NdA:/!\ Ce chapitre navigue entre deux espaces temporels. Les paragraphes en italiques font partis du récit qui a mené les protagonistes à leur présent sur l'île.
Merci encore pour tous vos commentaires et à très vite pour la suite (promis l'angst s'arrête bientôt:) )
14.
Il regarde les vagues se briser sur le sable. Inlassablement. Elles s'écrasent et se reforment.
Encore.
Quelque part une mouette, un goéland peut-être, laisse échapper un cri.
Il soupire, amène sa tasse pleine de café noir à ses lèvres et se délecte de la chaleur qu'elle insuffle à son corps.
Derrière lui, il entend le bruissement des pages d'un livre que l'on tourne. Mais surtout le silence.
Il ne regarde pas vers le salon.
Son cœur est trop lourd, lourd de ne savoir comment les aider.
Tous les deux.
Albus a pensé que ça serait une solution.
Eriskay.
Petite ile perdue en mer d'Ecosse, devenue leur refuge.
Leur dernière chance presque.
Non, il ne faut pas qu'il pense comme ça.
Il doit seulement réussir à leur montrer que tout n'est pas fini.
Trouver l'étincelle.
Celle qui s'est éteinte bousculée par trop de vents.
Trop de bourrasques.
Il ne termine pas sa tasse, la pause sur la table de fer forgé de la véranda et se dirige vers le salon.
Harry est sur le canapé, enfouie sous deux plaids, il regarde le feu bruler dans la cheminée. Ses yeux hagards, comme souvent, sa silhouette émaciée et son corps tremblant.
Severus lui sourit, et le jeune sorcier tend une main vers son protecteur.
Il vient, se place sur le bord du canapé, laisse sa main libre passer dans les cheveux mal coiffés et le rassure, encore, encore, encore.
-Tout va bien, il dit doucement. Tout va bien.
Harry, serre sa main, avec la force qu'il lui reste, puis ferme les yeux.
Rogue reste une minute encore avec lui, sa main passant et repassant dans ses cheveux, son pouce caressant la cicatrice toujours enflammée désormais.
-Il a dormi cette nuit ? Il demande en regardant Drago, qui lit sur un fauteuil, l'air absent, les yeux cernés également.
Le jeune garçon blond secoue la tête.
Severus soupire.
-As-tu dormi ?
Autre négation de tête.
-Avec des mots Drago ?
Troisième négation.
Et énième soupire.
Il se lève, replace le plaid autour de Draco, vérifie la fièvre qui ne cesse de venir et de partir, l'infection de ses poumons ne se laissant pas abattre.
Comme tout le reste de leurs démons.
Un peu plus d'une semaine qu'ils sont ici, dans ce refuge, cachés de tous.
Des bons et des mauvais.
Albus connait l'endroit, Minerva aussi, mais les autres... Les autres doivent seulement croire la bonne parole de Dumbledore.
Tout va bien doit-il leur dire.
Un mensonge.
Pour rassurer, c'est vrai.
Mais faux néanmoins.
Drago... Drago ne parle pas, ne parle plus, ne lutte pas ou plus ou si peu contre la brûlure qui consume ses poumons. Par vagues.
De bons et de mauvais jours.
Et il ne dit rien.
Lit, se lève, grignote puis reste dans le fauteuil près de la cheminée, des livres s'entassant sur les accoudoirs.
Ses yeux parfois quittent les lignes des ouvrages pour venir sur la silhouette tout aussi mal en point de Harry.
Comme pour s'assurer qu'il va bien.
Ou pas trop mal.
Et qu'il est encore là.
Rogue pourrait sourire à l'idée de cette drôle de relation qui s'est nouée entre les deux adolescents.
Si vite.
Si facilement.
Ancrée déjà dans leurs attitudes et leurs faits et gestes.
Puisqu'ils ne parlent pas.
Ou si peu.
Ils ne dorment pas, aussi.
L'un de peur, l'autre de souvenirs.
Les nuits inter-changeant les raisons de leurs insomnies.
Et de leurs cauchemars.
Harry... Harry tremble, perd du poids, ne dort pas de peur de se lier au Seigneur de Ténèbres et se laisse engloutir par la panique plusieurs fois par jour.
