Chapitre dix-neuvième

Un nouveau Ministre

Plus tard, lorsque les garçons furent enfin lassés du Quidditch, ils retournèrent lentement vers la maison. Ils s'attardèrent un instant à l'extérieur, puis, comme le soleil se couchait, rentrèrent à l'intérieur. Ils se dirigèrent vers l'escalier et s'apprêtaient à monter quand des éclats de voix leur parvinrent du salon, les stoppant net.

"… impossible… véritable scandale… personne…"

"… sais bien… élu grâce aux… manipulés… opposition… "

Ils s'approchèrent alors discrètement, dans l'espoir d'entendre un peu mieux, mais à cet instant précis, Mme Weasley, l'air de fort méchante humeur, déboula dans le couloir et, les apercevant, se mit immédiatement à hurler.

"Qu'est-ce que vous fichez là ? Allez, du balai !"

Les jumeaux parurent sur le point de protester mais ils avaient reconnu l'expression furieuse de leur mère et jugèrent plus prudent de s'abstenir ; Ron et Ginny les imitèrent, suivis de près par Harry et Hermione.

Une fois en haut, ils attendirent que Mme Weasley ait quitté le pied de l'escalier pour entamer un conciliabule à voix basse.

"De quoi parlaient-ils, à votre avis ?" fit Ginny.

"Sans doute de l'élection du nouveau Ministre…" répondit Hermione, d'un air préoccupé. "Mais le vote ne devait avoir lieu que…"

"La semaine prochaine…" coupa Ron. "Mais on a pu soudoyer les Responsables des Départements pour provoquer une élection anticipée."

Hermione fronça les sourcils, quelque peu décontenancée par l'intervention de Ron ; elle avait été sur le point de dire la même chose. Ils échangèrent un regard de compréhension et, à l'unisson, ajoutèrent :

"Malefoy."

Un silence lourd de sens s'installa ; il était de notoriété publique que Lucius Malefoy avait échappé aux enquêtes du Ministère grâce aux sommes folles qu'il puisait dans sa fortune personnel pour les distribuer à des employés peu regardants tout disposés à fermer les yeux en échange de Mornilles sonnantes et trébuchantes. Hermione exprima à haute voix ce que tous pensaient :

"Sans la corruption, Lucius Malefoy serait depuis longtemps à Azkaban, comme tous ceux avec qui il a été arrêté au D… au Ministère. Mais…"

Elle s'interrompit, semblant réfléchir aux implications de la situation, et allait poursuivre quand Ron reprit :

"Mais il n'a jamais essayé de se mettre sur le devant de la scène. Même s'il reste impuni, personne n'admettrait qu'il occupe un poste d'importance. Donc…"

"… ce doit être quelqu'un qui lui est dévoué. Ou alors qui lui obéira moyennant finances, ce qui revient au même."

"Pourquoi faire avancer l'élection alors ? Il n'y avait aucune urgence puisque le résultat aurait été acquis…"

"… sauf si les Aurors s'apprêtaient à mettre la main sur Malefoy… Là il devenait important d'agir au plus vite, pour les stopper."

"Mais le Responsable de la Division des Aurors dispose d'une indépendance quasi totale et il n'est autre que Kingsey Shacklebolt, depuis le meurtre d'Anthony Aiden. Et il fait partie de l'Ordre : il n'accepterait jamais de laisser filer Malefoy et encore moins de se laisser soudoyer."

Hermione leva les yeux au ciel et s'exclama : "Enfin, Ron ! Il doit tout de même rendre des comptes au Ministre ; si celui-ci est corrompu, il s'empressera de freiner l'action des Aurors, exactement comme Fudge."

"Euh… Hermione ? Ron ?" fit Harry. Elle se tourna vers lui en quête d'approbation et fut arrêtée par leurs airs abasourdis.

"Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?"

"Oh ! Rien, enfin, si : ça fait bizarre quand…" commença George.

"… vous complétez l'un l'autre vos phrases." ajouta Fred.

"Si vous continuez, on va finir…"

"… par se vexer, George et moi."

Hermione jeta un regard amusé à Ron, qui eut un sourire de connivence et ils éclatèrent de rire, bientôt rejoints par les quatre autres et, durant un instant, la guerre et les ténèbres ne furent plus qu'une lointaine chimère…

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