NdA: La suite! Elle a été extrêmement difficile à écrire, aussi j'espère qu'elle vous plaira, et j'espère surtout n'avoir trahi aucun personnage. Merci encore mille fois pour tous vos commentaires et vos messages privés (:)). A tout vite et belle lecture -M-

18.

Ils se rencontrent à mi-chemin.

Tous ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet de cette discussion qu'ils ne peuvent pourtant éviter.

Rogue secoue finalement la tête avant d'indiquer d'un geste rapide le sofa et la table basse où se trouvent encore les tasses non utilisées de Drago et Harry.

Ron et Hermione échangent un regard furtif avant que cette dernière ne hoche la tête et ne suive son professeur, les deux adolescents s'enfonçant à leur tour dans le canapé habitué aux jeunes sorciers perplexes.

-Je suppose au vu des expressions quelques peu naïves et pourtant insolentes de vos visages que vous avez des questions.

Hermione ouvre la bouche, mais c'est la voix de Ron qui résonne en premier.

-Je ne suis pas certain de réussir, à vous… apprécier ! S'exclame le sorcier roux, les bras croisés, les sourcils froncés.

-Ronald ! S'exclame Hermione tandis que Rogue laisse presque s'échapper un sourire en coin.

-J'ai l'entière certitude que ce sentiment est partagé, Monsieur Weasley.

Ron soupire, décroise ses bras, mais garde ses sourcils froncés.

-Fred et George m'ont raconté ce que vous faites pour eux… l'aide pour leurs farces et attrapes… Et j'ai vu comment vous êtes avec Harry et comment vous nous avez sauvés, cette fois-là chez Malfoy ! Mais… vous… vous détestez Harry !

Severus se relève un peu de son fauteuil, croise ses mains, ferme les yeux une seconde avant de les rouvrir sur Ron.

-Je n'ai jamais détesté Harry, il dit sincère.

Ron ouvre la bouche, mais Rogue l'arrête d'un geste de la main.

-Je… Il s'arrête tente de rassembler ses pensées, de trouver les mots. Je ne connaissais pas Harry, mais je pensais connaitre Potter… Il y a des choses Monsieur Weasley que je ne partagerai pas avec vous, des choses personnelles, mais vous devez savoir que James Potter et moi n'étions pas les meilleurs amis du Monde.

Le jeune sorcier ricane presque, il est vite arrêté par le regard de son professeur. Et le coup de coude d'Hermione contre ses côtes.

-C'est Potter que je détestais, la richesse, la vantardise et l'admiration de tous pour si peu d'efforts. Tout ça je le haïssais. Mais Harry, non.

Il y a un silence.

Mais Ron insiste.

-Je ne comprends pas, il dit seulement.

Severus hoche la tête.

-Croyez-moi, je compatis. Il soupire.

-Vous étiez amis avec la mère de Harry. Lance soudain la voix de Hermione. Harry me l'a dit. Quand vous avez commencé à soigner sa main et…

-A lui prêter mon canapé ?

Hermione sourit doucement en acquiesçant.

-Lily… Lily a été ma première amie et elle est restée ma seule et véritable amie jusqu'à ce que je sois assez stupide et avide de pouvoir pour la faire fuir.

-Vous étiez amoureux ? Demande Ron sans réfléchir. Sa propre question le surprend, la réponse de Severus encore plus.

-Non, Monsieur Weasley, je ne l'étais pas, je ne l'ai jamais été. Pas de Lily en tous cas.

Le jeune sorcier veut demander de qui mais un autre coup de coude le fait taire.

Il fronce les sourcils mais garde la bouche fermée.

Rogue poursuit.

-J'ai longtemps cru que Harry n'était que le fils de James Potter, son héritier, son double, et en toute sincérité, si je ne l'avais pas croisé ce soir-là à sa sortie de détention avec Dolores, il serait resté ce petit Prince adulé de tous. En tous cas dans mon esprit…

Le silence semble accepter cette confession, sans jugement. Sans colère aussi.

