.
Rogue passe une main rapide sur le front du sorcier blond, fronce un peu les sourcils avant de faire venir une potion contre la fièvre.
-Laissez-le dormir pour le moment. Insiste Dumbledore.
Rogue acquiesce avant de se tourner vers Harry, tremblant, convulsant, presque, pas endormi mais les yeux fermés, les traits tirés, les sourcils froncés, les poings serrés.
-Potter... Il commence doucement.
L'adolescent secoue la tête, desserre ses dents.
-Ha.. Harry... Il dit dans un souffle.
Severus expire.
Dumbledore insiste.
-J'ai essayé de bloquer les visions à sa place, mais j'ai bien peur que sa magie restante soit hostile à toute autre énergie magique.
-Comment expliquer que le lien entre le Seigneur de Ténèbres et Potter fonctionne encore.
-C'est la question que je me suis posé également. Répond Dumbledore. Et grâce aux éléments apportés par le jeune Drago, je pense avoir un début de réponse.
Doucement il écarte les cheveux du jeune sorcier et vient de son pouce effleurer la cicatrice en forme d'éclair.
-Albus ? Questionne Minerva.
Mais le vieux sorcier secoue seulement la tête.
-Plus tard, mes amis, plus tard. Il faut que je sois certain. Les choses... Les choses changent, elles bougent et le destin reste fébrile.
Rogue secoue la tête, puis d'un geste de baguette fait apparaître le pot de baume bleu désormais si familier.
Doucement il amène Harry vers lui, le sorcier grogne sous la douleur du mouvement avant de se laisser aller contre le torse de son professeur. Il ne l'aide pas, trop épuisé, quand Severus enlève son tee-shirt. Il frissonne malgré le feu qui brûle à pleine bûches dans la cheminée.
-Tout va bien, le rassure Rogue sans y faire vraiment attention.
-Je... J'ai... Tente Harry.
-Je sais, Potter, je sais. Assure le Maitre des Potions en allongeant de nouveau l'adolescent. Sa main gauche restant un moment contre sa nuque tendue et suante.
-Ha... Harry... Demande encore le sorcier.
Rogue ne répond pas, ouvre le pot puis étale le baume sur la cage thoracique du sorcier blessé. Meurtri.
Avant de relater un autre récit. Une autre terreur.
-Il y en a six. Commence Severus.
Minerva s'est assise dans « son fauteuil », Dumbledore est toujours debout aux côtés du professeur de Potions.
-Six Horcruxes. Cinq, en fait le journal de Jedusor en était un.
Dumbledore acquiesce doucement.
-Il était sur la liste que nous a fourni Drago. Le journal, une coupe, une bague, un médaillon et un diadème.
-Il en existe un sixième. Un que le Seigneur des Ténèbres pense extrêmement bien protégé comme deux autres qu'il pense inaccessible et en sécurité.
-Des pistes pour les deux restants ?
-L'un se trouve ici à Poudlard. Je suis chargé de le trouver et d'en prendre soin. L'autre a été confié aux soins de Bellatrix et de Queudevert...
-Pettigrew ? Fait Minerva surprise. C'est inattendu.
-Son rôle dans la résurrection de notre Maitre lui a permis d'entrer dans le cercle restreint.
-Pas... Pas votr' Maitr... Rétorque la voix fatiguée de Harry, sa main venant se poser sur celle désormais immobile de Rogue sur son torse.
-Essayez de dormir... Répond seulement Severus.
Harry secoue la tête, tremblant de nouveau, alors comme plus tôt Severus le relève, l'habille de nouveau du tee-shirt puis fait venir le sweat qu'il imagine être resté dans la nouvelle chambre.
Quand il a terminé, il ne le rallonge pas. Le soulève seulement un peu afin de s'installer confortablement dans le sofa. Harry se recroqueville, laisse sa tête contre le torse de son professeur, tandis que Dumbledore dépose un plaid sur ses jambes.
Le festin de retour est dans moins six heures.
Il a le temps de faire s'endormir le jeune sorcier, sans magie. Comme sa mère faisait avec lui.
Eileen.
Après les colères de Tobias.
Les cris.
L'alcool.
Et les coups parfois.
Alors il l'encercle de ses bras, une main venant contre sa nuque son pouce y dessinant des cercles doux et l'autre dans ses cheveux, contre son front, passant et repassant, pour lui assurer qu'il n'est pas seul.
Qu'on le protège.
Qu'on veille sur lui.
Harry soupire, sans peine et avec abandon, il s'enfonce encore contre le corps de cet homme qu'il n'y a pas si longtemps, il pensait détester.
-Tout va bien, répète Severus. Il n'est plus là. Il ne peut pas venir...
Et dans sa tête résonne la voix de sa mère.
Et l'espoir de jours meilleurs.
A suivre.
NdA: Désolée pour l'attente mais j'ai eu pas mal de changement dans ma vie, plus un magnifique voyage à NY. Mais me revoilà. A très vite pour la suite et encore merci pour tous vos mots sublimes et touchants :)
