Chapitre troisième

Oncle Vernon

Au bout d'un moment, il se détacha de la porte et revint dans le salon. Dudley, toujours hypnotisé par la télévision, n'avait pas bougé. Au bout d'un instant, il sembla s'apercevoir de la présence d'Harry et un sourire mauvais, quoique idiot, s'étala sur sa face grassouillette.

"Dégage ou…"

"Ou quoi ?" le coupa sèchement Harry, un sourire sarcastique sur les lèvres. "Tu diras tout à maman, mon Dudlynouchet ?"

"Arrête de m'appeler comme ça ! Tu vas voir, je vais te… hé, range ce truc, t'as pas le droit !"

Harry avait sorti sa baguette et la pointait sur son cousin qui tentait désespérément et sans grand succès de se dissimuler derrière un fauteuil. Pris de fou rire, il lui dit :

"Y'a ton derrière qui dépasse, mon gros chérubin en sucre d'orge !"

Dudley poussa un grognement, en rage d'être tourné ainsi en ridicule par Harry, mais il était trop effrayé pour sortir de son abri.

"Maman, maman !"

"Te fatigue pas, elle est pas là !"

Dudley essaya de se faire encore plus petit, cherchant désespérément une cachette plus sûre du regard.

"De toute façon, si tu me jettes un sort, tu seras renvoyé !"

"Plus maintenant, gros nigaud, j'ai passé mes BUSE !"

"Tes quoi ?"

Harry soupira et remit sa baguette dans sa poche.

"Laisse tomber. C'est pas passé à la télévision, tu comprendras pas."

Et il fit demi-tour, se dirigeant vers sa chambre.

Adagio – T. Albinoni

La tante Pétunia rentra fort tard. A onze heures du soir, Harry entendit une voiture s'arrêter devant la maison et la lumière de ses phares diffusa une vague lueur jaune dans sa chambre. Puis la porte d'entrée s'ouvrit et se referma tandis que la voiture s'éloignait. Il attendit un long moment, mais aucun bruit ne provenait plus du rez-de-chaussée.

Au bout d'un quart d'heure, poussé par la curiosité, il ouvrit la porte et alla se poster en haut de l'escalier, à l'affût du moindre bruit, tout son corps tendu, prêt à bondir en arrière à la moindre alerte.

Le silence, oppressant, régnait toujours en bas.

Alors, prudemment, se faisant le plus léger possible, il descendit les marches une à une et se dirigea vers le salon.

Vide.

Une vague inquiétude le saisit et il s'empara de sa baguette, toujours sur ses gardes. Le silence, d'une épaisseur surnaturelle, semblait être quelque créature tapie dans un coin, retenant son souffle pour mieux bondir sur sa proie. Il remonta ses lunettes et inspecta la pièce.

C'est alors que par la fenêtre du salon il l'aperçut. Elle était dans le jardin, assise au bord de la terrasse, immobile, telle une statue. Au lieu de le rassurer, cela augmenta encore son anxiété et un mauvais pressentiment l'étreignit. Il se dirigea doucement vers la porte-fenêtre et s'approcha d'elle avec circonspection.

"Tante Pétunia ?" dit-il d'une voix douce.

Elle ne répondit pas, n'eut aucun mouvement et rien ne semblait indiquer qu'elle l'avait seulement entendu.

Il s'approcha un peu plus et répéta :

"Tante Pétunia ?"

Elle eut un infime tressaillement et il l'entendit balbutier, contenant un sanglot :

"Harry ?"

Quelque chose se noua en lui.

"Que s'est-il passé ?" demanda-t-il, d'une voix étranglée. "Où est… Est-ce que…"

Les mots ne purent franchir ses lèvres. Il savait. Il avait compris. Frappé d'horreur, il tomba lentement à genoux. C'est à peine s'il entendit la voix brisée de Pétunia :

"Quand je… quand je suis arrivée, ils m'ont tout suite dit que… que… Oh, Harry ! Qu'est-ce que je vais dire à Dudley ? Comment vais-je faire ?"

Il ne sut quoi dire. Même si Vernon ne l'avait jamais aimé, il l'avait recueilli et hébergé pendant quinze ans. Sa disparition représentait un choc bien plus profond qu'il ne l'aurait pensé. Et il savait ce que cela devait représenter pour Pétunia : outre la sécurité et le confort d'une vie tranquille, c'était toute une partie de sa vie qui s'effondrait, comme la sienne s'était effondrée un mois auparavant quand… Il ressentit un profond élan de compassion envers sa tante et brusquement, se pencha vers elle et lui entoura les épaules de ses bras. Elle s'accrocha désespérément à lui et se mit à sangloter amèrement.

Little Psyche : je vais essayer de poster assez régulièrement. Sans trop de mal, puisque le chapitre vingt-six est déjà écrit

Servane : pour le polar, c'est pas tout à fait ça… Mais pour l'intrigue, ma foi, je crois que les amateurs d'histoires complexes auront de quoi être satisfaits !