Chapitre douze

Transplanage et Désartibulation

Le lendemain, Harry s'éveilla avec la tête embrumée, ayant très mal dormi, d'un sommeil entrecoupé de rêves absurdes et de cauchemars. Il resta un instant allongé, cherchant à remettre de l'ordre dans ses idées et finit par s'assoupir… Il se réveilla un quart d'heure plus tard en sursaut, se souvenant soudainement que McGonagall devait venir lui faire travailler ; imaginant la tête que ferait la Directrice Adjointe s'il n'était pas prêt à commencer dès son arrivée, il bondit de son lit et, après s'être habillé en quatrième vitesse, dévala les escaliers pour prendre un petit déjeuner rapide.

Sept minutes dix-sept secondes plus tard, alors que le dernier coup de l'horloge du salon annonçait neuf heures, la sonnette retentit, surprenant Harry qui manqua de s'étrangler avec un morceau de pain. S'essuyant en hâte les mains sur son jeans, il acheva d'engloutir sa tartine tout en se dirigeant vers la porte d'entrée.

Le professeur McGonagall se tenait sur le pas de la porte, drapée dans un strict manteau noir, portant un petit chapeau de la même couleur et tenant à la main la canne qu'Harry l'avait vu utiliser à son retour de Sainte-Mangouste, à la fin de l'année. Le pommeau était une tête de lion – celui de Gryffondor, évidemment. Harry lui trouvait un air très "moldu" si l'on omettait de s'intéresser au corbeau empaillé qui ornait son couvre-chef. Son habituel visage sévère s'adoucit un bref instant.

"Bonjour, Potter."

Partagé entre l'envie de dire qu'il n'avait rien fait – poussé par un vague sentiment de culpabilité mêlé de crainte comme seule McGonagall savait en inspirer – et celle d'exploser de rire – ce chapeau était vraiment particulier, il parvint finalement à articuler :

"Bonjour Professeur."

Elle l'examina d'un regard qui, s'il n'avait rien de réprobateur – pour une fois – n'en était pas moins perçant et Harry se sentit mal à l'aise et il eut comme la vague impression qu'elle lisait en lui plus de choses qu'il n'aurait bien voulu en révéler. Harry échappa au regard scrutateur en s'effaçant pour la laisser entrer.

Deux heures après, Harry avait la tête farcie de principes et de diagrammes sur la théorie fonctionnelle du Transplanage, ainsi qu'un assortiment sinistre d'exemples de Désartibulation, comme le cas Sutton-Deverett, où les deux sorciers avaient commis une erreur fatale et, comme les Guérisseurs étaient dans l'incapacité de faire quoi que ce soit, avaient dû achever chacun leur existence avec la tête de l'autre sur les épaules…

McGonagall finit par déclarer :

"Bien je pense que nous pouvons en rester là. Je veux que vous me fassiez trente centimètres de parchemin sur les causes possibles de l'échec d'un Transplanage. Pour demain."

Là-dessus, elle se leva, attrapa sa canne et se dirigea vers la porte, lorsqu'elle se ravisa. Fouillant dans son sac à main – à carreaux écossais, elle en tira une enveloppe, qu'elle tendit à Harry.

"J'allais oublier. Vos résultats, Potter."

Harry sentit une boule se former dans sa gorge. Avec tout ce qui s'était passé ces derniers temps – et tout ce qu'il avait appris depuis ce matin, les BUSE lui étaient quelque peu sortis de l'esprit. Redoutant de savoir, il regarda fixement McGonagall, qui, agacée, agita l'enveloppe sous son nez.

"Alors ? Seigneur, Potter, ne prenez pas cet air de chien battu ! Il ne s'agit que des résultats ; vous devez bien savoir à quoi vous en tenir, non ?"

Harry, qui savait hélas parfaitement à quoi s'en tenir, déglutit et prit l'enveloppe du bout des doigts. McGonagall lui décerna un de ces rares sourires et ajouta :

"Le Professeur Dumbledore viendra vous voir, plus tard. Bonne journée, Potter."

Elle se dirigea vers la porte et Harry, abasourdi, ne songea même pas à la raccompagner. Il entendit la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer et il fut seul avec sa lettre. Il contempla durant un long moment son nom et son adresse, inscrits en rouge… Puis, enfin, il se décida et ouvrit l'enveloppe d'une main tremblante…