Les mots, comme Drago l'ont déserté.
Une nuit quand il a plongé encore une fois contre son gré, dans l'esprit tordu de Jedusor pour assister à la scène qui a fait taire son ami.
Qui l'a brisé un peu plus.
Severus secoue la tête avant de se diriger vers la cuisine pour préparer un déjeuner que lui seul mangera.
Ou presque.
Il soupire, se demande comment Dumbledore peut croire qu'il peut aider ces deux garçons.
Comment Voldemort peut le croire aussi.
Les rendre forts.
Vaillant.
Des guerriers.
Eux qui ne sont plus que des enfants.
Des enfants perdus.
Mais après tout Qui d'autres ?
Dumbledore a perdu leur confiance.
Black a presque fait la même chose avec Harry.
Lupin a les pleines Lunes et Minerva doit contrer Ombrage.
Il ne reste que lui, son âme torturée, son passé douteux et ses sentiments enfouis.
Que lui.
Il pose le couteau, sa tête se baissant sur le poids de la mission qu'il ne pense pas pouvoir réussir.
Moins plus moins plus moins, fait toujours moins.
Et leur trio n'est que ça.
Des moins en puissance.
Moins envie de croire.
Moins envie de parler.
Moins envie de manger.
Moins envie de vi...
Non, il s'arrête.
Ça ne fait qu'une semaine.
Il leur faut seulement un signe d'espoir.
Un petit quelque chose.
Une lueur.
Près de la cheminée du coin de l'oeil, il voit le mouvement vif de Drago qui se lève, il relève la tête, le sorcier blond a déjà son regard dans le sien et sur le canapé, Harry n'arrive déjà plus à respirer.
Les légumes attendront.
La lueur d'espoir aussi.
Et lui se bat pour qu'il reste un demain, tandis que sa tête rejoue une énième fois les évènements qu'ils les ont amené ici.
Severus passe une main lasse contre son front, tandis qu'une migraine semble s'installer contre son crâne.
Il soupire et ne trouve même pas de joie à se remémorer les regards effrayés des Gryffondors de deuxième année quand il leur a donné le sujet du devoir qu'ils devront lui rendre au prochain cours.
Il a trop de choses dans la tête.
Et dans le cœur aussi, s'il est un peu honnête avec lui-même.
Albus n'a toujours pas réussi à convaincre Slughorn de prendre sa place, pour qu'il se concentre sur les besoins de Harry et Drago.
Ombrage est sur son dos pour savoir s'il ne connait pas l'endroit où ont disparu les deux adolescents, mettant en péril le fait que les deux sorciers résident encore dans ses quartiers.
Le Ministère est aux portes de Poudlard.
A en croire la rumeur chez les Mangemorts, Dumbledore devrait être évincé avant les vacances de Pâques, si ce n'est plus tôt.
Et enfin le Seigneur des Ténèbres est furieux.
Extrêmement furieux.
D'une part Severus n'est toujours pas le protecteur officiel de Drago et Harry qui semblent désormais avoir disparu des radars de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
L'Horcruxe caché dans la salle sur demande semble être justement très bien caché, puisque Rogue n'a pu encore mettre la main dessus. Tout comme Narcissa Malfoy qui n'a pas encore réapparu.
Autant dire que l'année commence plutôt très mal.
Severus frissonne encore sous le souvenir des Endoloris que le cercle proche du Seigneur des Ténèbres a dû subir il y a deux jours de cela.
Et voilà que pour clôturer le tout il a dû se résoudre à laisser Lupin et Black envahir ses quartiers pour surveiller ses deux clandestins.
Poppy a insisté, au vu de leur état de santé, sur le fait de ne pas les laisser seuls.
Molly était là hier, Tonks le jour d'avant mais aujourd'hui seuls les deux anciens Maraudeurs étaient disponibles.
A son grand désespoir.
Et à raison aussi, si la tension présente dans ses appartements quand il y entre est une indication de comment s'est déroulée l'après-midi.