Et cette fois c'est Hermione qui le brise.

-Il vous a tout raconté ? Elle demande, la voix un peu tremblante.

Rogue secoue la tête.

-Il m'a raconté une partie de l'été passé, le reste… le reste je l'ai vu, dans sa mémoire. Mais tout, non, certainement reste-t-il des choses qu'il ne m'a pas confié, peut-être ne les a-t-il pas encore acceptées, comme la portée du lien qu'a forgé la magie de Lily Il n'a pas encore conscience de ce que ces liens représentent.

-Mais il les a acceptés ? … Dit Ron, les sourcils froncés.

-Peut-être… Cependant je pense qu'il nous faudra du temps pour comprendre leurs portées, ne croyez-vous pas Monsieur Weasley ?

Le jeune sorcier secoue la tête, regard le sol et parle dans une voix presque murmurée.

-Non, j'ai compris le mien, professeur, je sais exactement pourquoi mon lien est bleu et malgré ce que pense Dumbledore…

-Le professeur Dumbledore.

-Malgré ce que pense le professeur Dumbledore ça n'a rien avoir avec le fait que je connaisse déjà l'amour fraternel ou le lien filial. Pas entièrement en tous cas.

Severus est surpris. Il lève les sourcils et demande.

-Peut-être pourriez-vous nous éclairer…

Ron soupire, avant de s'enfoncer entièrement dans le sofa, une attitude qu'il semble avoir piqué à Harry, ou peut-être est-ce l'inverse ?

Qu'importe il s'explique :

-C'est à cause de l'année dernière. Il commence. À cause du Tournoi…

-Ah, votre différent avec Potter… Comprend Rogue, reprenant son ton de voix habituel, un peu condescendant, un peu inquiétant.

-J'étais jaloux. Avoue Ron. Harry a déjà toute la gloire, et l'argent et… il est…unique, alors que moi je ne suis que le sixième d'une fratrie déjà bien connue. J'veux dire Bill est parfait, Charlie fait ce qu'il aime et son job est juste… extraordinaire, Percy est… Percy, Fred et George, sont drôles et talentueux, même Ginny à la chance d'être autre chose qu'une Weasley parce que c'est une fille… Mais moi je ne suis que Ronald…

-Le meilleur ami de Harry Potter… Finit Hermione dans un sourire.

-Ouais…sauf l'année dernière, c'est pour ça que mon lien est bleu professeur, parce que durant ces quelques semaines, j'ai perdu un peu de la confiance de Harry.

Il s'arrête, regarde son professeur dans les yeux avant de terminer.

-Alors même si je ne comprends pas tout, même si j'ai des doutes, je vais vous laissez les mêmes chances que les liens qui se sont formés. Si Harry, sa magie, ou je ne sais quoi pense que vous feriez, que vous faites, un bon… père, et que Mal… que Drago pourrait être un frère, alors je veux bien essayez d'y croire.

Parce que le pire dans ce que j'ai fait l'année dernière, c'est que je n'ai même pas compris que Harry était jaloux de ce que j'avais moi, depuis toujours… ma famille.

Le silence n'a pas le temps de s'installer que déjà Hermione, les yeux un peu rougis et humides, vient frapper doucement le sorcier roux derrière la tête en laissant échapper dans un sourire :

-Idiot…

Et la paix est faite.


L'après-midi est bien avancée quand Harry sort de sa chambre, toujours un peu péniblement mais plus serein que le mois et demi écoulé.

Drago dort encore et il laisse la porte entre-ouverte, se dirige dans le salon vide à l'exception de son… professeur.

Oui, pour le moment il reste son professeur, qu'importe ce que signifie ce lien, cette magie qui laisse une drôle de chaleur s'écouler dans ses veines, il reste son professeur, son protecteur aussi, ça il veut bien l'avouer. Mais le reste, ce qu'il garde tout près de son cœur, ou qu'il a confié parfois à Drago, quand l'envie d'y croire était trop forte, il le garde pour lui, pas certain que les choses puissent rester inchangées s'il se perd dans son souhait de famille.

