Chapitre vingt-et-unième
La chute de la Maison Malefoy
"Au début, j'ai vu le salon où il avait tué ce Moldu, Frank Bryce, il y a deux ans. Il discutait avec Malefoy de quelque chose… Je n'entendais rien distinctement, seulement des paroles assourdies, comme à travers une porte. Il avait l'air heureux et Malefoy aussi… D'abord j'ai cru que comme avant c'était une vision spontanée… Mais il s'est mis à me parler."
Hermione sursauta et Ginny poussa une exclamation d'effroi. Cependant, Harry poursuivit :
"Il se moquait de moi, me traitant de faible, de lâche, disant que mes parents s'étaient sacrifiés pour rien… Mais je n'ai rien dit, je l'ai laissé faire, me contentant d'observer. Je sentais qu'il ne pouvait rien me faire, mais pour la première fois, je le sentais vraiment essayer, essayant de lire mes pensées… Je lui ai résisté et j'ai essayé de casser le lien mais il m'en empêchait… Je me sentais comme gelé sur place et…"
Hermione, qui était désormais bien réveillée, l'interrompit :
"Ca ressemble à un Sortilège de Capture. Ca permet de maintenir l'esprit d'une personne à disposition ; les Aurors s'en servent parfois, mais leur utilisation est quasiment interdite et…"
Avec un rire sombre, Ron la coupa :
"Ca m'étonnerait que Tu-Sais-Qui se soucie de ce genre de détails, Hermione…"
Elle lui jeta un regard noir mais Harry reprit avant qu'elle n'ait pu trouver une réplique cinglante :
"A ce moment-là, la porte s'est ouverte à la volée et Pettigrow est entré. Il s'est mis à genoux et il a dit : "Nous l'avons enfin retrouvée, Maître." J'ai cru que ma tête allait exploser à ce moment ; il avait l'air d'être très heureux, presque comme quand les Lestrange et compagnie s'étaient évadés d'Azkaban. Queudver a fait signe à quelqu'un et deux Mangemorts sont entrés, portant une femme. Ils l'ont jetée sur le sol assez violemment pour la faire crier. Je ne l'ai pas reconnue, mais ensuite Malefoy s'est avancé, il avait l'air dégoûté et il a dit : "Alors ma chère, on croyait nous échapper ?" et il a levé sa baguette et dit : "Finite incantatem !" Et alors le visage de la femme s'est mis à changer… C'était Narcissa Malefoy."
Ginny poussa une exclamation de surprise et Hermione eut l'air déconcertée ; Ron, quant à lui, ne dit rien mais une lueur féroce brillait dans son regard.
"C'est là que je me suis souvenu de la vision que j'avais eue cet été, où Malefoy semblait être à la recherche de quelqu'un… Mais je n'aurais jamais cru qu'il s'agissait de sa propre femme."
Il s'arrêta, le regard dans le vague, avant de reprendre, hésitant, luttant contre l'horreur de ce qu'il avait subi :
"A ce moment, ils ont commencé à la frapper, à… à la torturer. C'était horrible et je ne pouvais rien faire pour me libérer, il me retenait toujours : quand il a senti que je luttais, il m'a dit : "Allons, Potter, profite un peu du spectacle !" Et il a éclaté de rire. J'ai demandé pourquoi et il m'a répondu : "Parce que quand je m'occuperai de toi et de tes amis, ce sera pire…" A ce moment, il s'est tourné vers Malefoy et il lui a ordonné : "Tue la !"… Seigneur, c'était épouvantable… il… il… il… ah ! Tout ce sang !"
Il était incapable de continuer et il secoua la tête, le regard vitreux, essayant de chasser l'image du corps martyrisé de Narcissa Malefoy ; les trois autres le fixaient, muets d'horreur. Seule Hermione osa briser le silence :
"Seigneur… sa propre femme !"
Ron semblait révolté au-delà des mots ; Ginny, quant à elle, avait l'air profondément choquée. Ils restèrent ainsi tous les quatre, immobiles, silencieux, tandis que le récit qui venait d'être fait laissait planer une ombre sinistre et effrayante dans la petite chambre.
…
Lorsqu'ils descendirent pour le petit déjeuner, chacun avait encore en tête le terrible évènement de cette nuit funeste ; ils avaient été incapables de se rendormir. Descendue la première, Hermione, la tête brumeuse et engourdie par le manque de sommeil, entra dans la cuisine sans saluer immédiatement les parents de Ron. M Weasley, qui lisait à sa femme un article de la Gazette, continua sans se rendre compte qu'il n'était plus seul avec Molly.
"… avait été torturée, battue avec une telle violence que son propre époux ne put la reconnaître. C'est grâce à son alliance, déformée par les coups reçus par la victime, probablement en essayant de se défendre, que le pauvre homme put certifier qu'il s'agissait bien de son épouse.
"J'ai de nombreux adversaires, mais jamais je n'aurais imaginé que quelqu'un puisse commettre pareil forfait." a déclaré, très éprouvé, M Malefoy à…"
A cet instant, Mme Weasley se détourna de sa cuisine et apercevant Hermione, s'exclama :
"Arthur !"
Surpris, ce dernier suivit le regard de sa femme, se retourna et découvrit Hermione, plantée sur le seuil, pétrifiée. Embarrassé, il tenta de changer de sujet mais elle lui coupa la parole :
"C'est de Narcissa Malefoy dont il est question ?"
Abasourdi, il acquiesça de la tête.
"Comment peut-il oser dire une chose pareille ? Le monstre !"
Elle avait presque crié et ameutés par le bruit, les trois autres se hâtèrent de la rejoindre. Molly intervint :
"Que veux-tu diable dire par-là, Hermione ?"
Celle-ci jeta un coup d'œil rapide à Harry qui s'avança.
"Ce qu'elle veut dire, c'est que cette nuit…"
Il retraça son récit dans les grandes lignes. Au fur et à mesure, Mme Weasley devenait de plus en plus blanche et finit par s'effondrer sur une chaise voisine, tandis qu'Arthur, qui s'était levé, arpentait la cuisine de long en large. Quand il eut terminé, M Weasley se rua hors de la pièce et réapparut, quelques secondes plus tard, son manteau à la main.
"Je file au Ministère, je dois immédiatement parler à Shacklebolt."
Et il s'en fut.