-Drago ? Demande Severus en voyant la posture tendue et rigide de l'adolescent. Harry n'est pas dans la pièce. Black a les bras croisés et le regard féroce, il est face à Drago tandis que Lupin aux côtés du jeunes sorcier blond semble être en colère contre son vieil ami.
-Severus, commence Remus, je suis désolé...
Rogue serre les dents, ne regarde pas le loup garou mais demande silencieusement des réponses à l'héritier des Malfoys.
Drago s'avance vers son professeur, ses yeux jetant une dernière fois un regard noir au cousin de sa mère.
-Cet imbécile a pensé qu'il serait intelligent de montrer à Potter des souvenirs d'adolescence. Il explique en montrant Sirius d'un signe de tête négligé.
-Des souvenirs d'adolescence ? Questionne Severus, ses yeux quittant Drago pour venir croiser ceux de Lupin.
-Un souvenir en particulier à vrai dire, celui où Lily a voulu prendre ta défense... Durant notre cinquième année...
Et Rogue comprend.
Il se souvient.
Et son estomac se tord.
Ses yeux se ferment.
Sang-de-Bourbe.
Sang-de-Bourbe.
Sang-de...
La voix de Remus le ramène au présent.
-Je ne savais pas, Severus, je...
Mais il ne peut pas finir, Rogue a déjà sa main autour du cou de Sirius, leurs baguettes levées.
-Qu'est-ce qui te dérange Black, pour que tu en sois arrivé à vouloir ruiner le peu de réconfort que trouves ton filleul ? Il demande sa main se serrant contre la glotte de son vieil ennemi.
-Tu es mon problème, grince Sirius. Tu l'as toujours été, et je ne te laisserai pas Harry... Tu ne réussiras pas à l'embrouiller... J'ai... j'ai laissé Regulus tomber dans ton piège, mais pas Harry...
Au nom du frère de Sirius, Severus relâche sa pression, ses sourcils se fronçant plus encore, il fait un pas en arrière, sa baguette pointée contre la jugulaire de l'autre sorcier.
-Laisse Regulus où il est Black, si quelqu'un est coupable de son déclin c'est ta mère et peut-être aussi ton abandon.
Il s'avance, sa baguette appuyant carrément contre la peau de Sirius.
-Mais tu es habitué à abandonner les gens, n'est-ce pas Sirius ? D'abord Regulus, puis James, confiant une unique mission à un lâche et enfin Harry. Le laissant avec Pétunia pour aller tuer Pettigrew, restant dans ta cellule pendant douze ans, tandis que ton filleul était affamé et battu dans un placard si petit qu'on ne peut ni s'asseoir, ni s'allonger. Vraiment tu es un modèle de fidélité et de maturité.
-Ferme-là Rogue ! Hurle Sirius son poing s'abattant sur la mâchoire du Maitre des Potions.
-Sors de chez-moi... Grogne Severus en sa main venant contre sa mandibule douloureuse.
-Je veux Harry... Répond Black.
-Sirius, prévient Remus, tu en as fait assez pour aujourd'hui.
-Je veux mon filleul, Remus, je ne le laisserais pas une minute de plus avec ce pervers déjanté, sans compter cette petit crapule, il dit en pointant Drago.
-Il ne veut pas vous voir. Sourit Drago méchamment.
-Tu mens... Répond Sirius, en faisant un pas vers la chambre des deux jeunes sorciers.
D'un mouvement rapide et gracieux le sorcier blond vient se positionner sur son chemin. Remus arrivant à ses côtés.
-Ça suffit Patmol ! Harry n'a pas besoin de ça, il est en sécurité ici, et tu l'as entendu toi-même, il ne veut rien à faire avec toi. Pour le moment. Si tu veux que cette situation ne soit que temporaire, peut-être devrais-tu commencer par traiter les gens qui lui veulent du bien avec respect.
Sans un autre mot pour son ami, il l'attrape par la manche et le pousse vers la porte, il se retourne une dernière fois vers Rogue et Drago avant de l'ouvrir.
-Harry... Il soupire, Harry ne va pas très bien, Albus était là quand nous sommes arrivés, sa Pensive également, c'est comme ça que Sirius a pu montrer le souvenir à Harry. Je suis désolé Severus, sincèrement...Il... Il ne semble pas être prêt à nous pardonner mais si vous pouviez... si l'un de vous pouvait lui dire que... Dites lui que je suis désolé...
