Chapitre seizième
Retour au Terrier
Symphonie fantastique – 2ème mouvement – H. Berlioz
"Harry !"
Celui-ci, qui discutait avec Ron et Hermione, se retourna et se retrouva face à face avec Mme Weasley qui l'étreignit avec sa vigueur coutumière. Puis elle le relâcha et l'examina avec attention et déclara qu'il avait bonne mine, avant de les mettre dehors pour faire la poussière.
Ainsi chassés du salon, ils se réfugièrent dans la chambre de Ron pour y poursuivre leur conversation.
…
Les deux semaines avant son départ s'étaient écoulées paisiblement sans évènement d'aucune sorte. Comme Dumbledore avait décidé de remettre ses cours supplémentaires à plus tard, il avait eu quartier libre. Il en avait profité pour faire du sport, lire, se reposer… Il avait aussi passé du temps avec sa tante, l'accompagnant une fois à Londres où ils étaient allés au musée puis à Hyde Park, l'aidant à entretenir le jardin et la maison ; en effet, elle avait trouvé un travail : malgré l'insistance d'Harry à lui venir en aide financièrement, elle avait rétorqué qu'elle ne voulait pas vivre à ses crochets, qu'elle lui devait beaucoup et que de toute façon, cela lui procurerait de l'activité pour meubler ses journées désormais bien vides.
Il en avait également profité pour s'entraîner à lancer sortilèges et maléfices, ainsi que le Directeur lui avait conseillé et ses réflexes étaient désormais considérablement affûtés.
Pour la première fois de sa vie, la tante Pétunia avait fêté son anniversaire. Quand elle lui dit qu'elle regrettait seulement de ne pas avoir de cadeau à lui offrir, Harry lui répondit que cet anniversaire était le plus beau des cadeaux qu'elle aurait pu lui faire et Pétunia, touchée au-delà des mots, ne sut que lui répondre.
Aussi, bien qu'il se réjouisse de revoir Hermione et Ron, Harry était réticent à partir ; pour la première fois, le 4 Privet Drive lui semblait être sa maison… Cependant, Arthur Weasley, sans doute informé par Dumbledore, lui avait écrit pour lui dire que sa tante pourrait venir le voir chez eux quand elle le voudrait. C'est donc le cœur allégé qu'Harry fit ses bagages la veille du départ.
Durant ces semaines, il n'avait eu qu'un seul rêve, preuve que sa maîtrise de l'Occlumencie s'était améliorée. Il avait surpris un fragment d'une séance analogue à celle à laquelle il avait assisté dans le cachot mais la vision avait été extrêmement brève ; Voldemort l'avait senti et repoussé instantanément : il n'était resté en contact qu'une poignée de secondes et n'avait rien vu de plus qui lui aurait permis de découvrir l'identité du captif.
Le matin du départ, il avait dit au revoir à sa tante tandis qu'elle lui promettait de lui rendre visite, puis M Weasley avait extrait une chaussette de sa poche et murmuré :
"Portus !"
La chaussette avait alors brièvement pris une faible lueur bleutée. Harry l'empoigna et la se retrouva au Terrier.
…
Tandis qu'il écoutait, avec un sourire amusé, Ron et Hermione se disputer – pour des broutilles, comme d'habitude, il les observait attentivement et il était surpris de voir combien quelqu'un pouvait changer en si peu de temps.
Comme lorsqu'il l'avait vue paraître au bras de Krum, en quatrième année, il avait stupéfait de voir le changement qui s'était opéré chez Hermione. Elle n'avait plus rien de la fille aux cheveux embroussaillés et à l'allure de garçon manqué. Harry se fit la réflexion qu'Hermione était désormais vraiment mignonne… Il étouffa un rire, se disant que Ron devait vraiment être aveugle et qu'il faudrait peut-être qu'il lui mette le nez dessus, un de ces jours…
Quant à Ron, il avait encore grandi, si tant est que la chose fut encore possible ; le rouquin avait toujours été assez grand, mais il faisait désormais une bonne tête de plus qu'Harry… Il avait aussi perdu cette agitation perpétuelle, fébrile et semblait beaucoup plus posé qu'auparavant : ses gestes avaient perdu cette précipitation qui, avec son tempérament enflammé, avait contribué à lui bâtir une solide réputation d'impulsivité et son enthousiasme perpétuel semblait s'être modéré, le faisant paraître calme, presque taciturne par instants.
Il reporta son attention sur la conversation et fut surpris de constater que ses amis avaient cessé de se disputer. Encore une chose qui avait changé : auparavant, il aurait fallu qu'il intervienne pour que cela cesse… Curieusement, cela n'allait certainement pas lui manquer !
"…et puisqu'il a démissionné la semaine dernière, en déclarant qu'il… comment a-t-il dit ça ? Ah ! Oui : "qu'il n'avait pas un soutien suffisant au sein du Ministère."…
"Mon père dit que c'est surtout qu'il a peur, maintenant que plus personne n'est là pour le payer, depuis que Lucius Malefoy a disparu…"
"Il a disparu ?"
Les deux amis se tournèrent vers Harry et le regardèrent, incrédules. Hermione finit par demander :
"Tu n'étais pas au courant ? C'était dans la Gazette, il y a trois semaines…"
"Je ne recevais pas les journaux et de toute façon, je ne les aurais pas lu…" l'interrompit Harry. " Alors comme ça, Malefoy s'est enfui ? Mais ça doit dater d'avant, parce qu'il était avec Voldemort la nuit du 5 juillet et…
"Mais c'est impossible ! Le Ministère a affirmé qu'il s'était échappé le 10 juillet à la faveur de son transfert à Azkaban."
"Sauf que mon père nous avait dit qu'il avait été emprisonné à Azkaban dès son arrestation, en attendant son procès…" ajouta Ron.
"Mais pourquoi mentir sur la date de l'évasion ?" interrogea Harry, perplexe.
Hermione émit un bruit impatient. "C'est évident, voyons ! Enfin, vous ne comprenez pas ?"
