Chapitre cinquième
Une lettre du passé
Londres, le 20 juillet
Ma chère sœur,
Je n'ai que peu de temps à te consacrer : nous devons repartir ce soir. Nous étions venus voir Rémus et Sirius quelques jours – ils me demandent de te transmettre leurs amitiés. Je regrette de n'avoir pas pu venir te voir mais nous avons eu beaucoup à faire sans compter que nous devons respecter les mesures de sécurité mises en place pour nous. Je pense que nous sommes plus en sûreté que le trésor de la Couronne mais, malgré tout, j'ai un mauvais pressentiment… Oh, je sais que ça doit paraître ridicule, mais l'avenir n'est pas rose en ce moment, et j'ai du mal à me sentir rassurée.
Je n'aime pas parler de ce genre de choses, mais si quoi que ce soit devait nous arriverà James ou à moi, je voudrais que tu t'occupes d'Harry. Je sais que ce serait dur pour toi, avec Vernon, mais je pense que tu serais la plus à même de veiller sur lui. Je suis sûre que tu agiras pour le mieux et j'ai toute confiance en toi.
Je t'embrasse,
Lily
Quand il reposa la lettre, ses mains tremblaient. Des émotions contradictoires tourbillonnaient en lui et il eut l'impression que tout vacillait autour de lui… Un instant, il en voulut à Pétunia de ne jamais avoir eu le courage de parler mais sa colère fut noyée par sa gratitude et sa compassion pour elle : durant des années, elle avait vécu avec un tel poids sur la conscience… Il leva la tête et rencontra le regard de sa tante.
"Merci… d'avoir gardé cette lettre."
"J'aurais dû te la montrer plus tôt, mais…"
"Non, non, je comprends pourquoi tu ne l'as pas fait… De toute façon… Mieux vaut tard que jamais…"
A ces mots, Pétunia sembla se détendre imperceptiblement et il réalisa qu'elle avait probablement craint sa réaction, effrayé qu'il puisse lui en vouloir et la rejeter définitivement, la coupant du dernier lien qui subsistait avec sa sœur… sa mère. Puis une question lui vint à l'esprit, lui remémorant ce qui s'était passé juste après son retour :
"Pourquoi ma mère te parle-t-elle de Rémus et de Sirius ? Tu les connaissais "
Sa tante esquissa un geste vague et déclara avec un sourire étrange, comme empreint de souvenirs heureux et de regrets muets.
"C'est une très longue histoire… Comme je te le disais, j'avais repris contact avec Lily, et pendant deux ans, nous nous vîmes régulièrement. C'est chez elle que je rencontrai Sirius la première fois… et toutes les autres, d'ailleurs… Et bien… Nous nous entendions très bien… Et…"
Elle s'interrompit, le rose lui montant aux joues. Harry n'en revenait pas. Sirius et… Tante Pétunia ? Hum…Les sorciers sont bizarres, certes, mais quand même… Il secoua la tête d'un air incrédule et demanda :
"Tu veux dire que… mais, et Vernon "
"Hé bienà cette époque, je ne le connaissais pas encore. Ce n'est que quand Sirius a commencé à devoir s'absenter pour de longues périodesà cause de son travail avec votre Ministère, que nous nous sommes perdus de vue et j'ai fini par rencontrer Vernon… La suite, tu la connais… Je me suis souvent demandé ce qui ce serait passé si… Et quelque part, j'ai toujours regretté un peu que nous ayons choisi des voies différentes…"
A l'évocation du nom de son parrain, Harry sentait des souvenirs remonter à la surface de son esprit, venant effleurer sa conscience… Des souvenirs douloureux, d'abord… le Ministère, le Département des Mystères… mais progressivement, tandis que sa tante parlait, sa mémoire lui rappelait d'autres instants, plus heureux… Le temps passé Square Grimmaud, les quelques entrevues qu'ils avaient eu, son Eclair de Feu…