Rogue ne bouge pas mais Drago acquiesce doucement.
Alors dans un dernier long soupir Remus ouvre la porte, pousse son compère en le sommant de devenir sa forme animale et quitte sans autre mot les appartements du professeur de Potions laissant derrière lui le souvenir amer d'un après-midi d'été en 1976.
Quand la porte se referme enfin, Drago soupire de soulagement, sa silhouette se détendant instantanément et la fatigue arrivant par vagues.
Rogue le voit, s'avance vers lui, pose ses mains sur les épaule de l'adolescent et demande.
-Que s'est-il passé cet après-midi Drago ?
Le jeune sorcier fronce les sourcils, puis s'asseyant dans ce qui est désormais son fauteuil, il explique doucement, la voix tremblante d'épuisement
-Dumbledore est arrivé, juste avant Lupin et Black, il a dit qu'il devait parler à Potter, qu'il n'avait plus le temps d'attendre, avec Ombrage et le Ministère... Potter voulait attendre que tu reviennes et puis il était à moitié endormi... Mais le directeur a insisté et il lui a montré un souvenir, je ne sais pas quoi ils étaient ici et j'ai dû aller dans notre chambre. Dumbledore a dit que c'était la décision de Potter de partager sa découverte avec moi ou pas. Ça a duré, vingt minutes tout au plus, mais quand Dumbledore est parti Potter était déjà agité, paniqué. Puis les deux autres sont arrivés et il a semblé se calmer, alors je les ai laissés et je suis allé lire. Et ensuite, ça devait faire un peu plus de deux heures qu'ils étaient là, il y a eu des cris. Lupin hurlait sur Black, puis Potter a débarqué dans la chambre, et il s'est enfermé dans le placard ? J'ai essayé de demander ce qu'il se passait mais il n'a rien répondu...
Il s'arrête, regarde Severus, et ajoute un peu inquiet.
-Je ne sais pas comment il va Sev, mais quand j'ai voulu entrer et que j'ai dit « Potter »... Il... Il a dit qu'il ne voulait plus de ce nom...
Rogue soupire, secoue la tête, se dirige vers la porte de la chambre des deux adolescents, il veut l'ouvrir, mais n'y parvient pas.
-Je l'ai bloqué... Explique Drago en baillant, tremblant un peu maintenant que la fatigue est partout.
-On avait dit pas de magie Drago... Grogne doucement Severus, en venant vers le fils de son ancien ami.
-Il le fallait, il voulait le prendre, l'emmener... Ses yeux se ferment. Rogue attrape un plaid, couvre Drago, laisse sa main se perdre sur son front chaud, voit la respiration saccadée du sorcier.
-Plus de magie, monsieur Malfoy... Insiste Severus.
Drago acquiesce, puis murmure doucement.
-C'était quoi ce souvenir ?
-Une erreur...
D'un coup de baguette la porte s'ouvre, laisse apparaître la chambre rangée et silencieuse des deux garçons. Ils n'ont pas vraiment eu le temps de se l'approprier mais déjà des posters de Quidditch, des livres de Défense contre les Forces du Mal et de potions ainsi que quelques photos s'éparpillent dans la pièce.
Au bout des deux lits des tee-shirts des Beatles sont pliés et Severus pense une seconde qu'il va falloir qu'il organise un voyage express à Londres si les deux sorciers continuent de lui « emprunter » sa garde robe nocturne.
Le pas décidé il avance vers le placard du fond, la main sur la poignée, il se souvient de ce que lui a dit Drago.
-Harry ? Il demande la voix calme, si ce n'est un peu anxieuse.
C'est le silence qui lui répond, mais pendant une minute seulement avant que la porte ne s'ouvre à la volée et qu'un adolescent enragé se jette sur lui. Trouvant dans sa rage, une force qu'il n'a plus.
Et pour la seconde fois en moins d'une heure Rogue reçoit un autre coup de poing dans la mâchoire, avant que Harry ne les abatte dans un rythme de tambour contre son torse.
