Chapitre quinze
Une visite cauchemardesque
Lorsqu'il reprit conscience, il ouvrit lentement les yeux, pour découvrir Albus Dumbledore penché sur lui avec une lueur d'anxiété dans le regard.
"Harry ! Merlin soit loué ! J'avais peur que tu ne sois plus gravement touché… Et bien, tu peux te vanter de m'avoir fait une belle frayeur… ainsi qu'à ta tante !"
Harry tourna vivement la tête pour regarder dans la direction que lui indiquait le Directeur et grimaça aussitôt ; il avait l'impression qu'un troll lui tambourinait sur le crâne à coups de massue. Sa vue se brouilla un instant et lorsque tout redevint clair, il dirigea son regard sur sa tante, bien plus pâle qu'à l'accoutumée.
"Seigneur, Harry ! J'ai bien cru que tu avais fait exploser la maison…"
Il prit alors conscience de l'état du salon : on aurait dit qu'un essaim de lutins de Cornouailles avait dévasté la pièce ; les vitres étaient brisées, les bibelots de Pétunia avaient volé en éclats, un des fauteuils gisait éventré à l'opposé de sa place habituelle et les étagères semblaient avoir expulsé leurs livres dans toute la pièce.
D'une voix mal assurée, il demanda alors :
"C'est moi qui ai fait ça ?"
Dumbledore lui sourit faiblement.
"Il semblerait… Apparemment tes aptitudes ne sont plus à mettre en doute, mais il reste un peu de travail en ce qui concerne le contrôle de ces facultés."
"Mais pourquoi me suis-je évanoui ?"
"Et bien, à vrai dire, je n'ai pas vraiment suivi le déroulement exact de… l'évènement mais j'ai eu comme l'impression que c'était un des tomes de l'encyclopédie le responsable." Le vieil homme étouffa un gloussement et adressa un clin d'œil à Harry. "Et je suis même quasiment sûr qu'il s'agit du volume M-P…"
Harry ne parvint pas à s'empêcher de rire à la boutade ; Pétunia, visiblement soulagée que son neveu n'ait rien de plus que quelques contusions, se joignit à lui. Dumbledore, quant à lui, se leva et entreprit de remettre un peu d'ordre, et en quelques instants, tout avait repris son aspect initial. Puis il se rassit et son visage reprit son sérieux :
"Bien… Harry, tu disposes d'un potentiel certain, mais comme je te l'ai dit, il faudra du travail, beaucoup de travail pour te permettre d'éviter ce genre de mésaventures… Il est préférable que tu laisses ceci de côté en attendant la rentrée ; c'est beaucoup trop dangereux et cela pourrait finir par attirer l'attention.
Là-dessus, le Directeur se leva et déclara :
"Harry, je te préviendrai dès que je connaîtrai la date précise à laquelle Arthur viendra te chercher. Pétunia, si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis à votre disposition, comme toujours…"
Et il transplana, disparaissant du salon.
…
Harry, épuisé, se coucha de bonne heure, après un bref repas en compagnie de sa tante et de son cousin, qui semblait se remettre peu à peu du choc de la mort de son père.
Il se changea rapidement et s'affala sur son lit, s'endormant presque instantanément.
…
Il se trouvait dans une pièce sombre, un salon ou une bibliothèque, à en juger par les livres qui couvraient les murs. Un feu ronflait dans la cheminée et… Brusquement il reconnut l'endroit : c'est la maison des Jedusor, et plus précisément, la pièce exacte où Frank Bryce avait été tué par Voldemort. Contrairement aux précédents rêves, personne ne se trouvait alentour et…
"Alors, Potter, on espionne ?"
La voix aiguë et froide résonna sinistrement dans sa tête et Harry en fut glacé jusqu'à la moelle ; sa cicatrice lui faisait un mal épouvantable. Le rire de Voldemort retentit cruellement, haut perché et débordant d'une joie mauvaise.
"Incapable de contrôler son propre esprit ! Dire que j'ai un jour pensé que tu étais un redoutable adversaire… C'est pathétique ! Ainsi que ce lamentable Ordre du Phénix, tu es voué à une destruction prochaine… tout comme ton misérable parrain !"
"SILENCE !"
Harry sentit la haine exploser en lui ; par-dessus la rage qui l'envahissait sa conscience lui soufflait qu'au fond, tout ce qui lui arrivait était la faute de… cette chose. Dans un effort surhumain, Harry repoussa brutalement la présence de Voldemort. Soudainement, le jeune homme sentit que le lien s'était inversé : à présent, c'était lui qui voyait dans l'esprit de sa Némésis. Malgré les efforts désespérés de son adversaire pour reprendre le contrôle, il maintint sa prise et fut soudain assailli d'images et de souvenirs…
… il se trouvait dans le cimetière au milieu des Mangemorts…
… l'orphelinat moldu où il avait grandi, la haine qu'il éprouvait envers son père qui l'avait abandonné…
… Bellatrix Lestrange sur le sol, en proie à l'Endoloris…
… lors de l'attaque du Ministère, se battant en duel contre Dumbledore…
… le mystérieux prisonnier, à plat ventre sur le sol, essayant de se relever, sans succès…
… un laboratoire de potions, Rogue debout face à lui, l'air plus revêche que jamais, expliquant qu'il lui fallait plus de temps pour…
Soudain le flot incessant s'interrompit ; Voldemort avait enfin réussi à briser le lien, malgré la résistance d'Harry.
Il s'assit brusquement, encore sous le choc ; depuis que ces "contacts" avaient lieu, c'était la première fois que Voldemort s'adressait directement à lui et surtout il était parvenu à prendre le dessus pour un court instant. Cependant, seule la colère qu'il avait éprouvé à l'évocation de la mort de Sirius et la surprise de Voldemort sous la charge furieuse qui s'était ensuivie expliquait cet évènement ; Harry sentait qu'en d'autres circonstances, il n'aurait jamais pu prendre l'avantage ne serait-ce qu'un instant.
Il laissa vagabonder son esprit un instant, repassant en mémoire ce qu'il avait surpris… Apparemment, Voldemort utilisait toujours l'Endoloris sur ses propres Mangemorts, sans doute pour punir les échecs ou l'incompétence… Il avait également vu Rogue ; Harry se demanda s'il s'agissait d'un souvenir ancien ou récent : Rogue aurait-il réussi à faire croire au Seigneur des Ténèbres que sa loyauté était intacte ?
Mais surtout, il avait encore revu l'énigmatique captif et l'impression de familiarité était toujours présente… Un détail lui revint brusquement ; sur l'épaule droite, l'homme arborait un dessin ou un tatouage, une sorte d'emblème, comme il en existe pour les ordres ; Harry ne l'avait eu sous les yeux qu'un court instant, mais l'avait observé avec attention.
Il se leva et s'emparant d'un morceau de parchemin, il s'empressa d'écrire à Dumbledore pour lui faire le récit des évènements de cette nuit.
Une fois Hedwige partie, il se rallongea et tenta de s'endormir, mais le rire sinistre de Voldemort retentissait encore à ses oreilles et ses paroles le hantaient et ce ne fut qu'au petit jour qu'il sombra enfin dans un sommeil agité.
Chers amis lecteurs, me revoilà, après ces vacances, avec un nouveau chapitre... J'espère qu'il vous plaira...
Pour voir un dessin du tatouage par votre serviteur, c'est ici : http:img.