Une triste habitude, qu'il n'arrive pas encore à perdre.

Pourtant il n'hésite pas à venir s'asseoir aux côtés de Rogue, tirant le plaid de laine qui réside sur le haut du sofa et qui semblent se multiplier dans leur petit cottage. Il s'enroule dedans et voudrait presque se rendormir, comme ça avec la chaleur de son gardien contre lui, mais il se force à demander :

-Ron et Hermione ?

-Dehors. Miss Granger semble avoir trouver un livre sur les bénéfices des algues marines dans la fabrication de la Pimentine et Minerva à fait parvenir le balai de Monsieur Weasley en plus de la médecine Moldue. Explique Severus, sa main venant justement se perdre sur le front de Harry, le trouvant froid. Juste un peu trop froid. D'un coup de baguette, il allume un feu dans la cheminée.

-Drago ? Il demande à son tour.

-Endormi, mais ça respiration avait l'air de siffler et la fièvre était là.

Rogue acquiesce.

-Attendons un peu, ensuite nous regarderons la collection conséquente de médicaments qui vous attend.

Harry grogne un peu en s'enfonçant dans sa couverture de laine, sa tête venant plus profondément contre l'épaule de son professeur.

Ce dernier passe un bras autour de son élève, perçoit la légère tension qui s'installe et se souvient des mots de Drago, ce matin.

-Harry ?... Il questionne doucement. Connait le caractère de l'adolescent, le confronter frontalement ne fonctionne que rarement. Et Severus ne pense pas que l'un et l'autre aient l'énergie pour une altercation aussi minime soit-elle.

La preuve en est que le jeune sorcier se recroqueville juste un peu plus. Sa tête disparaissant presque entièrement sous le plaid.

La main de Rogue se pose sur les cheveux de son protégé, autre tension, plus les tremblements. Le professeur jure doucement, il sait ce qu'il risque d'arriver, se souvient des débuts, de cette fin d'octobre, de cet hiver où chaque peur était suivie d'une crise de panique. Il doit naviguer doucement, rassurer et assurer que tout va bien aller.

-Tu veux en parler ? Il demande doucement. Encore.

Autre secousse de tête.

Et le silence, brisé seulement par la respiration de Harry qui s'accélère.

Soudain sa voix.

-Je… je suis en colère. Lâche Harry, sa voix tremblante.

-Contre qui ?

-Pourquoi toi ! Continue le jeune sorcier sans vraiment répondre à son professeur. Pourquoi toi ! Tu … Tu me détestais, JE TE DETESTAIS et là… ma… ma magie, ma mère décide que ça doit être toi ! Et Drago !... Je… je vous détestais… Il dit encore.

La crise n'est pas loin, Severus la sent arriver. D'un geste expert il se décale un peu, repousse le plaid qui entoure son élève. Sa température est montée. Très haute. Trop haute.

Mais Harry ne le laisse pas faire. S'énerve, s'agace.

-Pendant quatre ans, je t'ai détesté, et… et… j'ai Sirius et Remus, et les parents de Ron, mais NON ! C'est toi ! Et je ne sais pas…

-Tu ne veux pas… Devine Severus.

-Bien sûr que si ! Crie Harry, sa voix déraillant sous la fatigue et les tremblements. Et c'est ça qui me met en colère. JE le veux… Je le veux depuis le soir où tu m'as appris l'Occlumancie pour la première fois ! Est-ce que je suis aussi désespéré ? Est-ce que c'est normal ? Est-ce que… est-ce que…

Mais il ne finit pas. La nausée est là, la crise aussi.

Severus était prêt. D'un coup de baguette une bassine apparait, avant qu'il ne place Harry contre sa poitrine, le baume déjà dans sa main.