-Je vous déteste ! Je vous déteste !... Il hurle sa voix roque déjà, d'avoir dû trop crier plus tôt. Sa respiration haletante et ses membres tremblants.
Mais sa colère est la plus forte.
-Je déteste Voldemort et...
-Potter !
-Je déteste VOLDEMORT ! Et je déteste Potter et Black et Lupin et leurs plaisanteries débiles et méchantes et... Je déteste Dumbledore et sa prophétie et ma vie et vous...
-Harry... Essaye encore Severus, tandis que sur son torse les poings ont arrêté de frapper.
Mais le jeune sorcier secoue la tête il n'a pas fini.
-Je vous déteste de lui avoir dit ça, et je vous déteste de l'avoir laissée partir, et d'avoir rapporté la prophétie à Vold...
-Harry !
-Et je les déteste d'être morts, qu'ils aient choisi Pettigrew et qu'elle ne vous ait pas pardonné et...et...
Il s'arrête.
N'a plus d'air, plus de force et plus d'envie.
Il s'écroule mais des bras le rattrapent comme si souvent, l'accompagnent sur la moquette de la chambre, le laissent poser sa tête contre le torse qu'il matraquait il y a encore quelques minutes.
Severus entend les râles qui s'échappent de la bouche de Harry, il voudrait le serrer plus fort, mais n'en fait rien ne sait pas si il en a encore le droit.
La réponse vient quand au bout de quelques instants l'adolescent attrape un morceau de sa robe de sorcier, s'enfouissant encore plus dans l'étreinte qui n'en est pas une de son professeur.
Alors Rogue l'encercle de ses bras, soulagé.
-Je suis désolé. Fait la voix triste et épuisée de Harry. Désolé pour ce qu'ils ont fait, et pour ce que j'ai dit et pour ma mère…
-Harry... Je méritais certainement tout ce qui vient d'être dit et plus encore. Je... Plus jeune, je me suis perdu et je n'étais pas, j'étais pas un bon ami. Je ne l'étais plus...
Il soupire, attrape un morceau de la couverture du lit de Drago et vient l'enrouler autour du jeune sorcier.
-L'histoire entre Black, votre père et moi, est plus compliquée que ce simple souvenir...
-Ils étaient cruels...
-Mais votre père a grandi, il s'est assagi, il est devenu... Il hésite ferme les yeux et avoue une vérité qui le ramène à ses propres choix. Il est devenu quelqu'un de bien.
Dans ses bras Harry ne dit rien, alors il poursuit.
-Black n'a pas encore totalement évolué, mais... Il y a certaines choses qu'on ne peut pas changer, Harry, des choses qui sont ancrées trop profondément. Des blessures.
Contre son torse Harry secoue la tête.
-Vous avez changé...
Rogue expire.
-Peut-être, mais j'ai passé quatre ans à ne pas voir qui vous étiez, et ce que vous viviez, seulement parce que vous me rappeliez les stigmates de quelques souvenirs.
Je ne crois pas que votre mère m'aurait pardonné aussi facilement.
Nouveau silence, puis.
-Dumbledore dit que c'est ma force.
-Le pardon ?
Harry acquiesce.
-Il dit que ma capacité à... aimer, c'est ça qui m'aidera à battre Vol... Vous-Savez-Qui.
Rogue ne répond rien.
Reste là, par terre avec cet enfant qui s'est fait une place dans son cœur. Une place qui s'agrandit encore, aujourd'hui et maintenant.
-Je te demande pardon Harry, il dit finalement.
Harry relève la tête, surpris.
-Pardon pour la façon dont je t'ai traité, et pour ne pas avoir vu au delà de ta ressemblance avec James, et... pour avoir donné ce morceau de prophétie au Seigneur des Ténèbres.
Harry ne répond rien, repose simplement sa tête sur la poitrine de son professeur, s'enfouie dans la chaleur partagée et dans l'édredon de plumes.
-Je ne veux pas mourir... Il dit doucement au bout de quelques minutes.
-Tu ne mourras pas. Répond Severus dans une promesse, haïssant Albus de lui avoir montré la prophétie sans sa présence.
Mais déjà le jeune sorcier s'endort doucement, soupirant une dernière fois avant de se laisser aller au sommeil.
-Drago aussi a changé.
Et Rogue sourit presque.
Il est tard. La nuit est déjà bien avancée quand son bras brûle. Son Maitre l'attend.
Impatient.
Il se lève, d'un coup de baguette s'habille avant d'envoyer sa biche trouver Minerva.
Il a tout juste fait un pas dans sa cuisine que déjà la directrice adjointe apparaît, en pyjama, une robe de chambre enfilée à la va vite et sa baguette serrée dans sa main droite.
-Ils se sont endormis sans difficulté, mais ils n'ont presque rien mangé. Drago avait de la fièvre, et Harry une nausée persistance.
McGonagall acquiesce, comprend, enregistre les informations.
-La journée a été compliquée, s'ils se réveillent...
-Severus... Sourit doucement sa collègue. Je vais m'en sortir. Je préviendrai Albus.
Le maitre des Potions hoche la tête, regarde une dernière fois la porte de la chambre où dorment les deux garçons avant de filer vers les grilles du château et de disparaître dans la nuit.
Elle est belle. C'est ce qui le surprend. Pas une égratignure, pas une trace de combat. Elle est imposante. Immense. Ses cheveux mi-blonds tombant avec grâce sur ses épaules, elle s'avance au milieu du cercle.
Quand elle est à ses côtés, sa main effleure la sienne et imperceptiblement elle y glisse un morceau de parchemin.
Il serre le poing, ne la regarde pas.
Se demande encore comment elle a su. Comment sait-elle qu'il n'appartient pas vraiment au côté sombre de cette guerre ? Et pourquoi n'a t-elle jamais rien dit ?
Qu'importe.
C'est trop tard.
Elle va mourir.
Et elle avance encore, droite et fière, vers l'autel qui verra sa fin.
Lucius et Bellatrix ont déjà leurs baguettes en avant, attendant l'ordre de leur Maitre, se réjouissant de pouvoir torturer celle qui a entaché leurs noms.
-Narcissa... Siffle Voldemort dans un sourire faut. Enfin nous nous revoyons.
La sorcière ne dit rien. Reste droite, immobile.
-Mmmh... tu as oublié les bonnes manières... Continue le mage noir, avant de faire s'agenouiller sa prisonnière d'un geste de baguette. Tu vas mourir Narcissa, mais réjouie-toi car tu vas mourir vite...
-Maitre ! S'exclament d'une même voix Lucius et Bellatrix.
-Silence ! Hurle leur Seigneur. Tu vas mourir vite Narcissa, et tu ne verras pas le triste dessein que je réserve à ton fils...
-Vous ne le trouverez jamais... Grince la sorcière.
Voldemort rit. Fort.
-Je l'ai déjà trouvé, faible vermine qu'il est, j'attends seulement que le combat soit plus équilibré. Et quand ça sera le cas, je le torturerai, longuement. Pour ses offenses et pour les tiennes. Et toi, tu vas mourir ce soir en sachant que la souffrance que tu n'as pas subi sera celle de ton fils.
-Vous êtes celui qui allez mourir Voldemort, et vous ne voyez rien, nous ne savez rien, vous êtes aveuglé par un pouvoir qui n'est pas si terrible.
-Endoloris ! Les baguettes de Lucius, Bellatrix et Jedusor se sont enflammées d'une lueur rouge, les trois sorts venant frapper la traitresse au même moment.
Narcissa s'écroule, mais ne meurt pas et quand les sorts se taisent, elle regarde une seconde Severus avant de murmurer.
-Harry Potter sera votre perte, lui et tous ses alliés, car aucun d'eux n'a besoin d'être forcé pour venir à ses côtés.
Elle sourit presque, puis ferme les yeux.
Ne voit pas la lumière verte frapper sa poitrine.
Ne voit pas la mort.
Ni même Severus fermer les yeux.
Et dans un lit de Poudlard. Caché dans un donjon, un sorcier hurle, attrapant sa cicatrice, essayant désespérément d'oublier la scène qu'il vient de voir.
En vain.
Il hurle.
A suivre