Le corps entier du jeune sorcier se tend, tandis que déjà il n'a plus rien à vomir, plus de force aussi. Il se laisse aller contre la silhouette forte qui l'accueille, se laisser bercer par les battements de cœur de sourd contre ses oreilles, tandis que sa respiration à lui accélère.

La bassine disparait. Pas la voix de son protecteur.

-Harry… respire… Dit doucement Rogue, tandis que ses doigts viennent étaler le baume sur les tempes de l'adolescent.

-J'ess… j'essaye. Il répond en voulant placer une des mains de Rogue contre sa poitrine, mais le sorcier l'en empêche, se repositionne pour emprisonner complétement Harry dans une étreinte forte et tendre.

Il sait, il comprend de quoi il a besoin, vraiment besoin, malgré ses peurs et ses doutes.

Ce dont il a envie.

Quand l'adolescent est entre ses bras, il laisse une main se perdre dans les cheveux encore salés de Harry et l'autre contre son thorax, son pouce allant et venant dans une caresse infime et précieuse.

-La haine est un mot fort. Commence alors le professeur de Potions. Ce n'était pas de la haine. Plutôt une animosité. Une forte animosité.

Entre ses bras, Harry fronce les sourcils, ne dit rien, ne calme toujours pas sa respiration erratique.

-Et certainement que cette animosité aurait perduré, certainement que les remarques injustes et blessantes n'auraient pas disparu, si je ne t'avais pas trouvé dans ce couloir, le soir de ta retenue avec Ombrage.

-Pour… Pourquoi ? S'essouffle l'adolescent.

-Tu sais pourquoi… Répond Rogue les sourcils froncés.

Un silence, puis un soupire, celui du professeur.

-Tu étais James, et Black… leurs injustices et toutes mes erreurs réunies en une seule personne. Tu n'étais que l'image de ce qui avait été, tout en me renvoyant ce qui aurait pu être, si je n'avais pas été l'idiot que j'ai été en cinquième année.

Autre silence. Sous sa main Harry semble se calmer, juste un peu.

-Et après ce soir-là… Tu étais moi. Moi, lors de ma première année à Poudlard, avec des vêtements trop larges et usés, caché dans une alcôve que j'ai utilisé des dizaines de fois… Tu étais moi… Avec les mêmes bleus cachés et les mêmes peurs…

-Les peurs ?

-De n'être jamais assez. De finir seul. De vouloir faire plaisir aux autres. De devoir pardonner.

Harry ne dit rien, se concentre sur sa respiration, sur l'étreinte dans laquelle il est enfermé.

Et finalement décide de s'y perdre. Décide d'arrêter d'avoir peur.

Dans le couloir il entend le parquet, puis les gonds de la porte, Drago est réveillé.

Dehors le cri de joie de Ron sur son balai arrive aussi jusqu'à lui, et en fermant les yeux il imagine Hermione, les yeux en l'air en train de secouer la tête, un peu exaspérée mais souriant quand même.

Sa magie pulse contre son cœur, il la sent. S'en abreuve pour calmer la crise qui n'est pas partie.

La main de Rogue dans ses cheveux l'apaise aussi.

Encore.

Puis le sofa s'enfonce sous le poids de Drago. Le sorcier blond ne dit rien, regarde simplement Harry, sourit un peu, avant de se recroqueviller dans le coin du canapé et de fermer les yeux pour s'endormir de nouveau. Severus secoue la tête, d'un coup de baguette fait venir l'édredon de la chambre des garçons pour envelopper le nouveau venu.

Ensuite il y a le silence.

Ou plutôt les râles encore présents de la respiration de Harry.

-Est-ce… est-ce que je l'ai trahie ? Demande finalement l'adolescent, tournant un peu sa tête contre le torse de son professeur. Avec ces liens...

Severus soupire.

-Non, bien sûr que non…

-Mais peut-être qu'elle voulait que ce soir Sirius ou Remus, ou Dumbledore, quand elle a mis cette Magie…

Rogue fronce les sourcils avant de finalement comprendre ce qui effraie son élève.

La peur de trahir.

Et de décevoir.

Lui qui pense avoir déçu toute sa vie, des personnes qui ne le méritaient pas.

-Mon arrière-grand-père paternel s'appelait Harold. Il dit seulement.

Il sent le sursaut de Harry au creux de ses bras et sourit.

-Quand Lily l'a rencontré il était déjà vieux. Extrêmement vieux pour un Moldu, presque cent ans…

Severus se tait, se souvient, continue finalement.

-Nous n'étions pas encore à Poudlard, notre magie était aussi pure et blanche que celle qui réside en toi. Lily surtout, a toujours eu un pouvoir naturel pour jouer avec la nature et mon arrière-grand-père adorait la nature. Ils se sont rencontrés lors d'un Noël. Je ne sais plus pourquoi Harold était là, peut-être avait-il suppliait Tobias, ou peut-être ma mère c'était elle sentie d'humeur familiale, mais sa présence semblait restreindre les envies de boisson de mon père. Alors j'étais… heureux. Et puis il avait conscience de ma magie et ça ne l'effrayait pas. Il venait d'un petit village dans les Cornouailles, là où naissent et meurent toutes les légendes du monde Moldu, il croyait aux Elfes, aux fées, aux Gobelins…

Autre silence, Harry s'enfouie un peu plus contre son protecteur, tandis que ce dernier se laisse tomber contre l'accoudoir du sofa, une main dans les cheveux de Harry l'autre sur son torse, les yeux sur Drago et le souvenir de Lily dans la tête.

-Nous étions dehors, Lily et moi, pas très loin du parc où nous nous retrouvions toujours. Il neigeait tellement que les voitures ne passaient plus. Nous étions seuls, elle, moi et le silence de l'hiver. Et puis Harold est arrivé, courbé et tremblant, il souriait avec son bonnet qui lui tombait sur les yeux et ses mitaines trouées, il voulait faire un bonhomme de neige.

Contre lui, il sent le rire de Harry.

-Lily aussi a trouvé ça drôle, mais dès qu'il s'est penché pour commencer à rouler de la neige, elle est venue à côté de lui et elle l'a aidé. On a passé la journée à faire ce bonhomme de neige… et toute sa famille. Éreintant, mais certainement mon meilleur Noël. Harold est mort l'été suivant, mais quand il venait, il voulait toujours voir Lily et ça ne me dérangeait pas de devoir partager ma seule amie avec lui. Je crois que pendant ces quelques heures, nous étions libres.

Il se tait. Contre son torse Harry a les yeux fermés mais il sait que l'adolescent ne dort pas, le comprend dans la respiration encore haletante de son élève, puis par la voix rouillée par l'émotion qui se fait entendre.

-Harold… Dit le jeune sorcier dans un murmure.

- « Harry » dans sa jeunesse… Assure doucement Severus. Je ne sais pas à qui Lily pensait en mettant en place l'Elegit Familia, Harry, mais je sais qu'avant notre cinquième année à Poudlard j'étais son meilleur ami et que jusqu'à ce soir d'Octobre elle est restée la mienne.

Harry hoche la tête, n'a plus les mots. Il reste juste là dans les bras de cet homme qui dorénavant sera là. Toujours là. Comme personne ne l'a jamais été.

-Alors nous sommes quoi ?

-Je te l'ai dit, nous sommes une famille.

Harry lève la tête, fronce les sourcils, ouvre la bouche, mais Rogue le coupe.

-Ça ne signifie pas qu'on a besoin de titres ou d'étiquettes, je ne m'attends pas à ce que tu m'appelles « papa » ou que tu présentes Drago comme ton frère…

-Mais il l'est… Comme, comme Ron, mais différemment, il l'est et même ça, semble complétement absurde. Drago Malfoy. Je suis lié à Drago Malfoy par un lien plus puissant que le sang…

-Lien qu'il a accepté également. Interrompt Severus.

-Complétement absurde…

-Et pourtant tu as coupé l'océan en deux pour le sauver…

Harry soupire, s'en veut de vouloir lutter contre tous ces sentiments qui semblent désormais si naturels pour son cœur, et si fous pour sa tête.

S'en veut aussi de ne pas vouloir lutter.

-Toi aussi tu as accepté le lien. Dumbledore a dit que c'était le plus ancien, celui qui avait été forgé en premier…

-C'est en effet ce que le Professeur Dumbledore a dit.

-Quand ?...

-Comment ?

-Quand est-ce que tu crois que le lien s'est forgé. Cinq mois d'attention peuvent vraiment effacer quatre ans de ha… ?

-D'animosité… Pas de haine, je croyais qu'on avait déjà abordé ce sujet…

-Mais quand alors ? Insiste Harry, sa voix plus forte contre le pull de Rogue.

-Le soir de l'attaque d'Arthur peut-être… mais il s'est certainement scellé au retour du Manoir…

Il ne dit rien d'autre, et Harry se rappelle.

Les quatre dernières années s'effaçant sous les cinq mois écoulés.

Sous les soirées passées en silence, lui à faire ses devoirs tandis que Rogue notait les évaluations de ses classes. Le feu de cheminée qui crépitait doucement et la tasse de chocolat chaud qui apparaissait toujours à côté de lui. Parfaite, juste comme il l'aimait.

Il se souvient de la panique, ce soir-là, après avoir été Nagini, après avoir « tué » le père de son meilleur ami, et de l'étreinte qui l'avait accueilli quand McGonagall l'avait mené jusqu'aux cachots.

Il se souvient de sa chambre, dans les quartiers de Severus, et de celle qu'il a ici, des sourires échangés avec Drago, malgré la peur, la peine et la douleur.

Il se souvient des nuits sans sommeil et de la patience de son professeur.

Il se souvient de la panique et des bras de Rogue.

Comme maintenant.

Comme toujours ces derniers temps.

Une famille.

-Je ne sais pas… Il dit finalement.

Severus ne dit rien, à l'autre extrémité du canapé, Drago grogne et le professeur comprend qu'il va falloir qu'ils se dirigent vers leur pharmacie improvisée.

Mais il voudrait que Harry comprenne. Qu'il sache, que comme Drago personne n'attend rien de lui.

Pas ici en tous cas.

Certainement que le Monde attend de lui de grandes choses.

Sirius aussi.

Albus assurément.

Mais ici sur cette île, il n'a besoin de n'être que Harry.

Seulement Harry.

-Avant de découvrir Poudlard, tu ne savais pas « être » un sorcier, n'est-ce pas ?

Harry fronce les sourcils mais répond, sans hésitation.

-Je pensais être un « monstre » selon les termes de Tante Pétunia.

-Mais tu as appris. Tu sais dorénavant qu'il y a des bons et des mauvais sorciers. Des bons et des mauvais sorts…

-Je sais…

-Et bien c'est pareil aujourd'hui, tu crois ne pas savoir ce qu'est d'avoir une famille car tu n'en as pas vu les bons côtés…

-J'ai vu les Weasleys… et Sirius…

-Une seulement à toi, Harry, une où tu as ta chambre, ton espace…

-Il y a Drago dans mon espace.

-On peut arranger ça si tu veux ? Je peux faire en sorte que tu aies ta chambre, à toi.

Harry est surpris par le sursaut de panique qui s'installe dans sa gorge.

-Non… Il murmure.

Severus sourit doucement.

-Tu vas apprendre Harry, tu es en train d'apprendre. Et je te le redis, nous n'avons pas besoin de titres honorifiques ou d'étiquettes, nous serons une famille sous nos propres termes.

Pendant une minute il n'y a rien. Pas un geste, pas un bruit, si ce n'est Ron dehors, les vagues et la respiration sifflante de Drago.

Et puis doucement Harry, acquiesce, expire, ferme les yeux et murmure.

-Je veux bien apprendre.

A suivre.